FAIT
               
               
                 AU NOM DE LA COMMISSION D'ENQUETE SUR LES 
                SECTES,  
              
              
                Président : M. Alain Gest,  
              
              
                   
              
              
                Rapporteur : M. Jacques Guyard  
              
              
                   
              
              
                Députés. 
                  
              
                 
              
            (1) Cette Commission est composée de 
              : MM. Alain Gest, président, Jean-Pierre Brard, Mme Suzanne 
              Sauvaigo, vice-présidents, MM. Eric Doligé, Rudy Salles, 
              secrétaires, Jacques Guyard, rapporteur ; MM. Jean-Claude 
              Bahu, Pierre Bernard, Raoul Béteille, Mme Christine Boutin, 
              MM. Jean-Pierre Brard, Jean-François Calvo, René Chabot, 
              Mme Martine David, MM. Pierre Delmar, Bernard Derosier, Eric Doligé, 
              Jean-Pierre Foucher, Jean Geney, Alain Gest, Jean Gravier, Jacques 
              Guyard, Pierre Lang, Gérard Larrat, Claude-Gérard 
              Marcus, Thierry Mariani, Mme Odile Moirin, MM. Georges Mothron, 
              Jacques Myard, Mme Catherine Nicolas, MM. Francisque Perrut, Daniel 
              Picotin, Marc Reymann, Marcel Roques, Rudy Salles et Mme Suzanne 
              Sauvaigo. 
             Droits de l'Homme et libertés publiques. 
              
               
                S O M M A I R E 
                 
              
              
                _____  
              
              
                   
              
            
              
             INTRODUCTION 
                
            88 membres de la secte des Davidsoniens morts 
              par suicide ou à l'issue d'affrontements avec la police à 
              Waco au Texas le 19 avril 1993 ; 53 membres de la secte du Temple 
              solaire morts suicidés ou assassinés en Suisse et 
              au Canada le 4 octobre 1994 ; 11 morts et 5.000 blessés dans 
              l'attentat au gaz perpétré dans le métro de 
              Tokyo par la secte Aoum le 5 mars 1995 : sans revenir sur des faits 
              plus anciens - mais tout le monde a encore en mémoire le 
              suicide collectif des 923 membres du Temple du Peuple au Guyana 
              en 1978 - voilà, sur moins de trois ans, le bilan des agissements 
              criminels les plus graves dont se sont rendues coupables certaines 
              sectes. Lorsque surviennent de tels faits, les media s'empressent 
              de titrer sur le phénomène sectaire, l'opinion s'émeut 
              - à juste titre - puis l'attention retombe jusqu'à 
              l'épisode spectaculaire suivant qui fera l'objet du même 
              traitement. Mais, pendant ce temps, un certain nombre de sectes 
              continuent insidieusement à accomplir leurs méfaits 
              quotidiens dans l'indifférence quasi-générale. 
             Le rapport rédigé par Alain 
              Vivien à la demande du Premier ministre et publié 
              en 1985 sous le titre " les sectes en France : expression de 
              la liberté morale ou facteurs de manipulation " , qui 
              présentait une photographie du phénomène sectaire 
              et en analysait les principaux aspects avant de formuler un certain 
              nombre de propositions, a eu le grand mérite de constituer 
              la première étude approfondie et objective sur les 
              dangers des sectes et d'alerter les pouvoirs publics et l'opinion 
              sur une réalité jusque là fort mal connue. 
              Cela étant, voici maintenant plus de dix ans que ce document 
              a été réalisé, et force est de constater 
              que, les mesures qu'il préconisait étant pour la plupart, 
              malgré leur intérêt et leur simplicité, 
              restées lettre morte, les sectes continuent de prospérer 
              en exploitant, pour leur plus grand profit, le désarroi dans 
              lequel l'évolution de notre société plonge 
              nombre de nos contemporains, prêts à se laisser abuser 
              par l'apparente spiritualité d'un discours dont ils ont l'illusion 
              qu'il peut apporter la réponse à leurs attentes. 
             Il était donc légitime que 
              la représentation nationale se préoccupe de prendre 
              la mesure d'un phénomène dont l'évolution, 
              depuis le rapport de M. Alain Vivien, est mal connue, d'apprécier 
              les dangers qu'il fait courir aux individus et à la société, 
              et de faire le point des mesures nécessaires pour le combattre. 
              Aussi l'Assemblée nationale a-t-elle, en adoptant à 
              l'unanimité le 29 juin dernier la proposition de résolution 
              présentée par M. Jacques Guyard et les membres du 
              groupe socialiste, créé une commission d'enquête 
              " chargée d'étudier le phénomène 
              des sectes et de proposer, s'il y a lieu, l'adaptation des textes 
              en vigueur " . 
             Constituée le 11 juillet dernier, 
              la Commission a décidé, lors de la réunion 
              qu'elle a tenue le 18 juillet pour organiser le déroulement 
              de ses travaux, de placer sous le régime du secret l'ensemble 
              des auditions auxquelles elle procéderait afin de permettre 
              la plus grande liberté de parole aux personnes dont elle 
              solliciterait le témoignage. En application de l'engagement 
              pris auprès des témoins, le présent rapport 
              ne comportera donc pas en annexe le compte-rendu des auditions qui 
              ont nourri les réflexions de la Commission, ni même 
              la liste des personnes qu'elle a entendues. Dans le même esprit, 
              n'est pas mentionnée dans le rapport l'origine des propos 
              dont il est fait état. 
            Vingt auditions ont été effectuées 
              dans ces conditions, pour une durée globale de vingt et une 
              heures. Elles ont permis à la Commission de prendre connaissance 
              des informations, de l'expérience et des analyses de personnes 
              ayant, à des titres divers, une connaissance approfondie 
              du phénomène sectaire, qu'il s'agisse de responsables 
              administratifs, de médecins, de juristes, d'hommes d'Eglise, 
              de représentants d'associations d'aide aux victimes de sectes, 
              et, bien sûr, d'anciens adeptes de mouvements sectaires et 
              de dirigeants d'associations sectaires. La Commission a, par ailleurs, 
              sollicité le concours de diverses administrations pour tenter 
              d'affiner au mieux la connaissance du champ de son étude. 
              Force lui est de constater qu'il a été répondu 
              à ses demandes avec un empressement et un zèle inégaux. 
              Si le ministère des Affaires sociales, celui des Affaires 
              étrangères, la Préfecture de Police de Paris 
              et, surtout, le ministère de l'Intérieur (Direction 
              centrale des Renseignements généraux), ont aidé 
              très efficacement la Commission dans ses recherches et ses 
              réflexions, le ministère de l'Economie et des finances 
              (Direction générale des impôts), et le ministère 
              de la Justice (Direction des affaires criminelles et des grâces) 
              n'ont en effet transmis que très tardivement les informations 
              dont ils disposent. 
             Tel qu'il est présenté dans 
              le présent rapport, le résultat de l'ensemble des 
              travaux menés par la Commission décevra ceux qui se 
              seraient attendus à y trouver des révélations 
              ou des anecdotes inédites. Elle n'avait pas les moyens, et, 
              au demeurant, ce n'était pas ainsi qu'elle concevait sa mission, 
              de se livrer à des recherches ou à des mises en cause 
              qui relevaient de la compétence des services de police et, 
              le cas échéant, de la justice. En s'appuyant sur le 
              travail d'un très grand intérêt réalisé 
              par la Direction centrale des Renseignements généraux, 
              sur les recherches et les analyses menées par des spécialistes 
              de différentes disciplines, enfin, sur les témoignages 
              oraux ou écrits de personnes ayant elles-mêmes vécu 
              au sein d'une secte ou dont les proches ont connu ou connaissent 
              cette expérience, elle a tenté d'appréhender 
              au mieux une réalité mouvante, complexe et souvent 
              travestie de faux-semblants. 
             Comme on le verra, elle a été, 
              dès l'abord, confrontée à la difficulté 
              de définir le terme de sectes pour délimiter le champ 
              de son étude. Néanmoins, elle a choisi de ne pas se 
              laisser arrêter par ce qui n'est en réalité 
              qu'un faux obstacle, et de suivre avec persévérance 
              une démarche empirique que d'aucuns pourraient juger insuffisamment 
              ambitieuse mais dont la modestie cache un souci de réalisme 
              et d'efficacité. C'est donc sans esprit de système, 
              sans a priori d'aucune sorte, et en prenant toujours le plus grand 
              soin de ne pas procéder à des amalgames abusifs ni 
              de tomber dans la paranoïa, sans pour autant faire preuve d'angélisme 
              ou, au moins, de naïveté, que la Commission a tenté 
              d'apprécier les contours d'un phénomène qui, 
              bien que difficile à appréhender, semble se développer, 
              avant de constater qu'il revêt des formes diversifiées 
              et se caractérise souvent par des pratiques dangereuses, 
              et, enfin, de dégager les moyens d'une riposte adaptée 
              à cette dangerosité.  
              
               
              
             
              I.--UN PHENOMENE QUI, BIEN QUE DIFFICILE A APPREHENDER SEMBLE SE DEVELOPPER 
             
            La Commission a tout d'abord cherché 
              à apprécier l'ampleur actuelle du phénomène 
              sectaire et, à la lumière de certaines de ses caractéristiques 
              ainsi que de son évolution récente, à dégager 
              les tendances probables de son devenir. Malgré les difficultés 
              qu'elle a rencontrées à définir le phénomène 
              faisant l'objet de son étude et à le mesurer, il lui 
              est apparu qu'il recèle des potentialités d'expansion 
              qui doivent justifier une vigilance accrue de la part des pouvoirs 
              publics. 
              A.- UN PHENOMENE DIFFICILE A DEFINIR 
             A priori, l'approche du phénomène 
              des sectes, comme de tout autre, suppose que ce concept soit clairement 
              défini. 
             Or, toutes les études, tous les 
              ouvrages consacrés aux associations dites sectes reconnaissent 
              la difficulté d'une telle démarche, que la Commission 
              a mesurée tout au long de ses travaux : en effet, la notion 
              de secte, particulièrement difficile à définir 
              dans le langage courant, est totalement inconnue du droit français. 
             A l'évidence, cette situation n'a 
              pu que rendre sa tâche plus ardue. Ayant été 
              confrontée à cette difficulté dès le 
              début de ses recherches, la Commission n'a pas voulu se laisser 
              enfermer dans l'alternative à laquelle elle conduit logiquement 
              : soit tenter de donner une définition juridique à 
              la notion de secte destinée à servir de base à 
              la suite de ses travaux, au risque de heurter le principe de la 
              liberté de conscience, soit considérer qu'elle ne 
              pouvait valablement continuer à travailler en raison de l'impossibilité 
              de procéder à une telle définition. Elle a, 
              avec modestie mais aussi dans un souci d'efficacité, suivi 
              une démarche empirique, en constatant l'existence d'organismes 
              divers communément dénommés sectes et en cherchant 
              à préciser les contours de ce qui peut être 
              englobé sous cette appellation pour en dégager les 
              caractéristiques qui peuvent justifier que l'on s'y intéresse, 
              voire que l'on s'en préoccupe. 
               1.- L'impossible 
              définition juridique 
             L'absence de définition juridique 
              des sectes en droit résulte de la conception française 
              de la notion de laïcité. 
             L'origine de cette conception est à 
              rechercher dans l'article 10 de la Déclaration des Droits 
              de l'Homme et du citoyen qui dispose que " nul ne doit être 
              inquiété pour ses opinions, même religieuses, 
              pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public institué 
              par la loi " . Les rédacteurs de la Déclaration 
              ont ainsi clairement posé le principe de la neutralité 
              de l'Etat, de sa discrétion à l'égard des opinions 
              religieuses. 
             Cette attitude doit être complétée 
              par une approche plus positive, qui confie à l'Etat le soin 
              d'assurer à chacun le libre exercice de la religion qu'il 
              a choisie : l'article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958 précise 
              ainsi que la France, République laïque, " assure 
              l'égalité devant la loi des citoyens sans distinction 
              d'origine, de race ou de religion " et qu'elle " respecte 
              toutes les croyances " . Cette consécration constitutionnelle 
              récente avait été ébauchée par 
              le préambule de la Constitution de 1946 qui, quels que soient 
              les débats relatifs à sa portée juridique, 
              rappelait l'attachement du peuple français à la déclaration 
              de 1789 et aux " principes fondamentaux reconnus par les lois 
              de la République " . 
             Le régime juridique des cultes 
              qui résulte d'une telle conception de la laïcité 
              est tout entier contenu dans les deux premiers articles de la loi 
              du 9 décembre 1905 relative à la séparation 
              des Eglises et de l'Etat, qui disposent que " la République 
              assure la liberté de conscience ] garantit le libre exercice 
              des cultes " (art. 1) et qu'elle " ne reconnaît, 
              ne salarie, ni ne subventionne aucun culte " (art. 2). 
             Le principe de neutralité de l'Etat 
              signifie donc que les croyances religieuses ne sont pas un fait 
              public sous réserve des restrictions liées au respect 
              de l'ordre public, que le fait religieux relève des seuls 
              individus, de la seule sphère privée des citoyens. 
             Ainsi s'explique que l'Etat, fidèle 
              à son " indifférence " affichée à 
              l'égard des religions, n'ait jamais donné une définition 
              juridique de celles-ci. Si la doctrine admet qu'elles se caractérisent 
              par la réunion d'éléments subjectifs (la foi, 
              la croyance) et d'éléments objectifs (le rite, la 
              communauté), nulle définition d'une religion ne peut 
              être constatée dans le droit positif. 
             Celui-ci se borne à réglementer 
              la vie des structures juridiques ainsi que des pratiques sociales 
              qui constituent le support des religions (associations, cultuelles 
              ou non, congrégations religieuses) ; il n'opère aucune 
              distinction juridique entre les différents cultes, n'effectue 
              aucune discrimination, positive ou négative, entre eux. 
             On conçoit dès lors l'impossibilité 
              juridique de définir les critères permettant de définir 
              les formes sociales que peut revêtir l'exercice d'une croyance 
              religieuse, a fortiori de distinguer une Eglise d'une secte. 
             La commission d'enquête a donc été 
              confrontée dès le début de son activité 
              au paradoxe de devoir travailler sur un secteur juridiquement inexistant. 
              Sa position était d'autant plus délicate que, impossible 
              à définir en droit, la notion est également 
              difficile à manier dans le langage courant. 
             2.- L'imprécision 
              et la diversité des définitions issues du langage 
              courant 
             La notion de secte, même dans le 
              langage courant, n'est pas univoque : différents niveaux 
              d'analyse ne suffisent sans doute pas à témoigner 
              de la diversité - et de la richesse - du concept. 
               a) L'approche 
              étymologique 
             Une étude étymologique montre 
              que le terme " secte " est apparu aux alentours des XIII 
              - XIVèmes siècles et qu'il peut être rattaché 
              à deux racines latines : l'une le rattachant au verbe suivre, 
              l'autre au verbe couper. 
             Cette hésitation sur l'origine 
              sémantique imprègne aujourd'hui encore l'ensemble 
              des dictionnaires. 
             Significative est la définition 
              fournie par le dictionnaire Littré, pour qui la secte est 
              " l'ensemble des personnes qui font profession d'une même 
              doctrine " ou " qui suivent une opinion accusée 
              d'hérésie ou d'erreur " . 
             Le dictionnaire Robert distingue quant 
              à lui entre les personnes " qui ont la même doctrine 
              au sein d'une religion " et celles qui " professent une 
              même doctrine " . 
             Dans tous les cas, les deux origines supposées 
              de la notion induisent, simultanément ou alternativement, 
              les deux idées de croyance commune et/ou de rupture par rapport 
              à une croyance antérieure. 
             C'est sur ce concept de rupture qu'insiste 
              le dictionnaire des religions (PUF, 1984) qui définit la 
              secte comme " Au sens originel, un groupe de contestation de 
              la doctrine et des structures de l'Eglise, entraînant le plus 
              souvent une dissidence. Dans un sens plus étendu, tout mouvement 
              religieux minoritaire " . 
               b) L'approche 
              sociologique 
             La sociologie fournit quant à elle 
              une définition de la secte par opposition à celle 
              d'Eglise. C'est ainsi que Max Weber a procédé pour 
              préciser ces deux notions l'une par rapport à l'autre 
              : pour lui l'Eglise est une institution de salut qui privilégie 
              l'extension de son influence, alors que la secte est un groupe contractuel 
              qui met l'accent sur l'intensité de la vie de ses membres. 
             Ernst Troeltsh a poursuivi l'oeuvre de 
              Weber et souligné que l'Eglise est prête, pour étendre 
              son audience, à s'adapter à la société, 
              à passer des compromis avec les Etats. La secte, au contraire, 
              se situe en retrait par rapport à la société 
              globale et tend à refuser tout lien avec elle, et même 
              tout dialogue. Elle a une attitude identique à l'égard 
              des autres religions, de sorte qu'en ce sens l'oecuménisme 
              pourrait servir de critère pour distinguer Eglise et secte. 
               c) L'approche 
              fondée sur la dangerosité des sectes 
             Le terme " sectaire " , apparu, 
              lui, au cours des guerres de religion, est empreint d'une forte 
              connotation péjorative. Il est appliqué au membre 
              d'une secte caractérisé par son intolérance, 
              son adhésion aveugle, son étroitesse d'esprit. 
             Le langage moderne a été 
              fortement marqué par cette connotation péjorative 
              : de nos jours, le terme " secte " fait référence 
              à des mouvements religieux ou pseudo-religieux d'apparition 
              récente, minoritaires, sécessionnistes ou non. 
             Le débat sur les " sectes 
              dangereuses " ou les " dérives sectaires " 
              a encore accentué l'aspect péjoratif du concept. 
             Plusieurs personnalités entendues 
              par la Commission ont développé devant elle des approches 
              de la définition des sectes fondées sur la dangerosité 
              des mouvements. L'une d'entre elles a formalisé ainsi le 
              résultat de cette démarche, en donnant comme définition 
              des sectes : 
             " Groupes visant par des manoeuvres 
              de déstabilisation psychologique à obtenir de leurs 
              adeptes une allégeance inconditionnelle, une diminution de 
              l'esprit critique, une rupture avec les références 
              communément admises (éthiques, scientifiques, civiques, 
              éducatives), et entraînant des dangers pour les libertés 
              individuelles, la santé, l'éducation, les institutions 
              démocratiques. 
             Ces groupes utilisent des masques philosophiques, 
              religieux ou thérapeutiques pour dissimuler des objectifs 
              de pouvoir, d'emprise et d'exploitation des adeptes. " 
            Dans une telle optique, l'accent est mis en 
              outre sur le caractère insidieux de la dérive sectaire, 
              car il est difficile de tracer une frontière entre le fonctionnement 
              " légitime " et la zone dangereuse, c'est à 
              dire entre : 
             - la libre association et le groupe coercitif, 
               
               - la conviction et les certitudes incontournables,  
               - l'engagement et le fanatisme,  
               - le prestige du chef et le culte du gourou,  
               - les décisions volontaires et les choix totalement 
              induits,  
               - les recherches d'alternatives (culturelles, morales, idéologiques) 
              et la rupture avec les valeurs de la société,  
               - l'appartenance loyale à un groupe et l'allégeance 
              inconditionnelle,  
               - la persuasion habile et la manipulation programmée, 
               
               - le langage mobilisateur et le néolangage (la " 
              langue de bois " ),  
               - l'esprit de corps et le groupe fusionnel. 
             On mesure à quel point il est, 
              dans ces conditions, difficile de raisonner de manière objective, 
              de se situer entre la banalisation et la diabolisation, entre la 
              cécité et la tolérance abusive d'une part, 
              la suspicion généralisée d'autre part : c'est 
              pourtant cette voie qu'a choisi la Commission. 
               d) La conception 
              retenue par la Commission 
             La Commission a en effet constaté 
              que si la difficulté à définir la notion de 
              secte a été soulignée par toutes les personnalités 
              qu'elle a entendues, la réalité visée semble 
              unanimement cernée, sauf naturellement par les adeptes et 
              dirigeants des sectes qui nient ce caractère à leur 
              groupement (tout en pouvant le reconnaître à d'autres) 
              et préfèrent évoquer les termes d' " Eglises 
              " ou de " minorités religieuses " . 
             La Commission n'a pas la prétention 
              de réussir ce à quoi tous ceux qui travaillent sur 
              la question des sectes, souvent depuis de nombreuses années, 
              ne sont pas parvenus, c'est-à-dire donner une définition 
              " objective " de la secte, susceptible d'être admise 
              par tous. Les travaux de la Commission s'appuient donc sur un certain 
              nombre de choix éthiques qu'elle ne cherche pas à 
              dissimuler. 
             Parmi les indices permettant de supposer 
              l'éventuelle réalité de soupçons conduisant 
              à qualifier de secte un mouvement se présentant comme 
              religieux, elle a retenu, faisant siens les critères utilisés 
              par les Renseignements généraux dans les analyses 
              du phénomène sectaire auxquelles procède ce 
              service et qui ont été portées à la 
              connaissance de la Commission : 
             - la déstabilisation mentale ; 
               
               - le caractère exorbitant des exigences financières 
              ;  
               - la rupture induite avec l'environnement d'origine ;  
               - les atteintes à l'intégrité physique 
              ;  
               - l'embrigadement des enfants ;  
               - le discours plus ou moins anti-social;  
               - les troubles à l'ordre public ;  
               - l'importance des démêlés judiciaires 
              ;  
               - l'éventuel détournement des circuits économiques 
              traditionnels ;  
               - les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics. 
            Votre Commission insiste sur le fait que, la 
              définition des sectes s'avérant à bien des 
              égards difficile, elle a conduit ses travaux en se gardant 
              de faire siennes les définitions des sectes proposées 
              par ses interlocuteurs, par nature engagés, à un titre 
              ou à un autre dans la promotion des nouvelles religions ou 
              dans la lutte contre leurs excès - réels ou supposés 
              --. 
             Elle a été consciente que 
              ni la nouveauté, ni le petit nombre d'adeptes, ni même 
              l'excentricité ne pouvaient être retenus comme des 
              critères permettant de qualifier de secte un mouvement se 
              prétendant religieux : les plus grandes religions contemporaines 
              ne furent souvent, à leurs débuts, que des sectes 
              au nombre d'adeptes réduit ; bien des rites établis 
              et socialement admis aujourd'hui ont pu à l'origine susciter 
              des réserves ou des oppositions. 
            Le champ de son étude a ainsi été 
              volontairement restreint à un certain nombre d'associations 
              réunissant, le plus souvent autour d'un chef spirituel, des 
              personnes partageant la même croyance en un être ou 
              un certain nombre d'idées transcendantales, se situant ou 
              non en rupture avecles religions " traditionnelles " (chrétienne, 
              musulmane, hindouiste, bouddhiste) qui ont été exclues 
              de cette étude, et sur lesquelles ont pu, à un moment 
              ou à un autre, peser le soupçon d'une activité 
              contraire à l'ordre public ou aux libertés individuelles. 
             La difficulté de définir 
              la notion de secte, qui sera pourtant utilisée dans la suite 
              de ce rapport, a conduit la Commission à retenir un faisceau 
              d'indices, dont chacun pourrait prêter à de longues 
              discussions. Elle a donc préféré, au risque 
              de froisser bien des susceptibilités ou de procéder 
              à une analyse partielle de la réalité, retenir 
              le sens commun que l'opinion publique attribue à la notion. 
             A défaut, elle n'aurait 
              pu, constatant les difficultés rencontrées lors de 
              la tentative de définition du phénomène, qu'interrompre 
              ses travaux. Une telle attitude aurait sans doute dérouté, 
              et aurait, de plus, empêché que soient analysés 
              les réels problèmes posés par le développement 
              d'un certain nombre d'associations. 
             Difficile à définir, le 
              phénomène des sectes ne peut de surcroît - mais 
              aussi de ce fait - être mesuré avec précision. 
               B.- UN PHENOMENE DIFFICILE A MESURER 
            Toute tentative de mesure globale du phénomène 
              sectaire se heurte à un certain nombre d'obstacles, qui doivent 
              être brièvement évoqués. 
             L'imprécision entourant la définition 
              de la notion est bien entendu le premier d'entre eux : comment mesurer 
              un phénomène dont il n'existe pas de définition 
              admise par tous ? 
             Il est en deuxième lieu difficile 
              de quantifier l'activité des multiples associations gravitant 
              autour de tel ou tel mouvement, d'assimiler, par exemple, l'auditeur 
              régulier de conférences organisées par une 
              association proche d'une secte, à un adepte de cette dernière. 
             Le choix du critère servant à 
              mesurer le phénomène est en troisième lieu 
              lui aussi aléatoire : doit-on retenir le nombre d'adeptes 
              ou celui des sympathisants, à supposer que l'une et l'autre 
              de ces deux notions puissent recevoir une définition satisfaisante 
              ? Compte tenu de l'impact familial ou social du phénomène, 
              doit-on inclure l'entourage des personnes directement concernées 
              pour apprécier correctement le nombre de " victimes 
              " ? 
            Au demeurant, les sectes elles-mêmes ne 
              sont pas toujours en mesure de quantifier avec une relative précision 
              le nombre de leurs adhérents. Différents indices permettent 
              même d'affirmer que certaines d'entre elles le gonflent artificiellement 
              afin d'accréditer l'idée d'une audience qu'elles n'ont 
              pas dans la réalité, alors que d'autres le minimisent 
              volontairement dans le but de ne pas attirer l'attention des pouvoirs 
              publics. 
             L'audience réelle des différentes 
              sectes ne peut, enfin, être mesurée à l'aune 
              de seuls critères numériques : l'implantation internationale 
              de la secte, ses capacités financières, sa stratégie 
              éventuelle d'infiltration contribuent pour beaucoup à 
              son audience, sa capacité d'ingérence, sa dangerosité. 
             Ces réserves méthodologiques 
              posées, il reste toutefois nécessaire d'essayer de 
              mieux cerner, sur le plan quantitatif, le phénomène 
              sectaire. 
             Deux types d'évaluation ont été 
              communiqués à la mission : l'une résulte des 
              observations de la Direction centrale des Renseignements généraux; 
              l'autre, plus indirecte, des études d'un certain nombre d'experts. 
               1.- L'évaluation 
              par les Renseignements généraux 
             Le phénomène sectaire fait 
              l'objet, depuis une vingtaine d'années, d'un suivi régulier 
              par les Renseignements généraux. Toutefois, l'actualité 
              du phénomène et les moyens limités de la DCRG 
              n'autorisent pas l'exécution fréquente de travaux 
              de synthèse. 
             Deux bilans ont à ce jour été 
              dressés, l'un dans le cadre de l'élaboration du rapport 
              de M. Alain Vivien " Les sectes en France " , en 1982, 
              l'autre à la demande de la commission d'enquête. 
             L'analyse très complète 
              et très fine à laquelle ont procédé 
              les Renseignements généraux retient une définition 
              de la secte fondée sur la dangerosité supposée 
              des différents mouvements, elle-même déduite 
              de l'existence d'un ou plusieurs indices parmi les suivants : déstabilisation 
              mentale, exigences financières exorbitantes, rupture avec 
              l'environnement d'origine, atteintes à l'intégrité 
              physique, embrigadement des enfants, discours antisocial, troubles 
              à l'ordre public, démêlés judiciaires, 
              détournements des circuits économiques, infiltration 
              des pouvoirs publics. Sur ces bases, ont été recensés, 
              dans le cadre de chaque département métropolitain, 
              les associations remplissant l'un au moins de ces dix critères. 
             Ils ont de surcroît distingué, 
              pour chaque mouvement, " l'organisation mère " 
              des différentes " filiales " qui gravitent autour 
              d'elle, que celles-ci soient " officielles " (antennes 
              locales portant le nom de la secte), ou " masquées " 
              (associations diverses, voire sociétés civiles ou 
              commerciales). 
             Les différentes " organisations-mères 
              " ont, de plus, fait l'objet d'une évaluation quantitative 
              permettant de les répartir entre celles qui comptent moins 
              de 50 adeptes, entre 50 et 500 adeptes, entre 500 et 2.000 adeptes, 
              plus de 2.000 adeptes. Il est à signaler que seul le mouvement 
              des Témoins de Jéhovah dépasse en France les 
              10.000 fidèles (leur nombre est évalué à 
              130.000). 
             Pour la plupart, les mouvements ésotériques 
              ou se rattachant à l'anthroposophie (), bien que prédisposant 
              parfois des individus fragilisés à un " cheminement 
              sectaire " , n'ont pas été mentionnés, 
              en raison de leur innocuité objective. De même, l'immense 
              majorité des groupes se réclamant exclusivement du 
              Nouvel Age, multiples et à l'audience souvent confidentielle, 
              ont été exclus de cette étude car se situant 
              encore aux " franges sectaires " . 
             L'agrégation, au niveau national, 
              des résultats obtenus par département permet de tirer 
              un certain nombre d'enseignements, relatifs au nombre des sectes 
              en premier lieu, à celui de leurs adeptes en second lieu, 
              à la dynamique du mouvement enfin.  
                 
             
              - les structures sectaires  
                
 Le nombre de mouvements recensés 
                  par la DCRG et répondant à l'un des critères 
                  de dangerosité indiqués ci-dessus s'élève 
                  aujourd'hui à 172 pour les " organisations-mères 
                  " . L'inclusion des " filiales " dans l'étude 
                  permet de constater l'existence, en France, d'une véritable 
                  " nébuleuse sectaire " comptant plus de 800 
                  satellites. 
                Une étude de la répartition 
                  géographique des sectes montre que le phénomène 
                  n'a pas une ampleur uniforme sur le territoire français. 
                 Les organisations mères se 
                  concentrent pour l'essentiel sur quatre grandes régions 
                  (carte no 1) : 
                 - la première englobe l'Ile-de-France 
                  et ses départements limitrophes pour s'étendre 
                  jusqu'à la Manche et une partie de la Bretagne ;  
                   - la seconde irradie autour de l'estuaire de la Gironde 
                  pour toucher le Nord de l'Aquitaine et le Sud de la région 
                  Poitou-Charentes ;  
                  - la troisième dessine le sillon rhodanien pour s'élargir 
                  à la quasi-totalité de la région Provence-Alpes-Côte 
                  d'Azur ;  
                   - la quatrième enfin est circonscrite à 
                  deux départements lorrains, la Moselle et la Meurthe 
                  et Moselle.  
                     
                   A l'inverse, les régions Centre, Nord-Pas-de-Calais, 
                  Maine et Loire, Franche-Comté semblent relativement épargnées. 
                   
                   L'inclusion des " filiales " dans la représentation 
                  cartographique ne modifie pas la représentation du phénomène 
                  sectaire, même si elle accroît l'impression de diffusion 
                  sur l'ensemble du territoire national (carte no 2). 
                 Cette impression est encore accrue 
                  si l'on adjoint à cette dernière représentation 
                  cartographique l'influence représentée par les 
                  Témoins de Jéhovah, dont les lieux de culte ( 
                  " salles du royaume " ) sont nombreux dans un certain 
                  nombre de départements peu touchés par le reste 
                  du phénomène sectaire, notamment le Calvados, 
                  le Finistère, les Pyrénées Atlantiques, 
                  le Doubs (carte no 3).  
                     
                   
                  
               - Les adeptes des sectes  
                
 Même s'il est difficile de procéder 
                  à un chiffrage précis, tant il est ardu de distinguer 
                  le véritable adepte du disciple occasionnel ou du simple 
                  sympathisant, les Renseignements généraux estiment 
                  à 160.000 le nombre d'adeptes au moins occasionnels, 
                  et à 100.000 le nombre de sympathisants. 
                 Il est cependant nécessaire 
                  d'affiner ces résultats en faisant valoir que 80 % des 
                  mouvements regroupent moins de 500 adeptes, près de 60 
                  sectes comptant même moins de 50 adeptes. On constate 
                  donc une concentration du phénomène sectaire sur 
                  une quarantaine de mouvements, dont on verra, de surcroît, 
                  que ce sont ceux qui répondent le plus souvent à 
                  un grand nombre de critères de dangerosité. 
                 Les listes suivantes présentent, 
                  classées par ordre alphabétique et pour chaque 
                  classe d'effectifs définie, le nom des mouvements pouvant, 
                  à l'aune des critères définis, être 
                  qualifiés de sectaires. 
                - Mouvements sectaires de moins de 50 
                  adeptes : 
                 Alliance Rose Croix / Association 
                  Recherches Culturelles  
                  AMPARA  
                  Association Culturelle ALPHA  
                  Association de soutien à l'oeuvre de Sundari - L'Ecole 
                  de l'essentialisme  
                  Association Le Droit de survie  
                  Association spirituelle d'Haidyakhan  
                  Centre d'applications psychiques "Raphaël"  
                  Centre d'épanouissement et aide François de Sales 
                   
                  Centre de développement humain  
                  Centre de thérapie Dalmatie  
                  Clé de l'univers  
                  Club prélude à l'Age d'or  
                  Communauté de la Thébaide  
                  Communauté Les boucheries  
                  Cosmicia  
                  Cosmos - Intuition - Ailes  
                  Dakpo Shampa Kadgyu  
                  Ecole de la préparation de l'évacuation extra 
                  terrestre  
                  Eglise Khristique de la Jérusalem Nouvelle ordre de Raolf, 
                  d'Arnold et d'Osmond  
                  Eglise philosophique Luciférienne  
                  El - Etre son corps  
                  Emissaries of the divine light  
                  Enseignement et thérapie de recherches évolutives 
                   
                  Etre-Exister-Energétique  
                  Fondation Saint-germain  
                  Grande loge souveraine internationale magique et theurgique 
                  de rite égyptien - Cagliostro  
                  Ermitage du Christ de la paix  
                  Imagine  
                  Insight seminars - Innergy  
                  Institut de psychanimie  
                  Institut de recherches psychanalytiques  
                  Institut Frank Natale  
                  Kofuku no kagaku (institut pour la recherche du bonheur de l'homme) 
                   
                  L'arbre au milieu  
                  La nouvelle ère  
                  Le suicide des rives  
                  Landmark education international - Le forum  
                  Le club des surhommes  
                  Le village du verseau  
                  Les amis de la confrérie Saint-Andréas  
                  Les amis de Marie - Les pauvres de Marie  
                  Les croisés de la nouvelle Babylone  
                  Les jardins de la vie  
                  Loisirs et santé - Le corps miroir  
                  Lumière dorée  
                  MAEV  
                  Méthode Sylva de contrôle mental  
                  Ordonnance des scribes scientifiques et des mystères 
                  initiatiques  
                  Ordre des chevaliers de France et de la Trinité Sainte 
                   
                  Ordre du temple universel  
                  Red concept limited  
                  Révélation de la 7ème heure  
                  Sanctuary  
                  Savoir changer maintenant  
                  Shinji Shumeikai France  
                  Spiritual Emergence Network France - Respiration holotropique 
                   
                  Viveka 
                - Mouvements sectaires de 50 à 
                  500 adeptes : 
                 Amis de la croix glorieuse de Dozule 
                   
                  Arche de Marie  
                  ASPIRAL  
                  Association de défense des libertés d'expression 
                  dans l'institution française (ADLEIF)  
                  Association de méditation en France  
                  Association Nouvelle Acropole France (ANAF)  
                  Association pour l'unification du christianisme mondial  
                  Association pour la promotion des arts industrieux (APPAI)  
                  Association pour la recherche et l'étude de la survivance 
                  (APRES)  
                  Association Vo Vi de France - Amis de la Science du non être 
                  de France  
                  ATHANOR  
                  AZAZEL INSTITUTE INC  
                  Centre d'Etudes Gnostiques  
                  Centre d'information OSHO  
                  Centre de documentation et d'information et de contact pour 
                  la prévention du cancer  
                  Centre de méditation Mahatayana  
                  Centre du cygne Djivana Prana - Source de vie  
                  Centre du Paraclet  
                  Centre international de parapsychologie et de recherche scientifique 
                  du Nouvel Age  
                  Cercle initiatique de la licorne Wicca occidentale  
                  Comètes oxygènes - Le moulin du soleil  
                  Communauté pour la propagation de la vie universelle 
                   
                  Communion de satonnay  
                  Eckankar France  
                  Eija  
                  Energie et création - Energie et créativité 
                   
                  Energy world  
                  Espace culturel Etre maintenant (ECEM)  
                  Etude tradition et recherche en énergétique (ETRE.) 
                   
                  Faculté de parapsychologie  
                  Famille de Nazareth  
                  Fédération française pour la conscience 
                  de Krishna  
                  Fédération internationale pour le développement 
                  de l'alimentation instinctive (FIDALI)  
                  Fondation Elan vital  
                  Harmonie holistique  
                  Humana France - TVIND  
                  Iesu no mitama kyokai (Eglise du Saint Esprit de Jésus) 
                   
                  Institut de recherche physique et conscience  
                  Institut de Saint-Preux  
                  Institut des sciences holistiques de l'Ouest  
                  Institut théologique de Nimes  
                  L'Eglise à Paris  
                  La famille (ex-enfant de Dieu)  
                  La science du mental  
                  La voie de la lumière (unité de recherches pour 
                  l'évolution de la lumière)  
                  La voie internationale  
                  Le grand logis  
                  Lectorium rosicrucianum (Rose-Croix d'or) 
                   
                  Lumière du Maat  
                  Maha Shakti Mandir  
                  Mandala 33  
                  Mission Swmi Atmananda Atma Bodha Satsanga 
                   
                  Mission Timothée  
                  Mouvement humaniste  
                  Office culturel de Cluny - Fédération 
                  nationale d'animation globale  
                  Ogyen Kunzang Choling  
                  Ordo Templi Orientis  
                  Ordre apostolique - Therapeutic healing 
                  environment  
                  Ordre du Graal ardent  
                  Ordre du lys et de l'aigle  
                  Ordre monastique d'Avallon  
                  Ordre rénové du Temple (ORT) 
                   
                  Oxyon 777 (ex-Harmonia)  
                  Paravidya sagesse suprême  
                  Partage international communication  
                  Philosophe de la nature  
                  Reine de la paix - Ordre du coeur immaculé 
                  de Marie et de Saint Louis de Montfort  
                  Reiyukai  
                  Saint Bani  
                  Saman  
                  Seimeikyo Europe  
                  Siderella  
                  Sister mouvement rasta  
                  Société holosophique de France 
                   
                  Star's edge international - Méthode 
                  Avatar  
                  Sukyo Mahikari - Lumière de vérité 
                   
                  Tradition Famille Propriété 
                   
                  Trans-mutations  
                  Venture  
                  Vital Harmony SA  
                   
                - Mouvements sectaires 
                  de 500 à 2.000 adeptes : 
                 Alliance universelle 
                   
                  ANTHROPOS - Association pour la recherche 
                  sur le développement holistique de l'homme  
                  Association Subud de France - Susila Dharma 
                  France  
                  Association Sri Chinmoy de Paris  
                  Culte Antoiniste  
                  Domaine d'Ephèse  
                  Eglise évangélique de Pentecôte 
                  de Besançon  
                  Eglise universelle de Dieu  
                  Eglises du Christ international en France 
                   
                  Fraternité blanche universelle  
                  Fraternité Notre Dame  
                  Invitation à la vie  
                  L'oeil s'ouvre  
                  La maison de Jean  
                  La parole de foi - Evangélisation 
                  mondiale  
                  Mouvement du Graal en France  
                  Ontologie méthodique culture et 
                  tradition  
                  Paris Dharma Sah - Lotus Sangha of European 
                  social buddhism  
                  Société internationale de 
                  trilogie analytique -sarl-  
                  Union des associations centres et groupes 
                  Sri Sathya Sai  
                  Université spirituelle internationale 
                  des Brahma Kumaris  
                  Vie chrétienne en France - Centre 
                  de vie chrétienne  
                  Viswa Nirmala Dharma - Sahaja Yoga  
                   
                - Mouvements sectaires 
                  de 2.000 à 10.000 adeptes : 
                 Association Lucien 
                  J. Engelmajer  
                  CEDIPAC SA (ex-GEPM)  
                  Chevaliers du Lotus d'or  
                  Communauté des petits frères 
                  et des petites soeurs du Sacré-coeur  
                  Eglise de scientologie de Paris  
                  Eglise néo-apostolique de France 
                   
                  Eglise universelle du royaume de Dieu  
                  Energie humaine et universelle France - 
                  HUE France  
                  Institut de science vedique maharishi Paris 
                  - C.P.M. - Club pour méditants ( " Méditation 
                  transcendentale " )  
                  Mouvement Raëlien français 
                   
                  Shri Ram Chandra Mission France  
                  Soka Gakkai internationale France 
                Enfin, le nombre des Témoins de Jéhovah 
                  peut être estimé à 130.000.  
                     
