| Observatoire inter-ministériel 
          sur les sectesRapport annuel 1997en application de l'article 
          3 du décret n° 96-387 du 9 mai 1996   Créé par décret du 9 mai 1996 et 
        installé le 13/11/96 par le Premier Ministre, l'Observatoire Interministériel 
        sur les sectes doit lui remettre annuellement un rapport qui est transmis 
        au parlement. Le présent rapport ne comportera 
        pas une nouvelle analyse du phénomène sectaire qui a déjà été faite de 
        façon très approfondie par les deux rapports parlementaires traitant de 
        cette question. Conformément aux missions qui sont dévolues à l'observatoire, 
        il fera pour le Gouvernement, le point de l'évolution du phénomène sectaire, 
        des travaux entrepris et enfin formulera un certain nombre de propositions 
        pour lutter plus efficacement contre les dérives sectaires Ce rapport fait la synthèse des 
        différentes contributions fournies au rapporteur général par les membres 
        de l'observatoire : parlementaires, personnalités qualifiées ou représentants 
        des ministères. Il convient ici de rejeter, d'ores 
        et déjà, tous les procès d'intention qui sont faits ou qui pourraient 
        être faits à l'observatoire: « chasse à la sorcière », intolérance, nouvelle 
        inquisition etc... L'observatoire interministériel sur les sectes est 
        un organisme totalement indépendant au regard des groupes de pression 
        et d'intérêt quels qu'ils soient. Sa composition en est le garant : parlementaires 
        de toute tendance politique, personnalités qualifiées qui lui apportent 
        la compétence technique indispensable et enfin patrons des grandes directions 
        des ministères concernés susceptibles de donner dans leur département 
        ministériel, l'impulsion efficace et réaliste aux projets qu'ils souhaitent 
        mettre en úuvre. L'observatoire n'est pas une administration 
        (Un rapporteur 
        général, un magistrat, un secrétaire administratif et une secrétaire sténo-dactylographe) 
        chargée de traiter des dossiers pour le compte d'associations ou de particuliers 
        mais un organisme interministériel, de coordination et d'impulsion, de 
        réflexion et de propositions. Ses membres ont été répartis au 
        début de l'année en deux groupes de travail homogènes, l'un traitant de 
        l'observation et du suivi du phénomène, l'autre s'attachant à mettre au 
        point des actions d'information, de formation et de lutte contre les sectes. 
        Il est précisé que chacun des onze ministères représentés initialement 
        au sein de l'observatoire, a désigné un correspondant permanent, qui est 
        son interlocuteur privilégié et participe aux travaux des groupes de travail.
 Le programme de travail proposé au Premier Ministre et retenu par ce 
        dernier pour 1997 concernait dans une première phase, à titre principal, 
        l'information des français et la formation des fonctionnaires confrontés 
        plus particulièrement au phénomène sectaire (magistrature, gendarmerie 
        nationale, police nationale, éducation nationale, services sociaux et 
        services fiscaux, jeunesse et sport...).
 Dix huit réunions se sont tenues 
        depuis le début de l'année soit à Matignon, soit dans les nouveaux locaux 
        de l'observatoire rue de Bourgogne. Elles ont permis une mise en commun 
        des informations provenant de diverses sources et la réaffirmation d'un 
        important travail de coopération interministérielle en évitant les lourdeurs 
        administratives qui auraient nui à l'efficacité de l'action entreprise. Ce rapport constitue à la fois 
        un premier état des lieux ainsi qu'une première étape visant à apporter, 
        d'ores et déjà, quelques réponses à un problème complexe qui touche les 
        individus, l'ensemble de la société et de ses activités.
 Répondant à la première de ses missions définies à l'article 2 du décret 
        du 9 mai 1996, l'observatoire s'est attaché à suivre et analyser l'évolution 
        du phénomène sectaire depuis la parution du dernier rapport parlementaire 
        sur les sectes en France, qui a permis une perception plus accrue de la 
        nocivité des associations à caractère sectaire et qui a été par son impact, 
        à l'origine des actions engagées par les pouvoirs publics.
  
        
I - L'ACTUALISATION DE L'EVOLUTION 
        DU PHENOMENE SECTAIRE ET SON ANALYSE 1 - Le suivi et l'analyse en métropole 2 - Suivi du phénomène sectaire 
        Outre-Mer 3 - Le suivi international 
         II - LES ACTIONS MENEES ET PERSPECTIVES III - LES PROPOSITIONS DE L'OBSERVATOIRE IV - CONCLUSION  
        
I - L'ACTUALISATION 
          DE L'EVOLUTION DU PHENOMENE SECTAIRE ET SON ANALYSE Le suivi et l'analyse concernent 
        tant la Métropole, que l'Outre-Mer et le domaine international. Il convient de rappeler, en préalable 
        à tout bilan, que quelques éléments préoccupants sont survenus, dans cette 
        période aux marges immédiates de la scène sectaire, ou à l'étranger qui 
        permettent de dégager le contexte général de cette actualité. L'année 1996 a été marquée par des 
        agissements délictueux inquiétants commis par des personnes se réclamant 
        du satanisme, au titre desquels la profanation d'une tombe avec mutilation 
        du cadavre, ou encore l'assassinat à coups de couteaux d'un prêtre de 
        campagne par un émule de Satan. Parallèlement, ont été constatées une 
        progression notable de violations de sépultures, profanations de lieux 
        de culte, détournements ou destructions de symboles religieux, progression 
        qui se confirme en 1997. La situation française pour inquiétante 
        qu'elle soit ne saurait être comparée à celle des Etats-Unis ou des pays 
        scandinaves où le développement de groupes du même type se manifeste par 
        des comportements organisés, autrement plus nuisibles.  Le satanisme hexagonal est très peu 
        structuré et les rares associations, de cette mouvance se caractérisent 
        plutôt par leurs activités de commerce pornographique. En revanche, un 
        réseau informel de  relations individuelles ou groupusculaires se 
        développe au plan national parmi les jeunes que certains phénomènes de 
        société attirent vers ces marges culturelles et commerciales. Un autre phénomène nécessite une attention 
        particulière. Le risque de développement sur le territoire national, d'un 
        certain type de manifestation évangélique, de masse, illustré par « la 
        croisade du salut et des miracles" qui a réuni au Bourget (93), courant 
        juillet 1997, quelques 15 000 personnes, pour assister aux prestations 
        du télévangéliste américain Morris CERULLO. Prières, serments, mais aussi 
        " guérisons miracles " immédiates étaient au programme L'année 1996, au plan international, 
        a été marquée par l'intensification d'un différend entre les Etats-Unis 
        et l'Allemagne concernant les mesures prises par le Gouvernement Fédéral, 
        et surtout La Bavière, à l'encontre de la Scientologie. Il convient de 
        noter que cette association, à caractère intemational, a trouvé dans son 
        combat pour " la liberté religieuse " des soutiens parmi lesquels, plusieurs 
        artistes dont certains n'étaient pas affiliés à ce mouvement Par ailleurs, l'actualité de l'année 
        1997, a été nourrie d'événements dramatiques en lien avec des dérives 
        de mouvements à caractère sectaire. Sans être exhaustif, il convient de 
        rappeler la tragédie du 23 mars 1997 à Saint Casimir au Québec, qui a 
        porté à 74 le nombre total des victimes de l'ordre du Temple Solaire, 
        et quelques jours plus tard le transit de la quasi-totalité des adeptes 
        de la secte " La Porte du Paradis " à Rancho Santa Fe en Californie. Nombreux 
        ont été les faits divers, pour certains graves et préoccupants, mettant 
        en cause le phénomène sectaire, sur le territoire national. Ils font l'objet 
        à l'heure actuelle de procédures judiciaires. L'année 1997 a aussi été marquée par 
        la publication fin avril du rapport de la commission d'enquête parlementaire 
        belge. La polémique qu'elle a engendrée, de même nature et beaucoup plus 
        vive que celle occasionnée par le rapport français, a porté sur la liste 
        répertoriant 189 sectes dont des organisations catholiques, rendue publique 
        par la presse. Cette liste finalement n'a pas été intégrée au rapport 
        précité Dans l'hexagone, la période de référence 
        s'est traduite par quelques transformations significatives de la configuration 
        du panorama sectaire, marquée par une légère expansion du phénomène et 
        une homogénéisation des courants de pensée. 1 - Le suivi et 
        l'analyse en MétropoleA - La configuration 
        du paysage sectaire actuelElle se caractérise par une évolution 
        contrastée et atomisée des différents mouvements. La physionomie sectaire 
        tend, cependant, à s'uniformiser au travers des doctrines véhiculées.
 a) Une relative progression numérique
 La progression constante du phénomène 
        sectaire ne se dément pas. En effet, à côté de quelques sectes aujourd'hui 
        déstabilisées, d'autres se revitalisent, alors que près d'une trentaine 
        de groupes se signalent désormais par une dérive caractérisée. En revanche, 
        cette évolution numérique, qui trouve sa traduction sur le plan territorial 
        par un éparpillement certain, ne semble guère avoir de répercussion au 
        niveau du nombre global des adeptes des sectes. Quelques sectes 
        déstabilisées et un nouvel élan pour d'autres Sur les 172 organisations répertoriées 
        par les parlementaires, on peut relever que : 
        Deux associations ont été dissoutes 
          ; 
        Six associations se sont affaiblies 
          à la suite de la publication du rapport, de reportages ou de démêlés 
          judiciaires de leur gourou ; 
        Cinq associations ont changé de 
          nom.  Parallèlement, à cette déstabilisation 
        de plusieurs mouvements, d'autres en revanche, dont quatre d'entre eux 
        en particulier, ont connu un net regain d'activités. Ces mouvements en 
        expansion peuvent être rangés du point de vue de leur doctrine, principalement 
        dans les mouvements de type apocalyptique, ufologique et guérisseur (soit 
        occultiste, soit syncrétique). L'émergence de 
        nouvelles associations En deux ans, la scène sectaire s'est 
        enrichie de plus d'une vingtaine de mouvements non recensés jusque là, 
        essentiellement apocalyptiques et guérisseurs, pour reprendre les typologies 
        retenues dans le rapport d'enquête parlementaire. 
        Chez les apocalyptiques, 
          on dénombre huit nouvelles associations dont deux d'entre elles peuvent 
          être considérées également comme d'inspiration ufologique. La plupart 
          de ces groupements ne peuvent guère compter que sur quelques dizaines 
          d'adeptes, excepté deux d'entre eux qui dépassent vraisemblablement 
          le chiffre de 500. 