                - Dynamique du phénomène sectaire 
                 
                
 On pourrait a priori penser apprécier 
                  la dynamique du phénomène sectaire en comparant 
                  les deux bilans dressés à treize années 
                  d'intervalle par les Renseignements généraux (). 
                 Un certain nombre de raisons interdisent 
                  toutefois de pouvoir tirer des conclusions significatives d'une 
                  telle comparaison. En effet : 
                 - l'enquête de 1995, à 
                  la différence de celle effectuée en 1982, n'incorpore 
                  pas les résultats de l'enquête (en cours) dans 
                  les DOM-TOM ; 
                 - la moindre sensibilisation des enquêteurs 
                  à la spécificité du phénomène 
                  sectaire n'avait pu, en 1982, permettre d'inclure dans l'étude 
                  les " filiales masquées " ; 
                 - la qualification de certains mouvements 
                  considérés comme sectaires en 1982 (dissidences 
                  chrétiennes, anthroposophie, groupes ésotériques) 
                  a été revue en 1995. A l'inverse, de nouveaux 
                  mouvements ont été qualifiés de sectaires 
                  en 1995 alors qu'ils n'apparaissaient pas comme tels en 1982 
                  (Association Lucien J. Engelmajer, dite " Le Patriarche 
                  " ). La question reste de surcroît pendante pour 
                  des groupements récemment apparus, qui n'ont pas été 
                  retenus en 1995 (Le Groupement, Herbalife). 
                 Seules de grandes tendances peuvent 
                  donc être dégagées, qui peuvent être 
                  synthétisées dans le tableau ci-après : 
                   
                     
                 
                   
                    |    | 
                     1982  | 
                     1995   | 
                   
                   
                    |  Nombre de mouvements  | 
                     ~ 190  | 
                     ~ 170  | 
                   
                   
                    |  Nombre de filiales  | 
                     non estimé  | 
                     ~ 800  | 
                   
                   
                    |  Nombre d'adeptes  | 
                     ~100.000  | 
                     ~160.000  | 
                   
                   
                    |  dont Témoins de Jéhovah 
                       | 
                     75.000  | 
                     130.000  | 
                   
                   
                    |  Nombre de sympathisants  | 
                     " 50.000  | 
                     " 100.000  | 
                   
                 
                   
                La plus importante semble être la multiplication des " 
                filiales " des mouvements sectaires, beaucoup plus nombreuses 
                aujourd'hui que celles décelées en 1982, même 
                si un dénombrement précis n'avait pas alors été 
                effectué. Comme il a déjà été 
                dit, le phénomène des " satellites cachés 
                " était embryonnaire à l'époque et, 
                de façon générale, les sectes étaient 
                nettement moins disséminées qu'aujourd'hui. A titre 
                d'exemple, on mentionnera que, selon la DCRG, près de 60 
                filiales sont rattachées à l'Eglise de Scientologie. 
                 
                 L'augmentation du nombre de mouvements 
                  sectaires est indéniable. Une étude typologique 
                  (cf. infra) montre que cette augmentation est due pour partie 
                  à la vigueur du courant " Nouvel Age " , qui 
                  a vu le nombre de ses structures considérablement augmenter, 
                  même si celles-ci ne rassemblent qu'un faible nombre d'adeptes. 
                 La progression du nombre d'adeptes 
                  et de sympathisants est considérable puisqu'elle est 
                  de 60 % pour les premiers et de 100 % pour les seconds. 
                 Même si elle ne peut être 
                  mesurée avec une exactitude scientifique, la dynamique 
                  sectaire est donc importante, quel que soit le critère 
                  retenu pour l'apprécier. 
                 Cette appréciation est corroborée 
                  par les constatations, plus indirectes, des experts ayant étudié 
                  le phénomène sectaire. 
                   2.- 
                  L'évaluation par les différents experts 
                 Deux grandes associations ont aujourd'hui 
                  pour objet la lutte contre le phénomène sectaire. 
                 La plus ancienne est constituée 
                  par l'Union Nationale des Associations pour la Défense 
                  de la Famille et des Individus (UNADFI), qui regroupe vingt 
                  associations locales, dont la première fut fondée 
                  en 1974. 
                 C'est sept ans plus tard qu'a été 
                  créé le Centre de documentation, d'éducation 
                  et d'action contre les manipulations mentales (CCMM), à 
                  l'initiative de Roger Ikor, à la suite de la mort de 
                  son plus jeune fils, victime d'une secte. 
                 Il est à signaler que d'autres 
                  experts disposent d'une compétence reconnue sur le phénomène 
                  sectaire : médecins, universitaires, hommes d'Eglise, 
                  journalistes, ils appartiennent aux horizons les plus divers. 
                 Le tableau ci-après récapitule 
                  les estimations fournies sur le nombre d'adeptes de certaines 
                  sectes par un certain ombre d'ouvrages parus entre 1977 et 1987. 
                  Il montre clairement qu'en l'espace de ces dix années, 
                  le nombre supposé des adeptes de chacune d'entre elles 
                  a considérablement augmenté, exception faite de 
                  la Mission de la Lumière divine. 
                L'UNADFI a par ailleurs communiqué 
                  à la Commission une estimation, pour 1995, du nombre 
                  d'adeptes des principales sectes implantées en France. 
                  Ce recensement partiel fait apparaître, pour la seule 
                  trentaine de sectes citées, qui n'inclut pas les Témoins 
                  de Jéhovah, un nombre d'adeptes supérieur à 
                  120.000. Cette estimation semble donc sensiblement supérieure 
                  à celle des Renseignements généraux, qui 
                  évaluent à 160.000 le nombre des adeptes des quelque 
                  172 groupements qu'ils reconnaissent comme sectes. 
                 Le même écart est perceptible 
                  pour le nombre de structures sectaires, évalué 
                  le plus souvent entre 200 et 300 (un des interlocuteurs de la 
                  Commission a même avancé le chiffre de 1.000). 
                 La déclaration suivante, faite 
                  devant la Commission, traduit bien l'importance estimée 
                  du phénomène sectaire en même temps que 
                  la difficulté à l'appréhender. 
                 " En quantité, il est 
                  très difficile de chiffrer le fait sectaire. Les maximalistes 
                  voient des sectes partout et considèrent qu'il y a des 
                  centaines de milliers de Français qui sont touchés. 
                  Je crois qu'il faut être plus raisonnable. Il y a sans 
                  doute des formes un peu aberrantes de religiosité qui 
                  ne sont pas pour autant des sectes, dont le comportement des 
                  adeptes n'est pas en lui même particulièrement 
                  remarquable, ni même condamnable. Ce que je dirai, c'est 
                  qu'il doit y avoir en France, à l'heure actuelle, entre 
                  200 et 300 sectes qui ont une importance et une audience extrêmement 
                  variées, que ces milieux sont tout à fait instables, 
                  à la fois parce que certaines, comme toutes les organisations 
                  humaines, se développent alors que d'autres meurent, 
                  qu'elles sont influencées par l'étranger, ce qui 
                  signifie que des passages de populations étrangères 
                  s'effectuent et qu'en même temps des Français s'expatrient 
                  dans d'autres sites où la secte est implantée. 
                  Toutes ces associations doivent concerner, directement ou indirectement, 
                  environ un demi-million de Français. Quand je dis ``directement'', 
                  je pense bien entendu aux adeptes eux-mêmes, ceux qui 
                  sont entrés dans une secte et qui en sont sortis, à 
                  la rigueur ceux qui sont sur le point d'y entrer, mais également 
                  tout l'environnement familial et social des adeptes de sectes 
                  qui subit naturellement les répercussions des pratiques 
                  et des comportements sectaires de ceux-ci. " 
                LES ADEPTES DES SECTES 
                  (1) DANS LES ANNEES 1970 - 1980 : ESTIMATIONS  
                 
                   
                    |  
                       Nom de la secte  
                      | 
                     
                       Alain Woodrow  
                         
                      | 
                     
                       Claude Petit-Castelli 
                         
                      | 
                     
                       Jean-François 
                        Mayer  
                      | 
                     
                       Janine & 
                        J. Marie Vermander  
                      | 
                     
                       Jean Vernette 
                        René Girault   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Les nouvelles 
                        sectes Seuil 1977  
                      | 
                     
                       Les sectes 
                        : Enfer ou Paradis Ed. de Messine 1977  
                      | 
                     
                       Les Sectes 
                        Nouvelles Cerf 1977  
                      | 
                     
                       Des sectes 
                        Diablement Vôtres Ed. Soceval 1986   
                      | 
                     
                       Des sectes 
                        à notre porte Chalet 1987  
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Enfants de Dieu   
                        (Famille d'amour)  
                      | 
                     
                       6.000  
                      | 
                     
                       15.000.000 
                         
                      | 
                     
                       10.243  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       7.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       250 à 
                        300  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       200  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Adventistes du 7ème 
                        jour   
                      | 
                     
                       2.500.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       4.100.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       5.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       8.400  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       MORMONS : Eglise de J.C. 
                        des Saints derniers jours  
                      | 
                     
                       3.500.000 
                         
                      | 
                     
                       4.000.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       3.000.000 
                         
                      | 
                     
                       6.000.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       10.000  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       15.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Témoins de JEHOVAH 
                         
                      | 
                     
                       2.200.000 
                         
                      | 
                     
                       4.000.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       2.000.000 
                         
                      | 
                     
                       3.200.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       64.019  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       15.000  
                      | 
                     
                       92.397  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Antoinistes  
                      | 
                     
                       150.000 en 
                        1900  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       20.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       -  
                      | 
                     
                       20.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       2.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Scientistes Chrétiens  
                         
                        Christian Science  
                      | 
                     
                       1.500.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       1.500.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       2.500  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       environ : 
                        1.000   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Conscience de KRISHNA  
                         
                      | 
                     
                       5.000  
                      | 
                     
                       17.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       plusieurs 
                        centaines  
                      | 
                     
                       quelques milliers 
                         
                      | 
                     
                       450  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       plusieurs 
                        centaines   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Guru MAHARAT JI   
                        Mission de la Lumière Divine  
                      | 
                     
                       7.000.000 
                         
                      | 
                     
                       7.000.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       16.000.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       2.000  
                      | 
                     
                       3.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       1.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       MOON   
                        Eglise de l'Unification du Christianisme Mondial  
                      | 
                     
                       2.000.000 
                         
                      | 
                     
                       2.000.000 
                         
                      | 
                     
                       de 100.000 
                        à 3.000.000  
                      | 
                     
                       600.000  
                      | 
                     
                       500.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       1.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       100 à 
                        200   
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       plusieurs 
                        centaines   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       SOKA GAKKAI   
                        Nichiren Shoshu  
                      | 
                     
                       20.000.000 
                         
                      | 
                     
                       15.000.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       7.000.000 
                        (Japon)   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       1.000  
                      | 
                     
                       3.000  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       6.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Méditation transcendantale 
                         
                      | 
                     
                       1.000.000 
                         
                      | 
                     
                       1.500.000 
                         
                      | 
                     
                       2.500.000 
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       90 prof.  
                      | 
                     
                       20.000  
                      | 
                     
                       20.000  
                         
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       40.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       RAELIENS   
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       7.200 à 
                        10.000   
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       5.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       2.500  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       1.500  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       SCIENTOLOGIE  
                      | 
                     
                       2.000.000 
                         
                      | 
                     
                       2 à 
                        3.000.000  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       1.000.000  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       1.000  
                      | 
                     
                       + 10.000  
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                        20.000   
                      | 
                     
                       -  
                      | 
                     
                       2.000  
                         
                      | 
                   
                 
                Dénombrement 
                  des adeptes de sectes en 1995 par l'UNADFI
                
                   
                    |  
                       Nom de la Secte  
                      | 
                     
                       Adeptes   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       France  
                      | 
                     
                       Monde   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Alliance universelle  
                         
                      | 
                     
                       1.000  
                      | 
                     
                       2.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Antoinistes   
                      | 
                     
                       2.500  
                      | 
                     
                       200.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Communauté des Chrétiens  
                         
                      | 
                     
                       300  
                      | 
                     
                       80.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise du Christ de Paris 
                         
                      | 
                     
                       700   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise du Christ scientiste  
                         
                      | 
                     
                       800  
                      | 
                     
                       480.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise évangélique 
                        de Pentecôte de Besançon   
                      | 
                     
                       500   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise néo apostolique 
                         
                      | 
                     
                       17.700  
                      | 
                     
                       7.187.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise universelle de Dieu  
                         
                      | 
                     
                       300  
                      | 
                     
                       100.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       La Famille (ex Enfants de 
                        Dieu)   
                      | 
                     
                       250  
                      | 
                     
                       12.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Fraternité blanche 
                        universelle   
                      | 
                     
                       20.000   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Krishna   
                      | 
                     
                       1.000  
                      | 
                     
                       80.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       IVI   
                      | 
                     
                       7.000   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Longo mai   
                      | 
                     
                       200 + 70 enfants   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Mahikari-Sukyo Mahikari  
                         
                      | 
                     
                       15 à 20.000  
                      | 
                     
                       500.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mandarom ou Chevaliers du 
                        Lotus d'or  
                      | 
                     
                       2.000   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       MT Méditation transcendantale  
                         
                      | 
                       | 
                     
                       3.500.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Moon ou association du Saint 
                        esprit pour l'Unification mondiale   
                      | 
                     
                       500  
                      | 
                     
                       180.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mormons ou Eglise de Jésus 
                        Christ des Saints des derniers jours   
                      | 
                     
                       25.000  
                      | 
                     
                       8.406.985  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mouvement du Graal  
                         
                      | 
                     
                       950  
                      | 
                     
                       9.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mouvement parti humaniste  
                         
                      | 
                     
                       200   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Nouvelle Acropole   
                      | 
                     
                       10.000   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Raja Yoga ou Organisation 
                        spirituelle des Brahma Kumaris   
                      | 
                     
                       200   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Ram Chandra mission  
                         
                      | 
                     
                       60 précepteurs  
                         
                        pour 600   
                        " Abhiasys "   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Raeliens   
                      | 
                     
                       1.000  
                      | 
                     
                       20.000   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Sahaja Yoga Matapi  
                         
                      | 
                     
                       200   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Saint Erme  
                      | 
                     
                       350   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Scientologie  
                      | 
                     
                       1.000 + 6.000 clients  
                         
                      | 
                     
                       11.000.000  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Sokka Gakkai + Nichiren Soshu  
                         
                      | 
                     
                       6.000  
                      | 
                     
                       17.000.000   
                      | 
                   
                 
              
              
            Une mesure indirecte de l'activité sectaire 
              peut être fournie par l'analyse des appels téléphoniques 
              reçus par le centre parisien de l'ADFI qui, en 1994, s'est 
              vu interroger sur les activités de 1.150 associations ou 
              mouvements. Si cette mesure s'apparente plus à un sondage 
              qu'à une analyse précise, elle permet toutefois d'apprécier 
              le prosélytisme des différents mouvements, ainsi que, 
              probablement, leur audience relative en région parisie 
             
             
              Consultations 
                reçues par téléphone 
                dans les locaux de l'ADFI (centre parisien) et 
                relatives à certains groupes
             
            
              -  
                
                   
                    |    | 
                     
                       1989  
                      | 
                     
                       1990  
                      | 
                     
                       1991  
                      | 
                     
                       1992  
                      | 
                     
                       1993  
                      | 
                     
                       1994   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Scientologie  
                      | 
                     
                       389  
                      | 
                     
                       829  
                      | 
                     
                       976  
                      | 
                     
                       862  
                      | 
                     
                       563  
                      | 
                     
                       414   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Témoins de Jehovah 
                         
                      | 
                     
                       104  
                      | 
                     
                       215  
                      | 
                     
                       345  
                      | 
                     
                       101  
                      | 
                     
                       231  
                      | 
                     
                       236   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       G.E.P.M.  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
                       10  
                      | 
                     
                       130  
                      | 
                     
                       300  
                      | 
                     
                       496  
                      | 
                     
                       946   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Nouvelle Acropole  
                      | 
                     
                       20  
                      | 
                     
                       59  
                      | 
                     
                       118  
                      | 
                     
                       125  
                      | 
                     
                       118  
                      | 
                     
                       82   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Sahaja Yoga (Sri Mataji) 
                         
                      | 
                     
                       27  
                      | 
                     
                       38  
                      | 
                     
                       111  
                      | 
                     
                       127  
                      | 
                     
                       36  
                      | 
                     
                       21   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       T.F.P. (Avenir de la culture) 
                         
                      | 
                     
                       32  
                      | 
                     
                       89  
                      | 
                     
                       101  
                      | 
                     
                       45  
                      | 
                     
                       26  
                      | 
                     
                       27   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Mandarom (Aumisme)  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
                       97  
                      | 
                     
                       <10  
                      | 
                     
                       48  
                      | 
                     
                       42   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       I.V.I.  
                      | 
                     
                       73  
                      | 
                     
                       50  
                      | 
                     
                       96  
                      | 
                     
                       88  
                      | 
                     
                       113  
                      | 
                     
                       105   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Sokka Gakai  
                      | 
                     
                       66  
                      | 
                     
                       27  
                      | 
                     
                       82  
                      | 
                     
                       90  
                      | 
                     
                       122  
                      | 
                     
                       90   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise du Christ  
                      | 
                     
                       9  
                      | 
                     
                       25  
                      | 
                     
                       71  
                      | 
                     
                       94  
                      | 
                     
                       95  
                      | 
                     
                       217   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Moon  
                      | 
                     
                       57  
                      | 
                     
                       102  
                      | 
                     
                       65  
                      | 
                     
                       40  
                      | 
                     
                       79  
                      | 
                     
                       41   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Krishna  
                      | 
                     
                       84  
                      | 
                     
                       16  
                      | 
                     
                       57  
                      | 
                     
                       25  
                      | 
                     
                       24  
                      | 
                     
                       31   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Ecoovie  
                      | 
                     
                       79  
                      | 
                     
                       23  
                      | 
                     
                       55  
                      | 
                     
                       34  
                      | 
                     
                       57  
                      | 
                     
                       34   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Rose Croix  
                      | 
                     
                       17  
                      | 
                     
                       15  
                      | 
                     
                       49  
                      | 
                     
                       70  
                      | 
                     
                       65  
                      | 
                     
                       68   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Rael  
                      | 
                     
                       24  
                      | 
                     
                       40  
                      | 
                     
                       44  
                      | 
                     
                       70  
                      | 
                     
                       48  
                      | 
                     
                       110  
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Le Patriarche  
                      | 
                     
                       9  
                      | 
                     
                       10  
                      | 
                     
                       40  
                      | 
                     
                       30  
                      | 
                     
                       27  
                      | 
                     
                       70   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Mormons  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
                       12  
                      | 
                     
                       38  
                      | 
                     
                       17  
                      | 
                     
                       31  
                      | 
                     
                       33   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Méditation transcendantale 
                         
                      | 
                     
                       17  
                      | 
                     
                       34  
                      | 
                     
                       26  
                      | 
                     
                       25  
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                    |  
                       Graal   
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                       NR  
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                    |  
                       Pentecôtistes  
                         
                      | 
                       | 
                     
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                    |  
                       Hommes d'affaires du plein 
                        Evangile  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
                       NR  
                      | 
                     
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                       <10  
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                      | 
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                NR : non répertorié. 
                Source : ADFI Paris  
                 Par ailleurs, les différents 
                  experts auditionnés par la Commission ont, en règle 
                  générale, confirmé qu'au cours des dernières 
                  années, le mouvement sectaire s'est, tant en termes de 
                  structures que de nombre d'adeptes, considérablement 
                  développé, même s'ils ne disposent pas de 
                  données chiffrées précises sur cette tendance. 
                 Au-delà des difficultés 
                  de mesure, il n'apparaît pas contestable que le phénomène 
                  sectaire est aujourd'hui en France bien réel, et qu'il 
                  semble en progression. 
                 Par ailleurs, les caractéristiques 
                  de son évolution laissent présager des potentialités 
                  d'expansion qui ne laissent pas d'inquiéter votre commission. 
                  C.- UN PHENOMENE EN EXPANSION POTENTIELLE 
                 Le phénomène sectaire 
                  a connu depuis quelques décennies d'importantes évolutions 
                  qui influent sur les tendances actuellement constatées 
                  ; une appréciation prospective montre de surcroît 
                  la tendance à une expansion potentielle. 
                 1.- Les grandes 
                  tendances actuelles 
                 Il n'est évidemment pas possible 
                  de procéder dans le cadre de ce rapport, dont ce n'est 
                  au demeurant pas l'objet, à une étude historique 
                  du phénomène sectaire, dont les spécialistes 
                  soulignent la permanence dans le temps et l'universalité. 
                 Tite Live dans son ouvrage " 
                  Les sectes religieuses en Grèce et à Rome " 
                  se livrait déjà à un récit circonstancié 
                  de l'affaire des Bacchanales, adeptes du culte de Bacchus. 
                 Sous l'empire romain, les premières 
                  communautés chrétiennes furent persécutées 
                  tant à cause de leur refus du serment à l'Empereur 
                  qu'en raison des accusations de sorcellerie (réunions 
                  nocturnes) ou d'anthropophagie (rite de la communion) dont elles 
                  firent l'objet. Les procès en sorcellerie dont furent 
                  victimes au Moyen-Age jusqu'au début de la Réforme, 
                  près de 100 000 personnes en Europe témoignent 
                  de la persistance du phénomène sectaire. Les religions 
                  chrétiennes ne sont pas la seule source d'exemples : 
                  ainsi l'Islam dont un courant ésotérique est représenté 
                  par le soufisme a-t-il donné naissance à la secte 
                  des Hashishins, qui combattit les Templiers en Terre sainte. 
                 L'évolution récente 
                  du phénomène sectaire permet toutefois de dégager 
                  un certain nombre de grandes tendances relatives respectivement 
                  à la nature des sectes, à leur organisation, aux 
                  thèmes développés par elles, à la 
                  façon dont elles sont perçues enfin. 
                   a) La 
                  nature des sectes 
                 Une étude des sectes actuellement 
                  implantées en France montre que celles-ci se sont installées 
                  en deux vagues bien distinctes. 
                 La première remonte au début 
                  du XXe siècle, qui a vu des mouvements religieux nés 
                  pour la plupart dans des pays anglo-saxons s'enraciner dans 
                  la société française. Témoins de 
                  Jéhovah, Mormons, Pentecôtistes, Adventistes, Baptistes 
                  : tous ces mouvements issus du monde protestant vinrent joindre 
                  leur contestation de la doctrine officielle de l'Eglise à 
                  celle déjà exprimée par des groupes issus 
                  de la mouvance catholique (Antoinistes, adeptes du Christ de 
                  Montfavet). 
                 La seconde vague déferle à 
                  la fin des années 1960, toujours en provenance des Etats-Unis, 
                  mais marquée par une plus grande empreinte orientaliste 
                  d'une part, ésotérique ou gnostique d'autre part. 
                  Relèvent notamment du premier courant l'Association internationale 
                  pour la conscience de Krishna (fondée en 1966), l'Association 
                  pour l'Unification du Christianisme mondial (AUCM, ou secte 
                  Moon) et la Soka Gakkaï. 
                 Au titre du second courant, on citera 
                  les groupes liés à Rose-Croix, l'Eglise de Scientologie 
                  ou l'anthroposophie. D'autres sectes proposant des alternatives 
                  globales fondées sur l'écologie (Ecoovie), la 
                  croyance aux extra-terrestres (Mouvement raëlien), les 
                  techniques de méditation (Méditation transcendantale), 
                  voire la fraternité (Nouvelle Acropole) connaissent également 
                  un essor rapide. 
                 Ce mouvement orientaliste et ésotérique 
                  ne doit pas cependant faire oublier la permanence, voire la 
                  montée en puissance, de mouvements issus du tronc judéo-chrétien, 
                  qu'ils soient millénaristes (Témoins de Jéhovah, 
                  nébuleuse des mouvements du Nouvel Age) ou guérisseurs 
                  (Invitation à la Vie, IVI). 
                 Cette évolution, tracée 
                  à grands traits, permet de dégager un certain 
                  nombre de caractéristiques : 
                 - la prolifération croissante 
                  de ces mouvements, d'origine relativement récente. Aucune 
                  classification ni description ne peut être considérée 
                  comme définitive ou satisfaisante, tant de multiples 
                  mouvements mélangent les genres ou les influences précédemment 
                  définis : si les renseignements généraux 
                  dénombrent avec une relative précision les mouvements 
                  pouvant être qualifiés de " sectes " 
                  , toute énumération en la matière encourt 
                  le reproche d'être incomplète, car par nature limitative 
                  ; 
                 - la place croissante que jouent dans 
                  ce mouvement les organisations d'origine confessionnelle entièrement 
                  nouvelles proposant une explication globale du monde, au détriment 
                  des organisations se présentant comme une sécession, 
                  un schisme d'une Eglise précédemment établie 
                  ; 
                 - l'évolution dans la nature 
                  du public touché. Les mouvements protestants de la première 
                  vague recrutaient leurs adeptes dans des milieux relativement 
                  défavorisés, chez les personnes adultes, le plus 
                  souvent du sexe féminin. Les organisations s'étant 
                  développées après 1968 sont caractérisées 
                  par la jeunesse et la mixité de leur public, issu en 
                  général des classes moyennes. 
                 Au-delà de ces éléments 
                  relatifs à la nature des sectes, on constate en général 
                  d'autres points communs qui, sans s'appliquer à l'ensemble 
                  des sectes citées ci-dessus, sont néanmoins caractéristiques 
                  d'une évolution de leurs structures et des thèmes 
                  développés par elles : c'est ainsi la façon 
                  dont sont perçues les sectes qui est profondément 
                  modifiée. 
                   b) La 
                  structure des sectes 
                 La plupart des sectes, poursuivant 
                  en cela une évolution depuis longtemps entamée, 
                  sont organisées sur un modèle pyramidal garantissant 
                  l'exercice du pouvoir au profit d'une personne (le gourou) et/ou 
                  d'une élite restreinte. 
                 Comme toutes les structures pyramidales, 
                  elles reposent sur une coupure entre les adeptes de base et 
                  les dirigeants, tempérée par l'existence d'échelons 
                  intermédiaires, dont le nombre se réduit au fur 
                  et à mesure que l'on progresse vers le sommet. 
                 Il s'établit entre ces différents 
                  échelons des liens complexes de dépendance, organisant 
                  la distribution des rôles, du savoir, du pouvoir. Un tel 
                  système garantit l'existence de filtres efficaces restreignant 
                  les voies d'accès au gourou ou à l'élite, 
                  protégés de la base par leur isolement et la symbolique 
                  de leur pouvoir. 
                 Réciproquement, les adeptes 
                  sont récompensés de leur fidélité 
                  par une progression au sein de la secte, matérialisée 
                  par l'obtention de grades et de diplômes, voire par des 
                  bénéfices plus matériels. Le passage à 
                  un échelon supérieur est souvent l'occasion d'une 
                  cérémonie initiatique. 
                 Encore convient-il de souligner que, 
                  dans bien des mouvements, coexistent plusieurs types de structures 
                  pyramidales relatives à l'organisation cultuelle de l'enseignement, 
                  des services administratifs et financiers : cette prolifération 
                  des structures rigidifie encore l'organisation décrite. 
                   c) Les 
                  thèmes développés par les sectes 
                 A la différence des thèmes 
                  développés par les organisations schismatiques 
                  d'Eglises établies, qui se concentrent sur un certain 
                  nombre de critiques et de propositions alternatives de nature 
                  religieuse, le discours tenu par les nouvelles sectes fait une 
                  large place au perfectionnement individuel, préféré 
                  à l'action collective ou profane. 
                 C'est dans cet esprit que sont le 
                  plus souvent promus les thèmes de l'exemple personnel, 
                  du prosélytisme. C'est pour cette raison qu'est souvent 
                  prônée, sous des formes diverses, une certaine 
                  ascèse se caractérisant par l'abstention d'un 
                  certain nombre de pratiques (consommation de tabac et d'alcool), 
                  la promotion de nouvelles habitudes alimentaires ou sexuelles, 
                  voire la réduction du temps du sommeil. 
                 A l'extrême, une telle ascèse 
                  peut conduire à la rupture avec les relations antérieures, 
                  au travail au bénéfice partiel ou exclusif de 
                  la secte, voire à la vie en commun. Une telle attitude 
                  de repli sur soi ou sur un groupe restreint est en contradiction 
                  avec tout engagement extérieur à la secte. 
                 On conçoit que l'évolution 
                  considérable de la nature, des structures, des thèmes 
                  développés par les sectes modifie considérablement 
                  la manière dont elles sont perçues. 
                   d) La 
                  perception du phénomène sectaire 
                Alors que jusqu'au début des années 
                  1970, les mises en garde contre les sectes étaient avant 
                  tout le fait des Eglises, qui se situaient dans une logique 
                  résolument théologique et pastorale, les débordements 
                  de certaines organisations, les atteintes réelles ou 
                  supposées à l'ordre public ou aux libertés 
                  individuelles, ont contribué à une modification 
                  brutale de la façon dont elles sont perçues. 
                 Ce phénomène s'est traduit 
                  par la constitution d'associations de défense (Centre 
                  Roger Ikor, UNADFI en France) et le développement d'un 
                  contentieux judiciaire relativement important. La gravité 
                  des agissements criminels de certaines sectes (attentats, suicides 
                  collectifs, assassinats) a à juste titre ému les 
                  média et l'opinion publique.  
                     
                 
                   
                    |  
                       Date  
                      | 
                     
                       Lieu  
                      | 
                     
                       Secte  
                      | 
                     
                       Nombre de morts Circonstances  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       18/11/1978  
                      | 
                     
                       Jonestown Guyana  
                      | 
                     
                       Temple du peuple   
                      | 
                     
                       923  
                      | 
                     
                       suicide   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       03/06/1983  
                      | 
                     
                       Smithville (Arkansas)  
                      | 
                     
                       Groupe Comitatus  
                      | 
                     
                       2  
                      | 
                     
                       affrontement  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       15/05/1985 Philadelphie (Pensylvanie) 
                         
                      | 
                     
                       Move  
                      | 
                     
                       11  
                      | 
                     
                       affrontement   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       19/09/1985 Mindanao (Philippines) 
                         
                      | 
                     
                       Datu Mangayanon  
                      | 
                     
                       60  
                      | 
                     
                       suicide   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       01/11/1986 Wokayama (Japon) 
                         
                      | 
                     
                       Eglise des amis de la vérité  
                         
                      | 
                     
                       7  
                      | 
                     
                       suicide   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       28/08/1987 Séoul (Corée 
                        du sud)  
                      | 
                     
                       Park Soon ja  
                      | 
                     
                       32  
                      | 
                     
                       suicide   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       21/08/1992 Naples (Idaho) 
                         
                      | 
                     
                       Mouvement Identité 
                        Chrétienne  
                      | 
                     
                       3  
                      | 
                     
                       affrontement   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       19/04/1993 Waco (Texas)  
                      | 
                     
                       Davidsoniens  
                      | 
                     
                       88  
                      | 
                     
                       suicide affrontement  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       04/10/1994 Suisse Canada 
                         
                      | 
                     
                       Temple solaire  
                      | 
                     
                       48 5  
                      | 
                     
                       assassinats et suicides  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       5/03/1995 Tokyo (Japon)  
                      | 
                     
                       Aoum  
                      | 
                     
                       11 morts 5000 blessés 
                         
                      | 
                     
                       attentat   
                      | 
                       | 
                   
                 
                Source : J.P. MORIN - Futuribles - 
                Novembre 1994 - Tableau complété pour les événements 
                postérieurs à 1994.  
                S'il convient de ne pas surestimer les risques 
                  que se produisent en France de tels débordements, une 
                  vigilance accrue s'impose. 
                 Et si la focalisation médiatique 
                  sur des dérapages extrêmement alarmants ne doit 
                  pas conduire à couvrir d'un même opprobre toutes 
                  les sectes, elle ne doit pas non plus, en mettant en " 
                  valeur " des groupes extrêmement minoritaires, conduire 
                  à sous-évaluer les risques que font peser sur 
                  leurs adeptes des mouvements de grande ampleur et d'une dangerosité 
                  beaucoup plus considérable bien que - et en même 
                  temps, parce que - beaucoup moins évidente. 
                 Cette remarque est d'autant plus importante 
                  que l'on peut aujourd'hui dénombrer un certain nombre 
                  d'indices qui font penser - et craindre - que le phénomène 
                  sectaire a des potentialités de développement 
                  non négligeables. 
                  2.- Les facteurs 
                  d'expansion potentielle 
                 Deux principaux facteurs permettent 
                  d'avancer l'idée d'une expansion potentielle du phénomène 
                  sectaire : les sectes disposent en effet aujourd'hui de moyens 
                  financiers puissants, mis au service de leur prosélytisme 
                  actif ; surtout, elles répondent à des besoins 
                  importants, bien qu'exprimés de manière diffuse. 
                  a) La réponse 
                  à des besoins importants 
                 Il serait faux de présenter 
                  le développement du phénomène sectaire 
                  comme se réduisant exclusivement à la manipulation 
                  de personnalités fragiles par des groupes coercitifs 
                  par l'application de techniques psychologiques éprouvées. 
                 Une telle explication serait singulièrement 
                  réductrice d'un phénomène extrêmement 
                  complexe. La commission a pu constater que le phénomène 
                  sectaire était au contraire indissociablement lié 
                  à l'existence d'une demande, de besoins qui ne trouvent 
                  pas d'autre moyen d'être satisfaits. 
                 Un médecin auditionné 
                  par la Commission, peu suspect de complaisance à l'égard 
                  du phénomène sectaire, a ainsi insisté 
                  sur la complexité de la dialectique entre l'offre et 
                  la demande en ce domaine : " vous rencontrez le meilleur 
                  et le pire dans les sectes (...). Parfois, par le biais des 
                  sectes, des personnes se retrouvent dans un groupe chaleureux, 
                  d'autres redonnent un sens à leur vie, d'autres encore 
                  se structurent. Parmi mes patients, certains sont entrés 
                  dans des sectes. Je ne voudrais pour rien au monde qu'ils en 
                  sortent, car cela leur sert momentanément de tuteur. 
                  Bien entendu, cela ne légitime pas l'ensemble du phénomène, 
                  mais c'est vous dire qu'il y a des aspects très positifs. 
                  Si on ne le comprend pas, on ne comprendra pas davantage le 
                  succès des sectes. Nos contemporains ne sont pas des 
                  imbéciles. S'ils se ruent par centaines de milliers dans 
                  ces mouvements, c'est qu'ils ont des raisons et surtout qu'ils 
                  y trouvent des réponses (...) " . 
                 L'émergence de besoins spirituels 
                  nouveaux résulte de la conjonction d'un certain nombre 
                  de facteurs connus, qui ne seront rappelés ici que pour 
                  mémoire. 
                 Il est certain que la contestation 
                  du productivisme, l'effondrement des idéologies politiques, 
                  les remises en cause du scientisme, du matérialisme, 
                  le déclin continu des religions " traditionnelles 
                  " ont fortement remis en cause le modèle sur lequel 
                  les sociétés occidentales s'étaient développées 
                  depuis le XIXe siècle. 
                 Cet ébranlement des croyances 
                  traditionnelles et des grands principes d'organisation sociale 
                  a suscité nombre de déceptions, de frustrations, 
                  de tentatives de redéfinition. L'incertitude de l'avenir 
                  a dès lors contribué à la multiplication 
                  des groupes proposant une explication globale de l'Homme, de 
                  nouvelles religiosités. 
                 Ce retour du religieux ou, plus précisément, 
                  du spirituel, n'a paradoxalement pas profité aux Eglises 
                  traditionnelles - et plus particulièrement en France 
                  à l'Eglise catholique, toujours confrontée à 
                  une baisse continue de la pratique religieuse et des vocations. 
                 Il n'était évidemment 
                  pas dans le rôle de la Commission de s'attacher à 
                  une étude approfondie de ce phénomène. 
                  Nul cependant, même au sein de l'Eglise catholique, ne 
                  cherche à nier le décalage entre les attentes 
                  des fidèles ou anciens fidèles et le discours 
                  tenu par l'Eglise, même si celle-ci tente parfois de dégager 
                  sa responsabilité en accusant la mentalité contemporaine, 
                  qui vise à la " satisfaction immédiate et 
                  au confort matériel, érige la ``liberté 
                  en absolu'', sans référence à la Vérité 
                  et à des valeurs autres que celles ``de l'individu, du 
                  milieu et du groupe''. Les nouvelles formes de religiosité, 
                  le développement des sectes révèlent les 
                  lacunes de ``l'athéisme pratique'' qui se développe 
                  partout en Europe " . (conclusions du Synode Est-Ouest, 
                  1991). 
                 Il a résulté de l'ensemble 
                  de ces évolutions une certaine spontanéité 
                  spirituelle : la croyance est aujourd'hui vécue de manière 
                  relativement libertaire, en tout cas hors des institutions traditionnelles. 
                 C'est sur ce terreau favorable à 
                  l'éclosion de nouveaux mouvements religieux que sont 
                  intervenus la crise économique et le bouleversement des 
                  structures familiales. 
                 Le Rapport Vivien signalait déjà 
                  " des aspirations à plus de bonheur familial 
                  bien compris ou à plus de plénitude affective 
                  préexistant à l'entrée dans une secte et 
                  cela malgré l'apparence de relations familiales harmonieuses 
                  " . L'entrée dans une secte représente 
                  souvent une réponse sécuritaire à l'expression 
                  de besoins affectifs ou conviviaux qui ne sont pas satisfaits 
                  dans le cadre familial ou celui du travail. 
                 Enfin, l'individualisme des années 
                  1980 a suscité un courant prônant la transformation 
                  personnelle, l'amélioration des capacités de chacun. 
                  Il est rare que ce thème ne soit pas exploité 
                  par les associations sectaires. Ainsi que l'a précisé 
                  à la Commission une des personnalités auditionnées, 
                  " il est vrai que si l'on se mobilise, on augmente ses 
                  capacités. Les troubles fonctionnels légers - 
                  petits maux de ventre, de tête ou rhumatismes - disparaissent 
                  pour peu que l'on ait une forte motivation. Les sectes obtiennent 
                  donc des résultats. C'est vrai que l'on augmente ses 
                  capacités, c'est vrai que si l'on se mobilise autour 
                  de n'importe quoi, même le culte de la betterave, on peut 
                  devenir meilleur, plus fort, plus efficace et plus dynamique 
                  (...). Nous sommes tous tentés de développer notre 
                  potentiel. Qui d'entre nous ne le serait pas ? (...). Les personnes 
                  se ruent dans les sectes parce qu'elles ne trouvent plus dans 
                  le monde que nous leur avons construit les repères, les 
                  moyens de mobilisation, la crédibilité des appareils. 
                  Bien sûr, nous sommes lourdement responsables. On attrape 
                  les mouches avec du vinaigre. Les gens ont besoin d'idéal. 
                  On entre dans une secte avant tout par idéal. Il ne faut 
                  pas se tromper. Les sectes manient une langue de bois que l'on 
                  n'ose même plus pratiquer ailleurs ! " . 
                 On livrera enfin le témoignage 
                  d'un ancien adepte d'une secte, particulièrement révélateur 
                  des raisons pouvant pousser des individus à s'agréer 
                  à de telles structures : " Tout d'abord, je crois 
                  qu'il y a ce mal du siècle, ce mal de vivre qui est de 
                  plus en plus présent. La cellule familiale est souvent 
                  éclatée, le père en particulier est souvent 
                  absent ou, au contraire, trop présent, par sa violence 
                  par exemple. A travers une secte, l'on recherche une famille, 
                  un père d'emprunt, une autorité, un modèle 
                  qui nous a fait défaut. Du jour au lendemain, on se retrouve 
                  avec deux cents, trois cents amis, qui vous recevront, qui vous 
                  accueilleront. Votre couvert sera mis. On vous entendra. Vous 
                  vous sentez en confiance. 
                 Les personnes qui entrent dans 
                  les sectes sont souvent des idéalistes, des personnes 
                  qui recherchent la perfection, pas toujours, mais en partie. 
                 Personnellement, l'éclatement 
                  familial, le désir idéaliste m'ont poussé. 
                 Le gourou nous disait : ``Le monde 
                  va mal''. Il suffit d'allumer la télévision à 
                  l'heure des informations pour s'en convaincre. Il y a des guerres, 
                  des maladies, des problèmes partout. Le monde va mal. 
                  Que peut-on faire à titre individuel pour essayer qu'il 
                  aille mieux ? C'est ce que nous proposait le gourou. 
                 Voulions-nous améliorer 
                  la situation de la terre, de la planète, des autres ? 
                  " Commencez par vous-même, commencez par vous transformer 
                  et vous transformerez le monde " . J'y croyais. Je me transformais 
                  pour transformer le monde " . 
                 On conçoit dès lors 
                  que la vision du monde proposée par les sectes séduise 
                  un nombre croissant d'individus dans toutes les couches de la 
                  population française. 
                 L'hypothèse d'un profil déterminé 
                  préexistant à l'entrée dans une secte et 
                  donc y prédisposant, est aujourd'hui largement battue 
                  en brèche. De nombreuses études ont montré 
                  que le profil psychologique des adeptes des nouveaux groupes 
                  religieux se situe dans une zone normale, même si l'existence 
                  d'un épisode dépressif semble un facteur favorable 
                  à l'attirance pour un groupe sectaire. Ainsi que le relevait 
                  le rapport Vivien, " même si on ne peut conclure 
                  sur l'existence ou non d'un profil de clientèle sectaire, 
                  il semble que des difficultés ou des souffrances aigües 
                  constituent toutefois un terreau propice. " 
                Il faut de surcroît signaler que le 
                  thème du perfectionnement individuel a attiré 
                  vers les sectes une clientèle qui lui était encore 
                  récemment inaccessible : celle des étudiants (cherchant 
                  à accroître leurs performances pour la réussite 
                  à un examen...), des élites intellectuelles, et 
                  notamment scientifiques. 
                 De nombreux interlocuteurs de la Commission 
                  ont tenté d'expliquer ce phénomène par 
                  la difficulté pour certains scientifiques de supporter 
                  l'idée de doute, et, en conséquence, par leur 
                  attirance pour des mouvements proposant des explications globales. 
                  Par ailleurs, les intellectuels sont pour la plupart convaincus 
                  de leur capacité à résister aux techniques 
                  suggestives des sectes: " Qui davantage qu'un intellectuel 
                  est certain de ne pas être manipulé ? L'homme de 
                  la rue se méfiera, mais l'intellectuel dira : ``je ne 
                  suis pas manipulable''. La vulnérabilité des élites 
                  réside précisément dans la certitude de 
                  ne pas être manipulables. " 
                Il résulte des précédents 
                  développements qu'il est particulièrement difficile 
                  - pour ne pas dire impossible - de définir un profil 
                  des adeptes des sectes qui soit différent de celui de 
                  la population générale. 
                 Quelques tendances peuvent néanmoins 
                  être dégagées : 
                 - les adeptes sont majoritairement 
                  issus des classes moyennes et aisées de la société, 
                  beaucoup plus rarement des classes modestes, ce qui s'explique 
                  en partie par le souhait des sectes de rencontrer un public 
                  " solvable " ; 
                 - si l'âge des adeptes est extrêmement 
                  variable, deux groupes semblent dominer : celui des jeunes adultes 
                  (25 - 35 ans), dans les sectes orientalistes, gnostiques ou 
                  du Nouvel Age, celui des personnes de 50 - 60 ans dans les groupes 
                  de prière ou de guérison ; 
                 - l'adhésion à la secte 
                  représente souvent une réponse à des conflits 
                  sociaux ou familiaux auxquels le futur adepte est confronté. 
                 Dans le même esprit, il est 
                  à noter que l'Eglise de Scientologie a précisé 
                  à la Commission que " ses adeptes appartiennent 
                  à toutes les catégories sociales. Il s'agit principalement 
                  de gens socialement intégrés et mûrs puisque 
                  leur moyenne d'âge est de 35 ans " . 
                   b) Des 
                  techniques de recrutement de plus en plus sophistiquées 
                 Les techniques de recrutement des 
                  sectes sont aujourd'hui largement connues. Elles ne s'appuient 
                  en aucune manière sur un processus coercitif, à 
                  la différence de certaines méthodes employées 
                  lorsque l'adepte est mieux intégré au sein de 
                  la structure sectaire, et qui conduisent à des pratiques 
                  de " captation de consentement " manifestes, comme 
                  on le verra ci-après. La particularité des méthodes 
                  de recrutement utilisées par les sectes explique la situation 
                  paradoxale du nouvel adhérent d'une secte qui se trouve 
                  être une victime consentante. 
                 Les techniques de recrutement des 
                  sectes s'appuient sur une très grande diversité 
                  de thèmes et d'instruments ; la démarche psychologique 
                  des futurs adeptes est aujourd'hui mieux connue. 
                 Les thèmes de propagande utilisés 
                  par les sectes sont extrêmement divers. On mentionnera, 
                  outre les thèmes religieux :  
                     
                - les thèmes éthiques : un grand 
                nombre de sectes se présentent, elles-mêmes ou des 
                institutions qui leur sont liées, comme des défenseurs 
                de l' " éthique " . Particulièrement significatif 
                à cet égard est le journal de l'Eglise de Scientologie 
                dénommé " Ethique et Liberté " 
                . Un certain nombre d'associations liées à l'Eglise 
                de Scientologie agissent officiellement pour le respect des droits 
                de l'Homme, celui des libertés ou la promotion de la tolérance 
                : on mentionnera notamment le Comité français des 
                scientologues contre la discrimination, la commission des citoyens 
                pour les Droits de l'Homme, le Mouvement pour la Paix en Europe. 
                L'Association des femmes pour la Paix mondiale, la Fédération 
                interreligieuse pour la Paix mondiale, l'Association des familles 
                internationales et Familles et vie dépendent, elles, de 
                la secte Moon. 
 
                   
               -  les thèmes écologiques 
                : la secte " Ecoovie " qui prône ainsi l'exclusion 
                des acquis contemporains de la vie sociale et économique 
                et le retour au mode de vie des tribus indiennes primitives, s'est 
                longtemps fait connaître par les actions de l'association 
                " SOS Déserts " , qui s'est donné pour 
                but d'arrêter la progression du désert dans le Sahel. 
                
 
                   
               - les thèmes médicaux : les sectes 
                guérisseuses, comme l'Association " Invitation à 
                la Vie " (IVI), affirment le caractère prétendument 
                curable de maladies pour lesquelles le diagnostic médical 
                est fort réservé, ou bien concurrencent les services 
                médicaux de soins palliatifs. Sans rappeler les polémiques 
                liées aux actions de l'Association Lucien J. Engelmajer 
                (gestionnaire des centres d'accueil " Le Patriarche " 
                ), il est à noter que nombre de sectes ont développé 
                des centres de soins pour toxicomanes (Narconon, pour l'Eglise 
                de Scientologie). 
 
                   
               - les thèmes culturels : bien que la 
                plupart des sectes aient développé des associations 
                à caractère culturel, on mentionnera plus particulièrement 
                la Nouvelle Acropole, dont les différentes ANAF (Association 
                Nouvelle Acropole France) proposent nombre de conférences, 
                réunions et cycles de formation. 
 
                   
               - les thèmes éducatifs : de nombreuses 
                écoles privées sont liées à des sectes, 
                et proposent par des publicités affichées sur les 
                murs des grandes villes un enseignement de soutien ou de rattrapage. 
                
 
                   
               - les thèmes liés à la 
                transformation personnelle : on a déjà vu toute 
                leur importance pour les sectes étant apparues après 
                1968. On signalera ici qu'ils sont essentiellement exploités 
                par la Faculté de Paraspychologie de Paris, la Scientologie, 
                la Méditation transcendantale ou la Famille de Nazareth. 
                
 
                   
               - les thèmes liés à l'épanouissement 
                de la sexualité : ils sont particulièrement exploités 
                par les sectes Analyse Actionnelle Organisation, la Famille ou 
                les Raëliens.  
                
 Les instruments de propagande utilisés 
                  par les sectes sont eux aussi extrêmement divers : démarchage 
                  dans la rue ou à domicile, diffusion de journaux, publicité 
                  par voie d'affichage ou de presse, conférences, cycles 
                  de formation. 
                 Quels que soient les thèmes 
                  et instruments utilisés par les sectes, la démarche 
                  psychologique du futur adepte semble aujourd'hui mieux connue. 
                 Ainsi que l'indique le Dr Jean-Marie 
                  Abgrall (Le cerveau prisonnier), " le recrutement d'un 
                  adepte passe par trois phases, à partir desquelles l'adhésion 
                  va s'obtenir progressivement, en même temps qu'apparaît 
                  une forme de dépendance intellectuelle et affective. 
                  Tour à tour, le nouvel adepte va être séduit, 
                  persuadé puis fasciné par la secte et ses membres 
                  recruteurs " . 
                 La première phase du recrutement 
                  est évidemment celle de la séduction. Elle vise 
                  à proposer une alternative séduisante aux difficultés 
                  de la vie quotidienne. Il est rare que les futurs adeptes se 
                  présentent spontanément à une structure 
                  sectaire : les premiers contacts ont lieu le plus souvent à 
                  l'initiative des agents recruteurs des sectes, eux-mêmes 
                  jugés à l'aune de l'efficacité de leur 
                  prosélytisme. 
                 Le principe de séduction veut 
                  que le premier contact soit destiné à favoriser 
                  le processus d'identification entre le recruteur et le recruté. 
                  Cette identification repose sur un certain nombre de critères 
                  permettant au futur adepte éventuel de percevoir une 
                  similitude entre lui-même et son interlocuteur. Ce sentiment 
                  peut être obtenu par des ressemblances d'attitude, l'approbation 
                  systématique du bien-fondé des interrogations 
                  exprimées par le futur adepte. La réussite de 
                  cette phase de séduction est bien sûr largement 
                  conditionnée par le choix du public au sein duquel le 
                  recrutement est opéré , et donc celui des lieux 
                  de rencontre, qui sont en général déterminés 
                  en fonction de leur densité de fréquentation. 
                  Le Dr Abgrall précise ainsi qu' " un démarchage 
                  à domicile " (type Témoins de Jéhovah) 
                  utilisera des démarcheurs en famille (père, mère, 
                  enfant, ou présumés tels), la famille recrutante 
                  étant souvent illusoire et constituée sans liens 
                  familiaux réels. L'aspect " jeune cadre dynamique 
                  " des scientologues conviendra mieux au démarchage 
                  dans des cités universitaires, des clubs de gymnastique, 
                  ou des cafés à la mode (...). Qui ne sait reconnaître 
                  les jeunes évangélistes Mormons, aux cheveux coupés 
                  ras, à l'éternel blazer bleu marine et à 
                  la cravate club discrète ? Comment ne pas noter le caractère 
                  bon chic bon genre mais un peu désuet des Témoins 
                  de Jéhovah ? 
                 Tout ceci fait l'objet de choix délibérés, 
                  procédant d'une étude précise de l'image 
                  à transmettre à l'autre. " 
                Le sentiment d'identification est également 
                  obtenu par le choix des outils utilisés pour la première 
                  prise de contact : si le fameux " test de personnalité 
                  " de l'Eglise de Scientologie peut être proposé 
                  à tout passant paraissant quelque peu désoeuvré, 
                  l'organisation d'un cycle de conférences sur les civilisations 
                  antiques se prêtera plus aux préoccupations des 
                  étudiants des facultés d'histoire qu'à 
                  celles des élèves d'économie, davantage 
                  intéressés par une initiation aux techniques de 
                  communication ou d'amélioration de l'efficacité... 
                  On rappellera enfin que le principe de séduction avait 
                  été poussé dans sa logique ultime par David 
                  Moïse, fondateur de la secte Enfants de Dieu, qui avait 
                  clairement prôné la " pêche par le flirt 
                  " ou " racolage missionnaire " pour recruter 
                  de nouveaux adeptes, et dont le mouvement fut dissous en 1978 
                  pour prostitution. 
                 En tout état de cause, le recruteur 
                  doit disposer d'une bonne capacité à percevoir 
                  le cadre de référence de son interlocuteur, ses 
                  composantes émotionnelles. 
                 La seconde phase du recrutement, une 
                  fois supposés établis des liens de sympathie, 
                  consiste à persuader le futur adepte de la crédibilité 
                  du discours. Lionel Bellanger (La persuasion, PUF, 1985) définit 
                  les " 4 C " de la communication persuasive saine : 
                  pour qu'un message soit persuasif dans l'hypothèse d'un 
                  libre arbitre reconnu à l'éventuel futur persuadé, 
                  il convient que ce message soit crédible (il faut qu'il 
                  puisse s'appuyer sur des preuves), cohérent (absence 
                  de contradiction intrinsèque), consistant (continuité 
                  du propos) et congruent (adéquation entre le message 
                  délivré et l'attente de celui auquel il s'adresse). 
                  L'objectif du recruteur, dans le domaine du prosélytisme, 
                  consiste à faire passer progressivement son interlocuteur 
                  du monde réel à celui des croyances, sans susciter 
                  de phénomène de rejet définitif. Ce passage 
                  progressif s'obtient par la fabulation (travestissement du réel), 
                  la simulation (crédibilisation d'un message erroné), 
                  la dissimulation, la calomnie, l'équivoque, soit un ensemble 
                  de techniques permettant de s'adapter aux attentes de l'interlocuteur, 
                  de passer de la persuasion à la mystification. Ces techniques 
                  parfaitement au point ne sont pas en elles-mêmes répréhensibles 
                  ; en tout cas, elles sont à la base des actions de marketing 
                  de tout ordre et ne tombent en rien sous le coup de la loi. 
                  Une des personnalités auditionnées par la Commission 
                  a ainsi présenté la défense qui pourrait 
                  être invoquée par les sectes : " Tout est 
                  manipulation, il n'y a rien à faire. Le commercial, le 
                  politique, le processus amoureux, la discussion démocratique, 
                  la publicité, la télévision, tout vise 
                  à manipuler les personnes. De toute façon, il 
                  ne faut pas s'affoler : tout le monde manipule tout le monde. 
                  " . 
                 On verra que la dangerosité 
                  du discours de persuasion tenu par les sectes ne tient pas tant 
                  aux techniques utilisées, qu'aux conséquences 
                  de l'adhésion à laquelle elles ont conduit. 
                 La dernière composante de la 
                  démarche conduisant à l'adhésion est la 
                  fascination, obtenue le plus souvent lors de la rencontre avec 
                  la pièce maîtresse de la dynamique sectaire (résultats 
                  positifs à un test, assistance à un rite, rencontre 
                  du gourou, etc...), qui introduira le caractère magique 
                  dans la relation entre le futur adepte et la secte, suscitera 
                  l'irruption dans l'univers symbolique de la secte et conduira 
                  à la volonté d'engagement. 
                 Cet exposé rapide des traits 
                  dominants des techniques de recrutement utilisées par 
                  les sectes montre le caractère très particulier 
                  de la démarche, qui vise à obtenir le consentement 
                  exprès du futur adepte ne sont pas des techniques de 
                  coercition mais de persuasion qui sont mises en oeuvre : l'adepte 
                  est formellement consentant. 
                 Plusieurs interlocuteurs de la Commission 
                  ont mis en évidence ce paradoxe : l'originalité 
                  des groupes sectaires réside dans le fait que, notamment 
                  lors du processus aboutissant à l'adhésion, la 
                  victime est acteur. Un certain parallélisme peut être 
                  établi avec la démarche des toxicomanes : " 
                  Nous avons des controverses avec les parents de toxicomanes. 
                  Ceux-ci pensent - d'une certaine façon à juste 
                  titre - que sans l'horrible dealer leur enfant serait un ange. 
                  Ils oublient les neuf dixièmes du trajet qu'a parcouru 
                  le malheureux enfant, responsable ou non, mais de son fait, 
                  pour se rendre dans les bras dudit dealer. Il ne faut pas exclure 
                  la part volontaire de l'adepte, qui n'est pas un imbécile 
                  que l'on manipulerait - c'est vous et moi --, mais (...) qui 
                  s'est rendu délibérément " . Dans 
                  cette optique, les recruteurs des sectes ont pu être présentés 
                  comme des " dealers de transcendance " . A cet égard, 
                  une image utilisée par une personne entendue par la Commission 
                  paraît particulièrement apte à faire comprendre 
                  le caractère conscient de la démarche du futur 
                  adepte : " les sectes ne sont pas un filet qui s'abat sur 
                  des gens, mais une nasse dans laquelle ils se rendent " 
                  . 
                   c) Une 
                  puissance financière 
                 Il est indéniable qu'un certain 
                  nombre de sectes disposent de moyens financiers particulièrement 
                  importants. 
                 Lafayette Ron Hubbard, fondateur de 
                  la scientologie, avait d'ailleurs proclamé, non sans 
                  cynisme, dans son discours de Newark : " Si l'on veut vraiment 
                  devenir millionnaire, le meilleur moyen consiste à fonder 
                  sa propre religion. " 
                Ce fait est patent, reconnu par la plupart 
                  des dirigeants des sectes auditionnés par la Commission, 
                  même s'ils se sont montrés très évasifs 
                  sur les budgets exacts de leurs associations. Une appréciation 
                  de ceux-ci demeure donc largement le fait de ceux qui s'opposent 
                  aux sectes, et encourt donc le risque d'être jugée 
                  surévaluée. Cela étant, si les sectes estiment 
                  que les informations qui circulent ne sont pas conformes à 
                  la réalité, il ne tient qu'à elles de faire 
                  preuve de la plus grande transparence dans la présentation 
                  de leurs moyens financiers, ce qui est très loin d'être 
                  le cas. Elles auraient dès lors mauvaise grâce 
                  à se plaindre - ce qu'elles ne manquent pourtant pas 
                  de faire - de l'absence d'objectivité des jugements portés 
                  sur leur assise financière. 
                 L'ouvrage collectif du Centre Roger 
                  Ikor " Les sectes, état d'urgence " comporte 
                  de nombreux renseignements permettant de prendre conscience 
                  du véritable empire financier constitué par certaines 
                  associations. 
                 Les cas de la secte Moon ou de la 
                  Scientologie sont trop connus pour être ici rappelés. 
                 Le CCMM estime, concernant la Méditation 
                  transcendentale, que le droit à l'initiation est fixé 
                  au quart du salaire mensuel, que le prix d'un cours de Sidhi 
                  s'élève à 40.000 F. 
                 La même source avance, pour 
                  le mouvement raëlien, une cotisation de 3 % des revenus 
                  annuels nets pour l'admission au mouvement français, 
                  de 7 % pour l'adhésion au mouvement international et 
                  de 10 % pour l'appartenance au gouvernement mondial géniocrate. 
                 La puissance financière de 
                  la Soka Gakkaï se déduit, selon la même source, 
                  des récents investissements immobiliers de la secte (domaine 
                  des Forges à Trets, château des Roches à 
                  Bièvres). 
                 L'importance des sommes en jeu explique 
                  la stratégie de nombreuses associations, qui choisissent 
                  de s'implanter dans des pays dotés d'une législation 
                  fiscale " tolérante " : ainsi en va-t-il des 
                  Etats-Unis (où le premier amendement à la Constitution 
                  est interprété dans un sens extrêmement 
                  libéral), de nombreux Etats d'Amérique du Sud 
                  ou des pays européens anciennement communistes. 
                 Les dirigeants des sectes auditionnés 
                  par la Commission n'ont en général pas nié 
                  cette puissance financière, allant même, non sans 
                  humour ou sans cynisme, jusqu'à affirmer que leurs associations 
                  ne représentent pas des religions prônant la pauvreté 
                  comme vertu. 
                 Ils ont fait en général 
                  valoir : 
                 - que leurs ressources proviennent 
                  des contributions volontaires versées par les fidèles 
                  en contrepartie de certains services (religieux ou non), de 
                  la vente de publications et de dons financiers émanant 
                  de particuliers ; 
                 - que leurs comptes sont approuvés 
                  par des cabinets d'experts-comptables dont la réputation 
                  n'est plus à faire ; 
                 - qu'ils sont en règle avec 
                  l'administration fiscale, ayant le plus souvent accepté 
                  les redressements imposés par l'administration. 
                 Certains dirigeants vont même 
                  jusqu'à reconnaître les liens particuliers les 
                  unissant à des entreprises. Dans la contribution écrite 
                  déposée devant la Commission par l'Eglise de Scientologie 
                  de Paris, on peut ainsi lire : " De plus, comme tout citoyen, 
                  certains scientologues travaillent dans le monde des affaires 
                  et à ce titre dirigent des entreprises privées. 
                  Il leur arrive de soutenir l'Eglise par des dons financiers 
                  mais ceci n'est en aucun cas une obligation. C'est à 
                  la discrétion de la personne. 
                 Enfin, il existe une structure appelée 
                  WISE qui regroupe des entreprises ayant décidé 
                  d'employer la technologie de management de Monsieur Hubbard 
                  et ont pour but de créer un monde des affaires où 
                  règne une plus grande éthique. " 
                Quant aux anciens adeptes dont la Commission 
                  a auditionné un certain nombre, il ressort de leurs témoignages 
                  : 
                 - que le montant des contributions 
                  excède largement les services rendus... et les moyens 
                  des adeptes, souvent amenés à verser une grande 
                  part de leurs revenus aux sectes, voire à s'endetter 
                  dans des proportions difficilement imaginables ; 
                 - que le caractère volontaire 
                  de ces contributions peut souvent être sujet à 
                  caution, tant l'état de dépendance des donateurs 
                  à l'égard de la secte conduit à s'interroger 
                  sur la permanence de leur libre arbitre ; 
                 - que le mode de vie des dirigeants 
                  laisse présumer que l'intérêt bien compris 
                  de ceux-ci semble parfois primer les buts religieux officiellement 
                  déclarés de leur association. 
                 Une telle situation ne laisse par 
                  d'inquiéter : en effet, les associations affectent d'importants 
                  moyens au prosélytisme et mettent de surcroît en 
                  place des structures juridiques leur permettant d'accroître 
                  les moyens dont elles pourraient bénéficier. 
                 C'est en effet en se fondant sur une 
                  interprétation stricte du caractère cultuel des 
                  associations constituées par les divers mouvements religieux 
                  ou philosophiques que le Conseil d'Etat a jusqu'à maintenant 
                  refusé à certaines d'entre elles le bénéfice 
                  de la possibilité de recevoir des dons et legs. 
                 L'arrêt Association fraternité 
                  des serviteurs du Monde nouveau (CE, 21/01/1983) confirme ainsi 
                  la légalité d'un décret du Premier ministre, 
                  rejetant le recours administratif de l'association contre un 
                  arrêté préfectoral lui refusant l'autorisation 
                  de percevoir un legs en considérant que " admettant 
                  même que l'association (...) ait aussi pour objet l'exercice 
                  d'un culte, il ressort des pièces du dossier qu'elle 
                  se consacre depuis sa création à l'édition 
                  et à la diffusion de publications doctrinales : qu'ainsi 
                  (...) elle n'a pas exclusivement un tel objet, que dès 
                  lors elle n'est pas fondée à soutenir que c'est 
                  à tort que le décret attaqué a confirmé 
                  la décision préfectorale lui refusant l'autorisation 
                  de recevoir un legs . " 
                Dans un cas de la même espèce 
                  (Association cultuelle de l'église apostolique arménienne 
                  de Paris, CE, 29/10/1990), le Conseil d'Etat, sans même 
                  mettre en avant l'existence d'une activité commerciale, 
                  confirme le rejet de la requête de l'association : " 
                  Considérant qu'aux termes de l'article 2 de ses statuts... 
                  l'association cultuelle de l'église apostolique arménienne 
                  de Paris a notamment pour but de ``promouvoir la vie spirituelle, 
                  éducative, sociale et culturelle de la communauté 
                  arménienne'' ; que l'association requérante ne 
                  peut, dès lors, être regardée comme ayant 
                  exclusivement pour objet l'exercice d'un culte... " . 
                 C'est pour l'ensemble de ces raisons 
                  qu'un certain nombre d'associations ont choisi de distinguer 
                  au sein de leurs activités plusieurs pôles, en 
                  séparant notamment de leurs activités exclusivement 
                  cultuelles, exercées au sein d'associations cultuelles, 
                  leurs activités commerciales (édition, librairie) 
                  effectuées au sein de sociétés à 
                  responsabilité limitée. 
                 Une telle évolution, au demeurant 
                  parfaitement légale, ne peut toutefois manquer d'inquiéter, 
                  la plupart des associations affichant clairement (et on ne peut, 
                  d'un seul point de vue juridique, le leur reprocher) leur volonté 
                  d'affecter à l'expansion de leur mouvement une large 
                  part de leurs moyens financiers : tous les dirigeants des sectes 
                  entendus par la Commission ont affirmé la vocation de 
                  leur association à se développer et à répandre 
                  leurs croyances par le prosélytisme. 
                 L'importance des moyens dont disposent 
                  un certain nombre d'associations sectaires, dont témoigne 
                  notamment le luxe des documents présentant leurs activités 
                  qui ont été remis aux membres de la Commission, 
                  vient incontestablement renforcer le pouvoir d'attraction des 
                  sectes et augmenter l'efficacité des techniques de recrutement 
                  utilisées. 
                   II.- UN 
                  PHENOMENE MULTIFORME AUX EFFETS COMPLEXES 
                 A.- 
                  UN PHENOMENE DIVERSIFIE 
                 Il est particulièrement difficile 
                  de dresser un tableau complet du phénomène sectaire 
                  en France, en raison de l'extrême diversité des 
                  mouvements qui le composent. 
                 Le rapport de M. Alain Vivien répartissait, 
                  en 1982, les 116 sectes recensées en trois catégories 
                  : orientales, syncrétiques et ésotériques, 
                  racistes et fascistes. 
                 Les Renseignements généraux 
                  ont aujourd'hui adopté une démarche qui permet 
                  d'affiner considérablement l'analyse. On exposera la 
                  méthode retenue par la DCRG et les principaux résultats 
                  de son étude, tels qu'ils ont été communiqués 
                  à sa demande à votre commission. 
                 1.- La méthode 
                  adoptée par les Renseignements généraux 
                La démarche suivie par les Renseignements 
                  généraux consiste à rattacher chaque mouvement 
                  étudié à une " famille " de pensée 
                  ou de pratique. Treize qualificatifs ont été retenus 
                  pour procéder au classement, qu'il convient, pour la 
                  clarté de l'analyse, de préciser brièvement. 
                 - Analyse des critères de qualification 
                  doctrinale des sectes  
                     
                - Les groupes " Nouvel Age " .  
                
 On a regroupé sous ce qualificatif 
                  les organisations se réclamant du courant néo-spiritualiste 
                  se référant à l'absolu comme " énergie-conscience 
                  " et mettant en oeuvre différentes techniques pour 
                  connecter l'adepte avec cet absolu. 
                 Les doctrines du Nouvel âge 
                  (), popularisées par un grand nombre d'auteurs, reposent 
                  sur l'idée que le monde est sur le point d'entrer dans 
                  une nouvelle ère, celle du Verseau, correspondant à 
                  une nouvelle prise de conscience spirituelle et marquée 
                  par de profondes mutations. Elles se fondent donc sur un millénarisme 
                  pour l'an 2000 (le millenium est le règne de mille ans 
                  attendu avant le jour du Jugement dernier). 
                 Les tenants de ces doctrines ont souvent 
                  pour objectif de définir la nouvelle religion mondiale 
                  destinée, selon eux, à se substituer aux religions 
                  chrétiennes de l'ère du Poisson qui ont elles-mêmes 
                  supplanté les religions mosaïque (ère du 
                  Bélier) et babylonienne (celle du Taureau). 
                 Comme l'indique le dictionnaire des 
                  religions, ces doctrines se fondent sur un certain nombre de 
                  convictions, parmi lesquelles " la réincarnation 
                  et la loi du karma. La réalisation spirituelle comme 
                  objectif de l'existence individuelle et l'éveil à 
                  une conscience planétaire comme objectif de l'existence 
                  collective, la nature divine de la conscience intérieure, 
                  et le rôle du corps comme lieu d'intégration au 
                  cosmique, une anthropologie faisant place au corps subtil, éthérique, 
                  astral; et une cosmologie faisant place aux anges et aux esprits, 
                  la croyance à un Christ cosmique animant l'univers comme 
                  une énergie subtile, et à l'existence d'avatars 
                  christiques, tel Jésus, venant guider périodiquement 
                  l'humanité vers son destin spirituel " .  
                     
                - Les groupes " alternatifs "  
                
Ils proposent en général une 
                  organisation différente des circuits économiques, 
                  du mode de production, du commerce mondial, des rapports humains. 
                 Le mouvement Humana France (écoles 
                  TVIND) a ainsi pour doctrine l'aide humanitaire (essentiellement 
                  consacrée aux victimes de la famine, de la guerre, de 
                  la maladie, des catastrophes), l'assistance à la promotion 
                  de projets dans le tiers-monde et d'études visant à 
                  contribuer à la recherche sur les causes de la pauvreté 
                  et de la souffrance. 
                 Le Mouvement humaniste, fondé 
                  en 1969 par l'Argentin Mario Rodriguez Cobos, dit Silo, repose, 
                  lui, sur l'idéologie du siloïsme se donnant pour 
                  but d'éradiquer la violence et la souffrance personnelle 
                  par le développement personnel et la transformation sociale. 
                  Celle-ci est axée sur la solidarité, la non-violence 
                  active, la non-discrimination, la lutte contre les monopoles, 
                  les coopératives, l'autogestion.  
                     
                - Les groupes " évangéliques 
                " et " pseudo-catholiques " .  
                
 On regroupe sous ces deux qualificatifs 
                  les mouvements qui, tout en se référant à 
                  la tradition chrétienne (protestante dans un cas, catholique 
                  dans l'autre) sont réunis autour de personnes (pasteurs, 
                  anciens prêtres) développant une attitude de gourou. 
                  Dans le cas des groupes " pseudo catholiques " , leur 
                  doctrine est le plus souvent tellement éloignée 
                  de la théologie de l'Eglise qu'ils sont exclus de sa 
                  communion. 
                 Parmi les groupes évangéliques 
                  les plus actifs, on peut notamment citer l'Alliance universelle, 
                  l'Eglise évangélique de Pentecôte de Besançon, 
                  la Famille (ex Enfants de Dieu) et, bien sûr, la secte 
                  Moon. 
                 La secte Moon (Association pour l'unification 
                  du christianisme mondial) professe l'échec de Jésus, 
                  mort pauvre et sans avoir pu créer une famille parfaite. 
                  Il revient au révérend Moon de créer cette 
                  famille, conformément au souhait même de Jésus-Christ, 
                  qui lui est apparu en 1936. Pour la réalisation de cet 
                  objectif, le révérend doit notamment acquérir 
                  une puissance économique qui lui permette de vaincre 
                  Satan. Cette organisation est très représentative 
                  des mouvements évangéliques purs. 
                 Parmi les mouvements pseudo-catholiques 
                  les plus actifs, on mentionnera Invitation à la Vie (cf. 
                  infra), ou Traditions Famille Propriété, liée 
                  à l'association " Avenir de la Culture " . 
                 L'objectif de TFP est de restaurer 
                  la civilisation chrétienne (campagnes d'Avenir de la 
                  culture contre le Minitel rose, la distribution de préservatifs, 
                  campagnes de TFP contre les fils Je vous salue Marie, ou la 
                  tentation du Christ) mais aussi de lutter contre la réforme 
                  agraire au Brésil (le fondateur de TFP est le brésilien 
                  Plinio Correa de Oliveira), contre le socialisme et de rétablir 
                  la monarchie.  
                     
                - Les mouvements " apocalyptiques " 
                 
                
Ils prédisent tous un prochain cataclysme 
                  mondial (tel celui déjà annoncé par les 
                  Témoins de Jéhovah à quatre reprises pour 
                  1874, 1914, 1925 et 1975), en se référant soit 
                  à l'Apocalypse de Saint Jean, soit à la doctrine 
                  hindouiste des cycles.  
                     
                - Les mouvements " néo-païens 
                "  
                
Alors que dans la perspective chrétienne, 
                  les païens sont les membres des peuples n'ayant pas été 
                  atteints par la prédication chrétienne ou l'ayant 
                  refusée, la notion de néo-paganisme renvoie, elle, 
                  à celle d'hommes se référant à d'autres 
                  dieux que celui de la Bible. 
                 Les mouvements " néo-païens 
                  " se réfèrent le plus souvent aux mythologies 
                  celtiques ou nordiques, voire à l'animisme. 
                 On citera, pour la France, trois mouvements 
                  professant de telles doctrines : l'Ordre monastique d'Avallon, 
                  le Suicide des Rives et Clé de l'Univers. 
               - Les mouvements " sataniques "  
                
Ces mouvements ont 
                  pour point commun de rendre un culte à l' " Adversaire 
                  " de la tradition biblique, Satan, dans une démonologie 
                  foisonnante. 
                 Relèvent 
                  de ce courant, les mouvements Azazel Institute, le Cercle initiatique 
                  de la licorne occidentale, l'Eglise philosophique luciférienne 
                  ou les Croisés de la nouvelle Babylone.  
                     
                - Les mouvements " guérisseurs 
                "  
                
On peut qualifier de " guérisseuses 
                  " les théories professant un mode de guérison 
                  non reconnu par la science médicale actuelle. 
                 Le degré de dangerosité 
                  de ces théories varie suivant quelles complètent 
                  ou se substituent à des techniques plus scientifiques, 
                  qu'elles entraînent ou non des interactions avec des substances 
                  actives prescrites par des médecins. 
                 Les mouvements 
                  guérisseurs sont extrêmement divers. 
                 Un des plus anciens 
                  est le culte antoiniste, fondé par Louis Antoine à 
                  la fin du dernier siècle. La notion de maladie est niée, 
                  de même que celle de la mort (croyance en la réincarnation) 
                  : c'est l'intelligence qui crée la souffrance, c'est 
                  la seule foi en elle-même qui la supprime, et non l'intervention 
                  des professionnels de santé. 
                 Le mouvement 
                  HUE France (branche française de l'Institute for Human 
                  and Universal Energy Reseach Inc - IHUERI) se rattache, lui, 
                  au courant plus Nouvel âge ou orientaliste. La thérapie 
                  proposée consiste à " injecter de l'énergie 
                  universelle dans l'organisme du patient (...) en débloquant 
                  les canaux d'énergie " , grâce à une 
                  action consistant à maintenir les chakras ouverts. L'ensemble 
                  des pathologies est couvert par les techniques de l'IHUERI. 
                 Plus récent 
                  et d'apparence catholique, le groupe Invitation à la 
                  Vie (IVI) a été fondé en 1977 par Yvonne 
                  Trubert. La doctrine, fondée sur l'affirmation du caractère 
                  bénéfique de certaines " harmonisations " 
                  et " vibrations " , emprunte à de multiples 
                  théories, y compris médicales. 
                 Il est à 
                  signaler que les mouvements guérisseurs recrutent, dans 
                  des proportions non négligeables, parmi les professionnels 
                  de la santé, médicaux ou para-médicaux, 
                  ce qu'un des interlocuteurs de la Commission a expliqué 
                  de la manière suivante : " Aujourd'hui, de nombreux 
                  mouvements - ce n'est pas moi qui prendrai position - les e 
                  classique. Ils cherchent donc des voies nouvelles dans les mouvements 
                  que l'on voit fleurir: en particulier les m amen çêJõai 
                  trouvous sommes en train dõe nouvel arrivant a ainsi 
                  la caution de ses confrante, j'allais dire sur un plan scientifique. 
                  Il entre donc dans la secte, il y dle. Tous les gourous que 
                  j'ai intelligence ! " [?????]  
                     