        Au titre des guérisseuses, 
          dix nouvelles associations ont vu le jour. Si l'une d'entre elle peut 
          compter sur près de 2.000 adeptes, toute évaluation quantitative des 
          autres mouvements est peu significative. En effet, dans le domaine des 
          sectes guérisseuses, l'important n'est pas le nombre "d'adeptes patients" 
          qui fluctue, mais le dynamisme du noyau dur qui relaye les enseignements 
          du gourou. Parmi ces nouvelles associations, trois d'entre elles peuvent 
          être qualifiées d'orientalistes, alors que quatre de ces associations 
          sont d'inspiration " new age".  b) Une évolution 
        significative sur le plan qualitatif Elle se traduit notamment par le quasi 
        plébiscite des courants de pensée apocalyptique et guérisseur, ainsi que 
        par des mutations inquiétantes au sein de la mouvance néo-spiritualiste 
        " nouvel âge". Le succès d'une 
        doctrine à dominante apocalyptique et guérisseuse Deux tendances prégnantes semblent 
        l'emporter dans le domaine sectaire. La première est l'apocalyptisme 
        qui prend de l'importance au fur et à mesure que l'on s'approche de certaines 
        dates charnières comme l'an 2000. L'église catholique envisage d'organiser 
        à cette date, un grand jubilé. Ce qui constitue un événement joyeux pour 
        un grand nombre de croyants, peut devenir une sombre menace pour des groupes 
        pathogènes. Le calendrier chrétien, n'est pas, 
        en la matière, le seul à être considéré dans les milieux spiritualistes. 
        En effet, selon la doctrine hindouiste, l'humanité vivra la fin d'une 
        période cyclique de 4.320.000 années. La quatrième partie de cette période, 
        le Kali-yuga, l'âge sombre, comportant lui-même 432.000 années, serait 
        parvenu à son terme qui coïnciderait précisément avec notre époque. Un 
        nouvel âge d'or, le Krita-yuga devrait lui succéder.  Les néo-spiritualistes, quant à eux, 
        imprégnés de croyances astrologiques, sont persuadés que l'entrée du monde 
        dans l'ère du Verseau, s'accompagnera d'un changement de valeurs. En fait, le sentiment qu'une page 
        de l'histoire humaine va être toumée, est une idée largement répandue. Une interprétation pessimiste, représentant 
        l'apocalyptisme, estime que la venue d'un monde nouveau connaîtra les 
        douleurs de l'enfantement et que le prix à payer pour cette naissance 
        sera la destruction de l'ancien monde dans de grandes catastrophes. On ne peut pas parler d'apocalyptisme 
        sans faire état du millénarisme qui lui est lié. Cette doctrine vient 
        du cúur du livre biblique de l'Apocalypse (XX, 1-6) où il est question 
        d'un règne du Christ sur terre avec ses élus pendant mille ans. Ce " 
        millenium " doit précéder la victoire définitive du Mal et la descente 
        de la Jérusalem céleste. Sur ce point également, s'affrontent les pessimistes 
        et les optimistes. Les gourous, prudents, tout en annonçant 
        l'imminence de catastrophes, se gardent bien d'en donner des dates trop 
        précises. Parallèlement au développement des 
        doctrines apocalyptiques, les pratiques guérisseuses connaissent 
        un véritable engouement.  En effet, les groupes spiritualistes, 
        qui prétendent intervenir dans le domaine de la santé, ont pour caractéristique 
        commune, de recourir à des médecines parallèles. Ces médecines sont diverses 
        et ont plusieurs sources d'inspiration. Pour les uns, il s'agit de renouer 
        avec d'antiques traditions, porteuses de sagesse, comme les médecines 
        chinoise ou védique. Pour d'autres, il convient de respecter une conception 
        holistique de l'homme qui serait, en réalité, une globalité corps-psyché, 
        dangereusement sécable. Au vu de ces différences, sont proposées 
        des thérapies diverses : 
        la guérison divine: la dérive sectaire 
          intervient dès lors qu'on proclame que l'Absolu est la seule médecine 
          et qu'il est impie de faire appel à la science des hommes 
        la guérison spirituelle par la 
          médiation d'anges, de personnes décédées ou de guides vivants dans l'au-delà. 
        certains aspects de la médecine 
          énergétique dont la dérive conduit à persuader le patient de l'obligation 
          de dépendance et de soumission à une structure déterminée. 
        des psychothérapies, (notamment 
          collectives par le biais de séminaires), dont certaines ne sont pas 
          exemptes, à des degrés divers, de dérives préoccupantes, entraînant 
          des patients dans des exercices déstabilisants, voire dangereux pour 
          leur santé et leur vie et lucratifs pour leurs gourous.  Il est permis d'avancer que la diabolisation 
        de la médecine moderne entre souvent dans un processus d'intégration sectaire.
 Les dérives du " new age"
 Il faut rappeler que le new age est 
        né de la rencontre de deux courants : d'une part, le mouvement dit du 
        potentiel humain apparu, en 1961 en Californie, d'autre part les techniques 
        issues des traditions orientales : yoga, zen, taï-chi-chuan, méditation 
        bouddhiste. Il doit être replacé dans un contexte plus vaste, celui du 
        néo-spiritualisme contemporain. Toutefois, le new age doit être replacé 
        dans un contexte plus vaste, celui du néo-spiritualisme contemporain fondé 
        sur le triptyque doctrinal comprenant les éléments suivants : la réincarnation, 
        l'évolution de l'âme vie après vie et, au terme de ce parcours, l'absolu 
        conçu comme un réservoir d'énergie-conscience partagé par les membres 
        d'une " grande loge blanche ", une " hiérarchie des maîtres 
        ", des " guides de lumière ", échappant au devenir cyclique 
        mais pouvant intervenir sur terre pour aider l'humanité. Le new age continue sa pénétration 
        dans la société française par capillarité et de diverses manières. Par exemple, une technique banale, 
        a priori, comme la relaxation peut, au travers des procédés de sophronisation 
        employés, dans certaines circonstances, lorsqu'ils sont utilisés hors 
        de l'encadrement d'un groupe qualifié et mandaté par une authentique tradition, 
        se révéler progressivement parcours initiatique.  Les passerelles entre les sectes avérées 
        et les associations " new age " sont monnaie courante dans l'univers néo-spiritualiste, 
        les dérives guérisseuses nombreuses. Cette mouvance poursuit indéniablement 
        son expansion quantitative en France, et on peut évaluer à plusieurs milliers 
        le nombre des associations offrant leurs activités aux personnes attirées 
        par le néo--spiritualisme. Or, les dérives observées permettent aujourd'hui 
        d'affirmer que de plus en plus de personnes ayant la vocation de gourous, 
        pensent désormais à exploiter ce vivier important d'adeptes, pour les 
        entraîner dans des aventures médicales, métapsychiques, voire politiques, 
        avec toutes les conséquences nuisibles que cela peut entraîner pour eux. B - L'occupation 
        du terrain au travers d'une quête de respectabilité Le retentissement médiatique du rapport 
        parlementaire a contraint un bon nombre de mouvements répertoriés comme 
        sectes, à se faire oublier, pendant au moins quelques mois. Cependant, 
        plusieurs de ces mouvements ont tenté de limiter les effets néfastes pour 
        eux du travail parlementaire en engageant, à la fois des campagnes de 
        séduction ou d'information, qui leur permettent en même temps de prendre 
        officiellement pied dans la société, voire de faire de nouveaux émules, 
        et en utilisant l'arme des procédures administratives et judiciaires. Les campagnes 
        de séduction ou de propagande Ces campagnes, véritables offensives, 
        ont été orchestrées à l'initiative des "structures centrales ", voire 
        internationales. Elles ont été, le plus souvent, exécutées par des filiales 
        de ces associations dans un souci de discrétion, alors même qu'elles ont 
        revêtu une ampleur d'une certaine envergure, nécessitant des moyens financiers 
        en conséquence. Une organisation s'est particulièrement 
        distinguée à l'attention des pouvoirs publics, dans cette offensive, à 
        l'adresse d'institutions ciblées, en procédant, par vagues, à des envois 
        de documents aux élus parisiens, puis, notamment aux préfectures, et aux 
        tribunaux. De son côté, le système éducatif, a été 
        destinataire de l'envoi massif de quelque 10.000 brochures, 
        portant sur une méthode d'éducation censée éradiquer l'illettrisme adressée 
        aux établissements scolaires et de formation professionnelle publics ou 
        privés de l'ensemble du territoire Les destinataires de ces publications 
        étaient conviés, en outre, à retourner une carte mentionnant leurs coordonnées 
        pour bénéficier d'exemplaires supplémentaires. Les recteurs d'académie 
        reçurent, cependant, pour consigne de veiller à ce que ces documents ne 
        soient pas accessibles aux élèves et aux enseignants. Avant la rentrée scolaire, la même 
        documentation a été adressée aux instituts universitaires de formation 
        des maîtres. D'autre part, dans la période de référence, 
        une autre structure qui dénonce les violations des droits de l'homme dans 
        le secteur de la psychiatrie, organise, très régulièrement, des manifestations 
        de voie publique devant les hôpitaux psychiatriques de la région parisienne. 
        Cet organisme adresse, en outre, épisodiquement aux élus sa revue sur 
        la psychiatrie.
 Trois autres associations ont tenté, dans une moindre mesure, de démarcher 
        l'administration, de la même manière, en dénonçant auprès de parlementaires 
        l'imprégnation de la pornographie dans les supports de la communication, 
        ou aux autorités le projet concernant le contrat d'union civile et sociale 
        ou encore en faisant circuler une pétition nationale ayant pour objet 
        de susciter un projet de loi visant à réprimer plus sévèrement les dérives 
        pédophiles.
 D'autres se signalent en organisant 
        notamment des manifestations du souvenir ou des expositions, dans les 
        principales métropoles françaises, en lien avec les persécutions nazies. Les mêmes adressent actuellement aux 
        pouvoirs publics, une brochure relative au problème de la transfusion 
        sanguine explicitant les motifs de ce qu'ils considèrent être un choix 
        thérapeutique, en mettant en valeur leur contribution à la recherche médicale 
        et ont fait déposer à l'observatoire 11.300 témoignages écrits, en faveur 
        de leur organisation, chiffre attesté par constat d'huissier.  Les efforts fournis par ces associations 
        pour asseoir leur crédibilité auprès des autorités civiles, prennent également 
        la forme d'un engagement de circonstance, dans les secteurs caritatifs 
        et humanitaires. L'implication 
        dans les actions de charité Afin de faciliter leur intégration 
        dans la société environnante, certains mouvements, disposant, il est vrai, 
        d'une envergure et d'une logistique importantes, tendent à s'engager dans 
        le milieu caritatif et humanitaire. Cet " investissement " en France et 
        à l'étranger en faveur de populations socialement fragilisées se transforme 
        en autant d'actions de prosélytisme sur le terrain. A ce titre, peut être citée une aide 
        importante de première nécessité, apportée à un peuple africain en 1996, 
        par une association à caractère international, ou encore des actions plus 
        récentes, engagées par celle-ci en direction d'handicapés ou d'aide aux 
        personnes âgées, sur le territoire national. Une " fédération pacifiste " 
        s'est singularisée en élargissant son domaine d'intervention à un pays 
        d'Afrique, également en convoyant des vêtements en ex-Yougoslavie et en 
        tentant d' établir des relations avec le tissu caritatif français.
 Pour sa part, une autre association à caractère international organise 
        depuis deux ans, à la période des fêtes de fin d'année, une collecte suivie 
        d'une distribution de jouets et de vêtements à l'intention des familles 
        dévaforisées.
 Les campagnes 
        juridiques Exploitant les textes fondamentaux 
        visant à protéger les libertés de pensée et d'expression et qui assurent, 
        en outre, une égalité de traitement devant la loi, certaines associations 
        répertoriées dans le dernier rapport parlementaire, s'attellent à obtenir 
        une légitimité voire une reconnaissance en favorisant le débat sur les 
        plans doctrinal et juridictionnel. a) Sur le plan doctrinal Au lendemain de la publication du 
        rapport de la commission d'enquête, quelques juristes, sociologues et 
        historiens des religions, qui s'étaient jusqu'alors exprimés individuellement 
        en faveur des " nouvelles minorités religieuses ", se sont élevés collectivement 
        contre les travaux des parlementaires. La contestation, déclenchée à l'occasion 
        de deux colloques parisiens consacrés à " l'évolution du paganisme contemporain 
        " et aux " nouveaux mouvements religieux et logiques sectaires ", s'est 
        constituée autour du Centre d'Étude Sur les Nouvelles Religions (CESNUR). Ces universitaires, proches du CESNUR, 
        ont constitué en avril 1996, un observatoire national d'étude des sectes 
        qui s'est assigné pour tâche " dans un souci d'indépendance et d'objectivité, 
        d'étudier de manière permanente les nouveaux mouvements religieux qualifiés 
        sectes et d'assurer un équilibre entre la liberté de conscience et le 
        respect de l'ordre public ". Ils organisent régulièrement, à ú sujet, 
        des tables rondes et des journées d'études.
 Dans le même état d'esprit, s'est manifesté à l'observatoire, l' " 
        OMNIUM des Libertés Individuelles et des Valeurs Associatives " (OLIVA) 
        dont les buts consistent à promouvoir et à diffuser une charte universelle 
        de tolérance et de bonne conduite, ainsi qu'à agir pour l'intégration 
        sociale et culturelle des minorités spirituelles.
 Ces initiatives sont les plus significatives.
 b) L'utilisation des procédures administratives et judiciaires
 Au cours des deux dernières années, 
        les associations répertoriées comme ayant un caractère sectaire dans le 
        dernier rapport parlementaire, ont multiplié les actions judiciaires à 
        l'encontre des personnes, élus ou spécialistes, et des associations engagées 
        dans la lutte contre les dérives sectaires, sur le fondement de la diffamation, 
        de l'injure raciale ou religieuse ou encore de la discrimination. Sans pour autant renoncer à ce type 
        de comportement, certaines de ces associations privilégient aujourd'hui 
        la saisie des tribunaux administratifs, en vue de gagner une reconnaissance 
        sociale et obtenir des avantages identiques à ceux consentis aux religions 
        traditionnelles. La multiplication des requêtes devant 
        les juridictions administratives visant notamment à obtenir la communication 
        des dossiers constitués au ministère de l'intérieur et sollicités, dans 
        un premier temps, par l'intermédiaire de la CNIL ou de la CADA, témoigne 
        de cette préoccupation. Mais, c'est surtout une organisation 
        en particulier qui, désireuse de convaincre de l'insertion de ses membres 
        dans la société, s'attache le plus à créer une jurisprudence en sa faveur. Estant en justice contre les municipalités 
        qui s'opposent à l'implantation de ses lieux de culte, cette association 
        a également engagé plus de 400 procédures devant les juridictions administratives, 
        afin de bénéficier des exemptions fiscales réservées aux seules associations 
        cultuelles régies par le loi de 1905. Au delà de l'enjeu financier non 
        négligeable, il s'agit pour cette association d'essayer d'obtenir le statut 
        d'association cultuelle. Sans commenter les différentes décisions 
        intervenues à ce jour dont la plupart sont frappées d'appel par l'administration 
        fiscale, il est néanmoins important de reprendre un passage de l'avis 
        rendu le 24 octobre 1997 par le Conseil d'État, interrogé par le tribunal 
        administratif de Clermont-Ferrand sur une demande formée par une association 
        locale de ce groupement.  La haute juridiction rappelle en effet 
        : 
        En premier lieu que " la liberté 
          des cultes étant assurée par la République en vertu de l'article 16, 
          de la loi du 9 décembre 1905, sous les seules restrictions imposées 
          dans l'intérêt de l'ordre public, le fait que certaines des activités 
          de l'association pourraient porter atteinte à l'ordre public s'oppose 
          à ce que ladite association bénéficie du statut d'association cultuelle 
          et, par suite, prétende à l'exemption de la taxe foncière sur les propriétés 
          bâties ". 
        D'autre part, qu'il appartient 
          aux juridictions " d'apprécier le respect de la condition au caractère 
          exclusivement cultuel de l'association tant au regard des stipulations 
          statutaires de celle-ci que de ses activités réelles ".  Quelques uns de ces groupements, persistent 
        à tenter de déplacer le débat sur le terrain religieux par le biais duquel 
        ils souhaitent se faire reconnaître. A cet égard, il convient de signaler 
        qu'ils tentent parfois, de tirer profit de décisions judiciaires pourtant 
        défavorables, comme l'illustre l'issue du récent procès tenu devant la 
        Cour d'Appel de Lyon et dont l'arrêt rendu le 28 juillet 1997, fait actuellement 
        l'objet d'un pourvoi du ministère public devant la Cour de Cassation. C - L'immixtion dans 
        des secteurs-cléLes milieux sectaires ont pris notamment 
        conscience de l'importance d'un embrigadement précoce de futurs adeptes 
        et de l'intérêt financier non négligeable, que présentent pour eux, des 
        structures d'accueil-écrans destinées aux enfants. Alors que le rapport parlementaire 
        dénombrait vingt huit organisations pratiquant l'embrigadement des enfants, 
        une cinquantaine de mouvements de ce type peuvent être recensés, à l'heure 
        actuelle. Ce ciblage accentué du monde de l'enfance, se traduit par la 
        création ou le développement d'organismes divers, permettant aux groupes 
        coercitifs de s'immiscer dans divers secteurs clés, tels que les domaines 
        socio-éducatif, culturel et de la santé. Ces domaines ne sont pas les 
        seuls concernés par l'influence sectaire. Ces offensives protéiformes de la 
        part des sectes, sont contrariées par l'action concertée des pouvoirs 
        publics, leur mobilisation favorisée par l'observatoire, l'action des 
        maires et des médias et l'attitude de l'opinion publique de plus en plus 
        sensibilisée à la dangerosité du phénomène ainsi qu'en attestent les nombreux 
        courriers et appels téléphoniques reçus par l'observatoire. On peut donc conclure que le paysage 
        sectaire en Métropole, n'a guère connu d'évolution majeure depuis l'intervention 
        du rapport parlementaire. D'un point de vue quantitatif, la progression 
        reste limitée et concerne dans la plupart des cas des mouvements encore 
        marginaux. 2 - Le suivi du 
        phénomène sectaire Outre-MerL'Observatoire s'est également attaché 
        à quantifier et analyser le phénomène sectaire dans les départements et 
        territoires d'outre-mer. Des travaux ont été engagés à cette fin.
 Les résultats de ceux-ci démontrent à l'évidence, que l'activité sectaire 
        connaît dans ces départements et territoires, un essor certain, beaucoup 
        plus important qu'en métropole à l'exception néanmoins du territoire de 
        Wallis et Futuna encore préservé. Le nombre évalué des adeptes est proportionnellement 
        plus important qu'en métropole.
 On recense donc, en Outre-mer, 55 
        sectes ou organisations mères et 197 filiales (associations diverses, 
        sociétés civiles et commerciales). Les premières rassemblent environ 34.000 
        adeptes et 22.000 sympathisants. Ces chiffres témoignent de l'ampleur 
        de l'emprise sectaire dans ces départements et territoires. Les effectifs de ces associations 
        à caractère sectaire peuvent se décomposer ainsi qu'il suit: 
        mouvements comptant moins de 50 
          adeptes = 20 
        mouvements comptant entre 50 et 
          500 adeptes = 24 
        mouvements comptant entre 500 et 
          2000 adeptes = 7 
        mouvement comptant plus de 2 000 
          adeptes = 4  La répartition de ces groupements 
        ou associations, conduit à les classer ainsi, selon les critères de doctrine 
        retenus par les parlementaires :  
        24 dans les courants évangéliques-apocalyptiques 
        12 dans la mouvance orientaliste 
        10 dans la mouvance syncrétique 
        3 dans le courant "ufologique" 
        3 dans la mouvance psychanalytique. 