                - Les mouvements " orientalistes " 
                 
                
On regroupe sous ce 
                  qualificatif une extrême diversité de mouvements 
                  se référant, tout en les dévoyant, aux 
                  religions et doctrines métaphysiques orientales, tel 
                  le bouddhisme, l'hindouisme ou le taoïsme. 
                 On peut regrouper 
                  dans ce courant l'Association Sri Chinmoy de Paris, le Centre 
                  de méditation Mahatayma, la Fédération 
                  française pour la conscience de Krishna, Maha Shakti 
                  Maudir, la Mission Snimi Atmananda Afma Bodha Satsanga, la Shi 
                  Ram Chandra Mission, et bien sûr la Soka Gakkaï. 
                 La Soka Gakkaï 
                  prétend enseigner (malgré le schisme de 1990 avec 
                  Nichiren Shôshû) la doctrine de Nichiren, moine 
                  bouddhiste du XIIIe siècle qui professait une version 
                  nationaliste et intolérante du bouddhisme. L'accès 
                  à la paix et au bonheur est garanti au fidèle 
                  qui respecte un certain nombre de pratiques, parmi lesquelles 
                  la récitation gonkyo de certains chapitres du Sûtra 
                  du Lotus, la récitation daïmoku de la formule sacrée 
                  d'adoration, la dévotion au mandala, rouleau où 
                  s'inscrivait cette invocation. La Soka Gakkaï se pose comme 
                  une religion universelle, qui unifiera le bouddhisme et la société. 
                   
                     
                - Les mouvements " occultistes " 
                 
                
On désigne par 
                  occultisme la croyance en l'existence et en l'efficacité 
                  de pratiques (le dictionnaire Robert évoque notamment 
                  l'alchimie, l'astrologie, la cartomancie, la chiromancie, la 
                  divination, la magie, la nécromancie, la radiesthésie, 
                  la télépathie) qui ne sont reconnues ni par les 
                  religions, ni par la science, et requièrent une initiation 
                  particulière. 
                 Alors que l'ésotérisme 
                  postule l'existence d'une tradition primordiale de l'Homme qui 
                  ne lui aurait pas été révélée 
                  et qui ne peut être connue que par l'enseignement, l'occultisme 
                  est la recherche de pouvoirs magiques initiatiques. Il existe 
                  néanmoins d'innombrables passerelles entre les deux courants 
                  qui autorisent certains à parler d'un courant d'ésotéro-occultisme. 
                 Pour ceux-ci, 
                  l'Homme est formé de trois principes (le physique, l'astral 
                  et le divin) dont l'équilibre a été rompu, 
                  et qu'il convient de restaurer par l'initiation, qui permet 
                  de rétablir un lien entre le visible et l'invisible, 
                  ce que l'on perçoit et ce qui échappe aux sens. 
                 Relèvent 
                  de ce courant aux pratiques les plus diverses le mouvement d'otonlogie 
                  méthodique Culture et Tradition, l'Association Nouvelle 
                  Acropole France (ANAF), la Rose-Croix d'Or, l'Ordonnance des 
                  Scribes Scientifiques et des Mystères Initiatiques. 
                 En relevait également 
                  l'Ordre du Temple Solaire, fondé en 1984 par Luc Jouret 
                  et dont les activités ont tragiquement pris fin le 5 
                  octobre 1994 (massacres de Morin Heights et de Fribourg, au 
                  Canada et en Suisse). 
                 Les mouvements 
                  " psychanalytiques " 
                Difficile à 
                  cerner, le mouvement " psychanalytique " développe 
                  diverses techniques parapsychologiques prétendant guérir 
                  l'inconscient de traumatismes divers. 
                 La Faculté 
                  de Parapsychologie, la Famille de Nazareth (fondée sur 
                  l'enseignement de la psychologie existentielle, confondant les 
                  rôles du psychothérapeute et du maître spirituel) 
                  sont des représentants de ce mouvement, dont l'Eglise 
                  de Scientologie est cependant l'élément dominant. 
                 Une publication 
                  de l'association, diffusée à l'occasion du quarantième 
                  anniversaire du mouvement, présente ainsi la doctrine 
                  de la Scientologie : 
                 " La 
                  scientologie comprend un ensemble de connaissances qui proviennent 
                  de certaines vérités fondamentales. Parmi les 
                  premières de ces vérités sont les suivantes 
                  : 
                 L'homme 
                  est un être spirituel et immortel. 
                 Son 
                  expérience va bien au-delà de la durée 
                  d'une vie. 
                 Ses 
                  capacités sont illimitées même si elles 
                  ne sont pas réalisées dans le présent. 
                 De 
                  plus, la Scientologie considère que l'homme est fondamentalement 
                  bon et que son salut spirituel dépend de lui-même 
                  et de ses semblables ainsi que de l'accomplissement de sa fraternité 
                  avec l'univers. Ainsi, la Scientologie est une philosophie religieuse 
                  au sens le plus profond du terme, car elle se préoccupe 
                  de la réhabilitation complète de l'identité 
                  spirituelle innée de l'homme - ses aptitudes, son état 
                  de conscience et la certitude de sa propre immortalité. 
                  En outre, étant donné que la religion s'intéresse 
                  à l'esprit par rapport à lui-même, à 
                  l'univers et aux autres formes de vie, et est essentiellement 
                  la croyance en des êtres spirituels, la Scientologie suit 
                  une tradition religieuse qui remonte au moins aussi loin dans 
                  le temps que l'humanité. Et pourtant, ce que la Scientologie 
                  représente somme toute est nouveau. Sa technologie religieuse 
                  est nouvelle, son organisation ecclésiastique est nouvelle, 
                  et sa signification pour l'homme du Xxème est entièrement 
                  nouvelle (...). 
                 Le premier moyen d'appliquer les 
                  vérités fondamentales de la Scientologie à 
                  la réhabilitation de l'esprit humain s'appelle l'audition. 
                  Il s'agit là de la pratique centrale de la Scientologie 
                  et elle est administrée par un auditeur, du latin audire, 
                  " celui qui écoute " . (...). 
                 Les auditeurs de la Scientologie 
                  aident des individus à atteindre ce but en leur faisant 
                  examiner leur existence par le biais d'une série d'étapes 
                  soigneusement conçues par Ron Hubbard. En suivant ce 
                  processus graduel, ces personnes peuvent améliorer leur 
                  capacité à faire face à ce qu'elles sont 
                  et à leur environnement - en retirant une à une 
                  les couches d'expérience qui les oppriment si pesamment. 
                 L'audition n'est donc pas une chose 
                  qu'une personne subit. On ne peut en tirer de bienfaits qu'au 
                  moyen d'une participation active et une bonne communication. 
                 L'utilisation de l'électropsychomètre, 
                  ou électromètre, par les auditeurs est propre 
                  à la religion de Scientologie et unique en son genre- 
                  ainsi que révolutionnaire dans le domaine du développement 
                  spirituel. Les auditeurs utilisent l'électromètre 
                  pour aider à localiser les zones de détresse ou 
                  de souffrance spirituelle qui existent au-dessous du niveau 
                  de conscience actuel de la personne. Lorsque ces zones pénibles 
                  sont mises en évidence, la personne peut alors les examiner 
                  sans les influences subjectives qui accompagnent les pratiques 
                  du conseil spirituel des autres religions. 
                 Ron Hubbard a mis au point l'électromètre 
                  en sachant que l'esprit retient des images mentales, de véritables 
                  enregistrements d'expériences passées. Ces images 
                  renferment de l'énergie et de la masse. Lorsqu'une personne 
                  regarde l'une de ces images mentales ou pense à quelque 
                  chose, l'électromètre enregistre avec précision 
                  les changements que subissent cette masse et cette énergie 
                  mentales. (...) 
                 La Dianétique a annoncé 
                  la découverte d'une partie jusqu'alors inconnue et néfaste 
                  du mental qui contient beaucoup d'enregistrements d'expériences 
                  de douleur et d'inconscience, sous forme d'images mentales. 
                  Celles-ci se trouvent en dessous du niveau de conscience d'une 
                  personne et leur ensemble compose ce qu'on appelle le mental 
                  réactif - la source de toutes les craintes, les émotions, 
                  les douleurs et les maladies psychosomatiques indésirables. 
                  Etape par étape, l'audition agit sur le mental réactif 
                  jusqu'à ce que son contenu soit révélé 
                  et que ses effets néfastes sur l'individu soient supprimés. 
                  Quand cela s'est produit on a atteint un nouvel état 
                  d'être que l'on appelle en Scientologie état de 
                  Clair. La personnalité fondamentale d'une personne, ses 
                  aptitudes artistiques, sa force personnelle et son caractère 
                  individuel, la bonté, l'honnêteté qui lui 
                  sont inhérents sont rétablis. 
                 Clair est un nouvel état 
                  pour l'homme, mais le Pont le conduit à des sommets de 
                  liberté spirituelle encore plus élevés. 
                  Au-delà de l'état de Clair apparaissent les niveaux 
                  de Thétan Opérant (OT, en anglais Operating Thetan). 
                  Le thétan est l'être spirituel immortel, l'individu 
                  lui-même, non pas son corps ni son mental, ni quoi que 
                  ce soit d'autre. Il ne s'agit pas de ce qu'il a, mais de ce 
                  qu'il est, un état de fait qui se révèle 
                  clairement à ces niveaux supérieurs. 
                 L'état de Clair vise à 
                  l'élimination de ce qui n'appartient pas de manière 
                  inhérente à l'être spirituel lui-même. 
                  Le but du Thétan Opérant est de vaincre les souffrances 
                  de l'existence et de retrouver la certitude et les aptitudes 
                  de son état d'être spirituel premier. A ce niveau, 
                  il sait qu'il est bien séparé des choses matérielles 
                  telles que la forme physique et l'univers physique. (...) 
                 Une autre pratique fondamentale 
                  de la religion de Scientologie est la formation ou entraînement 
                  - l'étude des principes de la Scientologie. La religion 
                  de Scientologie offre de nombreux cours d'entraînement 
                  parce qu'une personne peut, comme on l'a dit, se servir des 
                  vérités découvertes en Scientologie pour 
                  améliorer les conditions de chaque domaine de la vie. 
                  Cela dit, les cours d'entraînement les plus importants 
                  sont ceux qui permettent de devenir auditeur. Ceci parce que 
                  le principe premier pour tous les cours est que la Scientologie 
                  est une philosophie religieuse appliquée, et tout l'entraînement 
                  insiste sur l'application. 
                 Le chemin emprunté par le 
                  scientologue qui reçoit de l'audition et étudie 
                  les écrits de Scientologie appelle Le Pont. Ceci donne 
                  corps à un concept ancien - une voie imaginée 
                  depuis longtemps qui relie l'abîme existant entre l'état 
                  actuel de l'homme et des niveaux de conscience beaucoup plus 
                  élevés. Le Pont se compose d'étapes graduelles 
                  pour que les bénéfices acquis soient progressifs, 
                  prévisibles et apparents. (...) 
                 Voici donc l'essence de la Scientologie 
                  : Le Pont, l'audition et l'entraînement ; et ceux-ci ont 
                  lieu chaque jour de l'année dans toutes les églises 
                  de Scientologie du monde entier. La mission de la Scientologie 
                  n'est ni plus ni moins que la réhabilitation de l'esprit 
                  humain. Et quatre décennies après la naissance 
                  de l'Eglise, c'est cette aptitude à atteindre ce but 
                  qui remonte à la nuit des temps qui fait que de plus 
                  en plus d'hommes et de femmes de tous les milieux et cultures 
                  se tournent vers la Scientologie. " 
                Les mouvements " ufologiques " 
                L'ufologie est la croyance en la pluralité 
                  des mondes habités et à la réalité 
                  des visiteurs de l'espace : elle postule en d'autres termes 
                  l'existence d'extra-terrestres. 
                 L'association la plus connue de ce 
                  courant est sans conteste le mouvement Raëlien. 
                 Le mouvement Raëlien a été 
                  fondé en 1975 par Claude Vorilhon. Celui-ci aurait été 
                  contacté en 1973 par le président du conseil des 
                  Eternels afin qu'il répande, en tant que prophète, 
                  la nouvelle religion athée. Celle-ci repose sur la croyance 
                  de l'existence des Elohim, habitants d'une planète située 
                  à neuf milliards de kilomètres et créateurs 
                  scientifiques de toutes les formes de vie sur terre. Ceux-ci 
                  lui auraient révélé la véritable 
                  signification des événements relatés dans 
                  la Bible (la baleine de Jonas était un sous-marin atomique, 
                  la tour de Babel une fusée spatiale) et inspiré 
                  son message, fondé sur la remise en cause du système 
                  démocratique au profit de la " géniocratie 
                  " , la hiérarchie des races humaines et la promotion 
                  de valeurs eugénistes. La " méditation sensuelle 
                  " , qui permet d'atteindre l'orgasme cosmique, constitue 
                  l'une des pratiques prônée par les Raëliens, 
                  toujours en quête d'un lieu - et de ressources - propice 
                  à l'édification d'une ambassade où les 
                  Elohim viendront prendre contact officiellement avec les hommes. 
                 Les mouvements syncrétiques 
                 On a regroupé sous le terme 
                  " syncrétique " l'ensemble hétérogène 
                  des mouvements présentant une synthèse entre les 
                  différentes religions, y compris primitives, voire entre 
                  les traditions orientale et occidentale. 
                 Ce courant regroupe des mouvements 
                  extrêmement divers, comme le domaine d'Ephèse, 
                  la Seimeikyo Europe, l'Association de méditation en France. 
                 Les deux associations regroupant le 
                  plus grand nombre d'adeptes sont sans doute les Chevaliers du 
                  Lotus d'Or et la Fraternité Blanche Universelle. 
                 Fondée par Omraam Mikhaël 
                  Aïvanhov en 1947, cette dernière se présente 
                  comme une école initiatique proposant un ésotérisme 
                  syncrétique, fondée sur l'adoration du Soleil, 
                  les lois du karma et la " galvanoplastie spirituelle " 
                  . 
                 L'Association des Chevaliers du Lotus 
                  d'Or a été fondée par Gilbert Bourdin en 
                  1967. Elle a pour principale doctrine l'aumisme, qui professe 
                  que la première parole de Dieu à l'origine de 
                  la création de l'Univers fut " Aum " . Il en 
                  résulte que les Chevaliers se livrent à une pratique 
                  consistant à transmettre le son " om " des 
                  millions de fois ou à réciter le mautra " 
                  Om Ah Hum " censé neutraliser les vibrations des 
                  forces occultes. Cette nouvelle mystique universelle et syncrétiste 
                  capable d'unir l'orient et l'occident a pour but de sauver la 
                  terre et le cosmos de l'autodestruction pour que s'installent 
                  l'Age d'Or et sa nouvelle société. 
                 Gilbert Bourdin, alias le Christ-roi 
                  de la Nouvelle Alliance, alias Hamsah Manarah, alias Melkisedeg 
                  s'est proclamé en 1990 " Messie cosmoplanétaire 
                  " , après une longue suite de combats contre une 
                  multitude d'ennemis. La cité sainte du Mandarom est installée 
                  à Castellane. 
                 Pour une analyse plus fine encore, 
                  les Renseignements généraux ont, le cas échéant, 
                  complété le " type dominant " par un 
                  " type associé " , retenu parmi les mêmes 
                  critères déjà exposés. 
                 - Les notions de types " dominant 
                  " et " associé " 
                Cette analyse conduit, par exemple, à 
                  distinguer au sein du mouvement du " nouvel âge " 
                  , les sectes ne pouvant se réclamer que de cette seule 
                  mouvance de celles dont la doctrine emprunte certains de ses 
                  éléments aux courants " guérisseur 
                  " , " syncrétique " ou " orientaliste 
                  " . 
                De la même manière, on peut, 
                  au sein des mouvements apocalyptiques, distinguer les mouvements 
                  " évangéliques " de ceux plus " 
                  orientalistes " . 
                 A côté des Témoins 
                  de Jéhovah dont la doctrine est trop connue pour qu'il 
                  soit nécessaire de la rappeler ici, l'Eglise universelle 
                  du Bien est une autre secte du type " apocalyptique/évangélique 
                  " . Fondée par l'américain Herbert W. Armstrong 
                  (1892-1896), elle s'est développée en Europe dans 
                  les années 1950. Sa doctrine repose sur " l'anglo-israélisme 
                  " , selon lequel les véritables israélites, 
                  descendants des dix tribus d'Israël, sont les Anglo-saxons 
                  et les européens de l'Ouest. La restauration de l'Eglise 
                  anglo-israélienne impose de reconnaître en la reine 
                  d'Angleterre l'héritière légitime du roi 
                  David. Celle-ci devra néanmoins céder son trône 
                  au Christ à l'occasion du retour sur terre de celui-ci. 
                 L'université spirituelle internationale 
                  des Brahma Kumaris est, elle, plus représentative du 
                  courant orientaliste des sectes apocalyptiques. Fondée 
                  par Brahma Baba Lekk Raj, l'Université annonce l'imminence 
                  de l'holocauste nucléaire et de la survenance du monde 
                  futur. La paix intérieure de l'Homme résulte, 
                  dans l'attente de cet événement, d'un certain 
                  nombre de pratiques, au rang desquelles le Raja-Yoga. 
                 Il est précisé que dans 
                  l'hypothèse - très fréquente - où 
                  des sectes ne peuvent être rattachées à 
                  un unique courant de pensée, les Renseignements généraux 
                  ont eu tendance à considérer comme dominant le 
                  type auquel est attaché, empiriquement et implicitement, 
                  le plus fort degré de dangerosité. Ainsi, les 
                  critères " apocalyptique " , " guérisseur 
                  " , " psychanalytique " et " satanique " 
                  sont-ils le plus souvent retenus prioritairement devant les 
                  neuf autres types possibles qui pourraient être décelés 
                  pour la secte considérée : telle secte dont le 
                  nom évoque spontanément la mouvance orientaliste 
                  (Sri Sathya Sai par exemple) sera ainsi classée comme 
                  relevant du courant " guérisseur " dans la 
                  mesure où certains éléments de son discours 
                  sont manifestement thaumaturges. 
                   2.- 
                  Les résultats de l'enquête 
                 L'analyse réalisée sur 
                  ces bases par les Renseignements généraux et communiquée 
                  à votre commission permet d'une part de procéder 
                  à la répartition des sectes entre les courants 
                  de pensée, d'autre part de dégager les grandes 
                  lignes de l'évolution du mouvement sectaire.  
                     
                - Répartition des sectes entre les 
                courants de pensée  
                
 La répartition des sectes par 
                  type dominant fait apparaître le poids prépondérant 
                  du courant " Nouvel Age " . Parmi les sectes retenues 
                  dans l'étude des Renseignements généraux 
                  (173 au total), 49 relèvent du courant " Nouvel 
                  âge " , 19 du courant " orientaliste " 
                  , 18 du courant " guérisseur " , 16 du courant 
                  " occultiste " , 15 du courant " apocalyptique 
                  " , 13 du courant " évangélique " 
                  . Les catégories " pseudo-catholique " , " 
                  psychanalytique " et " syncrétique " regroupent 
                  chacune 9 mouvements. Enfin, les courants " ufologique 
                  " (5 mouvements), " alternatif " (4 mouvements), 
                  " satanique " (4 mouvements) et " néo-païen 
                  " (3 mouvements) sont nettement minoritaires. 
                 Sur les 173 mouvements étudiés, 
                  69 sont rattachés à un unique courant de pensée. 
                  Une étude de la répartition des " types associés 
                  " sur les 104 autres sectes montre la prédominance 
                  du critère " guérisseur " (cité 
                  46 fois) et du critère " nouvel âge " 
                  (20 cas). Les autres types associés ne sont évoqués 
                  que moins de 10 fois. 
                 On constate toujours, si l'on raisonne 
                  en termes de nombre de structures, une très grande diversité 
                  au sein du mouvement sectaire : l'application des deux critères 
                  " type dominant " et " type associé " 
                  conduit à recenser 56 catégories de sectes... 
                  Aucune de ces catégories ne regroupe plus de cinq mouvements, 
                  à six exceptions notables : 
                 - le mouvement " Nouvel Age/guérisseur 
                  " regroupe vingt mouvements, dont le nombre d'adeptes est 
                  toutefois faible (à l'exception de Hue-France). 
                 - le mouvement " Nouvel Age " 
                  pur regroupe dix-sept mouvements à l'audience relativement 
                  confidentielle (moins de 500 adeptes) ; 
                 - le mouvement " orientaliste 
                  " pur comprend neuf structures, dont certaines regroupent 
                  un nombre élevé d'adeptes (Sri Chinmoy, Shri Ram 
                  Chandra, Soka Gakkai) ; 
                 - le mouvement " évangélique 
                  " pur réunit huit mouvements d'audience limitée 
                  ; 
                 - le mouvement " guérisseur 
                  / Nouvel Age " regroupe six structures d'audience limitée 
                  ; 
                 - le mouvement " évangélique/guérisseur 
                  " , bien que peu nombreux (5 groupes) dispose lui d'une 
                  audience forte puisqu'il regroupe l'Alliance universelle, l'Eglise 
                  évangélique de Pentecôte de Besançon, 
                  l'Eglise néo-apostolique, la Parole de foi et Vie chrétienne 
                  en France. 
                 Une étude restreinte aux seules 
                  sectes dont le nombre d'adeptes est relativement important (supérieur 
                  à 500) conduit toutefois à relativiser l'impression 
                  de la forte prévalence des sectes de type " Nouvel 
                  Age " ou " Guérisseur " .  
                 Typologie 
                  des sectes dont le nombre d'adeptes est supérieur à 
                  500
                
                   
                    |  
                       Nom de la secte  
                      | 
                     
                       Type dominant  
                      | 
                     
                       Type associé  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Alliance universelle  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       ANTHROPOS - Association pour 
                        la recherche sur le développement holistique de 
                        l'homme  
                      | 
                     
                       Nouvel Age  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Association des Témoins 
                        de Jéhovah  
                      | 
                     
                       Apocalyptique  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Association Lucien J. Engelmajer 
                         
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                     
                       Psychanalytique   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Association SRI Chinmoy de 
                        Paris  
                      | 
                     
                       Orientaliste   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Association Subud de France 
                        - Susila Dharma France  
                      | 
                     
                       Orientaliste  
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       CEDIPAC SA (ex-GEPM)  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Chevaliers du Lotus d'or 
                         
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                         
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Communauté des petits 
                        frères et des petites soeurs du Sacré-coeur 
                         
                      | 
                     
                       Pseudo-catholique  
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Culte Antoiniste  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Domaine d'Ephèse  
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                      | 
                     
                       Nouvel Age   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise de scientologie de 
                        Paris  
                      | 
                     
                       Psychanalytique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise évangélique 
                        de Pentecôte de Besançon  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise néo-apostolique 
                        de France  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise universelle de Dieu 
                         
                      | 
                     
                       Apocalyptique  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglise universelle du royaume 
                        de Dieu  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Eglises du Christ international 
                        en France  
                      | 
                     
                       Apocalyptique  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Energie humaine et universelle 
                        France - HUE France  
                      | 
                     
                       Nouvel Age  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Fraternité blanche 
                        universelle  
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Fraternité Notre Dame 
                         
                      | 
                     
                       Pseudo-catholique   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Institut de science vedique 
                        maharishi Paris - C.P.M. - Club pour méditants 
                         
                      | 
                     
                       Orientaliste  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Invitation à la vie  
                         
                      | 
                     
                       Pseudo-catholique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       L'oeil s'ouvre  
                      | 
                     
                       Apocalyptique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       La maison de Jean   
                      | 
                     
                       Nouvel Age  
                      | 
                     
                       Syncrétique  
                         
                      | 
                   
                   
                    |  
                       La parole de de foi - Evangélisation 
                        mondiale  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mouvement du Graal en France 
                         
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                     
                       Occultiste   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Mouvement Raëlien français 
                         
                      | 
                     
                       Ufologique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Ontologie méthodique 
                        culture et tradition  
                      | 
                     
                       Occultiste  
                      | 
                     
                       Ufologique   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Paris Dharma Sah - Lotus 
                        Sangha of European social buddhism  
                      | 
                     
                       Orientaliste  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Shri Ram Chandra Mission 
                        France  
                      | 
                     
                       Orientaliste   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Société internationale 
                        de trilogie analytique  
                      | 
                     
                       Psychanalytique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Soka Gakkai internationale 
                        France  
                      | 
                     
                       Orientaliste   
                      | 
                       | 
                   
                   
                    |  
                       Union des associations centres 
                        et groupes Sri Sathya Sai  
                      | 
                     
                       Guérisseur  
                      | 
                     
                       Orientaliste  
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Université spirituelle 
                        internationale des Brahma Kumaris  
                      | 
                     
                       Apocalyptique  
                      | 
                     
                       Orientaliste   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Vie chrétienne en 
                        France - Centre de vie chrétienne  
                      | 
                     
                       Evangélique  
                      | 
                     
                       Guérisseur   
                      | 
                   
                   
                    |  
                       Viswa Nirmala Dharma - Sahaja 
                        Yoga  
                      | 
                     
                       Orientaliste  
                      | 
                     
                       Apocalyptique   
                      | 
                   
                 
              
            On constate que les courants " orientaliste 
              " , " évangélique " et " apocalyptique 
              " regroupent respectivement 7, 6 et 5 mouvements, alors que 
              le courant " Nouvel Age " n'en comprend que 3.  
             
             
               Par ailleurs, si le courant " guérisseur 
                " ne réunit que cinq sectes, ce critère est 
                cité 15 fois au titre du type associé. 
               Le travail effectué par les Renseignements 
                généraux fournit, outre cette photographie du phénomène 
                sectaire, des éléments permettant de suivre son 
                évolution sur moyenne période.  
                    
             
            
              - Evolution typologique du phénomène 
                sectaire  
                
 Il est possible de dégager 
                  les quelques grandes tendances suivantes dans l'évolution 
                  du phénomène sectaire. 
                 - Le " Nouvel Age " semble 
                  responsable du recul des " alternatifs " et prépare 
                  peut-être le développement des " Apocalyptiques 
                  " . 
                 Le " Nouvel Age " , courant 
                  spirituel et philosophique " fourre-tout " , importé 
                  des Etats-Unis au milieu des années 80, est le premier 
                  vainqueur de la compétition sectaire à l'approche 
                  du troisième millénaire. Actuellement, il se crée 
                  presque chaque jour de nouveaux groupuscules ou réseaux 
                  consacrés à l' " ère du Verseau " 
                  alors que, dans le même temps, des sectes importantes 
                  et déjà anciennes (FBU, Nouvelle Acropole...) 
                  tentent de " rafraîchir " leur doctrine en y 
                  incorporant des thèmes " new-age " . 
                 Véritable nébuleuse, 
                  constituée autant par de simples organisateurs de stages 
                  à la recherche d'une clientèle que par de véritables 
                  gourous contrôlant une structure, le " Nouvel Age 
                  " est dangereux parce qu'il peut prédisposer ses 
                  adeptes à s'engager dans des voies plus périlleuses 
                  de type " apocalyptique " par exemple. 
                 L'approche de l'an 2000 pourrait, 
                  en effet, correspondre à une multiplication considérable 
                  des groupes " apocalyptiques " ou millénaristes 
                  à partir du message mal compris (car il est fondamentalement 
                  optimiste) des " new-agers " . En outre, de gros bataillons 
                  d'adeptes déçus des rangs évangéliques 
                  (Témoins de Jéhovah, adventistes...) ou syncrétiques 
                  pourraient nourrir ce mouvement. 
                 Le " Nouvel Age " a en tout 
                  cas fait régresser dans de notables proportions une dominante 
                  exclusive " alternative " qui était fortement 
                  ancrée dans le paysage sectaire depuis les années 
                  70 (communautés de " retour à la terre " 
                  , à caractère tribal comme Ecoovie...). 
                 - Les sectes " orientalistes 
                  " se renouvellent. 
                 Les sectes " orientalistes " 
                  actuelles sont le noyau dur et les héritières 
                  des sectes religieuses dominantes des années 70-80. Celles-ci, 
                  telles Krishna, la Méditation Transcendantale, la Soka 
                  Gakkaï se sont le plus souvent seulement maintenues, alors 
                  que de nouveaux coreligionnaires d'importance sont apparus (HUE, 
                  sectes japonaises...). 
                 La spiritualité orientale fascine 
                  toujours, même si, aujourd'hui , elle est concurrencée 
                  par le " Nouvel Age " et si elle incorpore de plus 
                  en plus de préceptes " guérisseurs " 
                  particulièrement dangereux. 
                 - La dominante " guérisseuse 
                  " envahit, à l'instar du " nouvel âge 
                  " la plupart des courants sectaires. 
                 Avec la composante " Nouvel Age 
                  " , les pseudo-thérapies d'origine divine ou " 
                  naturelle " façonnent maintenant pour une large 
                  part le paysage sectaire. Confinée jusqu'à ces 
                  dernières années dans la sphère religieuse 
                  orientale (Mahikari, HUE...) ou chrétienne (IVI, groupes 
                  évangéliques...), la dominante " guérisseuse 
                  " se greffe aussi aujourd'hui sur la plupart des autres 
                  grands courants sectaires (occultiste, syncrétique, psychanalytique).... 
                  quand elle ne se suffit pas à elle-même en tant 
                  qu'unique objet de la secte (Fédération internationale 
                  pour le développement de l'alimentation instinctive). 
                 S'imposant à des degrés 
                  divers, depuis la simple prière jusqu'à des processus 
                  " thérapeutiques " complets, cette dominante 
                  présente également une dangerosité variant 
                  selon ses prétentions à apporter ou non une solution 
                  aux maladies les plus graves, à imposer ou non l'abandon 
                  de la médecine officielle. 
                 - Le vaste courant " occultiste 
                  " semble peu menacé par ses stables voisins " 
                  néo-païens " et " sataniques " . 
                 A côté des nombreux mouvements 
                  ésotériques non pris en compte (rosicruciens AMORC, 
                  martinistes...), de multiples structures néo-templières, 
                  initiatiques etc... perpétuent un courant " occultiste 
                  " souvent mâtiné, aujourd'hui , d'apports 
                  du " nouvel âge " ou " guérisseurs 
                  " . 
                 En marge de ces confréries 
                  souvent intéressées principalement par l'assise 
                  financière de leurs membres, ont gravité de tout 
                  temps des groupes néo-païens (les " druides 
                  " ..) ou sataniques (WICCA...) dont l'aspect folklorique 
                  ne doit pas faire oublier l'idéologie élitiste, 
                  agressive, fréquemment raciste. 
                 Tous ces courants " magiques 
                  " paraissent avoir peu évolué sur l'échiquier 
                  sectaire. Mais l'extrême discrétion des groupes 
                  qui en relèvent ne permet pas de les détecter 
                  systématiquement et les groupuscules sataniques inspirent 
                  des craintes qui ne doivent pas être prises à la 
                  légère, car, à l'instar de leur " 
                  coreligionnaires " des Etats-Unis et des pays scandinaves, 
                  les lucifériens français sont susceptibles de 
                  délaisser leurs activités folkloriques actuelles 
                  pour des actions criminelles : profanation de cimetières, 
                  trafic de drogue, crimes de sang... 
                 - Les courants " évangélique 
                  " , " pseudo-catholique " et " syncrétique 
                  " résistent plus ou moins bien. 
                 A l'instar du courant orientaliste, 
                  qui dispose d'atouts exotiques pour garder son rang sur la scène 
                  sectaire, ces mouvements à dominante religieuse éprouvent 
                  de plus en plus le besoin de développer, à titre 
                  accessoire et rémunérateur, un enseignement (et 
                  des prestations) axé sur la guérison divine. 
                 Les " petites églises 
                  " conduites par de faux évêques se maintiennent 
                  aussi grâce à une utilisation caricaturale des 
                  rituels romains ou catholiques orientaux. De leur côté, 
                  les mouvements à dominante évangélique, 
                  souvent animés par d'authentiques pasteurs ayant basculé 
                  dans le rôle de gourou, profitent toujours des libertés 
                  offertes par les structures protestantes officielles pour prospérer 
                  à leur lisière. Les groupes syncrétiques, 
                  quant à eux, résistent difficilement à 
                  la vague " nouvel âge " . 
                 - Un engouement pour les sectes " 
                  modernes " affichant des prétentions en matière 
                  psychanalytique est indéniable. 
                 Le courant " psychanalytique 
                  " occupe sans conteste dans la dynamique sectaire de ces 
                  dernières années la troisième place d'un 
                  podium déjà occupé par le " nouvel 
                  âge " et les " guérisseurs " . La 
                  difficulté de cerner avec précision ce courant 
                  explique que les données quantitatives le concernant 
                  ne traduisent que fort imparfaitement son influence. 
                 Avec des fers de lance comme la Scientologie, 
                  ce courant apparaît aujourd'hui comme l'un des substituts 
                  privilégiés des doctrines religieuses traditionnelles. 
                  Il n'est que d'observer la prolifération d'officines 
                  proposant stages et séminaires de " développement 
                  personnel " .... financés parfois dans le cadre 
                  de la formation professionnelle. 
                 Il y a certes plus de " clients 
                  " que d' " adeptes " fidélisés, 
                  mais les cas de dérives sectaires se multiplient. Les 
                  dommages causés aux victimes sont particulièrement 
                  graves (ruine, démence, suicide...) car, dans ce type 
                  de secte, les techniques de manipulation mentale sont extrêmement 
                  perfectionnées. 
                 - Le courant " ufologique " 
                  demeure restreint mais prospère. 
                 Emmenés par le Mouvement Raëlien 
                  et Siderella, les " soucoupistes " font peu école. 
                  Leurs effectifs progressent moins que les tarifs des prestations 
                  proposées par les responsables. Ici encore, le pittoresque 
                  du discours cache souvent des concepts plus inquiétants 
                  comme la " géniocratie " (ou " gouvernement 
                  des élites " ) chez les Raëliens. 
                  B.- DES PRATIQUES SOUVENT DANGEUREUSES 
                 Les dangers que présentent 
                  les sectes, autrement appelés " dérives " 
                  sectaires, méritent au premier chef d'attirer notre attention. 
                  En effet, ce sont eux qui justifient l'attention particulière 
                  que doivent leur porter les pouvoirs pubics et, rappelons-le, 
                  la création de notre commission d'enquête. 
                 Il convient donc de les analyser dans 
                  le détail. 
                 Mais auparavant, il est nécessaire 
                  de dissiper un éventuel malentendu : tous les mouvements 
                  spirituels autres que les religions traditionnelles et communément 
                  appelés sectes ne sont pas dangereux, comme, par exemple, 
                  les baptistes, les quakers ou les mormons. Leur rôle peut 
                  même être, parfois, considéré comme 
                  très positif : " Vous rencontrez les sectes] le 
                  meilleur et le pire " a ainsi déclaré un 
                  médecin à la Commission. Et d'ajouter: " 
                  Parfois, par le biais des sectes, des personnes se retrouvent 
                  dans un groupe chaleureux, d'autres redonnent un sens à 
                  leur vie, d'autres encore se structurent. Parmi mes patients, 
                  certains sont entrés dans des sectes. Je ne voudrais 
                  pour rien au monde qu'ils en sortent, car cela leur sert momentanément 
                  de tuteur " . 
                 La commission a donc bien pris garde 
                  de faire un amalgame entre tous les groupes spirituels existants. 
                  Elle a considéré qu'elle devait se cantonner à 
                  examiner les nuisances provoquées par les seules sectes 
                  dangereuses. Et ce, pour mieux tenter de dégager les 
                  moyens de les combattre. 
                 Ces effets négatifs ont été 
                  maintes fois dénoncés, que ce soit par la presse 
                  ou par les pouvoirs publics eux-mêmes. Le rapport d'Alain 
                  Vivien de 1983, l'avis de la Commission nationale consultative 
                  des Droits de l'Homme du 10 décembre 1993 et les réponses 
                  du Gouvernement aux questions parlementaires en témoignent, 
                  ainsi que, sur la scène internationale, les rapports 
                  de M. Richard Cottrell, du Parlement européen, en 1984, 
                  ou de Sir John Hunt du Conseil de l'Europe, en 1991. D'ailleurs, 
                  la Commission a constaté, au cours de ses travaux, que 
                  personne n'en démentait l'existence. 
                 Pour analyser les dangers que font 
                  courir un certain nombre de ssectes, la Commission s'est fondée 
                  principalement sur deux sources d'information, qui présentent 
                  les plus grandes garanties d'objectivité, à savoir 
                  les décisions judiciaires et les données collectées 
                  par les Renseignements généraux. Elle a aussi 
                  utilisé, dans une moindre mesure et avec la prudence 
                  requise, les témoignages directs d'anciens adeptes. 
                 La démarche suivie fait apparaître 
                  que si les décisions judiciaires témoignent de 
                  nombreuses illégalités commises par les sectes 
                  ou certains de leurs membres, elles ne rendent compte que très 
                  partiellement de leurs multiples dangers. 
                  1.- Des illégalités 
                  nombreuses et variées 
                 De l'ensemble des décisions 
                  de justice auxquelles la Commission a eu accès, notamment 
                  de celles fournies par la Direction des affaires criminelles 
                  et des grâces du ministère de la Justice, il ressort 
                  que de nombreuses sectes se sont, au cours des dix dernières 
                  années, rendues coupables d'illégalités. 
                  Celles-ci relèvent de six domaines principaux : 
                 ( Il s'agit, en premier lieu, de délits 
                  relatifs aux atteintes physiques à la personne humaine 
                  : mauvais traitements, coups et blessures, séquestration, 
                  non assistance à personne en danger ou pratique illégale 
                  de la médecine. 
                 Ainsi, le Tribunal de grande instance 
                  de Versailles a-t-il établi, dans une décision 
                  des 8 et 9 février 1995 (no 234) que M. et Mme Mihaes, 
                  les dirigeants de la secte " la Citadelle " , se sont 
                  rendus coupables, entre autres, de violences sur mineur de quinze 
                  ans, d'enlèvement et de séquestration. Le compte-rendu 
                  des faits par le tribunal est éloquent : 
                " Attendu que M. Solomon, qui avait 
                  appartenu à ce groupe Citadelle] à partir de 1974, 
                  l'avait quitté en 1990, rejoint quelques temps plus tard 
                  par son épouse, alors que leurs deux enfants majeurs 
                  Karen et Pascal ainsi que leur fille mineure Dana Solomon étaient 
                  restés dans le mouvement ; 
                " Que M. Solomon et son épouse 
                  étaient parvenus à reprendre avec difficultés 
                  leur fille Dana le 25 août 1991, alors quelle se trouvait 
                  au château de Courcillon (72), propriété 
                  du couple Mihaes ; 
                " Que Dana Solomon devait expliquer 
                  que dans cette communauté les enfants étaient 
                  habituellement séparés de leurs parents et qu'ils 
                  subissaient divers mauvais traitements qui leur étaient 
                  infligés, notamment par Mme Mihaes, Mme Esther Antoine 
                  et M. Axel Schmidt ; 
                " Qu'elle-même avait été 
                  à plusieurs reprises frappée, séquestrée, 
                  contrainte au jeûne et privée habituellement d'une 
                  nourriture suffisante ; 
                 " Attendu qu'il est établi 
                  que, sous couvert d'application de préceptes bibliques, 
                  les enfants ont été contraints aux jeûnes, 
                  aux confessions publiques, ont été soumis à 
                  des punitions qui, outre les coups, pouvaient s'exercer en un 
                  isolement ainsi qu'en a été victime Dana Solomon, 
                  retenue contre sa volonté dans la maison de gardien de 
                  la propriété du Vésinet, sans chauffage 
                  pendant les mois d'hiver et ne disposant que d'une nourriture 
                  extrêmement frugale, mais qui pouvait aussi s'exercer 
                  sous forme d'un déplacement de résidence ainsi 
                  qu'en avait été victime Claire Solomon placée, 
                  ``en punition'', au domicile du couple Bahjejian et séparée 
                  de ses frères et soeur ; 
                " Attendu qu'en ce qui concerne plus 
                  précisément les prévenus, il est établi 
                  que Mme Delia Mihaes, qui a toujours contesté les accusations 
                  portées contre elle, a commis les faits qui lui sont 
                  reprochés dans la prévention, en se livrant, à 
                  de multiples reprises, à des actes de violence à 
                  l'égard des enfants Stéphane, Jonathan, Céline 
                  et Claire Antoine, Dana Solomon ainsi qu'à l'égard 
                  de ses fils jumeaux Octavius et Flavius ; 
                " Qu'elle a gravement compromis la 
                  santé et l'éducation de ces enfants en leur faisant 
                  subir les privations et les brimades précédemment 
                  exposées ; 
                " Qu'il est par ailleurs établi 
                  qu'elle s'est rendue complice de séquestration exercée 
                  sur la personne de Dana Solomon (...) " . 
                 Le Tribunal de grande instance de 
                  Dijon a, par ailleurs, été amené, dans 
                  un jugement du 9 janvier 1987 (no 118-87), à condamner 
                  le directeur-adjoint du centre Narconon de Grangey-sur-Ource 
                  pour non assistance à personne en danger. Ce centre, 
                  créé par l'Eglise de Scientologie, propose des 
                  cures de désintoxication en appliquant les méthodes 
                  de Ron Hubbard, à savoir la procédure de " 
                  purification " , fondée principalement sur plusieurs 
                  heures de sauna par jour, des " auditions " et une 
                  absorption importante de vitamines. En l'espèce, la victime 
                  était depuis longtemps soignée pour épilepsie 
                  et s'était adressée à cet organisme car 
                  elle souhaitait se " libérer des médicaments 
                  " . Le centre l'a, sans examen médical préalable, 
                  placée dans une chambre de " sevrage " . Or, 
                  les expertises médicales ont montré que le décès 
                  était dû à " un état de mal 
                  épileptique dû à l'absence de traitement 
                  suffisant à son début et de traitement d'urgence 
                  pendant l'état de mal. " Le jugement ne laisse aucun 
                  doute sur la responsabilité du centre : 
                " Que si Jocelyne Dorfmann avait pris 
                  la décision de réduire sa consommation médicamenteuse, 
                  puis de l'interrompre au risque de compromettre son état 
                  de santé, les prévenus ne l'ont à aucun 
                  moment prévenue de la nécessité d'un examen 
                  médical d'admission, lequel aurait vraisemblablement 
                  permis de contre-indiquer la cure de sevrage ; qu'il est inconcevable 
                  que la victime ait pu être acceptée sans cet examen 
                  et sans entretien sérieux malgré ses déclarations 
                  sur son état de santé et son épilepsie, 
                  alors que les prévenus ont reconnu savoir qu'en cas de 
                  maladie grave, le traitement médical ne devait pas souffrir 
                  d'interruption ; 
                 " Que si lors de la survenue 
                  de la première crise, les prévenus ont pu se méprendre 
                  sur la nature exacte, la répétition des crises 
                  et leur intensité croissante devaient leur évoquer 
                  une origine distincte d'un état de manque qui, selon 
                  les médecins experts, ne peut être confondu avec 
                  un état épileptique ; 
                 " Qu'ils n'ont pas jugé 
                  utile de demander directement à la victime, alors qu'elle 
                  était encore consciente, si ces manifestations pouvaient 
                  correspondre aux crises d'épilepsie auxquelles elle avait 
                  fait allusion ou de faire appel au médecin le plus proche. 
                  (...) " 
                Plusieurs cas d'exercice illégal 
                  de la médecine ont, en outre, été observés 
                  ces dernières années. On évoquera, par 
                  exemple, le cas assez significatif de M. Main, chef d'une communauté 
                  religieuse appelée " Le Bon pasteur " , qui, 
                  se réclamant du titre d'évêque (il avait 
                  été ordonné tel par des ecclésiastiques 
                  n'obéissant plus à Rome après le Concile 
                  de Vatican II), prétendait guérir ou soulager 
                  ses " fidèles " par des paroles, des prières, 
                  des appositions des mains, l'utilisation d'un pendule et des 
                  pratiques d'exorcisme et de désenvoûtement. Les 
                  conclusions du Tribunal de grande instance de Périgueux, 
                  dans sa décision du 22 juin 1994 (no 894), sont se passent 
                  de commentaires : M. Main a été reconnu coupable 
                  d'exercice illégal de la médecine par le tribunal 
                  de grande instance de Périgueux dans un jugement du 22 
                  juin 1994.  
                     