         Le poids des courants évangéliques-apocalyptiques 
        est donc prépondérant. Un clivage géographique permet d'affirmer 
        qu'on recense en Martinique, douze organisations mères, onze en Guadeloupe, 
        cinq en Guyane, quatorze à la Réunion, six en Nouvelle Calédonie, cinq 
        en Polynésie. Mayotte ainsi que Saint-Pierre et Miquelon, sont très peu 
        touchés par le phénomène sectaire. L'importance du phénomène sectaire 
        en Outre-Mer trouve ses causes dans une culture où le mysticisme et le 
        surnaturel occupent une place essentielle, avec persistance de pratiques 
        ancestrales ainsi que dans l'influence d'autres cultures géographiquement 
        proches. Le poids de l'influence sectaire exige 
        une vigilance soutenue des pouvoirs publics dans une approche, cependant, 
        qui tienne compte des spécificités locales. 3 - Le suivi internationalLe suivi international du phénomène 
        sectaire s'est essentiellement exercé par l'intermédiaire du Ministère 
        des Affaires Étrangères représenté au sein de l'observatoire. La contribution 
        de ce département ministériel est d'autant plus importante que le phénomène 
        sectaire est mondial. Ce ministère a communiqué à l'observatoire 
        des informations émanant des postes diplomatiques et consulaires français 
        à l'étranger, sur l'évolution du phénomène sectaire. Il a permis à l'observatoire de compléter 
        son information en lui faisant connaître les mesures prises par des gouvernements 
        étrangers et en lui communiquant des documents et travaux réalisés dans 
        ce domaine. A ce titre, l'observatoire a pu être en possession notamment, 
        du rapport de la commission parlementaire belge sur les sectes, de l'audit 
        sur les dérives sectaires dans le canton de Genève ou encore du rapport 
        de Monsieur Amor ABDELFATTAH à la commission des droits de l'homme des 
        Nations Unies, en application de la " Déclaration sur l'élimination 
        de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la 
        religion ou la conviction ", ainsi que d'un rapport du département 
        d'État américain publié le 22 juillet 1997, sur les libertés religieuses. Le représentant du ministère des affaires 
        étrangères a également fourni, à l'observatoire, une étude juridique sur 
        les conséquences de l'adoption par la France de la Convention Européenne 
        sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations internationales 
        non gouvernementales. Il faut signaler que le Parlement 
        Européen a adopté une résolution sur les sectes en Europe, le 29 février 
        1996. Cette résolution invite les États membres à s'assurer que les autorités 
        judiciaires et policières font un usage efficace des dispositions et instruments 
        juridiques déjà existants au niveau national et à coopérer activement 
        et plus étroitement, notamment dans le cadre d'Europol, afin de combattre 
        les atteintes aux droits fondamentaux des personnes dont se rendent coupables 
        certaines sectes. La mondialisation du phénomène sectaire, 
        la mobilité géographique des associations et de leurs filiales, l'expansion 
        de leurs activités et le fait que ces associations s'organisent de manière 
        défensive au plan européen, rendent nécessaire une coopération accrue 
        dans ce domaine. Après l'analyse et le suivi du phénomène 
        sectaire, vont être examinées les actions menées par l'observatoire et 
        leurs perspectives. II - LES ACTIONS 
          MENEES ET LES PERSPECTIVESL'observatoire, dans un souci de prévention, 
        s'est d'abord attaché à mettre sur pied une action d'information-sensibilisation. 
        Il a néanmoins veillé à ne pas créer par une information intensive, une 
        psychose dans l'opinion publique ou à favoriser le repli encore plus grand 
        des sectes sur elles-mêmes, ainsi que la montée de l'intoléranú. La formation a constitué le second 
        plan d'action complémentaire du premier visant à favoriser une meilleure 
        prise en compte du phénomène sectaire et à apporter une réponse plus adaptée 
        à ses dérives. Les actions engagées ont concerné 
        aussi : 
        la mobilisation face aux pénétrations 
          et tentatives de pénétration sectaires. 
        l'élaboration d'un dispositif d'aide 
          aux victimes de sectes. 
        la recherche d'une meilleure appréhension 
          du phénomène sectaire et d'un partenariat diversifié pour l'observatoire. 
         A - INFORMATION 
        - FORMATIONLa mise en place d'un dispositif important 
        d'information - formation a été impulsée par l'observatoire. Elle a été 
        relayée par les administrations et associations, membres de l'observatoire. 
       Par ailleurs, plusieurs membres de 
        l'observatoire ont participé à des réunions, conférences, journées d'étude, 
        émissions de télévision ou radiophoniques, et ont accordé des interviews 
        à la presse. L'information du public s'est également effectuée au travers 
        de réponses et d'orientation de nombreux courriers de particuliers, d'élus 
        et d'organismes divers. a) Les dispositifs 
        mis en placells seront successivement examinés. 
        Ils concernent tant la Chancellerie et les autres administrations que 
        les associations membres, de l'observatoire.
 La Chancellerie
 S'il n'est pas contestable que l'autorité 
        judiciaire tient une place prépondérante dans le cadre de la lutte contre 
        les dérives sectaires, son action relève d'un véritable défi dans la mesure 
        où cette lutte ne doit pas avoir pour effet de remettre en cause certains 
        principes sur lesquels repose la République. Cela étant, il existe du point de 
        vue judiciaire, en tant que tel, un problème du phénomène sectaire qui 
        doit faire l'objet d'une réponse globale et continue de la part de l'autorité 
        judiciaire.L'action de la Chancellerie :
 
        Les services compétents de la Chancellerie 
        suivent, depuis longtemps déjà, avec une attention particulière les problèmes 
        d'ordre civil ou pénal susceptibles d'être rattachés au phénomène sectaire, 
        afin de réfléchir aux mesures de prévention et de répression propres à 
        en contenir les dérives. 
        La circulaire du garde des sceaux 
          en date du 29 février 1996, a appelé l'attention des parquets sur la 
          nécessaire vigilance dont il convient de faire preuve contre les dérives 
          des mouvements à caractère sectaire. En outre, afin d'observer un suivi 
          régulier de cette question, une cellule spécialisée a été créée, dès 
          octobre 1996, à la direction des affaires criminelles et des grâces. Cette structure a notamment pour 
          rôle de susciter une indispensable synergie entre l'autorité judiciaire 
          et les administrations susceptibles de connaître du phénomène sectaire S'agissant plus précisément des 
          mineurs dont la vulnérabilité mérite une attention particulière, un 
          magistrat a été désigné au sein de la direction de la protection judiciaire 
          et de la jeunesse pour suivre ces questions.  - La réponse apportée par l'autorité 
        judiciaire : 
        La lutte contre les dérives sectaires 
        doit reposer sur une pleine application de l'arsenal juridique existant 
        et sur une connaissance approfondie du phénomène sectaire. 
        - Une application plus stricte 
        du droit existant : 
        L'arsenal juridique existant, diversifié 
        tant en matière pénale qu'en matière civile (sanctions encourues par les 
        associations et dispositions relatives à la protection des personnes à 
        la fois pour les majeurs - procédures de placement sous sauvegarde de 
        justice, de tutelle ou de curatelle - et pour les mineurs - procédures 
        d'assistance éducative ), est suffisant pour lutter contre les dérives 
        sectaires. 
        Néanmoins. il a été constaté que 
          les poursuites se heurtent à plusieurs difficultés. En effet, nonobstant l'action des 
          familles, le consentement des " victimes adeptes " rend particulièrement 
          difficile la preuve d'une atteinte à la personne et, par voie de conséquence, 
          fragilise l'approche pénale des mouvements sectaires. Les dénonciations 
          ou les plaintes sont souvent déposées tardivement en raison de l'emprise 
          des sectes sur les anciens adeptes. En outre, la plupart des enquêtes 
          face à ces agissements nécessitent de longues investigations, le recours 
          à des services spécialisés pour ce qui concerne les infractions techniques. - Une meilleure connaissance du phénomène 
        sectaire : 
        L'application stricte du droit existant 
        est elle-même liée à une perception plus aiguë de la réalité des risques 
        occasionnés par l'existence et l'activité des organisations sectaires. 
        L'information et la formation sont 
          les instruments privilégiés pour appréhender dans toutes ses caractéristiques 
          le phénomène sectaire, et pour agir efficacement contre ces dérives. - L'échange d'information entre les 
        services de l'État concernés : 
        L'échange régulier d'informations avec 
        les divers services de l'État concernés par le phénomène sectaire (services 
        de police, autorités sanitaires, inspection académique. inspection du 
        travail...) renforce considérablement l'efficacité des moyens de lutte 
        contre les dérives sectaires. Des rencontres périodiques sont d'ores et 
        déjà organisées sous l'égide des Parquets avec les administrations de 
        leur ressort. Ces rencontres doivent être institutionnalisées. 
        L'observatoire est, à cet égard, 
          au plan national, un lieu d'échanges privilégiés pour les différents 
          départements ministériels représentés. Les diverses associations de 
          lutte contre les phénomènes sectaires, sont également susceptibles de 
          fournir des éléments d'information d'autant plus précieux qu'elles comptent 
          dans leur rang d'anciens adeptes de ces organisations.  - La formation des "agents" 
        confrontés au phénomène sectaire : 
        Le dispositif de formation mis en úuvre 
        sous l'impulsion de l'observatoire, tant à l'égard des magistrats que 
        des personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, sera effectif 
        dès 1998. Une formation d'une semaine, est proposée, à cet effet, par 
        l'École nationale de la magistrature. Des journées de formation au sein 
        de cours d'appel sont programmées pour répondre à une demande locale. 
        D'autre part, diverses réflexions sont engagées sur les problèmes du phénomène 
        sectaire notamment au sein de l'association des magistrats de la jeunesse. 
        En conclusion, l'action menée par 
          la Chancellerie, impulsée par la diffusion de la circulaire du 29 février 
          1996, prolongée par un suivi systématique au plan central des procédures 
          concernant les sectes, et conjuguée à celle des administrations et de 
          l'observatoire, permet à ce jour d'établir un bilan positif. A titre liminaire, il convient de 
          souligner que l'intervention d'un mouvement à caractère sectaire n'apparaît 
          pas en tant que tel dans les statistiques judiciaires, ci-dessous évoquées. 
          Les chiffres à venir sont dès lors sous évalués. Ainsi, en matière pénale, alors 
          qu'en novembre 1995, un recensement établi sur 31 cours d'appel, permettait 
          de relever l'existence de 60 plaintes pour des délits divers, 27 enquêtes 
          préliminaires, 26 informations judiciaires, et 27 procédures clôturées 
          en cours d'année, en lien avec le phénomène sectaire, au 1er novembre 
          1997, sur 35 cours d'appel, 134 procédures pénales ont pu être répertoriées. 
          Ces procédures incluent 54 enquêtes préliminaires et 80 informations 
          judiciaires. Sur ces 80 informations judiciaires, 18 sont achevées et 
          11 ont fait l'objet de jugements ou arrêts de condamnation dont certains 
          ne sont pas définitifs. Les autres sont en cours.
 Ces chiffres témoignent à eux seuls de la prise de conscience du danger 
          du phénomène sectaire au sein de l'Institution judiciaire qui devrait 
          déboucher sur une répression accrue des débordements recensés
 Ces statistiques, il faut le préciser, 
          ne tiennent pas compte des procédures d'assistance éducative, des enquêtes 
          fiscales, des procédures civiles ainsi que des procédures pour diffamation 
          ou dénonciation calomnieuse. L'éducation nationale Le rapport parlementaire sur les sectes 
        présenté le 11 février 1997 par son rapporteur, Monsieur Jacques GUYARD, 
        mettait en évidence l'absence d'information des élèves sur le phénomène 
        sectaire. En raison du caractère très déconcentré 
        du ministère de l'éducation nationale, les initiatives et le traitement 
        des affaires en lien avec ce phénomène, relevaient et étaient prises en 
        compte au niveau déconcentré. Dès la publication du rapport parlementaire, 
        un inspecteur général a été chargé, dans un premier temps, d'analyser 
        et de faire des proposions en ce qui concerne les tentatives de prosélytisme 
        émanant d'organisations coercitives à caractère sectaire, en direction 
        du système éducatif. Une cellule spécialisée a été constituée, 
        le 1er septembre 1996, au sein du ministère, la C.R.I.S.(Cellule pour 
        les relations avec l'observatoire interministériel sur les sectes). Elle 
        est dirigée par un inspecteur général de la vie scolaire, spécialiste 
        de la vie associative. En relation avec l'ensemble des directions du ministère 
        et plus particulièrement avec la direction des écoles, la direction des 
        lycées et collèges et la direction des affaires juridiques, cette cellule 
        a été chargée : 
        d'informer et de conseiller les 
          cadres de l'éducation nationale confrontés à des tentatives d'organisations 
          sectaires, éventuellement d'apporter le soutien nécessaire. 
        de coordonner les réponses du système 
          éducatif au prosélytisme d'organisations à ú caractère sectaire. 
        de favoriser l'Information des 
          élèves. 
        d'engager la réflexion, avec les 
          directions concernées du ministère, sur la protection des élèves et 
          des étudiants en suggérant éventuellement des évolutions réglementaires. 
        de participer à la sensibilisation 
          et à la formation des personnels du ministère.  Ces cinq axes de travail ont été développés, 
        dés septembre 1996.
 Dès la création les premières initiatives ont permis de traiter plusieurs 
        dossiers.
 Un dispositif de sensibilisation et 
        de formation de l'ensemble des personnels a été initié et est progressivement 
        développé. Ce dispositif vise à protéger le système éducatif des tentatives 
        d'emprise sectaire et à fournir des instruments d'identification et de 
        discernement aux élèves. Ainsi, une ligne téléphonique réservée 
        aux recteurs et inspecteurs d'académie leur permet de saisir immédiatement 
        la C.R.I.S, des difficultés rencontrées, en lien avec les tentatives susceptibles 
        d'émaner d'organisations à caractère sectaire. Ces tentatives se situent 
        en grande partie dans le domaine pédagogique. D'autres, concernent la 
        vie globale de l'enfant et sont nécessairement analysées et traitées au 
        niveau interministériel. La C.R.I.S a été conduite à apporter aide et 
        conseils aux recteurs et inspecteurs d'académie pour 130 cas concernant 
        des initiatives émanant d'organisations sectaires clairement identifiées. 
        Le dispositif mis en place à cet égard, sera renforcé dans les mois à 
        venir. Trois campagnes de prosélytisme sectaire 
        d'une grande ampleur, en direction du système éducatif, ont eu lieu au 
        cours de l'année scolaire 1996-1997. La C.R.I.S. a pu, en s'appuyant sur 
        la vigilance des cadres de l'éducation nationale et du personnel éducatif, 
        faire échouer ces campagnes, malgré l'importance des moyens engagés, principalement 
        par une organisation sectaire internationale. Ces campagnes ont contribué 
        à une plus grande prise de conscience des risques de prosélytisme émanant 
        de ces organisations. Le respect du principe de la laïcité 
        du système éducatif constitue incontestablement la meilleure garantie 
        contre les tentatives de prosélytisme en direction des enseignants et 
        des élèves. Tous les enfants d'age scolaire ne bénéficient cependant pas 
        de la même protection, en particulier certains de ceux qui sont scolarisés 
        au sein d'écoles privées hors contrat ou dans leurs familles, dispositions 
        prévues par la loi. Un travail est engagé pour mettre fin à ces dérives 
        tout en respectant les principes constitutionnels de la liberté d'enseignement. 
        De même, sont actuellement étudiées des initiatives visant à renforcer 
        le contrôle de l'obligation scolaire pour ces mineurs. La sensibilisation des lycéens et 
        des étudiants aux risques que représentent les tentatives de séduction 
        d'organisations à caractère sectaire, par des exposés, réunions d'information 
        doivent contribuer à renforcer la vigilance des jeunes. Des conférenciers 
        compétents, des documents audiovisuels sont à la disposition des enseignants 
        et des animateurs d'associations d'étudiants. Cette information en direction des 
        élèves, devrait prendre sa place dans le niveau dispositif de " morale 
        citoyenne " qui prévoit des exposés, des publications d'informations 
        destinées aux élèves, un encouragement d'initiatives des mêmes sur des 
        thèmes faisant référence aux valeurs républicaines bafouées par les organisations 
        sectaires. En outre, dès l'année scolaire 1996-1997, 
        a été engagée la formation des responsables de chacune des directions 
        au sein de l'administration centrale. La formation initiale dispensée au 
        sein de l'école supérieure des personnels d'encadrement du ministère de 
        l'éducation nationale, a intégré la prévention des dérives sectaires. 
        Cette formation concerne les inspecteurs pédagogiques régionaux, inspecteurs 
        d'académie (IPR-IA), les inspecteurs de l'éducation nationale (IEN) et 
        les conseillers de l'administration scolaire et universitaire (CASU). D'autre part, dans le cadre de la 
        formation continue des enseignants, plusieurs stages ont été organisés 
        dans les différentes académies par les missions académiques à la formation 
        des personnels (M.A.F.P.L.E.N.) Un stage national est prévu en décembre 
        1997, en vue de former les responsables académiques compétents qui auront 
        pour principales attributions en tant que collaborateurs des recteurs, 
        d'aider au traitement des problèmes locaux avec les responsables concernés 
        et en étroite liaison avec la C.R.I.S., garantie d'une cohérence nationale. 
        Ils animeront les formations académiques concernant la formation initiale 
        des chefs d'établissements et des enseignants au sein de l'I.U.F.M. ainsi 
        que les différentes formations continues. Toutes ces formations se mettront 
        en place progressivement. D'autre part, la cellule spécialisée sera ultérieurement 
        en mesure d'apporter, documentation, conseil et aide aux recteurs, inspecteurs 
        d'académie et à tous les membres de corps d'inspection. L'éducation nationale ne se propose 
        pas de former des enseignants " spécialistes des organisations à caractère 
        sectaire " d'autant qu'il s'agit d'un monde en évolution constante. 
        Les formations engagées visent à fournir des instruments de discernement, 
        d'identification et de traitement. La politique mise en úuvre, s'inscrit 
        dans la mission du système éducatif de former l'esprit critique de l'enfant 
        qui, devenu adulte, sera un citoyen actif qui saura discerner les tentatives 
        de séductions trompeuses et d'aliénation émanant d'organisations coercitives. Cette sensibilisation à la vigilance 
        trouve naturellement sa place dans l'enseignement de la morale citoyenne. 
        A l'école, la morale est civique, elle est républicaine, elle est par 
        essence laïque. Elle s'appuie sur des valeurs clairement définies qui 
        s'organisent autour de la démocratie, de l'État de droit au service de 
        la personne, des droits de l'homme. C'est cette " éducation à la citoyenneté 
        " qui constitue la meilleure protection de l'élève et de l'étudiant. 
       Le ministère de 
        la défense (la gendarmerie nationale) a) Sensibilisation et formation Des actions de sensibilisation et 
        formation ont été également engagées par le ministère de la défense, en 
        ce qui concerne la gendarmerie nationale. Le volet " Information et sensibilisation 
        " mis en place concerne l'ensemble des personnels et s'inscrit dans 
        le programme des formations initiales des officiers, sous-officiers et 
        futurs volontaires au titre de l'étude des grands phénomènes de société. 
        Cette information, dispensée sous  forme de conférences effectuées 
        par des spécialistes et de témoignages relatés par des enquêteurs, se 
        prolongera par des travaux menés par les  élèves ou par des réunions 
        débats. En outre, le document édité par le  ministère de la jeunesse 
        et des sports " sectes attention danger " va faire l'objet d'une 
        large diffusion au sein de toutes les unités de gendarmerie. Il constitue 
        un excellent support pédagogique facilement exploitable lors des séances 
        d'instruction collective mensuelles. S'appuyant sur des formations et des 
        stages existants, les actions engagées ou programmées concerneront, au 
        rythme des admissions, dans les différents cours et stages comportant 
        un module relatif aux sectes, l'ensemble des personnels, officiers, sous-officiers 
        et appelés (ou volontaires) de la gendarmerie. Par ailleurs, les officiers 
        en poste dans les unités constituent, par leur formation, d'efficaces 
        relais d'écoute, d'information et de prévention tant auprès de leurs personnels, 
        dans le cadre de la formation continue, qu'auprès de la population. Des actions de formation ont été également 
        engagées.
 Après une phase initiale d'évaluation des besoins et de définition des 
        objectifs, la gendarmerie a également mis en úuvre une série d'actions, 
        visant d'une part à appréhender le phénomène sectaire dans le cadre de 
        l'exécution du service et, d'autre part à informer et sensibiliser l'ensemble 
        des personnels (actifs, appelés et futurs volontaires) sur les caractéristiques 
        des groupes considérés.
 Les actions de formation " appréhension 
        du phénomène sectaire " liées à l'exécution du service, visent en 
        priorité les personnels de la gendarmerie départementale. Elle sont d'ores 
        et déjà ou seront conduites dans les domaines de l'accueil du public, 
        du renseignement et des enquêtes.  
        Accueil du public : l'objectif 
          est de permettre au personnel des unités de réagir de façon appropriée 
          dès lors qu'il constate une  situation " à risque" Cet enseignement, 
          qui intègre l'intervention d'un spécialiste en relations humaines, prend 
          place dans le cycle de formation initiale des officiers et des sous-officiers. 
        Renseignement : I'objectif 
          est de faire acquérir une bonne connaissance des sectes de manière à 
          orienter efficacement la recherche du renseignement et son exploitation 
          ultérieure. Un module spécifique est d'ores et déjà mis en place au 
          sein du stage " renseignement " dispensé aux sous-officiers armant les 
          cellules opérationnelles des Groupements de gendarmerie départementale. 
        Enquêtes judiciaires: les 
          actions entreprises vont s'appliquer à terme à l'ensemble des personnels 
          exerçant des missions de police judiciaire, depuis la formation des 
          élèves gendarmes jusqu'aux stages spécifiques dispensés au Centre National 
          de Formation de la Police Judiciaire (C.N.F.P.J.) à Fontainebleau. 
         b) L'impulsion nouvelle face au 
        phénomène sectaireLa vigilance accrue et l'adaptation des moyens :
 
        Face à la progression des dérives des 
        associations coercitives à caractère sectaire, la gendarmerie nationale 
        s'est organisée pour exercer une surveillance et un contrôle plus soutenu 
        des activités de ces associations et groupements, au titre de ses activités 
        de police administrative, liées à sa mission de prévention. 