                - De nombreuses condamnations ont également 
                été prononcées en matière de violation 
                de certaines obligations familiales, notamment de parents adeptes 
                de sectes à l'égard de leurs enfants.  
                
 Ainsi, par exemple, la Cour d'appel 
                  de Rennes a-t-elle, dans une décision du 13 février 
                  1993 (Epoux Durand), jugé que M. et Mme Durand, membres 
                  de la secte Sahaja Yoga, avaient " compromis gravement 
                  par manque de direction nécessaire la santé et 
                  la sécurité de ] enfant Yoann " et tomb aient, 
                  de ce fait, sous le coup de l'article 357.1 du code pénal, 
                  en l'envoyant à l'âge de six ans et demi en Inde 
                  dans une école de Dharamsala dirigée par les adeptes 
                  de cette secte. Les motifs de la décision méritent 
                  d'être cités : 
                 " (...) considérant (...) 
                  que sur la foi d'un simple prospectus donnant de simples orientations 
                  générales (...), Dominique et Josette Durand (...) 
                  ont pris la décision d'envoyer en avril 1990 (...) leur 
                  enfant Yoann sans d'ailleurs l'accompagner dans son voyage, 
                  dans une école dont le contenu de l'enseignement, en 
                  anglais et hindi, ne leur était pas vraiment connu (...), 
                  qu'ils n'offraient à l'enfant des garanties sur l'issue 
                  de cet enseignement, sur les conditions d'accueil et de vie 
                  dont le dossier révèle qu'elles étaient 
                  notamment sur le plan climatique très rudes (...) sans 
                  s'assurer de l'infrastructure médicale et des conditions 
                  sanitaires qui attendaient l'enfant, sans même avant son 
                  départ s'informer auprès de la médecine 
                  spécialisée sur les risques qu'il encourait dans 
                  une région du monde frappée de graves maladies 
                  épidémiques pour l'essentiel inconnues en Europe, 
                  sans mesurer les risques pour un enfant de 6 ans et demi d'un 
                  sentiment d'abandon, voire de rejet alors qu'il savait la naissance 
                  proche d'un autre enfant dans le foyer et qu'il entretenait 
                  des relations particulièrement privilégiées 
                  avec ses grands-parents maternels, les époux Héline 
                  ; 
                 " (...) que le rapport établi 
                  par trois experts qui ont examiné l'enfant le 5 juillet 
                  1991 constate d'importantes dégradations psychiques liées 
                  à la séparation brutale et prolongée exactement 
                  décrites par le tribunal, des examens postérieurs 
                  révélant une nette amélioration chez un 
                  enfant revenu dans son cadre familial et poursuivant une scolarisation 
                  normale ; " 
                Parfois, les faits ne sont pas aussi manifestement 
                  répréhensibles. Le juge s'abstient alors de condamner 
                  directement les parents adeptes, mais leur refuse l'exercice 
                  de l'autorité parentale ou le droit de garde. C'est en 
                  ce sens, par exemple, que statua le Tribunal de grande instance 
                  d'Avignon le 25 mai 1992 (décision no 673/92) : 
                 " Il n'appartient certes pas 
                  au Tribunal de se prononcer sur les bienfaits ou méfaits 
                  de la secte (...) des Témoins de Jéhovah mais 
                  seulement, selon " l'intérêt des enfants mineurs 
                  " , (...) d'indiquer le parent chez lequel les enfants 
                  ont leur résidence habituelle et de statuer sur l'exercice 
                  de l'autorité parentale. 
                 " Après avoir énuméré 
                  une partie de l'impressionnante liste des interdits que les 
                  adeptes de cette secte - à laquelle Madame ...... ne 
                  conteste pas avoir adhéré - doivent respecter, 
                  Madame Audoyer remarque à juste titre dans le rapport 
                  d'enquête sociale qu'elle a déposé qu'ils 
                  sont susceptibles d'entraver un avenir pour des enfants telles 
                  que Debora et Flora. 
                 " L'éducation des enfants 
                  ne saurait en effet consister en un endoctrinement basé 
                  sur une vision particulièrement cataclysmique du monde 
                  dont seuls les adeptes de la secte seraient préservés, 
                  mais au contraire en un éveil de l'esprit, une ouverture 
                  à tous les domaines de la connaissance et à toutes 
                  les disciplines, ainsi qu'aux relations avec les autres sans 
                  discrimination de race, de religion ou d'idées. 
                 " En l'état actuel, afin 
                  de préserver tant le présent que l'avenir de ces 
                  deux enfants (...), il apparaît nécessairede fixer 
                  leur résidence habituelle chez leur père qui exercera 
                  l'autorité parentale. (...) " 
                Les sectes se sont, en outre, maintes fois 
                  rendues coupables de diffamation, dénonciation calomnieuse 
                  ou violation de la vie privée au cours de la période 
                  récente. 
                 Ce fut notamment le cas de l'Eglise 
                  de Scientologie. 
                Ainsi, le Tribunal de grande instance de 
                  Paris a-t-il, dans un jugement du 13 octobre 1993 (M. Abgrall 
                  c/ Mme Lefèvre), condamné pour diffamation Mme 
                  Lefèvre, directeur de la publication d' " Ethique 
                  et liberté " , l'une des revues de l'Eglise de Scientologie. 
                 En effet, un article de cette publication, 
                  titré " Une milice de la pensée " et 
                  consacré à l'Association de défense de 
                  la famille et de l'individu, faisait état d'enlèvements 
                  et de séquestrations commis par les membres de cette 
                  association, et notamment de l'internement en hôpital 
                  psychiatrique en 1991 d'un scientologue de Marseille, réalisé 
                  avec la complicité de J.M. Abgrall, psychiatre, alors 
                  que ces faits n'ont nullement été prouvés. 
                 Dans le même sens, la Cour d'appel 
                  de Douai a, dans sa décision du 18 mars 1982 (no 302), 
                  reconnu le Centre Hubbard de Dianétique coupable de " 
                  diffamation publique, assimilée à l'injure " 
                  , pour avoir écrit en faisant référence 
                  à l'ADFI : 
                 " ... Il me paraît vital 
                  pour la liberté de religion et pour la liberté 
                  d'opinion de dénoncer et d'arrêter les agissements 
                  de ce groupe fascisant qui tire sur tout ce qui bouge qui soit 
                  nouveau ou différent... 
                 On peut également évoquer 
                  le cas d'une dénonciation calomnieuse confirmée 
                  par la Cour de cassation dans un arrêt du 28 avril 1987 
                  (A.J.), ainsi que celui d'une violation de la vie privée 
                  par l'association " Ethique et liberté " , 
                  dans une décision rendue le 15 mars dernier par le Tribunal 
                  de grande instance de Paris (no 9). 
                 Plusieurs décisions juridictionnelles 
                  témoignent aussi d'une pratique assez fréquente 
                  de la fraude fiscale par certaines associations. 
                 La Cour de Cassation a, par exemple, 
                  confirmé dans un arrêt du 25 juin 1990 (Blanchard 
                  Henri et autres) l'arrêt de la Cour d'appel de Paris du 
                  26 janvier 1988, condamnant le Président de l'Association 
                  pour l'unification du christianisme mondial (AUCM), qui est 
                  la branche française de la secte Moon, pour fraude fiscale. 
                  Cet arrêt montre notamment que cet organisme a, sous le 
                  couvert d'une association à but religieux, réalisé 
                  d'importants bénéfices non déclarés 
                  : 
                 " (...) Attendu que Henri Blanchard 
                  a été renvoyé devant le tribunal correctionnel 
                  pour avoir soustrait frauduleusement l'AUCM dont il était 
                  le président à l'établissement et au paiement 
                  de l'impôt sur les sociétés, et pour avoir 
                  sciemment omis de passer ou de faire passer dans les documents 
                  tenant lieu de livre-journal et de livre d'inventaire tout ou 
                  partie des écritures ; 
                 " Attendu que (...) les juges 
                  énoncent que l'AUCM n'a que les apparences d'une association 
                  et qu'elle exerce, par la mise en vente d'un journal, une activité 
                  lui procurant des bénéfices dont une partie importante, 
                  non portée en recettes, a servi, par l'intermédiaire 
                  de prête-noms, à des acquisitions mobilières 
                  ou immobilières occultes, dont, pour certaines, l'affectation 
                  n'a pu être précisée ; (...) " . 
                 Ont également été 
                  convaincues de fraude fiscale, entre autres, l'Association internationale 
                  pour la conscience de Krishna (AICK) (cf. notamment l'arrêt 
                  du 19 octobre 1989 de la Cour d'appel de Bourges, no 461/89) 
                  et l'Eglise de Scientologie (cf. notamment l'arrêt du 
                  3 février 1995 de la Cour d'appel de Paris, no 7). Là 
                  aussi, ces organismes avaient réalisé de substantiels 
                  bénéfices commerciaux par le biais d'associations 
                  à but soi-disant désintéressé. 
                 Par ailleurs, l'arrêt du 3 février 
                  1995 de la Cour d'appel de Paris a établi que l'Eglise 
                  de Scientologie présentait un passif de l'ordre de 41 
                  millions de francs et l'a mise en redressement judiciaire. En 
                  outre, le tribunal de commerce de Paris a prononcé, le 
                  30 novembre 1995, la mise en liquidation judiciaire de l'Eglise 
                  de Scientologie de Paris, pour des impayés à l'administration 
                  fiscale et à l'URSSAF d'un montant de 48 millions de 
                  francs. 
                 On constate également plusieurs 
                  cas d'escroquerie, de tromperie ou d'abus de confiance. 
                 Le Tribunal de grande instance de 
                  Draguignan a ainsi, dans une décision du 20 mars 1995 
                  (no 882/95), condamné pour escroquerie deux personnes 
                  (M. Galiano et Mme Pison) se présentant respectivement 
                  comme une réincarnation du Christ et de la Vierge. Et 
                  ce, pour les raisons suivantes : 
                 " Il résulte ainsi de 
                  l'ensemble de ces éléments que les mis en examen, 
                  par des mises en scène dans des réunions publiques, 
                  ont persuadé des gens crédules de l'existence 
                  de pouvoirs surnaturels leur permettant d'espérer un 
                  mieux vivre ou une guérison, tout en utilisant l'alibi 
                  de la science, à savoir la profession de psychanalyste 
                  pour l'un et de dentiste pour l'autre. En tentant de se faire 
                  remettre ou en percevant des sommes, ils ont commis le délit 
                  d'escroquerie. " 
                La Cour de cassation a, par ailleurs, jugé, 
                  dans un arrêt du 15 novembre 1995 (A. Pouteau), que la 
                  SARL Wide, dont Alain Pouteau était le gérant 
                  et dont l'enquête a montré qu'elle était 
                  " sous l'obédience de l'Eglise de Scientologie " 
                  , " exploitait un centre de formation aux métiers 
                  de la vente et faisait diffuser des annonces dans la presse 
                  et des lettres circulaires auprès des maires dans lesquelles 
                  elle s'engageait à procurer aux candidats, à l'issue 
                  de leur formation, une place dans une entreprise sérieuse 
                  " , s'est rendue coupable de tromperie, car elle " 
                  n'était pas en mesure de garantir des emplois à 
                  ses stagiaires " . 
                 La fameuse affaire de la secte du 
                  Fréchou illustre, d'autre part, parfaitement le cas d'abus 
                  de confiance commis par les dirigeants de sectes au détriment 
                  de leurs adeptes. En l'occurrence, ils se prévalaient 
                  indûment du titre de prêtre, ce qui leur avait permis 
                  d'extorquer à leurs fidèles un montant important 
                  de dons (cf. notamment l'arrêt du 10 mai 1991 de la Cour 
                  d'appel d'Agen, no 215/91). 
                 Enfin, la jurisprudence fait état 
                  de multiples violations du droit du travail ou de celui de la 
                  sécurité sociale. 
                 " La dénonciation de l'exploitation 
                  impitoyable de l'adepte par les dirigeants, mépris des 
                  lois sociales, durée du travail, pas de rémunération, 
                  ni de couverture sociale (...) trouvent leur confirmation dans 
                  le fait qu'Ecoovie ne verse au débat aucun contrat de 
                  travail, aucun bulletin de salaire, aucune déclaration 
                  à la sécurité sociale ou au fisc concernant 
                  les adeptes qu'elle emploie, se bornant à alléguer 
                  que ceux-ci sont bénévoles. " . C'est ainsi, 
                  par exemple, que le Tribunal de grande instance de Paris décrivait, 
                  dans son arrêt du 10 juillet 1985 (no 263), la façon 
                  dont la secte Ecoovie concevait l'application des règles 
                  du droit du travail et de la sécurité sociale. 
                 Maintes condamnations ont donc été 
                  prononcées sur des points très divers à 
                  l'encontre des sectes au cours des dernières années, 
                  sur la base de faits matériels incontestables. 
                 Toutefois, la Commission a été 
                  amenée à constater que cette approche ne rend 
                  qu'incomplètement compte des dangers de certains mouvements 
                  sectaires. 
                 2.- Une nocivité 
                  qui dépasse largement le champ des illégalités 
                  constatées par les tribunaux 
                 Tous les actes répréhensibles 
                  commis par les sectes ne font évidemment pas l'objet 
                  d'une condamnation. Loin s'en faut. Une telle condamnation, 
                  nécessite, en effet, la réunion de plusieurs conditions 
                  qu'il est souvent difficile d'obtenir : 
                 - il faut, tout d'abord, que la personne 
                  ayant subi un préjudice en soit consciente. Or, pour 
                  les adeptes, la règle qui leur est imposée par 
                  leur gourou est forcément bonne. Il faut donc que l'adepte 
                  ait pris suffisamment de distance vis-à-vis de la secte, 
                  généralement en en étant sorti, pour accéder 
                  à cette prise de conscience ; 
                 - il convient ensuite que l'intéressé 
                  décide de porter plainte. Or, cette démarche est 
                  loin d'être systématique : beaucoup préfèrent 
                  " tourner définitivement la page " d'une période 
                  traumatisante de leur histoire ; d'autres se confient volontiers 
                  à des associations de défense mais n'osent pas 
                  intenter d'action en justice par manque de confiance ou par 
                  peur de représailles ; 
                 - la preuve du délit ainsi 
                  que la responsabilité de son auteur est, de l'avis de 
                  la plupart des personnes entendues par la Commission, difficile 
                  à appporter, ne serait-ce qu'en raison de " l'originalité 
                  " des délits sectaires, desquels les victimes sont 
                  parfois, par leur consentement d'un moment, les propres acteurs 
                  ; 
                 - il faut aussi que les faits correspondent 
                  à une incrimination prévue et sanctionnée 
                  par la loi, ce qui n'est pas évident dans les cas de 
                  manipulation mentale par exemple ; 
                 - reste enfin, au cas où une 
                  condamnation est intervenue, à la faire appliquer, ce 
                  qui se heurte parfois à de grandes difficultés, 
                  en raison de la multiplicité des moyens que certains 
                  mouvements peuvent déployer : procédures dilatoires, 
                  pressions de tous ordres, auto-dissolution ou, tout simplement, 
                  fuite à l'étranger. 
                 Les informations fournies à 
                  la Commission par les Renseignements généraux 
                  ainsi que les témoignages qu'elle a reçus l'ont 
                  conduite à penser que les dangers que font courir certains 
                  mouvements sectaires aux individus et à la société 
                  sont, en réalité, à la fois plus nombreux, 
                  plus étendus et plus graves que ne le suggère 
                  la seule lecture des décisions judiciaires. 
                 L'énumération ci-dessous 
                  regroupe, en dix catégories, les dangers que présente 
                  le phénomène sectaire pour les individus d'une 
                  part, pour la société d'autre part, tels que la 
                  Commission a pu les appréhender au travers de l'ensemble 
                  de ses travaux. 
                   a) Les 
                  dangers pour l'individu 
                 La déstabilisation mentale 
                  est le premier d'entre eux. 
                 On entend par cette expression le 
                  fait, par la persuasion, la manipulation ou tout autre moyen 
                  matériel, de déstabiliser quelqu'un pour le soumettre 
                  à son emprise. 
                 Selon les Renseignements généraux, 
                  les 172 mouvements sectaires coercitifs qu'ils ont recensés 
                  recourraient à des pratiques pouvant être ainsi 
                  qualifiées. 
                 La déstabilisation mentale 
                  peut prendre des formes très diverses, et, notamment, 
                  très insidieuse, comme l'illustrent le test de personnalité 
                  et les " auditions " proposés par l'Eglise 
                  de Scientologie. Voici comment un ancien adepte de cette association 
                  a décrit à la Commission l'expérience du 
                  test : 
                 " Ce test, qui comporte environ 
                  200 questions ayant trait à l'argent, la famille, au 
                  travail, etc., a, à mon sens, un fondement psychologique 
                  vrai mais donne ensuite lieu à une analyse - sur ordinateur, 
                  aujourd'hui, ce qui lui donne un aspect sérieux qui en 
                  impose beaucoup - tendant avant tout à mettre en valeur 
                  les défauts - ce qui est somme toute simple --. 
                 " Les défauts sont donc 
                  amplifiés tandis que les qualités sont plutôt 
                  sous-estimées, ce qui permet d'arriver au constat qu'il 
                  y a des choses à faire et que le centre de dianétique 
                  a des choses à vous proposer. 
                 " (...) Et à partir de 
                  là, gens] sont tentés d'aller plus loin " 
                  . 
                 Dès lors, le processus de déstabilisation 
                  mentale est déjà commencé. Il franchit 
                  une étape supplémentaire lorsque l'intéressé 
                  va effectivement " plus loin " et accepte de se livrer 
                  à des " auditions " dianétiques : 
                 " J'ai fait cinq ou six heures 
                  d'audition. Dans ces auditions dites dianétiques(...), 
                  on vous fait fermer les yeux - un peu comme chez un psy - et 
                  on vous fait revivre les moments difficiles. Personnellement, 
                  j'ai parlé de mon premier amour d'adolescent - j'ai fait 
                  la même chose que ce que l'on fait devant un psy --, ce 
                  qui a entraîné chez moi une remontée émotionnelle 
                  qui m'a un peu perturbé. 
                 " Là, le mal était 
                  bel et bien fait car j'avais envie d'aller plus loin. (...) 
                  " . 
                 L'intéressé est effectivement 
                  " allé plus loin " , ce qui l'a conduit à 
                  un état d'aliénation et de dépendance extrêmes. 
                 Cette pratique, on le voit, est très 
                  insidieuse, car elle se pare d'un fondement scientifique et 
                  s'exerce avec l'accord de la victime, de façon progressive 
                  et dans un cadre parfaitement légal. 
                 Certains procédés sont, 
                  en revanche, nettement plus brutaux. Il s'agit, par exemple, 
                  d'affaiblir l'individu en lui imposant une discipline très 
                  rigoureuse, ou de réduire son esprit critique en l'astreignant 
                  à des actes ou des prières répétitifs 
                  afin d'obtenir sa complète obéissance. Les témoignages 
                  recueillis sur la journée type d'un adepte de l'Association 
                  internationale pour la conscience de Krishna, avec, notamment, 
                  ses onze heures de travail et ses six heures de dévotion 
                  par jour, l'attestent. 
                 Ces procédés peuvent 
                  même parfois conduire les adeptes à un état 
                  d'asthénie pathologique avancé. 
                 On constate également, bien 
                  que plus rarement, le recours à des techniques sophrologiques, 
                  pouvant aller jusqu'à l'hypnose profonde ou à 
                  la prescription de drogues, permettant de réaliser, pour 
                  reprendre l'expression du colonel Morin, un véritable 
                  " viol psychique " de l'adepte. 
                 Ces formes de déstabilisation 
                  mentale peuvent avoir de graves conséquences sur le psychisme 
                  de ceux auxquels elles ont été appliquées, 
                  telles que dépression, envoûtement, attitude schizophrénique 
                  ou profond état de dépendance. 
                 Certaines sectes ont, en outre, à 
                  l'égard de leurs adeptes, des exigences financières 
                  exorbitantes. 
                 Selon les Renseignements généraux, 
                  ce serait aujourd'hui le cas de 76 sectes. 
                 Il en est notamment ainsi de l'Eglise 
                  de Scientologie. Celle-ci facturerait, en effet, certains cours 
                  à plus de 70.000 francs. Plusieurs témoignages 
                  recueillis par la Commission montrent qu'elle aurait conduit 
                  de nombreux adeptes à une grave situation d'endettement. 
                 On peut citer également l'Association 
                  pour l'unification du christianisme mondial qui aurait demandé 
                  entre 7.000 et 14.000 francs à chacune des 72.000 personnes 
                  mariées collectivement par le Révérend 
                  Moon à Séoul au mois d'août dernier. 
                 L'exploitation financière serait 
                  aussi le fait, notamment, de l'Alliance Rose Croix, la Nouvelle 
                  Acropole, les Chevaliers du Lotus d'Or, l'Eglise universelle 
                  du royaume de Dieu, le Grand logis ou le Mouvement raëlien 
                  français. 
                 La rupture de l'adepte avec l'environnement 
                  d'origine est fréquemment constatée. Elle est 
                  évidente lorsqu'il s'agit de sectes pratiquant la vie 
                  en communauté, mais celles-ci ne sont pas les plus nombreuses. 
                  Elle est plus insidieuse mais tout aussi réelle dans 
                  le cadre de sectes dont les adeptes continuent, en apparence, 
                  de mener une vie familiale et sociale normale, mais dont l'engagement 
                  les conduit progressivement à cesser toute relation véritable 
                  avec le monde extérieur au mouvement dont ils sont membres. 
                  Et c'est précisément là le but auquel les 
                  dirigeants de sectes veulent parvenir, en incitant l'adepte 
                  à consacrer le plus possible de son temps à la 
                  secte, à ses rites et à ses croyances : faire 
                  cesser tout contact avec les personnes qui seraient susceptbiles 
                  d'insinuer le doute dans l'esprit de l'adepte, de réveiller 
                  son sens critique et, finalement, de le détourner de 
                  la secte. 
                 D'après les informations recueillies 
                  par votre commission, 57 mouvements spirituels présenteraient 
                  ce danger, notamment l'Alliance universelle, l'Eglise de scientologie, 
                  les Témoins de Jéhovah, IVI, la Famille ou le 
                  Mouvement humaniste. 
                 On se bornera, pour l'illustrer, à 
                  rappeler un témoignage communiqué par un ex-adepte 
                  des Témoins de Jéhovah : 
                 " (...) Si je me décide 
                  aujourd'hui à écrire, c'est pour casser le silence 
                  de vingt années maintenant de souffrance morale durant 
                  lesquelles à cause d'une secte, qui est (...) " 
                  la secte des Témoins de Jéhovah " , j'ai 
                  vécu l'enfer. 
                 " Les gens vivent en autarcie, 
                  ne participent en rien à la vie économique, culturelle 
                  ou autre d'un pays. Ils sont un danger parce qu'ils vous détruisent 
                  tout simplement ; vous écartent de votre famille, de 
                  vos amis, de la société même. Vous êtes 
                  isolés de tout, il y a un endoctrinement commun à 
                  tous les disciples et gare si vous essayez d'être vous-même. 
                  C'est interdit. " 
                ( Les pratiques de certaines sectes portent 
                  atteinte à l'intégrité physique des adeptes. 
                  Selon les renseignements qui ont été obtenus par 
                  votre commission, 82 sectes feraient courir un tel danger à 
                  leurs membres. 
                 Il peut s'agir de mauvais traitements, 
                  coups et blessures, séquestrations, non assistance à 
                  personne en danger ou exercice illégal de la médecine, 
                  mais aussi d'agressions sexuelles. 
                 Plusieurs plaintes ont ainsi été 
                  déposées contre le gourou du Mandarom, Gilbert 
                  Bourdin, pour viols, tentatives de viols et agressions sexuelles. 
                  L'intéressé a d'ailleurs été mis 
                  en examen et placé sous contrôle judiciaire en 
                  juin dernier. 
                 Il est bien connu qu'au sein de la 
                  secte Les Enfants de Dieu (aujourd'hui dissoute) la prostitution 
                  et l'inceste étaient couramment pratiqués. Voici, 
                  par exemple, comment la fille de David Berg, le fondateur du 
                  mouvement, raconte l'attitude de son père à son 
                  égard dans le " Shukan Bushun " du 30 juillet 
                  1992 : 
                 " Mon père m'a pressée 
                  pour la première fois d'avoir un rapport sexuel avec 
                  lui, quand j'avais huit ans, au Texas. J'ai résisté, 
                  néanmoins, j'ai été violée. Cela 
                  a été si brusque que j'en étais totalement 
                  bouleversée et incapable d'en parler à quiconque. 
                 " (...) Malheureusement, quand 
                  mon père était saisi par le désir sexuel, 
                  il ne pouvait pas se contrôler, même si l'objet 
                  de son désir était sa propre fille. 
                 " (...) Un jour, mon père 
                  rassembla les membres de la famille royale et annonça 
                  : " l'inceste est une bonne chose. C'est ainsi qu'Adam 
                  et Eve ont eu beaucoup de descendance " (...) " 
                Une autre adepte fait part, elle, de la 
                  pratique du " flirty fishing " consistant à 
                  prostituer des enfants " avec l'intention déterminée 
                  de gagner plus d'adeptes et d'acquérir des appuis " 
                  . 
                 Auto-dissoute en 1978, cette secte 
                  aurait été recréée sous une autre 
                  appellation ( " La Famille " ), sous laquelle existe 
                  effectivement aujourd'hui une association sectaire. 
                 Chacun garde enfin en mémoire 
                  les drames à grande échelle que furent, entre 
                  autres, les suicides collectifs du Guyana en 1979, qui ont fait 
                  923 victimes, ou de Waco en 1993, qui ont tué 88 personnes. 
                   
                     
                - Enfin, l'embrigadement des enfants serait 
                le fait de 28 mouvements.  
                
 Outre " la Citadelle " dont 
                  les exactions ont déjà été évoquées, 
                  pratiqueraient l'embrigadement des enfants sous une forme plus 
                  ou moins insidieuse, les Témoins de Jéhovah, l'Association 
                  pour l'unification du christianisme mondial, la Communauté 
                  de la Thébaïde, l'Eglise de Scientologie de Paris, 
                  l'Eglise kristique de la Jérusalem nouvelle, la Fédération 
                  française pour la conscience de Krishna, la Famille et 
                  le Grand Logis. 
                 Au-delà de ces effets négatifs 
                  sur des individus déterminés, les sectes peuvent 
                  également se révéler particulièrement 
                  nocives pour la collectivité dans son ensemble. 
                  b) Les dangers 
                  pour la collectivité 
                 Certaines sectes ont, en premier lieu, 
                  un discours clairement antisocial. 
                 Cela n'est d'ailleurs pas étonnant 
                  : les mouvements qui préconisent des pratiques contraires 
                  aux lois et à la morale commune doivent bien les justifier 
                  ; ils expliquent donc souvent à leurs adeptes que ces 
                  lois et cette morale sont mauvaises et que seuls les principes 
                  de la secte méritent d'être suivis. 
                 46 organisations auraient un discours 
                  antisocial selon les Renseignements généraux, 
                  parmi lesquelles les Chevaliers du lotus d'or, la Fédération 
                  française pour la conscience de Krishna, la Famille, 
                  le Suicide des rives, le Mouvement raëlien et l'Ordre du 
                  coeur immaculé de Marie et de Saint Louis de Montfort. 
                 Plusieurs organisations provoquent, 
                  d'autre part, des troubles à l'ordre public. 
                 Selon les indications fournies à 
                  votre commission par le ministère de l'intérieur, 
                  ce serait le cas de 26 sectes, parmi lesquelles les Témoins 
                  de Jéhovah, la Nouvelle Acropole, l'Eglise de Scientologie, 
                  la Fédération française pour la conscience 
                  de Krishna, le Suicide des rives et le Mouvement raëlien 
                  français. 
                 Les témoignages recueillis 
                  concernant la Nouvelle Acropole, assimilant la secte à 
                  un mouvement néo-fasciste, sont assez éloquents. 
                  En voici un extrait : 
                 " (..) Or, malheureusement, à 
                  la Nouvelle Acropole, au fur et à mesure que les années 
                  passent, les idées trépassent. C'est-à-dire 
                  que rentré dans une école de philosophie à 
                  la façade honnête, vous vous retrouvez très 
                  rapidement dans une secte aux visées politiques, au caractère 
                  extrême-droite et de type néo-fasciste, et si vous 
                  ne réagissez pas rapidement, vous risquez de vous retrouver 
                  en uniforme de style para-militaire (bleu-marine pour les femmes, 
                  noir pour les hommes et marron pour les officiers), le brassard 
                  au bras, l'étendard dans une main, chantant des chants 
                  guerriers au rythme de musiques militaires, puis baissant la 
                  tête, le genou à terre, saluant le bras levé 
                  un rapace dans un soleil !!! 
                 " (...) Ce sont de plus des ennemis 
                  déclarés de la démocratie, uniquement bonne 
                  aux lâches et aux faibles, aux dires des dirigeants de 
                  la Nouvelle Acropole. De plus, ils sont hostiles à toute 
                  forme d'opposition, et sont susceptibles de devenir très 
                  dangereux. Pour eux, la fin justifie les moyens (...) " 
                  . 
                 ( Certaines sectes sont coutumières 
                  des démêlés judiciaires, comme en témoignent 
                  les affaires évoquées plus haut. 
                 Toutefois, il convient de préciser 
                  que les rapports difficiles qu'entretiennent certaines sectes 
                  avec la justice peuvent prendre deux visages : les poursuites 
                  dont elles font l'objet en raison du caractère délictueux 
                  ou préjudiciable de leurs actes ; les actions qu'elles 
                  intentent elles-mêmes à l'égard des personnes 
                  qui ont, selon elles, terni leur image. 
                 A cet égard, la Commission 
                  a eu l'occasion de constater que la plupart des personnes auditionnées 
                  qui se sont publiquement exprimées sur les effets négatifs 
                  de certains mouvements sectaires ont été assignées 
                  en justice par ceux-ci pour diffamation. L'Eglise de Scientologie 
                  est, par exemple, très coutumière du fait. En 
                  général, les tribunaux déboutent les mouvements. 
                   
                     
                - On constate également de nombreux 
                cas de détournement des circuits économiques, de 
                telles pratiques étant le fait de 51 organismes, selon 
                les analyses des Renseignements généraux.  
                
 Il en serait ainsi de l'Association 
                  pour la recherche sur le développement holistique de 
                  l'homme, l'Association Nouvelle Acropole France, Athanor, le 
                  Centre de documentation d'information et de contact pour la 
                  prévention du cancer, la Clé de l'univers, l'Eglise 
                  de Scientologie, du Mouvement raëlien français ou 
                  de la Soka Gakkaï internationale France. 
                 On a vu, de fait, comment certaines 
                  sectes pouvaient avoir recours au travail clandestin ou à 
                  diverses formes de fraude ou d'escroquerie.  
                     
                - Par ailleurs, plusieurs personnes ont évoqué 
                devant la Commission les infiltrations ou tentatives d'infiltration 
                auxquelles se livreraient les sectes au sein des pouvoirs publics. 
                Dans le même sens, certains journalistes se sont attachés 
                depuis quelques années à démontrer l'influence 
                que pouvaient exercer certaines sectes - au premier chef l'Eglise 
                de Scientologie - dans l'appareil d'Etat.  
                