        Le besoin grandissant en matière 
          de connaissance des activités sectaires et la nécessité de lutter contre 
          ses effets délictueux a conduit la gendarmerie à exercer sa mission 
          de surveillance générale avec plus de vigilance et à adapter ses moyens 
          en conséquence. L'utilisation des moyens informatiques performants mis 
          en place dans toutes les unités territoriales permet notamment une exploitation 
          rapide et efficace des renseignements recueillis. Ces derniers, centralisés 
          jusqu'au plus haut niveau par le service technique de rapprochement 
          judiciaire et de  documentation (STRDJ) à Rosny-sous-Bois et par 
          le bureau  renseignement - situation de la DGGN à Paris sont analysés, 
          interprétés,  d'une part, pour mesurer l'évolution du phénomène 
          et, d'autre part pour orienter l'action des personnels notamment au 
          plan des investigations judiciaires. La progression et l'efficacité accrue 
        des résultats obtenus : 
        Dans le cadre des activités de police 
        judiciaire, l'analyse des chiffres fournis par la gendarmerie témoigne 
        d'un engagement significatif de celles dans la lutte contre les dérives 
        sectaires, qui se traduit également par des résultats positifs en terme 
        de répression. 
        En effet, la gendarmerie avait, 
          en 1996, traité 43 procédures judiciaires mettant en cause des activités 
          en lien avec le phénomène sectaire, dont treize commissions rogatoires 
          et dix huit enquêtes préliminaires. Ce chiffre atteint le nombre de 
          52 au 1er novembre 1997. Au nombre des affaires traitées, figurent vingt 
          deux enquêtes préliminaires, cinq enquêtes de flagrance et quinze exécutions 
          de commissions rogatoires de magistrats instructeurs. L'ensemble de 
          ces investigations, dont plusieurs sont toujours en cours, ont permis 
          la mise en examen d'un nombre conséquent de personnes, et d'apporter 
          une répression accrue à des agissements graves en lien avec le phénomène 
          sectaire. Le ministère de 
        l'emploi et de la solidarité
 L'ensemble des services de ce ministère ont été informé de la prise en 
        charge du dossier relatif au phénomène sectaire, par la direction de l'action 
        sociale.
 
 Au sein du ministère de l'emploi et de la solidarité, les secteurs suivants, 
        particulièrement concernés par l'activité des sectes, ont été sollicités 
        :
 
        la direction générale de la santé 
          en ce qui concerne les dérives sectaires susceptibles de relever de 
          l'exercice illégal de la médecine et les problèmes de santé et sanitaires 
          des enfants vivant des les sectes. 
        la direction des relations du travail 
          pour les problèmes posés par le travail des adeptes au regard des règles 
          du droit du Travail. 
        la délégation à l'emploi et à la 
          formation professionnelle eu égard à l'activité des organisations sectaires 
          dans ú domaine. 
        le groupement de lutte contre l'illettrisme. 
         Par ailleurs, une sensibilisation 
        à la prise en compte du phénomène sectaire a été effectuée auprès de tous 
        les services extérieurs relevant du ministère (affaires sociales). En ce qui concerne plus précisément 
        les services extérieurs relevant de la direction de I'action sociale (D.D.A.S.S. 
        et D.R.A.S.S.), cette direction a confié à l'association " Je, Tu, Il," 
        le soin de diffuser un film pédagogique sur la problématique des sectes. En concertation avec l'observatoire, 
        une lettre d'information et de sensibilisation a été adressée le 13 mars 
        1997 aux présidents des conseils généraux en charge des questions de protection 
        de l'enfance, en appelant leur attention sur la nécessité de familiariser 
        leurs services à la problématique des sectes et surtout à la situation 
        des enfants, souvent victimes de leurs agissements. Cette lettre demandait, 
        en outre, aux présidents des conseils généraux de tenir le ministère informé 
        de toute difficulté rencontrée en la madère. Ces directives ont permis 
        de recenser un certain nombre de problèmes auxquels sont confrontés les 
        présidents des conseils généraux notamment à propos des agréments de personnels. Dans le but de mieux appréhender et 
        traiter les situations nouvelles créées par la prolifération des dérives 
        sectaires, la direction des affaires sociales a demandé à l'association 
        pour une recherche interdisciplinaire sur l'existence et la santé (ARIES), 
        une étude sur le « Droit face aux Sectes ». Cette étude a été mise à la 
        disposition des membres de l'observatoire en juillet 1997. Elle est plus 
        particulièrement axée sur l'application des règles relatives à l'ordre 
        public social (santé, travail, éducation). Elle aborde aussi le domaine 
        de la protection de l'enfance. Ce document constitue un des outils susceptibles 
        d'être utilisé en matière de formation. Les propositions qu'il formule 
        constituent également une base de réflexion intéressante pour les travaux 
        de l'observatoire. Par ailleurs, sous l'impulsion de 
        l'observatoire, la direction de l'action sociale est en train d'élaborer 
        un projet de formation des formateurs destiné aux travailleurs sociaux. 
        Une journée technique en direction de l'ensemble des services extérieurs 
        et des représentants des services de l'enfance des départements (conseils 
        généraux) est programmée et doit se dérouler très prochainement. Il est à noter que la direction départementale 
        des affaires sanitaires et sociales de Charente-Maritime a été amenée, 
        toujours au cours de cette même année, à mettre en place un dispositif 
        de prise en charge de sortants de sectes. L'analyse faite à partir de 
        cette expérience intéressante et inédite, va être portée à la connaissant 
        de l'ensemble des services extérieurs et va servir de référence. La direction de l'action sociale concourt, 
        en outre, au soutien  financier des associations de défense. Le ministère de 
        l'intérieurLes actions en direction de la police nationale :
 
        La sensibilisation au phénomène sectaire 
        des policiers, était déjà prise en compte dans la formation continue, 
        effectuée par le Centre National de Formation de Gif-sur-Yvette, par le 
        biais de colloques ouverts à l'ensemble des policiers ou de tables rondes 
        portant sur ce thème. Elle était également déjà abordée dans la formation 
        des élèves-lieutenants dans le cadre de l'étude des renseignements généraux 
        ou à l'occasion de stages de franchissement de grade d'officiers de police. 
        Le dispositif mis en place, sous 
          l'impulsion de l'observatoire, vise à intégrer l'étude du phénomène 
          sectaire dans les écoles et centres de formation de la police nationale 
          et à renforcer la formation " sectes " déjà mise en place pour 
          l'école nationale supérieure des officiers de la police nationale. Un module de formation a été élaboré 
          à cet effet. Ce programme sera opérationnel dès le premier semestre 
          1998. Il peut être précisé, à cet égard, 
          qu'en ce qui concerne la formation initiale des officiers de police, 
          trois heures seront consacrées à la projection d'un document vidéo, 
          accompagné d'une analyse et d'une réunion discussion, dirigée par un 
          fonctionnaire spécialiste des renseignements généraux. D'autre part, 
          s'agissant de la formation initiale des gardiens de la paix de la police 
          nationale, deux heures seront  réservées à la diffusion d'un document 
          vidéo ainsi qu'à un recentrage et une discussion animée par le chef 
          d'unité pédagogique. Un dossier technique va être élaboré à cette fin. L'action de la direction centrale 
        des renseignements généraux : 
        Au fil de l'amplification du phénomène 
        sectaire, la direction des renseignements a opéré les nécessaires réajustements 
        lui permettant d'analyser, au plan national, la mouvance sectaire aux 
        contours sinueux et d'en assurer une surveillance régulière. 
        Face à un domaine souterrain en 
          perpétuelle mutation et nécessitant parfois des connaissances théoriques, 
          outre un important effort entrepris dans le domaine de la documentation, 
          cette direction a formé des enquêteurs ad hoc, les " correspondants 
          sectes " au nombre d'une soixantaine. Ceux-ci sont en contact permanent 
          avec elle afin d'actualiser les connaissances du phénomène et elle les 
          réunit régulièrement afin de définir de nouveaux axes de recherche. En outre, le service des renseignements 
          généraux, en étroite collaboration avec la direction de fa formation 
          de la police nationale participe à des actions de sensibilisation de 
          l'ensemble des policiers L'action de la direction centrale 
        police judiciaire : 
        La police judiciaire participe aussi, 
        à la demande de la direction du personnel et de la formation du ministère 
        de l'intérieur, à des opérations de sensibilisation aux problèmes sectaires. 
        Ainsi, elle vient de collaborer à deux opérations de ce type en direction 
        des commandants de police nationale récemment nommés. 
        Organe essentiellement répressif, 
          la police judiciaire s'est impliquée, de façon tout à fait significative, 
          dans la lutte contre les dérives sectaires ainsi qu'en attestent les 
          éléments statistiques fournis à l'observatoire pour l'année 1997. En effet, ce service a été amené 
          à diligenter sur l'ensemble du territoire national quarante deux procédures 
          en lien avec le phénomène sectaire. Ce chiffre inclut vingt neuf enquêtes 
          préliminaires ordonnées par les Parquets et l'exécution de onze commissions 
          rogatoires de magistrats instructeurs. Il ne rend pas compte du travail 
          très important qui a été réalisé dans certaines affaires qui ont nécessité 
          des investigations multiples, y compris internationales, et l'audition 
          de très nombreux témoins, et de la difficulté de mener des enquêtes 
          dans un milieu où l'information est réservée aux seuls cercles restreints 
          qui gravitent autour du " gourou ". Néanmoins, la progression notable 
          des investigations menées par la police judiciaire, I'efficacité des 
          résultats obtenus et l'importance des affaires traitées, témoignent 
          d'un investissement important, de sa part, dans la lutte contre les 
          dérives sectaires. L'action en direction des préfets 
        : 
        Une nouvelle impulsion dans la lutte 
        contre les agissements répréhensibles des mouvements sectaires vient d'être 
        donnée par le ministre de l'intérieur au travers de la circulaire du 7 
        novembre 1997 adressée aux préfets et au préfet de police. Ces instructions 
        préconisent la mise en place au niveau départemental d'une véritable sensibilisation 
        du public aux dérives du phénomène sectaire ainsi que la mobilisation 
        de tous les services de l'État concernés en vue d'une meilleure efficacité 
        dans ce domaine. Cette lutte au niveau déconcentré s'inscrit, selon le 
        ministre, dans le cadre d'une démarche nationale prioritaire. 
       Le ministère de 
        la jeunesse et des sports Une importante campagne de sensibilisation 
        au danger du phénomène sectaire, a été initiée par le ministre de la jeunesse 
        et des sports lors de sa conférence de presse du 1er octobre 1996. Cette 
        campagne faisait suite à la réflexion déjà engagée sur ces problèmes particulièrement 
        par rapport aux enfants et aux jeunes gens par la direction de la jeunesse 
        et de la vie associative de ce département ministériel. Les mesures prises à la suite des 
        conclusions d'un groupe de travail ad hoc et annoncées par le Ministre 
        concernent : 
        la constitution d'un réseau de 
          correspondants en charge du dossier " associations coercitives à 
          caractère sectaire " dans les directions régionales de la jeunesse 
          et des sports. Ces correspondants régionaux ont été réunis le 30 septembre 
          1996 et le 28 janvier 1997. 
        la réalisation de documents sous 
          forme " d'affiches-tracts ", d' " alerte " sur le phénomène, 
          à large diffusion, à savoir dans les services déconcentrés, les centres 
          régionaux d'information jeunesse , les associations et fédérations nationales, 
          sportives, de jeunesse et d'éducation populaire 
        la publication d'un document de 
          sensibilisation et de formation destinés aux animateurs, formateurs, 
          travailleurs sociaux. 
        la diffusion dans les services 
          déconcentrés régionaux de plusieurs exemplaires d'une vidéo " les 
          sectes, les pièges " réalisée par l'association " JE TU IL", document 
          d'appui à des actions de sensibilisation. 
        la sensibilisation des organismes 
          de formation aux diplômes d'état sportifs, de jeunesse et d'éducation 
          populaire et particulièrement des organismes habilités à la formation 
          des cadres de centres de vacances et de loisirs.  L'ensemble de ces mesures a été mis 
        en úuvre. En juin 1997, en outre, une évaluation de l'activité des correspondants 
        du réseau " Jeunesse et sports " a été réalisée. Si d'ores et déjà, la campagne entreprise 
        est d'envergure dans le secteur de la jeunesse de l'éducation populaire, 
        elle va se poursuivre et faire l'objet d'une action volontariste dans 
        le milieu sportif, à l'heure actuelle, moins sensibilisé. Le ministère de le jeunesse et des 
        sports s'est également investi dans la formation des personnels de son 
        administration, tant dans le domaine de la formation initiale que dans 
        celle de la formation continue.  Une session de formation continue 
        destinée aux correspondants dans les régions est prévue en mars 1998. 
        Les directeurs régionaux de la jeunesse et des sports ont été invités 
        à organiser des actions de même type pour leurs personnels. La responsable du dossier " sectes 
        " à l'administration centrale est intervenue dans une session de formation 
        initiale des inspecteurs de la jeunesse, des sports et des loisirs. Cette 
        initiative sera généralisée pour les formations à venir. La tâche de formation entreprise par 
        ce département ministériel, en concertation avec l'observatoire, va se 
        poursuivre compte tenu du risque de voir les associations tant sportives 
        que socioculturelles et notamment les associations et institutions organisant 
        des centres de vacances et de loisirs, être infiltrées par des associations 
        coercitives à caractère sectaire. D'autre part, un travail approfondi 
        sur les instruments juridiques à mobiliser dans cette lutte ou à créer, 
        sera conduit avec un spécialiste. Le secrétariat 
        d'Etat au budget  Il est représenté auprès de l'observatoire 
        par le directeur général des impôts, dont un représentant participe aux 
        deux groupes de travail de cette instance. Le rôle de la direction générale 
        des impôts est fondamental dans la mesure où cette direction, pour les 
        nécessités de ses missions, est amenée à contrôler l'activité des associations 
        régies par la loi du 1er juillet 1901.Le traitement juridique des dossiers fiscaux d'associations :
 
        Généralement constituées sous forme 
        d'associations de ce type, les sectes en tant que telles ne font pas l'objet 
        d'une identification particulière et leurs dossiers fiscaux ne se différencient 
        pas de ceux des organismes similaires. 
        L'administration fiscale dispose 
          de moyens propres pour contrôler les activités des associations, par 
          le biais de vérifications fiscales visant à s'assurer du bien-fondé 
          du régime fiscal dont ces associations se réclament. S'agissant des 
          associations répertoriées dans le rapport parlementaire sur les sectes 
          en France, le contrôle de la réalité du caractère supposé non lucratif 
          des associations nécessite pour l'administration la mise en úuvre de 
          procédures lourdes eu égard aux dispositifs de fonctionnement et de 
          financement internes souvent opaques mis volontairement en place par 
          les dirigeants de ces associations, pour protéger celles-ci. La difficulté 
          pour l'administration est de rassembler des éléments sérieux, ayant 
          force de preuve étant précisé que celle-ci est à la charge de l'administration. En dépit de ces contraintes procédurales 
          et de l'opacité des dispositifs organisée par les dirigeants de ces 
          associations, la direction générale des impôts a réussi à démontrer, 
          à plusieurs reprises, l'usage abusif du statut fiscal privilégié réservé 
          aux organismes à but non lucratif. Ainsi, plusieurs associations importantes 
          répertoriées comme sectes, ont été assujetties aux impôts commerciaux. Cette recherche de l'efficacité 
          dans le contrôle des associations s'inscrit dans le processus général 
          des nouvelles orientations de la lutte contre la fraude fiscale. 
          Celles-ci se caractérisent par un renforcement des moyens consacrés 
          à la recherche et au contrôle des contribuables présentant un risque 
          fiscal particulier, notamment les structures juridiques utilisées comme 
          écran. Les moyens de lutte ont été sensiblement améliorés notamment 
          par une meilleure coordination des actions de terrain menées par les 
          services de recherche avec d'autres administrations, la recherche des 
          structures écrans et des montages sophistiqués, l'accentuation du recours 
          aux outils juridiques en matière d'échanges internationaux et notamment 
          l'assistance administrative ainsi que par la mobilisation de l'ensemble 
          des administrations financières (la direction générale des douanes et 
          des droits indirects (DGDDI), la direction générale de la concurrence, 
          de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la comptabilité 
          publique. La réaction des associations sectaires 
        face à l'action de l'administration fiscale :  
        Celles-ci, en effet, se sont organisées 
        face à l'action du secrétariat d'État au budget. 
        Certaines sectes ont utilisé les 
          procédures collectives notamment la procédure de redressement judiciaire 
          et ont pu ainsi bénéficier de la remise des pénalités d'assiette et 
          de recouvrement. Une fois en redressement, elles ont acquitté les droits 
          simples restant exigibles pour demander au juge-commissaire de renoncer 
          à prononcer la liquidation judiciaire. Or, certains tribunaux ont prononcé 
          la liquidation judiciaire de ces associations. Celle-ci n'a pas empêché 
          la constitution ultérieure d'une autre association. En outre, afin de faire échec au 
          recouvrement, les sectes emploient les méthodes classiques d'organisation 
          d'insolvabilité (meubles sans valeur, changement fréquent de comptes 
          bancaires, location des immeubles-sieges des associations). Certaines sectes ont pu procéder 
          à la réorganisation de leurs activités en scindant en entités juridiques 
          autonomes, l'activité cultuelle et les activités reconnues lucratives. 
          Ce fractionnement de structure pourrait permettre aux associations cultuelles 
          de bénéficier du régime de faveur réservé aux associations de la loi 
          du 9 décembre 1905. Il est à l'origine du contentieux de la taxe foncière 
          sur les immeubles porté devant la juridiction administrative par certaines 
          de ces associations. Les mesures spécifiques mises en úuvre 
        par l'administration fiscale : 
        Le secrétariat d'État au budget s'est 
        organisé pour lutter contre les dérives fiscales constatées des associations 
        à caractère sectaire (fraudes et évasions fiscales)
 
          Au plan législatif : en 
            proposant, à l'occasion de la loi de finances actuellement devant 
            le Parlement, d'instituer une amende fiscale à l'encontre de personnes 
            ou organismes délivrant abusivement des attestations ouvrant droit 
            à un avantage fiscal. Cette amende serait égale à 25 % des sommes 
            mentionnées sur les documents remis aux donateurs et serait recouvrée 
            selon les mêmes procédures que l'impôt sur le revenu. De plus, les 
            dirigeants de droit ou de fait des organismes ayant délivré abusivement 
            les attestations, seraient tenus solidairement au paiement de ces 
            amendes sous réserve de la démonstration de leur mauvaise foi. 
             
          Au plan organisationnel : 
            I'information relative à la question sectaire a été centralisée. Une 
            structure nationale collecte et centralise tous les renseignements 
            et les dirige, le cas échéant, vers les services compétents 
             
          Les actions de sensibilisation 
            : en outre, a été mise en úuvre sous l'impulsion de l'observatoire, 
            une sensibilisation des agents du contrôle et de la recherche au phénomène 
            sectaire et au fonctionnement des sectes L'information dispensée aux 
            agents et particulièrement aux vérificateurs et agents des structures 
            de recherches est destinée à accroître la vigilance des acteurs du 
            contrôle fiscal et à améliorer la recherche des renseignements et 
            leur échange.  L'Union Nationale 
        des Association Familiales Une action d'information et de sensibilisation 
        aux dangers du phénomène sectaire a été impulsée par l'union Nationale 
        des Associations Familiales tant en direction des familles que du personnel 
        de l'U.D.A.F. Au plan national, la sensibilisation 
        du réseau familial s'est effectuée notamment par une information des familles 
        au travers de la revue de l'U.D.A.F. " Réalités familiales ", dont 
        un numéro spécial a été consacré au phénomène sectaire. Les unions départementales 
        se sont mobilisées en diffusant la liste des sectes, en informant leurs 
        membres sur les méthodes de recrutement utilisées, en organisant des réunions 
        publiques dans plusieurs départements avec le concours des associations 
        de défense des familles et de l'individu ou encore avec le Centre de Documentation, 
        d'éducation et d'action contre les Manipulations mentales. Des actions 
        ont été également engagées pour aider les familles victimes d'agissements 
        de sectes ou les individus qui cherchent à en sortir Les résultat de cette campagne de 
        sensibilisation ont été quantifiés au moyen d'une enquête sur le terrain 
        ils démontrent l'intérêt et même l'engagement des familles dans la lutte 
        contre le phénomène sectaire, souvent en partenariat avec les écoles. Tout en rappelant leur attachement 
        à la tolérance, les U.D.A.F. restent très vigilantes aux manifestations 
        de l'activité sectaire souvent peu identifiables au travers des paravents 
        associatifs qu'elle utilise. L'Association 
        Française pour la Sauvegarde de l'enfance et de l'Adolescence Cette association représentée à l'observatoire 
        par son directeur général, a mobilisé en 1997, l'attention de ses professionnels 
        sur le repérage des dérives sectaires en inscrivant, lors des Journées 
        Nationales d'Étude organisées les 10, 11, et 12 mars 1997 à l'U.N.E.S.C.O., 
        une session spécifique consacrée aux sectes, à laquelle assistait le rapporteur 
        général de l'observatoire. La Fédération met en place un réseau 
        de" référents " régionaux auxquels des éducateurs pourront s'adresser 
        lorsqu'ils sont confrontés à un problème ayant un lien avec le phénomène 
        sectaire. Par ailleurs, les associations ont ouvert une réflexion sur 
        les difficultés y compris juridiques, engendrées par l'appartenance d'assistantes 
        maternelles (placement familial spécialisé) à des associations répertoriées 
        comme sectes par le rapport parlementaire GEST-GUYARD, dans un objectif 
        de protection de l'enfance. b) Les limites 
        à l'information : l'identification sectaire L'Observatoire a été confronté 
        à deux types de problèmes. En premier lieu, il a été confronté 
        à la contestation portée devant lui, par vingt quatre associations répertoriées 
        dans le rapport parlementaire comme ayant un caractère sectaire. La plupart 
        des responsables de ces associations, et non des moindres ont été entendus 
        à leur demande, par le rapporteur général et le magistrat place auprès 
        de l'Observatoire. Ils ont unanimement dénoncé le caractère non contradictoire 
        et hâtif de leur inscription sur cette liste et ont déploré l'absence 
        de transparence des travaux ayant abouti à leur mise en cause. Il leur a été clairement indiqué qu'il 
        n'appartenait pas à l'observatoire d'apprécier le bien-fondé de cette 
        liste ou d'en modifier les termes eu égard à la séparation des pouvoirs.