Votre commission, quant à elle, ne 
                  s'estime pas autorisée à faire état dans 
                  le présent rapport d'allégations portées 
                  à sa connaissance au cours de ses travaux mais dont elle 
                  n'a eu aucun moyen de vérifier le bien-fondé. 
                  Certains pourraient voir là de la naïveté 
                  et la juger déplacée face aux entreprises subtiles 
                  de groupes qui savent très habilement mettre en oeuvre 
                  les moyens leur permettant d'arriver à leurs fins. Il 
                  n'en est rien. Simplement, la Commission juge de son devoir 
                  de faire preuve de prudence et de refuser de rapporter des allégations 
                  dont les conséquences pourraient être d'une certaine 
                  gravité, sans pouvoir en apporter la moindre preuve. 
                  Pour autant, elle n'a pas manqué d'être alarmée 
                  par certains éléments qui lui ont été 
                  communiqués. Aussi attire-t-elle l'attention des responsables 
                  administratifs sur la nécessité, sans tomber dans 
                  la paranoïa, de faire preuve de la plus grande vigilance, 
                  de façon à éviter, au moins, que soient 
                  attribués des subventions ou des marchés à 
                  des sectes ou des organismes gravitant dans leur mouvance, par 
                  méconnaissance de leur nature exacte. 
                 Multiple, divers, complexe, le phénomène 
                  sectaire présente des dangers indéniables pour 
                  l'individu comme pour la société. Et ce, d'autant 
                  qu'ils peuvent prendre les formes les plus insidieuses. Aucune 
                  catégorie sociale ou professionnelle n'y échappe 
                  et si les jeunes paraissent davantage touchés, on trouve 
                  dans les sectes des personnes de tous âges. 
                 Une question essentielle se pose alors 
                  aujourd'hui : ces dangers tendent-ils à s'accroître 
                  depuis dix ans ? 
                 On ne peut guère apporter de 
                  réponse précise à cette question, car il 
                  est, en l'état actuel des choses, impossible de mesurer 
                  avec exactitude leur évolution dans l'ensemble des mouvements. 
                  Toutefois, les avis recueillis par la Commission de la part 
                  de plusieurs observateurs laissent penser que si les pratiques 
                  des sectes ne sont pas plus dangereuses aujourd'hui qu'hier, 
                  beaucoup plus de personnes en sont victimes. 
                 Dans ces conditions, il paraît 
                  particulièrement important de savoir, d'une part, si 
                  le dispositif juridique existant est suffisant pour y faire 
                  face et, d'autre part, ce que les pouvoirs publics peuvent faire 
                  pour mieux lutter contre ces dérives. 
                  III.- LA NECESSITE 
                  D'UNE RIPOSTE ADAPTEE A LA DANGEROSITé DES SECTES 
                 Si l'on cherche à analyser 
                  les causes de la difficulté que les pouvoirs publics 
                  éprouvent à enrayer les dérives sectaires, 
                  il apparaît que cette situation peut tenir à trois 
                  causes : soit les moyens de droit existants ne permettraient 
                  pas de les contrecarrer ; soit le dispositif juridique actuel 
                  est globalement adapté mais incomplet et ne permet donc 
                  que partiellement d'y faire face ; soit, enfin, il est suffisant, 
                  mais n'est pas appliqué de manière totalement 
                  satisfaisante. 
                 L'étude du dispositif juridique 
                  conduit votre commission à penser qu'il est globalement 
                  adapté aux problèmes posés par les sectes 
                  et ne nécessite pas, de ce fait, une réforme d'ensemble. 
                On constate néanmoins, comme on l'a 
                  vu plus haut, qu'il est souvent difficile de faire condamner 
                  des organismes qui ont eu un comportement délictuel. 
                 La réponse à ces problèmes 
                  passe donc par une attitude très pragmatique, fondée 
                  avant tout sur une forte action de prévention, une meilleure 
                  application de la loi et l'amélioration sur quelques 
                  points du dispositif juridique existant. 
                  A.- UN DISPOSITIF D'ENSEMBLE EQUILIBRE, QUI NE JUSTIFIE PAS DE REVOLUTION 
                  JURIDIQUE 
                 Tout mouvement spirituel, dans la 
                  mesure où il exprime des convictions religieuses ou, 
                  à tout le moins, des croyances, est protégé 
                  par le principe de la liberté de conscience. 
                 Cette liberté, qui se définit 
                  comme le pouvoir d'agir conformément aux indications 
                  de sa conscience, notamment en matière religieuse, est, 
                  rappelons-le, garantie par l'article 10 de la Déclaration 
                  des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, le 5e alinéa 
                  du préambule de la constitution de 1946, ainsi que par 
                  l'article 2 de la constitution de 1958. 
                 Elle est également consacrée, 
                  de façon encore plus précise, par plusieurs conventions 
                  internationales auxquelles la France est partie. Ainsi en est-il 
                  de l'article 9 de la Convention européenne de sauvegarde 
                  des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, 
                  ratifiée par la France en 1973 et de l'article 18 du 
                  pacte international relatif aux droits civils et politiques 
                  de 1966, entré en vigueur en France en 1981. 
                 Tout mouvement spirituel jouit, d'autre 
                  part, de la liberté de réunion garantie par la 
                  loi du 30 juin 1881, ainsi que de la liberté d'association, 
                  prévue par l'article 2 de la loi du 1er juillet 1901 
                  relative au contrat d'association. 
                 Ces trois libertés ne peuvent 
                  toutefois s'exercer que dans certaines limites. 
                 D'abord, celle du respect de l'ordre 
                  public, c'est-à-dire, au sens large, la tranquillité, 
                  la sécurité, la salubrité et la moralité 
                  publiques. Ainsi, l'article 3 de la loi du 1er juillet 1901 
                  précitée dispose que " toute association 
                  fondée sur une cause ou en vue d'un objet illicite, contraire 
                  aux lois, aux bonnes moeurs, ou qui aurait pour but de porter 
                  atteinte à l'intégrité du territoire national 
                  et à la forme républicaine du Gouvernement, est 
                  nulle et non avenue " . Ainsi, dans un arrêt du 14 
                  mai 1982 (Association internationale pour la conscience de Krishna), 
                  le Conseil d'Etat a-t-il estimé que les seules restrictions 
                  susceptibles d'être apportées à l'exercice 
                  du culte krishnaïte pouvaient être tirées 
                  du respect de la tranquillité publique et de la nécessité 
                  de garantir les dispositions en matière d'hygiène 
                  et de sécurité dans les établissements 
                  recevant du public. 
                 Deuxièmement, celle du respect 
                  de la liberté et des droits d'autrui, car, comme l'affirme 
                  l'article 4 de la Déclaration des droits de l'Homme et 
                  du citoyen de 1789 : " la liberté consiste à 
                  faire tout ce qui ne nuit pas à autrui " . Ainsi, 
                  par exemple, il ressort de la réponse apportée 
                  par le ministre de l'Intérieur à deux questions 
                  écrites de M. Alain Vivien, que poursuit une action de 
                  caractère délictuel, en infraction avec la loi 
                  no 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, 
                  aux fichiers et aux libertés, la secte qui, par le biais 
                  d'enquêtes ou de sondages sur l'usage des tranquillisants, 
                  adresse à ses adhérents et à des tiers 
                  non adhérents des questionnaires comportant des demandes 
                  de renseignements sur l'identité, le domicile, le profession 
                  ou les coordonnées téléphoniques des personnes 
                  interrogées et des personnalités connues de ces 
                  dernières, du monde politique, médiatique, artistique, 
                  judiciaire ou financier (Rep. quest. écrites min. int. 
                  n. 8465 et 8467 : JOAN ] 10 avril 1989, p. 1691). 
                 Enfin, celle du respect du principe 
                  de laïcité, sur lequel repose la séparation 
                  des Eglises et de l'Etat décidée par la loi du 
                  9 décembre 1905, ainsi que sur la neutralité de 
                  celui-ci vis-à-vis des cultes. L'article 9 de cette loi 
                  dispose, en effet, rappelons-le, que " la République 
                  ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte 
                  " . 
                 Fondé sur un équilibre 
                  entre, d'une part, les libertés de conscience, de réunion 
                  et d'association et, d'autre part, le respect de l'ordre public, 
                  des droits et libertés d'autrui et de la laïcité 
                  de la République, le régime des cultes permet 
                  donc, tout en assurant l'expression de toutes les croyances, 
                  de faire face aux dangers sectaires. 
                  1.- Un régime 
                  qui, tout en garantissant la liberté de religion, permet 
                  de réprimer les abus des mouvements sectaires 
                 Si les mouvements spirituels disposent 
                  des moyens juridiques pour exister et se développer, 
                  la loi prévoit un arsenal important permettant de sanctionner 
                  les abus qui pourraient être commis sous couvert de l'exercice 
                  de la liberté religieuse. 
                 a) Les mouvements 
                  spirituels disposent de plusieurs cadres légaux pour 
                  s'exprimer 
               - Ces mouvements peuvent, en premier lieu, 
                s'organiser en association non déclarée.  
                
 Les associations non déclarées 
                  peuvent, selon l'article 4 de la loi du 1er juillet 1901 , recueillir 
                  des cotisations. Elles peuvent aussi créer un fonds commun 
                  destiné à faire face aux dépenses de l'association, 
                  ouvrir un compte de chèques postaux et passer des contrats 
                  de travail. 
                 Elles ne font l'objet d'aucun contrôle 
                  administratif spécifique. 
                 Le fait de ne pas être déclarées 
                  les empêche, en revanche, de jouir de la capacité 
                  juridique. Il s'ensuit qu'elles ne peuvent acquérir ni 
                  posséder un patrimoine immobilier, ni ester en justice. 
                 Il est très difficile de savoir 
                  combien de mouvements sectaires optent pour ce statut, qui ne 
                  suppose aucune forme de publicité, mais ils sont vraisemblablement 
                  peu nombreux.  
                     
                - Le cadre juridique semble-t-il le plus utilisé 
                par les sectes est celui des associations déclarées 
                prévu par la loi du 1er juillet 1901.  
                
 Pour bénéficier de ce 
                  statut, il suffit, en application de l'article 5 de cette loi, 
                  de : 
                 - faire une déclaration à 
                  la préfecture du département ou à la sous-préfecture 
                  de l'arrondissement où l'association a son siège 
                  social, mentionnant " le titre et l'objet de l'association, 
                  le siège de ses établissements et les noms, professions, 
                  domiciles et nationalités de ceux qui, à un titre 
                  quelconque, sont chargés de son administration ou de 
                  sa direction " ; 
                 - y joindre deux exemplaires des statuts 
                  ; 
                 - rendre publique l'association dans 
                  un délai d'un mois par insertion au " Journal officiel 
                  " d'un extrait contenant la date de la déclaration, 
                  le titre et l'objet de l'association, ainsi que l'indication 
                  de son siège social. 
                 Dotées de la capacité 
                  juridique, ces associations peuvent, outre exercer les droits 
                  reconnus aux associations non déclarées, notamment 
                  : 
                 - acquérir, posséder 
                  et administrer les cotisations de leurs membres, le local destiné 
                  à leur administration et à la réunion de 
                  leurs membres et les immeubles strictement nécessaires 
                  à l'accomplissement du but qu'elles se proposent ; 
                 - posséder des meubles corporels 
                  et incorporels, ainsi qu'être titulaire d'un droit au 
                  bail relatif à un immeuble d'habitation ; 
                 - recevoir des dons manuels, des libéralités 
                  des établissements d'utilité publique, ainsi que 
                  des subventions publiques de l'Etat, des régions, des 
                  départements, des communes et des établissements 
                  publics ; 
                 - retirer rétribution de services 
                  rendus ; 
                 - ester en justice. 
                 En contrepartie, elles peuvent être 
                  soumises au contrôle fiscal (article 1999 du code général 
                  des impôts) et à celui de l'inspection du travail 
                  (article 143.5 du code du travail), possibilités dont 
                  on peut d'ailleurs regretter qu'elles ne soient pas davantage 
                  utilisées. 
                 D'autre part, elles ne peuvent - à 
                  l'exception de celles qui sont reconnues d'utilité publique 
                  et de celles qui ont pour but exclusif l'assistance, la bienfaisance, 
                  la recherche scientifique ou médicale - recevoir des 
                  donations ou des legs. 
                 Très facile à obtenir, 
                  le statut d'association déclarée offre beaucoup 
                  de droits tout en imposant peu de contraintes. Aussi, la plupart 
                  des sectes l'adoptent-elles.  
                     
                - Beaucoup moins nombreux sont les mouvements 
                religieux qui jouissent du statut d'association cultuelle.  
                
 Ce régime est défini 
                  par la loi du 9 décembre 1905 relatif à la séparation 
                  des Eglises et de l'Etat. 
                 La création des associations 
                  cultuelles est soumise, outre aux conditions prévues 
                  pour les associations déclarées, à certaines 
                  autres obligations particulières. Ainsi doivent-elles 
                  avoir pour objet exclusif l'exercice d'un culte et être 
                  composées d'au moins sept personnes dans les communes 
                  de moins de 1.000 habitants, de quinze personnes dans les communes 
                  de 1.000 à 20.000 habitants et de 25 personnes majeures 
                  dans les communes de plus de 20.000 habitants. 
                 Elles bénéficient de 
                  tous les droits accordés aux associations déclarées, 
                  hormis celui de recevoir des subventions de l'Etat, des départements 
                  et des communes, en raison du principe de séparation 
                  entre les Eglises et l'Etat. 
                De plus, elles peuvent recevoir, outre le 
                  produit des quêtes et collectes pour les frais du culte 
                  et des rétributions pour les cérémonies 
                  et services religieux, des libéralités testamentaires 
                  et entre vifs (article 19, alinéa 4 de la loi du 9 décembre 
                  1905). Toutefois, cette possibilité est soumise à 
                  une autorisation délivrée par arrêté 
                  préfectoral quand la valeur de la libéralité 
                  est inférieure ou égale à 5 millions de 
                  francs et par décret en Conseil d'Etat lorsqu'elle dépasse 
                  ce montant. 
                 D'autre part, en application des articles 
                  200 et 238 bis du code général des impôts, 
                  leurs bienfaiteurs peuvent déduire de l'impôt sur 
                  le revenu ou de l'impôt sur les sociétés, 
                  dans une certaine limite, un pourcentage des libéralités 
                  qui leur sont accordées. 
                 Il convient enfin d'observer que, 
                  au titre de l'article 24 de la loi du 9 décembre 1905, 
                  les édifices affectés à l'exercice du culte 
                  appartenant à l'Etat, aux départements ou aux 
                  communes, sont exemptés de l'impôt foncier et que 
                  les ministres des cultes peuvent être affiliés, 
                  en application de l'article L.721.1 du code de la sécurité 
                  sociale, à un régime spécial de sécurité 
                  sociale. 
                 Enfin, ces associations font l'objet 
                  d'un contrôle financier par l'administration de l'enregistrement 
                  et par l'inspection générale des finances. 
                 Peu de sectes se sont vu reconnaître 
                  ce statut jusqu'à présent. 
                 Certaines se déclarent elles-mêmes 
                  associations cultuelles, y compris dans leur intitulé. 
                  C'est le cas par exemple de l' " association cultuelle 
                  des Témoins de Jéhovah " et de la secte du 
                  Mandarom, qui s'est qualifiée en 1991 d' " association 
                  cultuelle du temple pyramide de l'unité des religions 
                  " . Mais cela ne signifie pas pour autant qu'elles se sont 
                  vu reconnaître cette qualité par l'administration. 
                  D'ailleurs, en l'espèce, elles ne bénéficient 
                  pas de ce statut. 
                 C'est la jurisprudence administrative 
                  qui a précisé les contours de la notion d'association 
                  cultuelle, en en donnant une définition restrictive. 
                 Sa conception de l'objet cultuel l'a 
                  ainsi conduite à refuser ce statut à l'Union des 
                  athées (CE, Union des athées, 17/06/1988), alors 
                  que la Commission européenne des droits de l'Homme considère, 
                  elle, que cette association pouvait, par une analogie des contraires, 
                  être considérée comme cultuelle. Par ailleurs, 
                  le Conseil d'Etat a jugé que l'édition et la vente 
                  de livres religieux (CE, Association Fraternité des Serviteurs 
                  du Monde Nouveau, 21/01/1983) ou une activité éducative, 
                  sociale et culturelle, fût-elle le prolongement d'une 
                  activité cultuelle (CE, 20/10/1990, Association cultuelle 
                  de l'Eglise apostolique arménienne de Paris), ne pouvaient 
                  être considérées comme des activités 
                  cultuelles. 
                 D'autre part, le Conseil d'Etat a 
                  refusé de reconnaître le statut d'association cultuelle 
                  aux Témoins de Jéhovah dans un arrêt d'assemblée 
                  du 1er février 1985 (CE, 1/02/1985, Association Chrétienne 
                  des Témoins de Jéhovah), considérant que 
                  cette association n'avait pas une activité conforme à 
                  l'ordre public et à l'intérêt national. 
                 L'absence de motivations précises 
                  de cette dernière décision a d'ailleurs suscité 
                  des critiques d'une part de la doctrine, notamment du Professeur 
                  Jacques Robert, qui a estimé qu'elle devrait conduire 
                  l'administration à saisir le Procureur de la République 
                  pour faire constater la nullité de ladite association 
                  par le tribunal de Grande Instance, conformément aux 
                  dispositions des articles 3 et 7 de la loi du 1er juillet 1901, 
                  et qu'une telle restriction à la liberté des cultes 
                  aboutissait à la reconstitution des cultes reconnus, 
                  situation à laquelle la loi du 9 décembre 1905 
                  entendait précisément mettre un terme. 
                 Toujours est-il que c'est en fonction 
                  de ces critères jurisprudentiels que le statut d'association 
                  cultuelle est accordé par l'administration. Encore ne 
                  l'est-il d'ailleurs que de façon indirecte par le bureau 
                  des cultes ou les préfectures à l'occasion d'une 
                  demande visant à bénéficier des avantages 
                  prévus par l'article 19, alinéa 4 de la loi du 
                  9 décembre 1905 (libéralités) ou des articles 
                  200 et 238 bis du code général des impôts 
                  (déductions d'impôts). Compte tenu de la multiplication 
                  des associations qui se présentent comme l'expression 
                  de nouveaux mouvements religieux et susceptibles de demander 
                  à bénéficier du statut d'association cultuelle, 
                  il n'est pas certain que ces administrations disposent à 
                  elles seules des moyens de statuer en toute connaissance de 
                  cause sur de telles demandes.  
                     
                - Certains mouvements religieux exercent leurs 
                activités dans le cadre de congrégations.  
                
 Il existe actuellement en France environ 
                  500 congrégations, dont la moitié a été 
                  reconnue depuis 1970. La quasi totalité relève 
                  de la religion catholique, mais on compte parmi elles quatre 
                  orthodoxes, six bouddhistes et une protestante. 
                 Leur régime juridique est organisé 
                  par le titre III de la loi du 1er juillet 1901. Ce texte prévoit 
                  qu'elles sont reconnues par décret pris sur avis conforme 
                  du Conseil d'Etat et leur accorde les mêmes avantages 
                  que ceux conférés aux associations cultuelles. 
                 Mais la loi ne donne pas de définition 
                  de la congrégation et la jurisprudence est extrêmement 
                  rare sur ce point. 
                 En tout état de cause, selon 
                  le bureau des cultes du ministère de l'Intérieur, 
                  peu de sectes ont demandé à bénéficier 
                  de ce statut. Une requête a été formulée 
                  en ce sens par le Mandarom de Castellane (Chevaliers du Lotus 
                  d'or) dans la période récente, mais elle a été 
                  rejetée.  
                     
                - D'autres sectes recourent également, 
                directement ou indirectement, au statut de sociétés. 
                 
                
 Il en est ainsi, par exemple, de l'Eglise 
                  de Scientologie qui diffuse sa doctrine au travers de multiples 
                  sociétés de formation et de services. 
                 S'applique alors le régime 
                  de droit commun de la forme juridique de la société 
                  créée.  
                     
                - Il convient, enfin, de mentionner l'existence 
                de divers régimes spéciaux.  
                
 Il s'agit, en fait, de particularismes 
                  juridiques propres à certains départements et 
                  dont l'existence tient à des raisons historiques. 
                C'est le cas notamment du régime 
                  des cultes d'Alsace-Moselle, fondé sur un statut de concordat. 
                  Il est caractérisé principalement par le maintien 
                  de la distinction entre cultes reconnus et cultes non reconnus, 
                  la gestion des cultes reconnus par des établissements 
                  publics, la rémunération des prêtres, certaines 
                  obligations financières, des avantages fiscaux particuliers 
                  et un contrôle plus étroit par l'administration. 
                 C'est le cas également du régime 
                  des missions religieuses dans les territoires d'outre-mer et 
                  à Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que du régime 
                  départemental confessionnel propre à la Guyane. 
                Si les mouvements spirituels bénéficient 
                  donc de plusieurs cadres juridiques pour s'exprimer, la loi 
                  permet cependant de réprimer les abus auxquels certains 
                  peuvent se livrer. 
                   b) Un 
                  arsenal juridique important permet de sanctionner les " 
                  dérives " sectaires 
                 Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner, 
                  pour chaque type de danger sectaire identifié par l'étude 
                  des Renseignements généraux, les moyens juridiques 
                  à la disposition des victimes et des pouvoirs publics 
                  pour s'y opposer.  
                     
                - Pour des raisons évidentes, la répression 
                des pratiques de déstabilisation mentale est particulièrement 
                délicate. Cela étant, un certain nombre de dispositions 
                peuvent être utilisées pour y parvenir. On peut notamment 
                citer :  
                
 - l'article 31 de la loi du 9 décembre 
                  1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat, 
                  punissant " de la peine d'amende prévue pour les 
                  contraventions de la 5ème classe et d'un emprisonnement 
                  de dix jours à un mois, ou de l'une de ces deux peines 
                  seulement, ceux qui, soit par voies de fait, violences ou menaces 
                  contre un individu, soit en lui faisant craindre de perdre son 
                  emploi ou d'exposer à un dommage sa personne, sa famille 
                  ou sa fortune, l'auront déterminé à exercer 
                  ou à s'abstenir d'exercer un culte, à faire partie 
                  ou à cesser de faire partie d'une association cultuelle, 
                  à contribuer ou à s'abstenir de contribuer aux 
                  frais d'un culte. " 
                - les sanctions prévues à 
                  l'encontre des appels téléphoniques malveillants 
                  ou des agressions sonores réitérés en vue 
                  de troubler la tranquillité d'autrui (art. 222.16 du 
                  nouveau code pénal) ; 
                 - les peines réprimant les 
                  outrages aux bonnes moeurs, les attentats aux moeurs et le harcèlement 
                  sexuel (art. 283 et suivants et art. 330 et suivants du code 
                  pénal ; art. 227.23 et suivants, 222.32, 222.33 et 227.25 
                  et suivants du nouveau code pénal) ; 
                 - les dispositions pénales 
                  concernant le trafic des stupéfiants (art. 222.34 et 
                  suivants du nouveau code pénal), dans l'hypothèse 
                  où une secte inciterait ses adeptes à la consommation 
                  de drogues ; 
                - les peines relatives à l'exercice 
                  illégal de la médecine (art. L-372 et suivants 
                  du code de la santé publique) ; 
                Mais votre Commission constate - pour le 
                  regretter - qu'il n'est guère fait recours à ces 
                  dispositions dans le cadre de la lutte contre les dérives 
                  sectaires. 
                 En outre, à côté 
                  de ces dispositions traditionnelles, le nouveau code pénal 
                  en application depuis mars 1994 comporte une incrimination nouvelle 
                  susceptible de constituer un moyen juridique supplémentaire 
                  pour lutter contre les pratiques de certains mouvements sectaires. 
                  Il s'agit de l'article 313-4, aux termes duquel " l'abus 
                  frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de 
                  faiblesse, soit d'un mineur, soit d'une personne dont la particulière 
                  vulnérabilité due à son âge, à 
                  une maladie, à une déficience physique ou psychique 
                  ou à un état de grossesse, est apparente ou connue 
                  de son auteur, pour obliger ce mineur ou cette personne vulnérable 
                  à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement 
                  préjudiciables, est puni de trois ans d'emprisonnement 
                  et de 2.5000.000 F d'amende. " . Entièrement nouveau, 
                  - de même que les articles 225-13 et 225-14 qui seront 
                  évoqués plus loin à l'occasion de l'examen 
                  des moyens de lutter contre les escroqueries et abus de confiance 
                  - cet article, sans être spécifique aux sectes, 
                  semble être d'un intérêt particulier pour 
                  réprimer des faits de déstabilisation mentale 
                  perpétrés par des sectes destructrices qui passaient 
                  précédemment entre les mailles du filet du droit 
                  pénal. Votre Commission ne peut donc qu'émettre 
                  le souhait que les juges fassent usage de l'article 313-4 chaque 
                  fois que cela permettra de sanctionner des actes répréhensibles 
                  commis par des sectes. 
                 Enfin, mais il ne s'agit plus là 
                  de répression, le code civil comporte des dispositions 
                  relatives à la protection des majeurs, qui peuvent trouver 
                  à s'appliquer dans certains cas de profonde déstabilisation. 
                  Ainsi, la loi protège-t-elle " le majeur qu'une 
                  altération de ses facultés personnelles met dans 
                  l'impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts 
                  " ou celui qui, " par sa prodigalité, son intempérance 
                  ou son oisiveté, s'expose à tomber dans le besoin 
                  ou compromet l'exécution de ses obligations familiales 
                  " (art. 489 du code civil). Il en est également 
                  ainsi " lorsque les facultés mentales sont altérées 
                  par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement 
                  dû à l'âge " (art. 490 du code civil). 
                  Un régime de sauvegarde de justice (art. 491 et suivants), 
                  de tutelle (art. 492 et suivants), ou de curatelle (art. 508 
                  et suivants) peut alors être appliqué.  
                     
                - Pour battre en brèche les exigences 
                financières exorbitantes de certaines sectes, on dispose 
                :  
                
 - des articles du code pénal 
                  et du nouveau code pénal punissant le vol (art. 379 et 
                  suivants du code pénal et 311.1 et suivants du nouveau 
                  code pénal), l'escroquerie (art. 405 du code pénal 
                  et 313.1 du nouveau code pénal) et l'abus de confiance 
                  (art. 406 et suivants du code pénal et 314.1 et suivants 
                  du nouveau code pénal) ; 
                 - des sanctions existant en matière 
                  de publicité fausse ou trompeuse (loi no 73.1193 du 27 
                  décembre 1973, art. 44 ; loi no 78.23 du 10 janvier 1978, 
                  art. 30) ; 
                 - de la réglementation des 
                  quêtes sur la voie publique (circulaire du 21 juillet 
                  1987 relative à l'appel à la générosité 
                  publique) ; 
                 - des articles 225.13 ( " Le 
                  fait d'obtenir d'une personne, en abusant de sa vulnérabilité 
                  ou de sa situation de dépendance, la fourniture de services 
                  non rétribués ou en échange d'une rétribution 
                  manifestement sans rapport avec l'importance du travail accompli 
                  est puni de deux ans d'emprisonnement et de 500.000 F d'amende 
                  " ) et 225.14 ( " Le fait de soumettre une personne, 
                  en abusant de sa vulnérabilité ou de sa situation 
                  de dépendance à des conditions de travail ou d'hébergement 
                  incompatibles avec la dignité humaine est puni de deux 
                  ans d'emprisonnement et de 500.000 F. d'amende " ) du nouveau 
                  code pénal, qui permettent de sanctionner des formes 
                  d'exploitation financières directes ou indirectes manifestes. 
                  On ne peut que souhaiter que ces dispositions nouvelles reçoivent 
                  une application fréquente de façon à lutter 
                  efficacement contre l'exploitation financière des adeptes 
                  par les sectes.  
                     
                - Plusieurs moyens permettent de faire face 
                aux ruptures avec l'environnement d'origine :  
                
 - les obligations imposées 
                  par le code civil aux époux (art. 212 et suivants du 
                  code civil). On citera notamment l'article 215, qui précise 
                  que " les époux s'obligent mutuellement à 
                  une communauté de vie " et que " la résidence 
                  de la famille est au lieu qu'ils choisissent d'un commun accord 
                  " , ainsi que l'article 220.1, qui prévoit que " 
                  si l'un des époux manque gravement à ses devoirs 
                  et met ainsi en péril les intérêts de la 
                  famille, le juge aux affaires familiales peut prescrire toutes 
                  les mesures urgentes que requièrent ces intérêts 
                  " ; 
                 - les obligations parentales fixées 
                  par ce même code et les sanctions prévues par celui-ci 
                  dans les cas où elles ne sont pas respectées : 
                  déchéance (art. 378 et suivants), perte ou privation 
                  provisoire de l'autorité parentale (art. 373 et suivants) 
                  ; 
                 - l'article 371.4 du code civil, disposant 
                  que " les père et mère ne peuvent, sauf motifs 
                  graves, faire obstacle aux relations personnelles de l'enfant 
                  avec ses grands parents " et qu'en considération 
                  de situations exceptionnelles, le " juge aux affaires familiales 
                  " peut accorder un droit de correspondance ou de visite 
                  à d'autres personnes, parents ou non ; 
                 - les peines en matière de 
                  délaissement de mineur, d'abandon de famille, d'atteintes 
                  à l'exercice de l'autorité parentale ou à 
                  la filiation ou de mise en péril des mineurs (articles 
                  227.1 et suivants du nouveau code pénal).  
                     
                - De nombreuses dispositions permettent de 
                sanctionner les atteintes à l'intégrité physique, 
                qu'il s'agisse :  
                
 - d'enlèvements et séquestrations 
                  (art. 341 et suivants et 354 et suivants du code pénal 
                  ; art. 224.1 et suivants du nouveau code pénal) ; 
                 - de coups et blessures (art. 309 
                  et suivants du code pénal ; art. 222.7 et suivants du 
                  nouveau code pénal) ; 
                 - de tortures (art. 303 du code pénal 
                  ; art. 222.1 et suivants du nouveau code pénal) ; 
                 - de non assistance à personne 
                  en danger (art. 63 du code pénal ; art. 223.6 et suivants 
                  du nouveau code pénal) ; 
                 - d'homicide (art. 296 et suivants 
                  du code pénal ; art. 221.1 et suivants du nouveau code 
                  pénal) ; 
                 - de viol (art. 332 et suivants du 
                  code pénal ; art. 222.23 et suivants du nouveau code 
                  pénal) et d'agressions sexuelles (art. 222.22 et suivants 
                  du nouveau code pénal) ; 
                 - de prostitution et de proxénétisme 
                  (art. 334 et suivants du code pénal ; art. 225.5 et suivants 
                  et R.625.8 du nouveau code pénal) ; 
                 - d'incitation à la débauche 
                  et de corruption de mineurs (art. 334.2 du code pénal 
                  ; art. 227.22 du nouveau code pénal) ; 
                 - des dangers menaçant la santé, 
                  la sécurité ou la moralité d'un mineur 
                  non émancipé ou les conditions de son éducation 
                  (art. 375 et suivants du code civil, permettant à la 
                  justice d'ordonner des mesures d'assistance éducative). 
                   
                     
                - S'agissant de l'embrigadement des enfant, 
                outre les dispositions précitées permettant de s'opposer 
                aux ruptures avec l'environnement d'origine, il peut être 
                fait application des règles concernant l'obligation scolaire 
                (loi du 28 mars 1882, ordonnance no 59.45 du 6 janvier 1959 et 
                décret no 66.104 du 18 février 1966 sur l'obligation 
                scolaire et décret no 59.39 du 2 janvier 1959 sur les bourses) 
                et des sanctions pour détournement de mineur (art. 354 
                et suivants du code pénal ; art. 227.7 et suivants du nouveau 
                code pénal). 
 
                   
               - Les principes de liberté de pensée 
                et d'expression empêchent évidemment que les sectes 
                qui développent un discours anti-social puissent être 
                inquiétées pour ce motif, pouvant seuls être 
                sanctionnés, les cas échéant, les actes de 
                diffamation ou d'injure à l'égard des institutions 
                publiques ou de leurs représentants (art. 30 et suivants 
                de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse 
                ; article 1er de la loi du 11 juin 1887 concernant la diffamation 
                et l'injure commises par les correspondances postales ou télégraphiques 
                circulant à découvert) ; 
 
                   
               - En matière de troubles à l'ordre 
                public, le dispositif est à la fois préventif et 
                répressif.  
                
 Concernant les mesures préventives, 
                  il s'agit de l'ensemble des dispositions qui permettent de garantir 
                  la sécurité, la tranquilité, la santé 
                  et la morale publiques. On peut citer, par exemple, les règles 
                  de sécurité dans les établissements recevant 
                  du public (art. R 123-1 et suivants du code de la construction 
                  et de l'habitation), dans les établissements privés 
                  d'enseignement (loi du 15 mars 1850 sur l'enseignement, loi 
                  du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'enseignement primaire, 
                  loi no 59-1557 du 31 décembre 1959 sur les rapports entre 
                  l'Etat et les établissements d'enseignement privé, 
                  décret no 60-389 du 22 avril 1960, relatif aux contrats 
                  d'association à l'enseignement public passé par 
                  les établissements d'enseignement privé), ou la 
                  réglementation de la publicité en faveur de matériels 
                  et procédés thérapeutiques (art. L 551 
                  et suivants et R 5055 et suivants du code de la santé 
                  publique). On peut noter à cet égard que l'appréciation 
                  du trouble à l'ordre public ne paraît pas toujours 
                  très sévère à l'égard des 
                  sectes, en comparaison de la façon dont elle est portée 
                  à l'étranger, comme en témoigne le fait 
                  que le révérend Moon a récemment pu tenir 
                  une conférence dans notre pays alors que l'autorisation 
                  lui en a été refusée dans plusieurs pays 
                  européens. 
                 En matière répressive, 
                  on peut évoquer, entre autres, outre le principe général 
                  de l'article 3 de la loi du 1er juillet 1901 précité, 
                  l'article 7 de cette même loi, fixant les modalités 
                  de dissolution des associations fondées sur une cause 
                  ou en vue d'un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes 
                  moeurs ou qui aurait pour but de porter atteinte à l'intégrité 
                  du territoire national et à la forme républicaine 
                  du Gouvernement, son titre V régissant la police des 
                  cultes ou les dispositions permettant la dissolution des groupes 
                  de combat et milices privées (loi du 10 janvier 1936 
                  relative aux groupes de combat et milices privées, art. 
                  1er).  
                     
                - Concernant les démélés 
                judiciaires, il convient, comme on l'a vu, de distinguer deux 
                cas :  
                
 - les poursuites dont certaines sectes 
                  font l'objet en raison du caractère délictueux 
                  ou préjudiciable de leurs actes, qui, tout en révélant 
                  un danger, sont elles-mêmes une sanction ; 
                 - les actions qu'elles intentent à 
                  l'égard des personnes qui ont, selon elles, terni leur 
                  image, contre lesquelles celles-ci peuvent faire valoir, selon 
                  les cas, le délit de diffamation ou d'injure (art. 30 
                  et suivants de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté 
                  de la presse), les atteintes à la personnalité 
                  (atteintes à la vie privée (art. 226-1 et suivants 
                  du nouveau code pénal) ; atteintes au secret (art. 226-13 
                  et suivants de ce code) ; dénonciation calomnieuse (art. 
                  226-10 et suivants de ce code) ; atteintes aux droits de la 
                  personne résultant des fichiers informatiques (art. 226-16 
                  et suivants de ce code), ou celles relatives au secret des correspondances 
                  (art. 226.15 de ce code) ou à l'inviolabilité 
                  du domicile (art. 226-4 et suivants de ce code)), ainsi que 
                  l'article 700 du nouveau code de procédure civile (condamnation 
                  aux dépens ou aux frais exposés non compris dans 
                  les dépens). 
               - Les détournements des circuits économiques 
                peuvent être sanctionnés notamment par la direction 
                générale des impôts et la direction générale 
                des douanes, pour les violations des règles du droit fiscal, 
                l'inspection du travail, pour les infractions au code du travail, 
                les différents services de sécurité sociale, 
                pour non respect du code de la sécurité sociale. 
                Comme cela a déjà été signalé, 
                votre Commission regrette toutefois le trop faible nombre des 
                contrôles opérés, par manque de moyens et/ou 
                en raison d'une insuffisante sensibilisation des services concernés 
                aux problèmes posés par les sectes.  
                
 Le droit français offre donc, 
                  on le voit, beaucoup de moyens - d'autant que la liste ci-dessus 
                  n'est pas exhaustive - pour parer aux différents dangers 
                  présentés par certains mouvements sectaires. Force 
                  est de constater cependant que les dispositions évoquées 
                  ci-dessus ne sont que - trop- rarement utilisées pour 
                  réprimer les actes répréhensibles commis 
                  par certaines sectes. Le problème n'est donc pas tant 
                  de réformer un dispositif que votre Commission estime 
                  globalement adapté à la lutte contre les dérives 
                  sectaires que de l'appliquer avec la détermination nécessaire. 
                  2.- Une réforme 
                  radicale ne paraît pas souhaitable 
                 Un certain nombre de personnes engagées 
                  à un titre ou à un autre dans la lutte contre 
                  les dangers que présente le phénomène sectaire 
                  considèrent que le dispositif juridique actuel devrait 
                  être profondément réformé. Les réflexions 
                  menées en ce domaine prennent deux directions différentes, 
                  les uns estimant nécessaire d'élaborer un régime 
                  juridique spécifique aux sectes, les autres étant 
                  favorables à la reconnaissance des sectes comme religions 
                  à part entière. Sans méconnaître 
                  l'intérêt de ces démarches, votre commission 
                  est parvenue à la conclusion qu'il ne serait ni utile 
                  ni opportun de bouleverser notre édifice juridique. 
                   a) L'inopportunité 
                  d'un régime juridique spécifique aux sectes 
                 Créer un régime juridique 
                  propre aux sectes pour répondre aux dangers spécifiques 
                  qu'elles présentent peut paraître a priori une 
                  idée séduisante. 
                 En effet, plusieurs arguments militent 
                  en ce sens. 
                 En premier lieu, il est vrai que le 
                  phénomène sectaire a des caractéristiques 
                  intrinsèques : la séparation avec les religions 
                  traditionnelles, la fréquente présence d'un gourou 
                  ou les fortes contraintes souvent imposées aux adeptes 
                  en témoignent. D'où l'idée qu'à 
                  ce phénomène singulier devrait correspondre un 
                  cadre juridique propre. 
                 D'autre part, il s'agit, on l'a vu, 
                  d'un phénomène qui tend à s'amplifier et 
                  dont les formes changent. Il pourrait donc, là encore, 
                  justifier une adaptation du droit. 
                 Troisièmement, il présente 
                  des dangers importants et multiples justifiant une action de 
                  plus grande ampleur des pouvoirs publics, ce qui passe le plus 
                  souvent par la mise en place de dispositifs juridiques nouveaux. 
                 Certains spécialistes considèrent, 
                  en outre, que notre arsenal juridique n'est pas parfaitement 
                  bien adapté aux problèmes posés par les 
                  sectes. Ainsi, par exemple, le colonel Morin développe-t-il 
                  la thèse, exposée notamment dans Sectarus, selon 
                  laquelle le droit français ne permet pas de réprimer 
                  le viol psychique et déplore cette lacune. 
                 Voici, par ailleurs, comment l'UNADFI, 
                  dans le numéro 36 (4ème trimestre de 1992) de 
                  sa revue " Bulles " , consacré aux sectes et 
                  au droit, envisage la question : 
                 " Dès lors, sans en méconnaître 
                  la difficulté et même l'apparente impossibilité, 
                  est-il vraiment exclu de légiférer en la matière 
                  ? De même qu'un prévenu peut être relaxé 
                  du délit de diffamation s'il rapporte la preuve de la 
                  vérité des faits diffamatoires, de même 
                  ne pourrait-on reconnaître qu'un délit de " 
                  manipulation " est constitué à condition 
                  de pouvoir rapporter la preuve de la vérité des 
                  faits manipulatoires ? 
                 " Pour ce faire, il ne serait 
                  pas forcément nécessaire de recourir à 
                  des expertises psychiatriques (des psychiatres peuvent aujourd'hui 
                  encore ignorer le processus de la manipulation mentale pratiquée 
                  par les sectes). Il semble qu'il soit possible d'apporter la 
                  preuve de la manipulation vécue dans une secte, à 
                  partir de critères vérifiés dans des faits 
                  précis, parfaitement démontrables, d'autant plus 
                  probants qu'ils ne sont pas individuels ou isolés mais 
                  collectifs et répétitifs. Ces faits permettraient 
                  de prouver que les adeptes ont perdu, en ce qui concerne les 
                  pratiques perverses de la secte, leur esprit critique et leur 
                  libre arbitre et sont devenus parfois des inconditionnels fanatisés, 
                  prêts à croire, dire et faire tout et n'importe 
                  quoi. (...) " 
                Et de citer l'existence en Italie du délit 
                  de " plaggio " , c'est-à-dire de l'envoûtement, 
                  destiné à condamner toute pression exercée 
                  sur une personne par des moyens de fascination personnelle relevant 
                  de la supériorité sociale ou culturelle. 
                 D'autres spécialistes insistent 
                  enfin sur le fait que, non seulement le régime actuel 
                  ne permet pas de lutter efficacement contre les dangers des 
                  sectes, mais que, de plus, il traite de façon inégale 
                  les différents mouvements spirituels. Le professeur Joël 
                  Benoît d'Onorio note d'ailleurs sur ce dernier point dans 
                  " La Semaine juridique " (no 20, 1988) :  
                     
                   " L'assemblage de textes épars peut révéler 
                  un certain statut des institutions catholiques dans la communauté 
                  nationale : la loi et le décret de 1901, puis la loi 
                  de 1921 sur les congrégations religieuses, l'aide-mémoire 
                  avec le Saint-Siège sur la consultation gouvernementale 
                  préalable à la nomination des évêques, 
                  l'échange de lettres diplomatiques de 1923 sur les associations 
                  docésaines substituées, pour les catholiques, 
                  aux associations cultuelles de 1905 refusées par Rome, 
                  le concordat de 1801 pour les trois départements d'Alsace-Moselle 
                  ainsi que la prise en compte par la jurisprudence de certains 
                  éléments du droit canonique composent un ensemble 
                  juridique spécial. A la vérité, on ne peut 
                  rayer d'un trait de plume, fût-ce au moyen d'une loi voire 
                  d'une Constitution, une expérience historique de plusieurs 
                  siècles : la France est un pays laïque de tradition 
                  catholique. Elle est devenue, en quelque sorte, " catholaïque 
                  " . 
                 " Dans une certaine mais moindre 
                  mesure, vu leur représentativité sociologique, 
                  les autres cultes anciennement reconnus (protestant et israélite) 
                  bénéficient aussi d'un traitement particulier 
                  de la part des pouvoirs publics qui ont appris à les 
                  connaître depuis bientôt deux siècles, ce 
                  qui n'est pas le cas pour les nouveaux mouvements religieux 
                  même inoffensifs.(...) " 
                D'où l'idée qu'il conviendrait 
                  d'élaborer un régime juridique propre aux nouveaux 
                  mouvements spirituels, susceptible à la fois de garantir 
                  qu'ils se conforment aux lois de la République et de 
                  mieux les reconnaître. Il pourrait, selon certains, prendre 
                  la forme d'un concordat ou de conventions passés avec 
                  ces mouvements. Ainsi par exemple, Philippe Gast écrit-il 
                  dans " Les Petites affiches " (no 90, 28/07/1995) 
                  : " A l'heure où l'actualité amène 
                  régulièrement les délires de telle ou telle 
                  secte, ou les abus de telle ou telle religion, il convient de 
                  se pencher sur la nécessaire élaboration de critères 
                  permettant de distinguer les mouvements religieux et les " 
                  mauvaises " sectes des " bonnes " . Pour cela, 
                  il faut d'abord envisager quelques réflexions conceptuelles 
                  sur ce thème avant de tenter d'élaborer des solutions 
                  positives qui pourront donner lieu à une charte des mouvements 
                  spirituels authentiques. " 
                Au terme de ses travaux, il n'apparaît 
                  toutefois pas souhaitable à votre commission de préconiser 
                  l'élaboration d'un régime juridique spécifique 
                  aux sectes. 
                 Une telle entreprise se heurterait 
                  d'abord à un problème de définition. On 
                  a vu, en effet, combien il était difficile de définir 
                  la notion de sectes et les limites que présentaient les 
                  différentes approches possibles. Or, la mise au point 
                  d'un régime juridique propre aux sectes obligerait nécessairement 
                  à faire un choix en faveur de l'une d'elles, ce qui ne 
                  manquerait pas de prêter le flanc à toutes les 
                  contestations. 
                 Supposons, par exemple, que l'on retienne 
                  l'acception la plus large, et que l'on considère comme 
                  des sectes l'ensemble des nouveaux mouvements spirituels, par 
                  différence avec les religions traditionnelles : comment 
                  alors justifier que ces mouvements, qui peuvent parfois présenter 
                  les mêmes caractéristiques qu'elles, soient soumis 
                  à un régime différent ? Comment expliquer 
                  aussi qu'on applique un même droit spécifique à 
                  des phénomènes aussi dissemblables que des courants 
                  spirituels pacifiques et des sectes dangereuses ? Si l'on optait, 
                  au contraire, pour une définition restrictive, selon 
                  laquelle les sectes correspondent à l'ensemble des mouvements 
                  spirituels présentant des dangers pour l'individu ou 
                  la collectivité, le problème se poserait alors 
                  de savoir quel(s) critère(s) de dangerosité choisir. 
                  Or, le caractère multiforme, nuancé et changeant 
                  du phénomène rend à l'évidence cette 
                  entreprise pour le moins périlleuse. 
                 En deuxième lieu, ce régime 
                  paraît peu compatible avec plusieurs de nos principes 
                  républicains. 
                 En effet, il conduirait à ne 
                  pas traiter de façon identique tous les mouvements spirituels, 
                  ce qui risquerait de porter atteinte, non seulement au principe 
                  d'égalité, mais aussi à celui de la neutralité 
                  de l'Etat vis-à-vis des cultes. 
                 D'autre part, dans la mesure où 
                  il aurait notamment pour but d'empêcher les " dérives 
                  " sectaires, il se traduirait probablement par un encadrement 
                  plus étroit des activités des sectes auquel il 
                  serait très difficile de parvenir sans toucher aux libertés 
                  de religion, de réunion ou d'association. 
                 Troisièmement, les arguments 
                  invoqués à l'appui de cette proposition ne semblent 
                  pas pertinents. 
                 On a vu, en effet, que le droit français 
                  ne manquait pas de ressources pour combattre les dangers présentés 
                  par les sectes, bref qu'améliorer la situation actuelle 
                  supposait moins l'adaptation du dispositif existant que son 
                  application effective. 
                 En ce qui concerne l'argument selon 
                  lequel le droit positif ne permettrait pas de combattre certaines 
                  formes de manipulation mentale telles ce que certains qualifient 
                  de viol psychique, il convient d'observer que les sanctions 
                  prévues par le nouveau code pénal à l'encontre 
                  de l'escroquerie, de l'exercice illégal de la médecine, 
                  de l'abus de faiblesse ou de l'abus de vulnérabilité 
                  constituent de bons moyens de défense face à ce 
                  genre de pratiques. D'autre part, il semble, en fait, difficile 
                  d'aller plus loin dans la répression des méthodes 
                  de persuasion, sous peine de porter atteinte au principe de 
                  la liberté d'expression. 
                 Enfin, si l'ensemble des croyances 
                  spirituelles et religieuses ne sont pas soumises au même 
                  régime, elles ne sont pas non plus dans la même 
                  situation, ne serait-ce que parce que certaines présentent 
                  des dangers et d'autres pas. Il est vrai toutefois que certaines 
                  différences ne s'expliquent que pour des raisons historiques 
                  : c'est notamment le cas pour le régime spécial 
                  d'Alsace-Moselle. 
                 L'idée de créer un régime 
                  juridique spécifique aux sectes a, d'ailleurs, dans l'ensemble, 
                  été rejetée par les pouvoirs publics et 
                  les spécialistes. 
                Ainsi, la Commission nationale consultative 
                  des droits de l'Homme déclare-t-elle, dans son avis du 
                  10 décembre 1993, qu'elle " estime que la liberté 
                  de conscience garantie par la Déclaration des droits 
                  de l'Homme et du citoyen (1789), par la Déclaration universelle 
                  des droits de l'Homme, par la Convention européenne des 
                  droits de l'Homme (article 9) rend inopportune l'adoption d'une 
                  législation spécifique au phénomène 
                  dit des sectes, qui risquerait de porter atteinte à cette 
                  liberté fondamentale " . 
                 De même, Alain Vivien déclarait-il 
                  dans une interview accordée au " Figaro " le 
                  29 avril 1992 : " Il ne faut pas créer de législation 
                  particulière au risque de faire apparaître les 
                  sectes pour des martyrs. L'arsenal dont nous disposons est tout 
                  à fait suffisant, il suffit de l'appliquer ! " . 
                 Enfin, au cours de ses travaux, votre 
                  commission n'a guère entendu soutenir l'idée d'une 
                  législation spécifique aux sectes, les rares personnes 
                  qui y seraient favorables dans l'absolu convenant qu'en fait 
                  toute initiative en ce sens serait à tout le moins inopportune. 
                  b) Les risques 
                  d'une reconnaissance des sectes comme religions à part 
                  entière 
                 D'aucuns considèrent qu'il 
                  conviendrait, sans créer de régime spécifique, 
                  de reconnaître les nouveaux mouvements religieux comme 
                  des religions à part entière. 
                 Cette idée a été 
                  défendue, notamment au cours d'un colloque sur les Témoins 
                  de Jéhovah, organisé le 26 novembre 1993 à 
                  l'Assemblée nationale par le Centre de formation et d'études 
                  judiciaires. 
                 La raison principale invoquée 
                  à l'appui de cette thèse, est que, bien qu'étant 
                  des religions, ces mouvements ne bénéficient pas 
                  du même statut que les religions traditionnelles. 
                Il est vrai, on l'a vu, que le statut d'association 
                  cultuelle et de congrégation est en général 
                  refusé aux mouvements communément appelés 
                  sectes. De plus, on peut arguer que leur accorder le bénéfice 
                  de ce statut permettrait aux pouvoirs publics de mieux les contrôler. 
                 Toutefois, cette idée ne semble 
                  pas devoir être retenue. 
                 En effet, on ne voit pas comment il 
                  serait possible de reconnaître comme religions à 
                  part entière des mouvements qui, comme un certain nombre 
                  de sectes, soit ne poursuivent pas un but exclusivement religieux, 
                  soit ont des pratiques contraires à l'ordre public et 
                  aux droits et libertés d'autrui. 
                 De ce point de vue, l'équilibre 
                  sur lequel repose la loi du 9 décembre 1905 entre la 
                  liberté de conscience et d'association, d'une part, et 
                  le respect de l'ordre public, d'autre part, n'a pas lieu d'être 
                  remis en cause. 
                 Cela dit, il est parfaitement normal 
                  que les mouvements dont l'objet est exclusivement cultuel et 
                  qui se conforment aux lois de la République se voient 
                  reconnaître, à leur demande, le statut d'association 
                  cultuelle ou de congrégation. Mais c'est, en application 
                  de la loi, à l'administration, voire au juge administratif 
                  en cas de contentieux, qu'il appartient d'examiner si ces conditions 
                  sont effectivement remplies. 
                 Il n'est donc pas nécessaire 
                  de procéder à une réforme radicale du régime 
                  juridique existant pour résoudre les problèmes 
                  posés par les sectes ; il s'agit, en fait, plutôt, 
                  en s'appuyant sur lui, d'imaginer les moyens pratiques d'y faire 
                  face. 
                  B.- POUR UNE REPONSE PRAGMATIQUE AU PHENOMENE SECTAIRE 
                 Votre Commission est donc bien convaincue, 
                  d'une part, de l'impossibilité, tant juridique que de 
                  fait, de s'orienter dans la voie d'une législation spécifique 
                  destinée à lutter contre les agissements des sectes 
                  en ce qu'ils peuvent être considérés comme 
                  dangereux, d'autre part des risques que comporterait l'inaction 
                  fondée sur une conception poussée à l'extrême 
                  de la liberté de conscience. Il lui apparaît dès 
                  lors que la seule riposte adaptée au phénomène 
                  sectaire ne peut être, pour des raisons à la fois 
                  de principe et de faisabilité, que pragmatique et diversifiée, 
                  de façon à prendre en compte le mieux possible 
                  une réalité complexe. 
                 Plusieurs interlocuteurs de la Commission 
                  lui ont fait part des réflexions qu'ils mènent, 
                  pour certains depuis de fort nombreuses années, sur les 
                  moyens aptes à lutter contre les dangers que font courir 
                  certaines sectes aux individus et à la société. 
                  Tous, y compris ceux qui dans l'absolu seraient partisans d'une 
                  législation spécifique anti-sectes mais conviennent 
                  que telle ne peut pas être la solution, adoptent une démarche 
                  comparable, faite de réalisme et de pragmatisme, même 
                  s'ils ne donnent pas nécessairement la priorité 
                  aux mêmes mesures, ce qui ne fait que refléter 
                  la diversité des horizons dont ils proviennent. 
                 Une telle approche conduit aujourd'hui 
                  votre Commission à considérer que le dispositif 
                  susceptible de lutter avec efficacité contre les dangers 
                  que font peser les sectes sur les individus et la société 
                  doit s'articuler autour de trois axes principaux : l'amélioration 
                  de la connaissance des sectes et de la diffusion de cette connaissance 
                  ; l'application plus stricte du droit existant ; le renforcement 
                  sur quelques points de la législation existante. Par 
                  ailleurs, il convient d'aider de manière plus efficace 
                  les anciens adeptes qui se trouvent parfois totalement démunis 
                  sur le plan matériel et psychologique et auxquels n'est 
                  actuellement offerte aucune forme d'assistance correspondant 
                  à leurs besoins. 
                   
                  1.- Mieux connaître et faire connaître 
                 Combattre de façon efficace 
                  et équitable les " dérives " sectaires 
                  suppose avant tout d'avoir une bonne connaissance du phénomène. 
                  Faute de bien le cerner, on risque, en effet, de mal apprécier 
                  les dangers qu'il peut présenter et, ainsi, de mettre 
                  en oeuvre pour y remédier des moyens inadéquats. 
                 Encore faut-il aussi que l'information 
                  ainsi recueillie fasse l'objet d'une diffusion appropriée, 
                  fondement d'une politique de prévention qui reste, votre 
                  Commission en est convaincue, le meilleur moyen de lutte contre 
                  le développement du phénomène sectaire. 
                  Cette action de diffusion de la connaissance sur les mouvements 
                  sectaires et leurs pratiques doit être menée auprès 
                  de l'ensemble des services administratifs concernés et 
                  du grand public, en particulier des jeunes. 
                   a) Mieux connaître 
                 Force est de reconnaître qu'on 
                  ne dispose pas aujourd'hui d'une connaissance suffisamment précise 
                  du phénomène sectaire. 
                 Ainsi a-t-on vu, par exemple, à 
                  quel point il était difficile de mesurer son importance 
                  quantitative - que ce soit en nombre d'adeptes ou de groupements 
                  - ou d'apprécier de manière précise sa 
                  progression. 
                 Il apparaît à votre Commission 
                  qu'il serait opportun pour combler cette lacune de créer 
                  un observatoire d'étude des sectes, qui ne pourra pleinement 
                  jouer son rôle que si parallèlement est amélioré 
                  le dispositif d'information et d'analyse existant au sein de 
                  chaque ministère. 
                   1. Créer un observatoire 
                  interministériel rattaché au Premier ministre 
                 Il n'existe aujourd'hui en France 
                  aucune structure dotée de moyens suffisants pour suivre 
                  avec précision l'ensemble du phénomène 
                  sectaire. 
                 Certes, le ministère de l'Intérieur 
                  collecte grâce à une quarantaine d'agents des Renseignements 
                  généraux répartis sur tout le territoire, 
                  une information riche sur l'implantation des sectes, leurs effectifs 
                  et leurs agissements. Mais il ne peut s'agir que d'une information 
                  partielle. Les services de police n'ont en effet pas les moyens 
                  et il n'entre pas dans leurs missions de se livrer à 
                  une analyse des aspects sociologiques, psychologiques, médicaux 
                  ou juridiques du phénomène. 
                 L'Institut des hautes études 
                  de sécurité intérieure (IHESI) a, par ailleurs, 
                  créé en 1992, un groupe de travail sur les sectes. 
                  Toutefois, ce groupe n'a pas d'existence officielle. En outre, 
                  il ne dispose pas de moyens suffisants pour assurer un suivi 
                  global des activités sectaires. 
                 Une mission d'étude a également 
                  été mise en place au sein du ministère 
                  des Affaires sociales. Depuis 1992, un agent de la Direction 
                  de l'action sociale est chargé de suivre, entre autres 
                  questions, celle des sectes. D'autre part, le ministère 
                  a passé en 1993 avec l'Association pour une recherche 
                  interdisciplinaire sur l'existence et la santé (ARIES) 
                  une convention de recherche. Celle-ci prévoit que l'ARIES 
                  remettra en 1996 au ministère un rapport d'étude 
                  sur les sectes. Cela étant, ce dispositif est lui aussi 
                  très limité en termes de moyens. 
                 On ne saurait, enfin, négliger 
                  le rôle important joué par les associations de 
                  défense des victimes des sectes - Union nationale des 
                  associations de défense des familles et de l'individu 
                  (UNADFI) et Centre de documentation, d'éducation et d'action 
                  contre les manipulations mentales (CCMM) - dans la collecte 
                  et l'exploitation de l'information sur les mouvements sectaires. 
                 Face à la progression du phénomène 
                  sectaire et aux dangers que présentent certains mouvements, 
                  un organisme d'étude doté d'une existence administrative 
                  et juridique propres ainsi que de moyens spécifiques 
                  apparaît donc nécessaire. 
                 D'ailleurs, une telle structure est 
                  réclamée depuis longtemps. 
                 Déjà, en 1982, le rapport 
                  Ravail avait suggéré la création d'une 
                  commission interministérielle. En 1983, dans son rapport 
                  au Premier ministre, M. Alain Vivien suggérait " 
                  qu'un haut fonctionnaire soit désigné auprès 
                  du Premier ministre pour suivre l'ensemble du problème 
                  des sectes, coordonner la réflexion et, le cas échéant, 
                  mobiliser les départements ministériels intéressés... 
                  A l'initiative de ce haut fonctionnaire, la commission interministérielle 
                  suggérée par le rapport Ravail pourrait se réunir 
                  à chaque fois qu'il le faudrait sans nécessairement 
                  sécréter une administration excessive dont la 
                  rigidité présenterait sans doute bien des inconvénients 
                  " . 
                 La Commission nationale consultative 
                  des droits de l'homme, dans son avis du 10 décembre 1993 
                  concernant le phénomène dit des sectes, proposait 
                  " que soit mise en place une structure de coordination 
                  interministérielle destinée à faire périodiquement 
                  le point sur l'évolution du phénomène dit 
                  des sectes et à coordonner l'application des mesures 
                  législatives et réglementaires pertinentes ; et 
                  que soit créé un centre d'information publique 
                  sur ces groupes, recueillant et diffusant toutes informations 
                  et assurant une assistance juridique aux victimes " . 
                 Cette idée a, en outre, été 
                  défendue dans le cadre de la commission des questions 
                  juridiques et des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe. 
                  Ainsi, Sir John Hunt, dans son rapport de 1991 sur les sectes 
                  et les nouveaux mouvements religieux, affirmait-il que " 
                  des organismes indépendants devraient être créés 
                  pour collecter et diffuser une information concrète et 
                  objective sur la nature et les activités des sectes. 
                  " 
                Par ailleurs, de nombreuses personnes entendues 
                  par la commission d'enquête ont suggéré 
                  la création d'un observatoire interministériel. 
                 Cet organisme devrait assurer trois 
                  missions principales : 
                 - étudier et suivre le phénomène, 
                  en liaison notamment avec les services administratifs concernés 
                  (ministères de l'Intérieur, des Affaires sociales, 
                  de la Justice, des Finances, de l'Education nationale, des Affaires 
                  étrangères...), dans une approche pluridisciplinaire, 
                  tant sociologique, économique, administrative que juridique 
                  et médicale. 
                 - informer le Premier ministre et, 
                  avec son autorisation, les services administratifs concernés, 
                  du résultat de ses observations et de ses études, 
                  notamment s'agissant des problèmes d'actualité. 
                 - faire des propositions au Premier 
                  ministre visant à améliorer les moyens de lutte 
                  contre les dangers des sectes, qui pourraient faire l'objet 
                  d'un rapport annuel d'activité qui serait rendu public. 
                 Cet organisme devrait être doté 
                  d'un statut qui lui permette de remplir au mieux ses missions. 
                  Sans entrer dans le détail, il paraît souhaitable 
                  qu'il présente les principales caractéristiques 
                  suivantes : 
                 être un service interministériel 
                  directement rattaché au Premier ministre, comme le sont, 
                  par exemple, la Commission pour la simplification des formalités 
                  (COSIFORM), le Collège de la prévention des risques 
                  technologiques ou le Comité central d'enquête sur 
                  le coût et le rendement des services publics. Le rattachement 
                  à tel ou tel ministère n'aurait en effet pas de 
                  justification, s'agissant d'un phénomène qui touche 
                  aux attributions de plusieurs. 
                 être un observatoire, car il 
                  ne s'agirait, ni d'assumer une fonction de gestion ou d'exécution 
                  comme un service administratif classique, ni de disposer d'un 
                  pouvoir propre de décision. 
                 être composé de personnes 
                  susceptibles, par leurs compétences diversifiées, 
                  d'assurer la nécessaire approche pluridisciplinaire du 
                  phénomène. Les membres de cette instance, nommés 
                  par le Premier ministre, devraient donc comprendre, outre des 
                  représentants de tous les services administratifs concernés, 
                  des spécialistes de diverses disciplines, sociologues, 
                  juristes et médecins notamment. Il serait peut-être 
                  préférable, afin de garantir à ces membres 
                  une parfaite indépendance et de les protéger contre 
                  tout risque de pression, que leur nom ne soit pas rendu public. 
                 disposer de moyens propres. Pour accomplir 
                  ses missions, l'observatoire devrait avoir des ressources financières 
                  spécifiques, même si on aurait sans doute intérêt 
                  à retenir, dans un premier temps, l'idée d'une 
                  structure légère dotée des moyens juridiques 
                  adaptés à l'accomplissement de sa mission. Il 
                  faudrait ainsi lui donner le pouvoir d'obtenir auprès 
                  de toute personne communication d'un document, sous réserve 
                  du secret professionnel, du secret concernant la défense 
                  nationale, la sûreté de l'Etat ou la politique 
                  extérieure, et du respect de la vie privée. 
                 Compte tenu de l'importance du travail 
                  déjà réalisé au sein du groupe constitué 
                  à l'Institut des hautes études de sécurité 
                  intérieure, il serait sans doute de bonne méthode 
                  d'utiliser, dans le cadre du nouvel observatoire tel que défini 
                  ci-dessus, les compétence qui ont maintenant fait leurs 
                  preuves sur le sujet. 
                   2. Améliorer dans chaque 
                  ministère concerné le dispositif d'étude 
                  des sectes 
                 La connaissance des mouvements sectaires 
                  par les ministères concernés a incontestablement 
                  beaucoup progressé au cours des dernières années. 
                 La mise en place par la Direction 
                  centrale des Renseignements généraux d'un maillage 
                  d'agents - les " correspondants sectes " - chargés 
                  de suivre localement le phénomène, la réalisation 
                  d'un guide des mouvements sectaires en 1994 et son projet actuel 
                  d'une banque de données interne l'attestent. La mission 
                  d'étude créée à la Direction de 
                  l'action sociale en 1992 en témoigne également. 
                 Toutefois, le dispositif pourrait 
                  encore être amélioré. Ainsi, le compte-rendu 
                  de la réunion interministérielle du 9 avril 1991 
                  précise-t-il que " les services sont parfois dans 
                  l'ignorance de la nature de secte de certaines associations 
                  " . Ainsi, il n'existe, semble-t-il, aucune personne chargée 
                  de suivre particulièrement le problème des sectes 
                  aux ministères de l'Education nationale, de la Justice 
                  ni des Affaires étrangères. 
                 Dans ces conditions, il serait utile 
                  que chaque ministère concerné engage une réflexion 
                  sur les moyens d'améliorer sa connaissance des sectes 
                  et de mieux faire face aux problèmes qu'elles soulèvent. 
                 Il serait également opportun 
                  que, dans chacun d'eux, soit désignée une personne 
                  chargée de suivre ces questions, au besoin en liaison 
                  avec l'observatoire interministériel dont la création 
                  a été préconisée ci-dessus, de façon 
                  à éviter que, comme c'est parfois le cas aujourd'hui, 
                  deux services fassent chacun de leur côté, le même 
                  travail. 
                 Enfin, il serait souhaitable que les 
                  ministres intéressés, par la voie d'une circulaire 
                  ou d'une instruction, attirent l'attention de leurs services 
                  sur les problèmes posés par les sectes et leur 
                  indiquent les principes devant guider leur action pour y répondre. 
                   b) Mieux faire connaître 
                 La plupart des personnes auditionnées 
                  par la Commission ont été d'accord sur au moins 
                  un point. La prévention est certainement le mode d'action 
                  qui doit être privilégié dans la lutte contre 
                  le développement des sectes. L'information, notamment 
                  des jeunes, apparaît donc comme un maillon essentiel du 
                  dispositif à mettre en oeuvre. 
                 Certes, les associations de défense 
                  des victimes et les media mènent déjà certaines 
                  actions en ce sens. 
                 Ainsi, outre les publications qu'il 
                  assurent, l'UNADFI et le CCMM organisent régulièrement 
                  des conférences ou des réunions d'information 
                  dans divers établissements tels que des écoles, 
                  des lycées, des clubs ou des hôpitaux. Le CCMM 
                  a même réalisé en 1993, avec l'aide de l'association 
                  " Je, tu, il " , un film d'une demie-heure intitulé 
                  " Les sectes... les pièges ! " , présentant 
                  quatre scènes de la vie courante pouvant donner lieu 
                  à un recrutement. L'UNADFI devrait, elle, sortir prochainement 
                  un court métrage sur le sujet, destiné à 
                  servir de support aux réunions qu'elle organise. 
                 Toutefois, les interventions de ces 
                  associations sont, par nature, ponctuelles et localisées. 
                  D'autre part, leur message peut toujours être suspecté 
                  d'être partisan. Un membre d'une de ces associations déclarait 
                  d'ailleurs à la Commission : " Les associations 
                  n'ont pas toujours les moyens d'investigation. Je ne dis pas 
                  qu'elles sont suspectes et sectaires, mais elles manquent de 
                  moyens, parfois de distance. Ce n'est pas l'idéal. On 
                  ne peut se substituer aux procureurs, jouer les inquisiteurs. 
                  Nous recevons des signalements ; il nous faut parfois six mois 
                  ou un an pour recouper des informations. C'est extrêmement 
                  compliqué. " . 
                 Les media, de leur côté, 
                  se sont beaucoup intéressés à la question 
                  des sectes au cours des dernières années, notamment 
                  à la suite du drame de Waco au Texas en avril 1993, de 
                  la mort de cinquante-huit membres du Temple du Soleil en Suisse 
                  en octobre 1994 et de l'attentat perpétré par 
                  la secte Aum à Tokyo en mars dernier. Le problème 
                  est que cette information est intermittente et focalisée 
                  principalement sur les aspects les plus folkloriques ou sensationnels. 
                  Comme le déclarait un spécialiste reconnu de la 
                  question à la Commission : " journalistes] aiment 
                  le sensationnel. Nous entretenons avec eux les rapports les 
                  meilleurs du monde, mais je suis extrêmement déçu. 
                  Chaque fois que l'on tue trente personnes, je passe à 
                  la télévision et puis cela retombe jusqu'à 
                  la prochaine fois. Quand je suis informé d'une mesure, 
                  je me dis : " Je vais avoir cinq télés à 
                  faire, plus trois radios, plus... " . Ensuite, cela retombe 
                  pour six mois ou un an (...). " 
                Il convient donc que l'Etat prenne lui-même 
                  largement en charge la diffusion de l'information sur les dangers 
                  que peuvent présenter les sectes, auprès du public 
                  le plus large possible par une campagne médiatique, et 
                  de manière " ciblée " auprès 
                  des enfants et des adolescents au sein de l'Education nationale. 
                  Cette action d'information devrait être complétée 
                  par une amélioration de la formation des professionnels, 
                  et notamment des fonctionnaires, concernés par le problème. 
                   1. Informer les jeunes par 
                  l'Education nationale 
                 Aucun dispositif général 
                  d'information des élèves n'a pour l'instant été 
                  mis en place dans le cadre de l'Education nationale. 
                 Toutes les sources le confirment, 
                  les recrutements sont particulièrement nombreux chez 
                  les jeunes, parce qu'ils peuvent présenter une certaine 
                  fragilité, que leur jugement n'est pas définitivement 
                  formé et qu'ils sont enclins à rechercher des 
                  idéaux que certaines sectes prétendent offrir. 
                  La nécessité de consentir un effort d'information 
                  en leur direction a été soulignée par de 
                  nombreux interlocuteurs de la Commission. Or, rien n'est fait 
                  actuellement en ce sens au sein de l'Education nationale. 
                 Il serait donc souhaitable que l'on 
                  inscrive dans les programmes d'instruction civique l'étude 
                  du phénomène sectaire. 
                 Par ailleurs, il faudrait organiser 
                  chaque année une réunion d'information dans l'ensemble 
                  des établissements scolaires, du primaire au supérieur, 
                  pour sensibiliser les jeunes à cette question. Toutefois, 
                  il est essentiel que cette information soit parfaitement objective. 
                  La difficulté d'une telle entreprise tient à la 
                  nécessité de dispenser une information qui ne 
                  puisse être suspectée de partialité, alors 
                  que l'objectivité est une notion particulièrement 
                  délicate à définir et à mettre en 
                  oeuvre dans ce domaine. Pour y tendre au maximum, ces sessions 
                  d'information devraient être organisées sous l'autorité 
                  de plusieurs enseignants qui auraient reçu des instructions 
                  à cet effet. La création d'un support vidéo 
                  réalisé sous le contrôle de l'Education 
                  nationale constituerait un outil pédagogique appréciable. 
                   2. Organiser une campagne d'information 
                  du grand public, notamment par le canal des chaînes de 
                  télévision publiques 
                 Au-delà des jeunes, il convient 
                  d'informer l'opinion publique tout entière des dangers 
                  que peuvent présenter certaines sectes. 
                 En effet, il est utile que les parents 
                  soient informés, car la sensibilisation à ces 
                  problèmes passe aussi par l'éducation qu'ils donnent 
                  à leurs enfants. D'autre part, les adultes aussi peuvent, 
                  et en grand nombre, se laisser piéger. Cette information 
                  générale du public s'avère également 
                  nécessaire pour éviter que les responsables publics 
                  ou privés ne soient amenés, en toute bonne foi, 
                  à apporter leur soutien à des associations nuisibles 
                  faute de connaître leurs activités véritables. 
                  On a vu, en effet, que de nombreuses sectes tentaient de " 
                  s'infiltrer " dans les plus hautes sphères de l'Etat, 
                  de séduire des collectivités locales ou négocier 
                  des conventions avec des entreprises nationales ou privées. 
                 Seule une information à grande 
                  échelle pourra réduire ces influences. 
                 Votre Commission propose donc que 
                  le Gouvernement organise une vaste campagne d'information notamment 
                  télévisée - en s'appuyant au premier chef 
                  sur les chaines publiques - mais recourant également 
                  aux autres média. 
                 Cette campagne pourrait être 
                  organisée par le Comité français d'éducation 
                  pour la santé, au même titre que cette institution 
                  organise des campagnes contre le SIDA ou la toxicomanie. 
                   3. Etendre et perfectionner 
                  la formation des personnes qui, dans le cadre de leurs activités 
                  professionnelles, notamment les fonctionnaires, sont confrontées 
                  aux problèmes posés par les sectes 
                 Il est apparu nécessaire à 
                  la Commission d'enquête au cours de ses travaux que les 
                  personnes qui sont à un titre ou à un autre confrontées 
                  aux problèmes des sectes dans leurs activités 
                  professionnelles, les fonctionnaires en particulier, reçoivent 
                  une formation ad hoc dans ce domaine. 
                 On ne saurait, en effet, trop oublier 
                  combien le phénomène est à la fois vaste, 
                  complexe et clandestin. Car, comme l'affirment plusieurs spécialistes 
                  de la question, " les sectes avancent souvent masquées 
                  " . 
                 Les personnes concernées sont 
                  principalement les policiers et les gendarmes, les magistrats, 
                  les enseignants, les personnels sociaux, mais aussi les médecins 
                  et les notaires. 
                 Il semble donc opportun de prévoir, 
                  dans la formation initiale ainsi que dans la formation continue 
                  des agents publics, mais aussi des personnes du secteur privé 
                  concernées, des programmes ou , à tout le moins, 
                  des actions de sensibilisation - sous la forme de conférences 
                  par exemple - sur les problèmes posés par les 
                  sectes et les moyens auxquels ils peuvent recourir pour y porter 
                  remède. 
                 La Direction centrale des Renseignements 
                  généraux (DCRG) a montré la voie en ce 
                  domaine au cours de la période récente. Ainsi, 
                  depuis trois ans, les élèves-commissaires, les 
                  élèves-inspecteurs et les inspecteurs nouvellement 
                  affectés aux RG reçoivent une formation relative 
                  aux sectes. D'autre part, la DCRG organise une fois par an une 
                  ou deux journées de formation à l'attention des 
                  agents chargés de suivre les sectes. 
                 Il apparaît indispensable, à 
                  cet égard, qu'une formation spécifique soit également 
                  prodiguée aux élève de l'Ecole nationale 
                  de la magistrature, à ceux des écoles de commissaires 
                  et d'inspecteurs de police, de gardiens de la paix, ainsi que 
                  de gendarmerie. Il est également important que les élèves-professeurs 
                  et ceux qui se préparent à la profession de médecin 
                  ou de notaire en bénéficient. 
                  2.- Mieux 
                  appliquer le droit existant 
                 On ne reviendra pas sur l'arsenal 
                  juridique permettant de lutter contre les dangers des sectes, 
                  dont on a vu qu'il était diversifié et suffisant 
                  pour couvrir l'ensemble des agissements des mouvements sectaires 
                  qui présentent un caractère nuisible pour les 
                  individus et/ou la société. Mais les travaux qu'a 
                  menés la Commission l'ont très vite conduite à 
                  avoir l'impression - devenue certitude au terme de sa réflexion 
                  - que les possibilités offertes par les dispositions 
                  existantes ne sont pas toujours - loin s'en faut - pleinement 
                  utilisées. 
                 Plusieurs interlocuteurs de la Commission 
                  ont ainsi affirmé qu'il existait une disproportion sensible 
                  entre le nombre d'illégalités commises par les 
                  sectes, celui des plaintes et celui des condamnations. D'autres 
                  se sont étonnés du petit nombre de dissolutions 
                  administratives ou judiciaires prononcées au regard du 
                  nombre d'associations coercitives existantes. 
                 Votre Commission est donc convaincue 
                  que le développement des sectes pourrait être efficacement 
                  freiné par une meilleure application du droit. Celle-ci 
                  suppose une sensibilisation accrue des professionnels concernés 
                  à la dangerosité du phénomène sectaire 
                  et à la nécessité de mobiliser tous les 
                  moyens existants pour y faire face. Tout en étant bien 
                  conscient qu'une telle évolution des mentalités 
                  ne sera pas immédiate, votre Commission est persuadée 
                  qu'elle est un des éléments - pour ne pas dire 
                  l'élément essentiel - du dispositif de lutte contre 
                  le phénomène sectaire. Cette prise de conscience 
                  sera bien sûr favorisée par les actions générales 
                  d'information dont il a été question ci-dessus. 
                  Mais celles-ci doivent être complétées dans 
                  certains domaines très directement concernés par 
                  les agissements des mouvements sectaires, par des instructions 
                  précises de l'Etat à ses agents sur l'attention 
                  particulière dont ils doivent faire preuve. Une telle 
                  démarche devrait, selon votre Commission, être 
                  suivie à l'égard des magistrats du Parquet, des 
                  services de police et de gendarmerie, des administrations exerçant 
                  des fonctions de contrôle sur certaines activités 
                  des associations de type sectaire, ainsi qu'en matière 
                  de dissolution des associations et de versement d'un certain 
                  nombre d'allocations, notamment le RMI. 
                   1. Une instruction générale 
                  du Garde des Sceaux aux magistrats du Parquet leur demandant 
                  d'examiner avec plus d'attention les plaintes émanant 
                  des victimes des sectes et de se saisir, chaque fois que nécessaire, 
                  des problèmes dont ils pourraient avoir connaissance. 
                 A de multiples reprises, il a été 
                  indiqué à la Commission que le Ministère 
                  public aurait refusé d'ouvrir une instruction ou de poursuivre 
                  une information ouverte sur un dossier alors que, selon ceux 
                  qui faisaient état de cette inaction, le cas l'aurait 
                  tout à fait justifié. 
                 Il convient de préciser, à 
                  cet égard, que, selon le ministère de la justice, 
                  sur les 60 plaintes relatives aux sectes adressées aux 
                  parquets généraux des cours d'appel () entre 1990 
                  et 1995, 27 procédures ont été clôturées. 
                  Elles concernent notamment des faits d'escroquerie, de menaces 
                  sous conditions, vols et violations de sépultures, homicides 
                  involontaires, détournements de mineurs, séquestration 
                  de personnes, non représentation d'enfant, violences, 
                  injures, exercice illégal de la médecine, violences 
                  et voies de fait. Sur ce total, 16 ont donné lieu à 
                  un classement sans suite, 7 à un non-lieu et 3 à 
                  une condamnation. 
                 La commission n'entend pas porter 
                  de jugement sur le fonctionnement de la Justice à cet 
                  égard, d'autant qu'elle ne dispose pas des éléments 
                  pour apprécier de façon précise les situations 
                  en cause. Toutefois, elle ne peut totalement négliger 
                  ces doléances, dont certaines lui ont paru, il est vrai, 
                  a priori pertinentes. Au-delà même de leur caractère 
                  plus ou moins exact, le fait qu'une telle opinion soit couramment 
                  véhiculée est en lui-même très regrettable 
                  car susceptible de décourager les victimes de sectes 
                  de se tourner vers les tribunaux. 
                 Il serait souhaitable, dans ces conditions, 
                  que le Garde des Sceaux adresse une instruction générale 
                  aux magistrats du Parquet afin d'attirer leur attention sur 
                  l'étendue du phénomène sectaire, ses formes, 
                  ses dangers, la nécessité de combattre plus efficacement 
                  ceux-ci et les moyens juridiques existants pour ce faire. Il 
                  leur serait demandé d'examiner avec plus de vigilance 
                  les plaintes émanant des victimes des sectes et, si besoin 
                  est, de se saisir eux-mêmes de problèmes dont ils 
                  pourraient avoir connaissance. 
                   2. Une instruction générale 
                  du ministre de l'Intérieur aux services de police et 
                  du ministre de la Défense aux services de gendarmerie 
                  les enjoignant de manifester davantage de vigilance vis-à-vis 
                  des " dérives " sectaires 
                 Pour que les exactions commises par 
                  les sectes puissent donner lieu à des poursuites et être, 
                  le cas échéant, sanctionnées, encore faut-il 
                  qu'elles puissent être constatées par les services 
                  de police et de gendarmerie et que ceux-ci en saisissent le 
                  Ministère public. 
                 C'est la raison pour laquelle il conviendrait 
                  que les ministres de l'Intérieur et de la Défense 
                  attirent l'attention de leurs services concernés sur 
                  le phénomène sectaire, la vigilance dont ils doivent 
                  faire preuve à son sujet, ainsi que les mesures qu'ils 
                  doivent prendre en cas d'infractions, notamment s'agissant de 
                  la protection des victimes et de la saisine du Ministère 
                  public. 
                   3. Demander à l'administration 
                  d'être plus rigoureuse dans ses missions de tutelle et 
                  de contrôle à l'égard des sectes qui présentent 
                  des dangers ou ne respectent pas la loi. 
                 Il n'est pas acceptable que des administrations 
                  et entreprises publiques puissent, comme cela s'est déjà 
                  produit, passer des contrats de fourniture ou de services avec 
                  des organismes liés à des sectes dangereuses ou 
                  leur accorder des autorisations. Il n'est pas non plus tolérable 
                  que certaines associations puissent en toute impunité 
                  transgresser les règles du droit fiscal, du droit du 
                  travail ou de la Sécurité sociale. 
                 Il est donc nécessaire que 
                  les ministres, chacun dans son domaine de compétence, 
                  demandent à leurs services de manifester plus de rigueur 
                  dans les passations de contrats avec des organismes extérieurs, 
                  l'octroi d'autorisations et les missions de contrôle. 
                  Dans cette démarche, les administrations devraient avoir 
                  recours aux informations que serait en mesure de leur délivrer 
                  sur leur demande l'observatoire interministériel dont 
                  la création a été préconisée 
                  ci-dessus. 
                   4. Inciter les personnes publiques 
                  à être plus prudentes dans l'octroi de subventions 
                  à certaines associations. 
                 Certaines sectes dangereuses, on l'a 
                  vu, ont bénéficié de subventions publiques. 
                 Certes, cela ne concerne, semble-t-il, 
                  qu'un nombre de cas limités. Il serait tout de même 
                  opportun que les personnes publiques examinent de façon 
                  plus rigoureuse la destination des subventions qu'elles accordent 
                  aux associations. Et ce, au besoin, en liaison avec l'observatoire 
                  interministériel sur les sectes. 
                 Le Premier ministre pourrait attirer 
                  l'attention du Gouvernement sur ce point et le ministre de l'Intérieur, 
                  DE l'ensemble des collectivités territoriales. 
                   5. Prononcer la dissolution 
                  des organismes mis en cause lorsque cela s'impose. 
                 De nombreuses associations sectaires, 
                  on l'a vu, violent la loi et constituent de véritables 
                  dangers pour les individus et pour la société. 
                  On ne peut, dès lors, que s'étonner du petit nombre 
                  de celles qui se sont dissoutes. Ainsi, sur une soixantaine 
                  d'associations sectaires coercitives déclarées 
                  à Paris, aucune n'a fait l'objet d'une dissolution administrative 
                  ou judiciaire. 
                 Il serait donc souhaitable que les 
                  procédures de dissolution existantes soient systématiquement 
                  appliquées lorsque les conditions prévues par 
                  la loi sont réunies. C'est particulièrement le 
                  cas pour la procédure judiciaire. 
                 Certes, cela ne constituerait pas 
                  une réponse radicale. On constate, en effet, que les 
                  sectes poursuivies en justice ou menacées de dissolution 
                  manifestent une étonnante capacité à s'auto-dissoudre 
                  et à se reconstituer sous la forme d'un autre organisme. 
                  Ainsi, l'association des Pionniers du Nouvel Age a été 
                  dissoute en janvier 1981, mais ses responsables se retrouvent 
                  aujourd'hui dans l'Eglise de l'Unification, l'Association pour 
                  l'Unification du Christianisme mondial et la Croisade internationale 
                  pour un monde uni. De même, les responsables de l'Association 
                  Dianétique, dissoute en 1982, poursuivent leurs activités 
                  au sein de l'Association de Défense des Scientologistes 
                  Français et ceux de la Méditation transcendantale 
                  Paris Est, dans la Fédération française 
                  de Méditation. 
                 Il n'empêche que des dissolutions 
                  systématiques et rapides pourraient avoir un fort effet 
                  dissuasif. On peut penser que si, parallèlement, les 
                  responsables sont poursuivis, voire condamnés, la recréation 
                  de ces associations sera beaucoup plus difficile. 
                 Il est, en tout état de cause, 
                  important que les services de police essaient d'identifier les 
                  associations qui sont en fait identiques à celles qui 
                  auraient été dissoutes, et de vérifier 
                  avec une attention particulière qu'elles se conforment 
                  à la loi. 
                   6. S'assurer que les bénéficiaires 
                  de certaines allocations, membres d'une secte ne reversent pas 
                  tout ou partie du montant de ces prestations à la secte 
                  dont ils font partie. 
                 D'après les informations fournies 
                  à la Commission, il semblerait que les membres de certaines 
                  sectes, bénéficiaires du revenu minimum d'insertion, 
                  reversent intégralement ou en partie le montant de cette 
                  allocation à la secte dont ils font partie. Une telle 
                  pratique constitue à l'évidence un détournement 
                  de l'objet du RMI. Votre Commission est bien consciente de la 
                  difficulté pour les services compétents de repérer 
                  l'existence de tels faits. Néanmois, ce type de dévoiement 
                  ne peut qu'être extrêmement préjudiciable 
                  à l'égard de la très grande majorité 
                  des personnes qui bénéficient de cette prestation 
                  conformément à la loi. Aussi, conviendrait-il, 
                  lorsqu'il aura pu être constaté qu'un membre de 
                  la secte reverse à celle-ci tout ou partie du RMI qu'il 
                  perçoit, de rappeler à la personne concernée 
                  ses obligations et, au besoin, suspendre le versement de l'allocation 
                  tant que celles-ci ne sont pas respectées. 
                 La même vigilance doit s'exercer 
                  pour l'attribution d'autres allocations ayant une affectation 
                  précise, par exemple les bourses. 
                   7. Accroître la coopération 
                  internationale, communautaire notamment. 
                 Un renforcement de la coopération 
                  internationale se révèle indispensable aujourd'hui. 
                 En effet, beaucoup de sectes dangereuses 
                  ont, comme on l'a vu, une dimension internationale. Elles pourront 
                  donc d'autant plus facilement être démantelées 
                  que les Etats seront en mesure de mettre en place une action 
                  commune. 
                 En outre, les sectes poursuivies en 
                  France décident souvent de transférer leurs activités 
                  à l'étranger. Comme l'écrit un groupe de 
                  spécialistes dans un rapport confidentiel transmis à 
                  la Commission : " ...l'exercice illégal de la médecine, 
                  le non respect des règles élémentaires 
                  contenues dans le code du travail français les obligent 
                  à fuir vers des cieux plus favorables leur garantissant 
                  une évasion fiscale ou leur permettant d'échapper 
                  au règlement de leurs cotisations sociales obligatoires 
                  " . Et de conclure : " une approche nationale ne permettant 
                  pas à elle seule une compréhension correcte et 
                  une action efficace, une coordination internationale s'impose. 
                  " 
                Cette coopération est, comme on le 
                  verra, également nécessaire pour mieux secourir 
                  les Français expatriés en proie à des difficultés 
                  avec les sectes. 
                 Si cette coopération n'est 
                  pas facile à mettre en oeuvre à l'échelle 
                  internationale, elle devrait au moins exister au sein de l'Union 
                  européenne. Or, aucune action particulière ne 
                  semble exister dans ce domaine. 
                 Il convient d'évoquer, à 
                  cet égard, la création à Paris en 1994 
                  de la Fédération européenne des centres 
                  de recherche et d'information sur le sectarisme (FECRIS) dont 
                  l'objet est, selon ses statuts, de " rechercher et informer 
                  quant aux pratiques et aux effets du sectarisme destructeur 
                  sur les individus, sur les familles et sur les sociétés 
                  démocratiques ; de secourir les victimes ; de les représenter 
                  en ces matières auprès des autorités civiles 
                  et morales responsables, pour attirer leur attention et seconder 
                  leur action " . Toutefois, cette association est trop récente 
                  pour que l'on puisse tirer des conclusions de son action. En 
                  toute hypothèse, il s'agit d'une initiative purement 
                  privée et non une action concertée des Etats membres 
                  de l'Union européenne. 
                 Il serait donc souhaitable d'instaurer 
                  une coopération intergouvernementale. Celle-ci commencerait 
                  au moins entre les Quinze dans un premier temps. Elle reposerait 
                  d'abord sur un échange d'informations et l'élaboration 
                  de propositions. 
                 Ce processus pourrait déboucher 
                  ensuite sur des accords internationaux sur un certain nombre 
                  de points clés. 
                 C'est d'ailleurs ainsi que M. De Puig 
                  concevait les choses dans son avis sur les sectes et les nouveaux 
                  mouvements religieux, rédigé dans le cadre du 
                  Conseil de l'Europe : " On peut faire beaucoup dans le 
                  domaine de la coopération internationale pour augmenter 
                  l'efficacité du contrôle des sectes et pour obtenir 
                  des informations et les divulguer. Il serait donc désirable 
                  de conclure les accords internationaux nécessaires à 
                  cet effet. " . 
                 Pour être efficaces, ces accords 
                  devraient concerner : l'étude du phénomène 
                  et l'échange d'informations grâce, notamment, à 
                  une banque de données ; la coordination des dispositifs 
                  de contrôle, compte tenu de la disparité des systèmes 
                  juridiques ; la recherche des personnes poursuivies en justice 
                  ou par l'administration ; la recherche des personnes disparues. 
                  3.- Améliorer 
                  le dispositif juridique 
                 Si l'arsenal juridique permettant 
                  de lutter contre les dangers que font courir les sectes aux 
                  individus et à la société paraît 
                  globalement adapté, il pourrait néanmoins être 
                  complété ou modifié sur quelques points 
                  de façon à rendre plus efficace la riposte contre 
                  les dérives sectaires. 
                   1. Entreprendre une étude 
                  sur l'effet dissuasif des sanctions encourues par les sectes 
                  et sur l'opportunité de les aggraver 
                 Selon plusieurs avis recueillis par 
                  la Commission, les peines et les indemnités pour dommages-intérêts 
                  qu'encourent les sectes ne seraient pas suffisamment dissuasives. 
                 Ainsi, par exemple, une personne qui 
                  s'est exprimée devant commission, qui a eu plusieurs 
                  procès avec des sectes, qu'elle a tous gagnés, 
                  a calculé que le montant du préjudice qu'elle 
                  avait subi directement du fait des sectes et qui n'a pas été 
                  réparé s'élevait à environ 120.000 
                  francs. 
                 Il est difficile de se prononcer a 
                  priori sur l'effet dissuasif des sanctions encourues par les 
                  sectes et sur l'opportunité de les aggraver. 
                 Malgré les travaux qu'elle 
                  a menés, votre Commission ne s'estime pas en mesure de 
                  se prononcer sur le caractère suffisamment dissuasif 
                  ou non des sanctions encourues par les sectes, et, moins encore, 
                  sur l'opportunité de les aggraver. Elle n'en est pas 
                  moins encline à penser que la question mérite 
                  sérieusement d'être posée. 
                 Aussi, estime-t-elle qu'il serait 
                  intéressant que l'observatoire dont la création 
                  est préconisée fasse une étude approfondie 
                  de cette question, suivie, le cas échéant de propositions. 
                   2. Revoir le régime 
                  de la diffamation 
                 Certaines sectes sont, on le sait, 
                  coutumières de la diffamation. Mais elle ne peuvent pas 
                  toujours être poursuivies, donc moins encore condamnées. 
                 En effet, comme la Commission l'a 
                  constaté, certaines sectes ont trouvé un moyen 
                  de contourner la loi concernant les règles relatives 
                  à la prescription de cette infraction. L'article 65 de 
                  la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse 
                  dispose, rappelons-le, que " l'action publique et l'action 
                  civile résultant des crimes, délits et contraventions 
                  prévus par la présente loi se prescriront après 
                  trois mois révolus à compter du jour où 
                  ils auront été commis ou du jour du dernier acte 
                  d'instruction ou de poursuite s'il en a été fait. 
                  " Or, ces sectes publient parfois des revues contenant 
                  des articles diffamatoires, pour lesquelles elles satisfont 
                  aux obligations de dépôt légal, mais sans 
                  les distribuer, sauf éventuellement à un public 
                  restreint; puis elles attendent trois mois pour procéder 
                  à leur diffusion, ce qui leur évite d'être 
                  attaquées. 
                 Il parait souhaitable à votre 
                  Commission de remédier à cet état de fait. 
                 Une première possibilité 
                  serait d'allonger le délai précité de trois 
                  à six mois. Toutefois, cette solution présenterait 
                  plusieurs inconvénients. D'abord, elle ne résoudrait 
                  pas définitivement le problème : les organismes 
                  en question attendraient alors six mois avant de procéder 
                  à la diffusion. Toutefois, distribuer une revue six mois 
                  après la date de publication qu'elle mentionne constituerait 
                  sans doute une gêne. L'obstacle le plus sérieux 
                  réside plutôt dans les difficultés à 
                  la fois politiques et pratiques que soulèverait la modification 
                  de la loi de 1881 sur la presse sur ce point. Serait-il opportun, 
                  en effet, de toucher à une législation importante, 
                  qui traduit un certain équilibre, et à laquelle 
                  la presse est très attachée ? Il ne semble pas. 
                 Une deuxième solution consisterait 
                  à prévoir que la date à laquelle a été 
                  commise la diffamation correspond à celle de la première 
                  mise en distribution au public - au sens de grand public, par 
                  opposition à un cercle restreint, sauf si celle-ci n'a 
                  vocation qu'à être diffusée à un 
                  tel cercle - de la publication qui la contient. 
                 C'est d'ailleurs en ce sens que semble 
                  évoluer la jurisprudence. En effet, il a été 
                  jugé que l'accomplissement des formalités du dépôt 
                  légal n'établit aucune présomption que 
                  la publication ait eu lieu à cette date et ne doit être 
                  tenu que comme un élément d'appréciation 
                  (Cass. Crim. 1er juillet 1953, Bull. crim. no 228) ; que, d'autre 
                  part, le point de départ du délai de prescription 
                  de trois mois n'est pas la date portée sur la couverture 
                  des exemplaires du numéro d'un hebdomadaire, mais celle 
                  de sa publication effective résultant de sa mise en vente, 
                  indépendamment de la date fictive portée sur la 
                  couverture à des fins purement commerciales (Paris, 28 
                  janvier 1977, D. 1978.IR.80). 
                 Encore reste-t-il cependant à 
                  préciser que cette distribution effective est bien celle 
                  destinée au public. Votre Commission est encline à 
                  penser que la meilleure solution est sans doute de laisser la 
                  jurisprudence apporter cette précision. 
                   3. Renforcer la protection 
                  des experts mandatés auprès des tribunaux 
                 Les experts mandatés auprès 
                  des tribunaux ne sont sans doute pas aujourd'hui suffisamment 
                  protégés. 
                 Certes, l'article 434.8 du nouveau 
                  code pénal prévoit-il que " toute menace 
                  ou tout acte d'intimidation commis envers un magistrat, un juré 
                  ou toute autre personne siégeant dans une formation juridictionnelle, 
                  un arbitre, un interprète, un expert ou l'avocat d'une 
                  partie en vue d'influencer son comportement dans l'exercice 
                  de ses fonctions est puni de trois ans d'emprisonnement et de 
                  300.000 francs d'amende. " . D'autre part, l'article 222.12 
                  du même code dispose que les violences commises sur, entre 
                  autres, un magistrat, un juré, un avocat, un officier 
                  public ou ministériel ou toute autre personne dépositaire 
                  de l'autorité publique ou chargée d'une mission 
                  de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de 
                  l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, ayant entraîné 
                  une incapacité totale de travail pendant plus de huit 
                  jours sont punies de trois ans d'emprisonnement et de 300.000 
                  francs d'amende. 
                 Toutefois, il n'est pas évident, 
                  en premier lieu, que l'article 222.12 s'applique aux experts 
                  judiciaires. Même si c'était le cas, cet article 
                  présente deux limites principales : il faut qu'il y ait 
                  eu des violences ayant entraîné une incapacité 
                  de travail pendant plus de huit jours ; ces violences doivent 
                  avoir été commises dans l'exercice ou à 
                  l'occasion des fonctions. Ce qui signifie, dans le cas de violences 
                  graves n'ayant pas provoqué cette incapacité et 
                  de celles - quelle que soit leur gravité --commises lorsque 
                  les fonctions sont définitivement terminées, à 
                  titre, par exemple, de revanche, que l'expert ne bénéficie 
                  d'aucune protection particulière. 
                 S'agissant de l'article 434.8, il 
                  ne couvre pas non plus l'hypothèse des mesures de rétorsion 
                  à l'encontre de l'expert après l'avis ou le procès. 
                 Selon les informations recueillies 
                  par la Commission, l'absence d'une protection suffisante pour 
                  les experts aurait au moins trois conséquences dommageables 
                  : 
                 - soit les experts en question renoncent 
                  simplement à se prononcer sur des affaires susceptibles 
                  de leur attirer ce type d'ennuis ; 
                 - soit ils continuent de remplir ces 
                  fonctions, mais ils prennent le risque d'en subir un préjudice 
                  dont il n'est pas certain qu'ils pourront obtenir réparation 
                  car il n'est pas toujours facile dans ce genre de situation 
                  d'identifier le coupable et de prouver sa culpabilité 
                  ; 
                 - enfin, on ne peut exclure qu'ils 
                  puissent être amenés à édulcorer 
                  leur compte-rendu ou à s'auto-censurer , ce qui serait 
                  un grave obstacle au bon déroulement de la justice. 
                 Votre Commission estime donc souhaitable 
                  de renforcer la protection juridique dont bénéficient 
                  les experts afin de les mettre autant que possible à 
                  l'abri de toute pression ou de toute mesure de rétorsion. 
                 On pourrait, pour ce faire, s'inspirer 
                  des diverses dispositions protégeant actuellement les 
                  magistrats. Il s'agit notamment des articles 222 et 223 (outrages 
                  à magistrat), 227 (tentatives de pressions), 228 (violences 
                  et voies de fait), 306 (menaces), 310 et 311 (coups et blessures) 
                  et 434 (destructions, dégradations et dommages) du code 
                  pénal. 
                   4. Permettre aux associations 
                  de défense des victimes de se porter partie civile. 
                 Aucune disposition ne permet actuellement 
                  aux associations de défense des victimes des sectes de 
                  se porter partie civile dans des affaires concernant ces personnes. 
                 Certes, ces associations ont parfois 
                  réussi à se porter partie civile en s'appuyant, 
                  lorsque l'objet de l'affaire le leur permettait, sur certaines 
                  dispositions existantes. Ainsi, par exemple, l'article 2.2 du 
                  code de procédure pénale prévoit-il que 
                  " toute association régulièrement déclarée 
                  depuis au moins cinq ans [] dont l'objet statutaire comporte 
                  la lutte contre les violences sexuelles [] peut exercer les 
                  droits reconnus par la partie civile [] " l'article 2.3 
                  quant à lui, institue une possibilité similaire 
                  pour les associations se proposant de défendre ou d'assister 
                  l'enfance martyrisée. 
                 Ce n'est donc que dans la mesure où 
                  le cas d'espèce autorise les associations de défense 
                  des victimes des sectes à se " glisser " dans 
                  des dispositifs dont la finalité principale ne correspond 
                  pas à leur objet spécifique qu'elles peuvent se 
                  porter partie civile. D'ailleurs, deux associations ont fait 
                  savoir à la Commission qu'il leur avait été 
                  plusieurs fois refusé de se constituer partie civile 
                  dans des affaires concernant des victimes de sectes. 
                 Il serait pourtant utile de leur accorder 
                  systématiquement ce droit. Et ce pour trois raisons principales 
                  : 
                 - ces associations pourraient mieux 
                  s'associer aux victimes et les aider dans leurs démarches 
                  auprès de la justice, notamment celles qui sont les plus 
                  fragiles ; 
                 - elles pourraient les suppléer 
                  lorsque, pour des raisons diverses tenant notamment à 
                  la crainte que leur inspirent les responsables de la secte elles 
                  n'osent pas agir elles-mêmes ; 
                 - elles pourraient enrichir l'information 
                  des magistrats et les débats judiciaires par leurs interventions. 
                 Accorder à ces associations 
                  la possibilité de se porter partie civile dans les affaires 
                  concernant les victimes des sectes pourrait se faire, soit en 
                  ajoutant une disposition spécifique à la liste 
                  des associations mentionnées aux articles 2.1 à 
                  2.14 du code de procédure pénale, soit en prévoyant 
                  à l'article 3 du code de la famille que les associations 
                  de défense des familles bénéficient, au 
                  même titre que l'Union nationale et que les unions départementales 
                  des associations familiales, de ce droit. 
                   5. Prévoir la transmission 
                  à la préfecture du budget annuel et des comptes-rendus 
                  d'assemblée générale des associations dont 
                  le budget annuel est supérieur à 500.000 F. 
                 Comme on l'a vu, certaines sectes, 
                  non seulement exploitent financièrement leurs adeptes, 
                  mais recourent à des moyens frauduleux tels que, par 
                  exemple, la dissimulation de certaines ressources, l'utilisation 
                  de sociétés ou d'associations écrans ou 
                  la poursuite d'activités lucratives dans le cadre d'associations 
                  déclarées. 
                 Il conviendrait donc de soumettre 
                  ces sectes à des obligations de transparence en matière 
                  financière. Mais étant donné qu'il serait 
                  difficile, pour des raisons déjà évoquées, 
                  de réserver un sort particulier aux sectes, ces obligations 
                  devraient être imposées à toutes les associations 
                  à partir d'un certain niveau de budget. 
                 Il paraît raisonnable à 
                  votre Commission de prévoir que toutes les associations 
                  dont le budget annuel est égal ou supérieur à 
                  500.000 francs devront transmettre chaque année à 
                  la préfecture de leur département une copie de 
                  celui-ci ainsi que les comptes-rendus de leur assemblée 
                  générale. Ce choix d'un seuil de 500.000 francs 
                  constitue, semble-t-il, un bon équilibre entre le souci 
                  de transparence financière et le souhait de ne pas engorger 
                  les préfectures. Cette mesure ne concernerait de fait 
                  qu'environ 16.900 associations sur un total estimé à 
                  187.600, soit 9 % d'entre elles. 
                 Les services fiscaux pourraient ensuite 
                  exercer un contrôle sur ces documents de leur propre initiative 
                  ou à la demande du préfet. 
                   6. Créer un Haut conseil 
                  des cultes composé de représentants des autorités 
                  religieuses, scientifiques et administratives, chargé 
                  de donner un avis conforme sur les demandes relatives à 
                  la reconnaissance d'association cultuelle, voire celles concernant 
                  l'obtention du statut de congrégation. 
                 Plusieurs organismes considérés 
                  communément comme des sectes demandent aujourd'hui à 
                  bénéficier du statut d'association cultuelle prévu 
                  par la loi du 9 décembre 1905. 
                 La question se pose aujourd'hui de 
                  savoir si le dispositif juridique existant est satisfaisant 
                  pour faire face à ce type de demande. 
                 On comprend bien qu'il serait dangereux 
                  de reconnaître ce statut à des mouvements pseudo-religieux, 
                  qui ne se présentent sous forme d'une religion que pour 
                  mieux séduire, mais qui, en réalité, poursuivent 
                  d'autres objectifs tels que l'enrichissement, le pouvoir ou 
                  un quelconque intérêt personnel. La commission 
                  a, sur ce point, été plusieurs fois alertée. 
                  Ainsi, un des spécialistes qu'elle a entendus, au demeurant 
                  l'un des plus mesurés, lui a déclaré : 
                  " sur quoi prolifèrent les sectes ? Sur le silence, 
                  sur leur côté dissimulé ; par le langage, 
                  qui est celui du langage religieux. Il faut commencer par leur 
                  refuser ce qu'elles demandent, à savoir un statut religieux, 
                  ce qui serait le piège des pièges. L'argument 
                  allégué serait un meilleur contrôle. Mais 
                  pour le peu de contrôle que cela permettrait et que l'on 
                  peut obtenir par d'autres moyens ! Rendez-vous compte du prestige 
                  qui leur serait offert si on leur accordait un statut confessionnel. 
                  Ce serait une véritable catastrophe. " 
                En revanche, rien n'est plus normal que 
                  les mouvements religieux authentiques qui souhaitent être 
                  reconnus comme association cultuelle et sont prêts à 
                  se conformer à leur régime puissent en bénéficier. 
                 Il convient donc que le bureau des 
                  cultes du ministère de l'Intérieur puisse, sur 
                  demande de l'organisme intéressé et après 
                  examen de son dossier, délivrer directement ce statut. 
                  Actuellement, la qualité d'association cultuelle n'est, 
                  en effet, reconnue qu'indirectement aujourd'hui par le bureau 
                  des cultes du ministère de l'intérieur ou les 
                  préfectures à l'occasion d'une requête visant 
                  à faire bénéficier une association des 
                  libéralités prévues à l'article 
                  19 alinéa 4 de la loi du 9 décembre 1905, ou des 
                  articles 200 et 238 bis du code général de impôts, 
                  qui permettent à leurs bienfaiteurs d'obtenir des déductions 
                  d'impôt sur le revenu. Il semblerait nettement préférable 
                  à votre Commission que la reconnaissance de cette qualité 
                  fasse l'objet d'une procédure spécifique, sur 
                  demande des organismes intéressés. C'est bien 
                  entendu au bureau des cultes que devrait incomber le soin d'accorder 
                  le statut d'association cultuelle. Mais compte tenu de la difficulté 
                  qu'il y a souvent aujourd'hui à apprécier la nature 
                  cultuelle d'une association, notamment lorsque celle-ci poursuit 
                  des buts multiples, votre Commission estime qu'il serait nécessaire 
                  que le bureau des cultes se prononce sur l'avis d'un conseil 
                  de personnes compétentes pour en juger. 
                 Elle propose donc de créer 
                  un Haut conseil des cultes, qui serait composé d'une 
                  trentaine de personnes nommées par le Premier ministre. 
                  Il comprendrait un tiers de représentants des différentes 
                  religions reconnues, un tiers de personnalités témoignant 
                  d'une compétence incontestable dans le domaine des religions 
                  et d'un tiers de représentants des différentes 
                  administrations intéressées (bureau des cultes 
                  et bureau des libertés publiques du ministère 
                  de l'Intérieur, Direction centrale des Renseignements 
                  généraux, Direction de l'action sociale, ministère 
                  de l'Education nationale, etc...). Son avis s'imposerait au 
                  bureau des cultes. 
                 Il conviendrait, en conséquence, 
                  d'amender légèrement la loi du 9 décembre 
                  1905 en indiquant que la qualité d'association cultuelle 
                  est reconnue par le ministère de l'Intérieur sur 
                  avis conforme du Haut conseil des cultes composé selon 
                  les modalités définies ci-dessus. 
                 Le même problème pouvant 
                  se poser pour les demandes relatives à l'obtention du 
                  statut de congrégation, il est proposé, afin d'assurer 
                  un parallélisme des procédures, que la reconnaissance 
                  légale de ce statut soit accordée, non pas par 
                  décret sur avis conforme du Conseil d'Etat, comme le 
                  prévoit aujourd'hui l'article 13 de la loi du 1er juillet 
                  1901 relative au contrat d'association, mais par décret 
                  sur avis conforme du Haut Conseil des cultes. 
                  5.- Aider 
                  les anciens adeptes 
                 Il est, certes, important de prévenir 
                  les dangers que font courir les sectes et de mieux les combattre. 
                  Mais il faut aussi aider les anciens adeptes, dont certains 
                  ont vécu, parfois pendant plusieurs années, quasiment 
                  voire totalement coupés de la société, 
                  que cet isolement soit physique ou seulement mental. Aussi, 
                  après leur sortie de la secte, rencontrent-ils généralement 
                  de grandes difficultés de réinsertion dans la 
                  société. En même temps, ils ignorent le 
                  plus souvent à qui s'adresser pour se faire aider dans 
                  cette entreprise. Votre Commission pense qu'il serait donc nécessaire 
                  qu'ils puissent disposer d'un interlocuteur privilégié 
                  au sein de l'administration. Par ailleurs, une attention particulière 
                  doit être portée à la situation des anciens 
                  adeptes à l'étranger. 
                   1. Instituer dans chaque département 
                  un responsable pour l'aide aux anciens adeptes. 
                 De façon à ce que les 
                  personnes venant de quitter une secte puissent se renseigner 
                  facilement sur les services publics, qu'ils ne connaissent généralement, 
                  pas, votre Commission propose qu'un responsable pour l'aide 
                  aux anciens adeptes soit nommé dans chaque département, 
                  soit par le Préfet, soit par le Président du Conseil 
                  général - le choix de l'autorité de nomination 
                  ne change pas fondamentalement la réponse apportée 
                  au problème. Il convient que cette personne, que cette 
                  fonction n'occuperait pas nécessairement à plein 
                  temps, ait une bonne connaissance du phénomène 
                  sectaire et de l'administration publique. Elle aurait pour mission 
                  d'étudier l'évolution des mouvements sectaires 
                  dans son département ainsi que les problèmes posés 
                  aux victimes, d'accueillir celles-ci et de les orienter vers 
                  les services administratifs et les associations susceptibles 
                  de résoudre leurs difficultés. Elle rendrait compte 
                  de ses études et de ses activités à son 
                  autorité de nomination ainsi qu'à l'observatoire 
                  des sectes dont la création est proposée par ailleurs. 
                  Elle pourrait d'ailleurs se tourner vers cet organisme pour 
                  obtenir des informations, voire des conseils. 
                   2. Secourir plus efficacement 
                  les adeptes expatriés qui le souhaitent. 
                 Selon diverses sources, le nombre 
                  de Français appartenant à une secte et vivant 
                  à l'étranger serait assez important, sans que 
                  l'on ait le moyen de le chiffrer avec une précision même 
                  approximative. Mais c'est un fait avéré que plusieurs 
                  sectes ont une dimension internationale et n'hésitent 
                  pas, comme, par exemple, Moon ou l'Eglise de la scientologie, 
                  à envoyer à l'étranger des adeptes recrutés 
                  en France. De plus, on ne peut oublier que certaines organisation 
                  poursuivies par la justice ou l'administration ont quitté 
                  le territoire national. 
                 Or, ces personnes sont souvent dans 
                  une situation encore plus précaire que les adeptes résidant 
                  sur le territoire français, se trouvant dans un environnement 
                  qui leur est peu familier, et isolés de leur famille 
                  et de leurs anciennes relations. 
                 Les services diplomatiques et consulaires 
                  apportent aujourd'hui une aide substantielle pour retrouver 
                  des personnes disparues et pour les rapatrier. 
                 La Direction des Français à 
                  l'étranger du ministère des Affaires étrangères 
                  tente chaque année de répondre à plusieurs 
                  centaines de demandes de renseignements de familles au sujet 
                  de personnes disparues. Cependant, les postes diplomatiques 
                  et consulaires dépendent souvent étroitement de 
                  la bonne volonté et de l'efficacité des autorités 
                  locales pour obtenir une réponse. De plus, quand bien 
                  même la personne disparue serait retrouvée, si 
                  celle-ci ne souhaite pas qu'on divulgue son adresse, le ministère 
                  des Affaires étrangères est obligé de se 
                  conformer à ce voeu en application du principe de respect 
                  de la vie privée. La moitié des personnes retrouvées 
                  expriment d'ailleurs ce souhait. 
                 D'autre part, le ministère 
                  dispose d'une ligne de crédit de l'ordre de 5 millions 
                  de francs pour assurer des rapatriements sanitaires et d'urgence 
                  ainsi que pour des personnes indigentes. Le ministère 
                  demande aux familles de financer les autres formes de rapatriement. 
                 Deux mesures seraient susceptibles 
                  d'améliorer l'action des pouvoirs publics dans ce domaine. 
                 En premier lieu, il conviendrait, 
                  dans le cadre du renforcement de la coopération internationale 
                  évoquée plus haut, que la France obtienne d'un 
                  nombre de pays aussi important que possible la garantie d'une 
                  collaboration soutenue pour ce genre de problèmes. Aucun 
                  pays, il est vrai, n'a intérêt à voir se 
                  développer sur son territoire une organisation illégale 
                  et dangereuse. 
                 Deuxièmement, nos services 
                  diplomatiques et consulaires pourraient, dans ce cadre, accroître 
                  leurs contacts et leurs liens avec les autorités locales 
                  susceptibles de les aider dans la recherche de personnes disparues. 
                   CONCLUSION 
                 Difficile à définir, 
                  peu aisé à mesurer, impossible à saisir 
                  dans sa globalité, le phénomène sectaire 
                  n'en constitue pas moins une réalité tangible 
                  du monde contemporain : l'expression de multiples mouvements 
                  spirituels distincts des religions traditionnelles et caractérisés 
                  par des croyances et des pratiques spécifiques. 
                 De fait, il est étroitement 
                  lié aux grands problèmes qui se posent aux sociétés 
                  actuelles, qu'il s'agisse du déclin des religions traditionnelles, 
                  de la mutation des structures familiales, de la remise en cause 
                  des valeurs morales, de la place du politique ou de la crise 
                  économique et sociale. Il en est même, d'une certaine 
                  façon, le reflet. 
                 Si sa diversité et sa complexité 
                  empêchent de rendre compte avec précision de son 
                  évolution quantitative et qualitative, les recherches 
                  effectuées montrent qu'il s'est amplifié au cours 
                  de la dernière décennie en France et à 
                  l'étranger. Et ce, tant en nombre d'organismes que d'adeptes 
                  et de sympathisants. En même temps, il présente 
                  des formes plus variées, il met en oeuvre des techniques 
                  plus sophistiquées et dispose de moyens financiers accrus. 
                 Les adeptes, en nombre croissant, 
                  s'engagent souvent totalement, jusqu'à perdre une partie 
                  de leur identité. Et c'est là que le risque de 
                  déviation devient grave, quand l'engagement et la confiance 
                  absolue conduisent à ne pas se soigner, à couper 
                  les liens avec la famille, à donner tout l'argent dont 
                  on dispose. L'intervention des pouvoirs publics s'impose quand 
                  l'engagement conduit à une dépendance psychologique 
                  qu'exploitent des dirigeants à leur propre profit. 
                 Les décisions judiciaires rendues 
                  ces dernières années montrent bien que nombre 
                  d'entre eux se rendent coupables de délits, pouvant aller 
                  de la tromperie ou de la fraude aux mauvais traitements, aux 
                  coups et blessures et à la séquestration. De surcroît, 
                  les informations fournies à la Commission et les témoignages 
                  qu'elle a reçus ne laissent pas de doute sur le fait 
                  que les affaires révélées par la justice 
                  ne rendent compte que d'une partie des dangers que font courir 
                  les sectes, qui sont en fait à la fois plus nombreux, 
                  plus étendus et plus graves. 
                 L'Etat ne peut, à l'évidence, 
                  laisser se développer en son sein ce qui, à beaucoup 
                  d'égards, s'apparente à un véritable fléau. 
                  Rester passif serait, en effet, non seulement irresponsable 
                  à l'égard des personnes touchées ou susceptibles 
                  de l'être, mais dangereux pour les principes démocratiques 
                  sur lesquels est fondée notre République. 
                 Votre Commission estime donc indispensable 
                  de réagir. Cela étant, il lui est apparu que la 
                  meilleure façon de riposter au développement des 
                  sectes dangereuses n'est sûrement pas la plus spectaculaire, 
                  sous la forme d'une législation anti-sectes que l'ampleur 
                  de notre arsenal juridique ne rend pas nécessaire et 
                  qui risquerait d'être utilisée un jour dans un 
                  esprit de restriction de la liberté de pensée. 
                  L'essentiel, selon elle, est bien d'utiliser pleinement les 
                  dispositions existantes, leur application systématique 
                  et rigoureuse devant permettre de lutter efficacement contre 
                  les dérives sectaires. Pour y parvenir, il est d'abord 
                  nécessaire de mieux connaître- ce que permettrait 
                  la création d'un observatoire ad hoc - et, surtout, de 
                  mieux faire connaître le phénomène et les 
                  dangers qu'il peut recéler. D'autre part, il faut s'attacher 
                  à ce que les institutions chargées d'appliquer 
                  le droit dans ce domaine y soient sensibilisées. En outre, 
                  certains aménagements à la législation 
                  existante paraissent souhaitables pour mieux tenir compte de 
                  l'évolution des associations sectaires. Enfin, il est 
                  important que les anciens adeptes puissent être aidés 
                  à se réinsérer dans la société. 
                  Toutes mesures qui, selon votre Commission, devraient être 
                  mises en oeuvre dans les meilleurs délais . Nous ne nous 
                  sentons pas en France menacés par une tragédie 
                  de type Waco, voire un attentat du genre de celui perpétré 
                  par la secte Aoum dans le métro de Tokyo au printemps 
                  dernier. Mais les germes de tels drames existent sur notre territoire, 
                  et la prévention s'impose. 
                 Cela dit, il faut être lucide 
                  : les mesures proposées ici ne suffiront probablement 
                  pas à elles seules à faire disparaître ces 
                  dangers. Reflet des difficultés du monde actuel, symptôme 
                  d'un profond malaise social, image d'une crise morale autant 
                  que civique, le phénomène sectaire appelle aussi, 
                  en effet, une réponse globale à l'ensemble des 
                  grands problèmes de l'époque contemporaine. 
                   
               
            La Commission a examiné le présent 
              rapport au cours de sa séance du 20 décembre 1995 
              et l'a adopté à l'unanimité.   Elle 
              a ensuite décidé qu'il serait remis à M. le 
              Président de l'Assemblée nationale afin d'être 
              imprimé et distribué, conformément aux dispositions 
              de l'article 143 du Règlement de l'Assemblée nationale. 
                   
             
               
                 
                
              
              
             
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