 La liste parlementaire contestée, a fixé le paysage sectaire à un moment 
        donné. Elle n'est pas exhaustive en raison de la difficulté d'identifier 
        avec fiabilité toutes les dérives sectaires dans le tissu  associatif 
        de plus en plus diversifié et opaque. Elle est également évolutive en 
        raison de l'émergence de nouveaux groupements et de la facilité, pour 
        les associations et groupements qui y figurent de changer de structure 
        de dénomination et même de pays.
 En second lieu, l'observatoire depuis 
        sa création, est saisi tant par des particuliers que des associations 
        et diverses autorités administratives notamment locales pour avoir des 
        informations sur  l'appartenance d'un groupe ou d'une association 
        à une secte. Dans la mesure où ces demandes concernent des associations 
        répertoriées comme telles dans le rapport elles ne posent pas de difficultés 
        majeures. En revanche, la législation actuelle, ne permet pas d'apporter 
        de réponses satisfaisantes lorsque sont en cause des associations non 
        répertoriées, qui présentent, néanmoins, des caractéristiques sectaires Cette situation pose particulièrement 
        le problème de l'information des services de l'État et des collectivités 
        locales. B - LA MOBILISATION 
        FACE AUX PENETRATIONS ET TENTATIVES DE PENETRATION SECTAIRESLe prosélytisme sectaire, manifestation 
        visible de leur activité, a connu un essor particulièrement soutenu au 
        cours de l'année 1997. Les actions de prosélytisme, outre celles en direction 
        d'institutions ciblées qui s'organisent face à ce problème, ont utilisé 
        des moyens diversifiés (diffusion de publications, publicités, distribution 
        de tracts, démarchage dans la rue et à domicile, conférences, films..) 
        et sont essentiellement engagées par quelques groupements, financièrement 
        puissants et à caractère international. Elles constituent souvent une 
        réponse à la mobilisation des administrations et des élus face aux dérives 
        constatées du phénomène sectaire. L'observatoire a été interpellé à 
        de nombreuses reprises sur son action en ce domaine et pressé d'impulser 
        une réponse face à cette offensive. Le respect des principes à valeur 
        constitutionnelle doit prévaloir, dans le traitement de ce problème. Quant 
        à la réserve de l'ordre public, elle doit être appréciée, par les autorités 
        compétentes, en fonction des circonstances notamment locales. L'Administration a pris également 
        la mesure de la nécessité pour elle, d'identifier, de déjouer, de vouer 
        à l'échec et d'empêcher les stratégies de pénétration mises en 
        úuvre par certaines sectes qui utilisent soit son crédit, soit des agents 
        devenus prosélytes, soit par le biais de paravents associatifs, tentent 
        d'étendre insidieusement leur influence dans de nombreux secteurs d'activités 
        placés sous son contrôle, (tels le système éducatif, la formation, l'alphabétisation, 
        la santé, la psychiatrie, la lutte contre l'illettrisme, ou encore les 
        activités socio-culturelles ou de loisirs en direction des jeunes) ou 
        qui prennent pied dans le champ de l'humanitaire. L'observatoire a alerté les administrations 
        concernées afin que soient prises toutes mesures appropriées pour juguler 
        ces stratégies. Des initiatives ou des résultats positifs, sont d'ores 
        et déjà prises ou enregistrés, notamment dans les secteurs en charge de 
        l'éducation nationale où des dispositifs de prévention ont été mis en 
        place et seront renforcés. Il a, en outre, incité à opérer un meilleur 
        contrôle des financements et aides accordés tant par l'État que les collectivités 
        locales, qui se met en place, et préconisé la mise en úuvre d'une information 
        accrue sur ce danger ainsi que le maintien d'une nécessaire vigilance. Par le biais de la formation et de 
        séminaires de développement personnel, l'entreprise n'est pas épargnée 
        également par cette stratégie sectaire. L'observatoire a été confronté, 
        à plusieurs reprises, à ce problème. Des contacts ont été pris, à ce sujet, 
        avec l'association nationale des directeurs et chefs du personnel (A.N.D.C.P.), 
        en liaison avec un groupe de travail de l'Institut des Hautes Études de 
        Défense Nationale (Versailles). Cette association se propose d'entreprendre 
        une campagne d'information auprès de ses nombreux adhérents. L'emprise sectaire, dans ces domaines, 
        est difficile à mesurer. Elle nécessite un suivi attentif des activités 
        des organisations sectaires, une information accrue et une vigilant soutenue 
        de la part de tous. En tout état de cause, la protection 
        de l'État face à la contamination sectaire s'organise et les moyens de 
        réplique mis en úuvre sont utilisés chaque fois que la situation le requiert C -  L'AIDE 
        AUX VICTIMES DE SECTES L'observatoire tout au long de ses 
        travaux s'est préoccupé de l'aide à apporter aux victimes du phénomène 
        sectaire, qui inclut aussi les familles des adeptes. Il s'est intéressé 
        en particulier à la situation des mineurs, qu'ils vivent ou non dans des 
        groupes autarciques. L'aide aux sortants 
        de sectes et familles des adeptesLa situation exacte des victimes de 
        sectes est difficile à recenser car trop souvent l'ex-adepte, très fortement 
        marqué par son expérience sectaire, culpabilisé à plusieurs égards, préfère 
        quitter la secte par ses propres moyens et garder le silence. Dès lors, 
        les services de l'État ne sont pas informés de cette situation d'autant 
        qu'il ne se manifeste pas le plus souvent. En règle générale, leur famille 
        s'adresse plutôt aux associations de victimes mieux au contact de la spécificité 
        de la situation. Ces associations ne disposent cependant pas de tous les 
        moyens nécessaires pour mettre en place et accompagner une véritable réinsertion. L'observatoire considère que, pour 
        être efficace, l'aide en direction des sortants de sectes doit être personnalisée. 
        Elle doit tenir compte à la fois des dimensions psychologiques, médicales, 
        sociales et juridiques des problèmes rencontrés. La mise en úuvre d'une 
        telle aide serait, en outre, de nature à favoriser de plus nombreuses 
        sorties de secte ainsi que l'émergence de plus nombreuses plaintes de 
        victimes.
 Sur la base de ce constat, la mise en place d'un dispositif d'aide aux 
        personnes sortant des sectes et d'aide aux familles, est apparue à l'observatoire 
        comme une nécessité. Il a donc, sollicité, positivement, à cette fin, 
        la direction de l'action sociale.
 La direction de l'action sociale s'appuie 
        sur l'expérience menée, en ce domaine, par la D.D.A.S.S. de Charente-Maritime 
        confrontée à une situation de sortie de secte courant 1997, pour estimer 
        que le dispositif de droit commun, en matière sociale, peut parfaitement 
        être utilisé pour des situations de ce type. En effet, le dispositif local mis 
        en place par la direction de l'action sociale à la demande du préfet de 
        Charente-Maritime, même s'il n'a concerné qu'un faible nombre de personnes, 
        a permis de faire bénéficier aux adeptes sortant de sectes, d'une prise 
        en charge personnalisée et de toutes les aides que leur situation requérait, 
        grâce à la collaboration de l'autorité judiciaire et à la coopération 
        de l'ensemble des services locaux concernés. Sur la base de cette expérience réussie, 
        la direction de l'action sociale envisage d'instaurer au niveau départemental, 
        sur le plan médical social, des correspondants chargés de suivre les situations 
        de ce type, sans pour autant envisager la création d'une cellule médico-sociale 
        spécifique locale. D'autre part, la direction de l'action 
        sociale estime souhaitable, en accord avec l'observatoire, la mise en 
        place, au niveau national, d'un centre de prise en charge médico-social. 
        Ce centre pourrait, à la fois, assurer le suivi, à moyen et long terme, 
        des sortants de secte et prendre en charge les familles en difficulté 
        psychologique du fait de l'entrée dans une secte de l'un de leur membre. 
        Il pourrait également servir de centre " ressource " et de formation 
        aux différents professionnels du champ médico-social concernés. Ce projet va faire l'objet d'une mise 
        en place progressive. Il n'est pas exclu qu'il puisse s'insérer, au moins 
        à titre expérimental et dans un souci de réalisation rapide, dans une 
        structure médico-sociale préexistante, dans un domaine voisin. Cette dernière 
        hypothèse sera examinée, en concertation avec l'ensemble des services 
        et des administrations concernés. Il convient d'ajouter que la direction 
        de l'action sociale a aussi demandé à la direction générale de la santé 
        d'examiner la possibilité d'utiliser, pour les situations d'urgence graves 
        en lien avec le phénomène sectaire, le dispositif d'urgence médico- psychologique 
        prévu, auprès des préfets, en cas de catastrophe (circulaire conjointe 
        Direction des hôpitaux - Direction générale de la santé du 23 mai 1997). Les projets actuellement mis en chantier 
        devraient aboutir prochainement et concourir à restreindre l'emprise sectaire 
        sur les familles et les individus. L'aide aux mineurs 
        victimes de sectes Outre, le risque existant pour les 
        mineurs, de contamination sectaire masqué au travers d'activités éducatives, 
        culturelles, sportives ou scolaires, la situation des mineurs qu'ils vivent 
        ou non dans des groupes sectaires autarciques a fait partie des préoccupations 
        de l'observatoire, au cours de ses réunions de travail.  En effet, de trop nombreuses atteintes 
        aux droits de l'enfant sont commises, au-delà des agissements pénalement 
        répréhensibles dont les mineurs sont victimes. D'autre part, diverses 
        affaires stigmatisant des pratiques sectaires mettant en péril la santé 
        tant physique que mentale d'enfants de tous âges ont révélé l'acuité de 
        ce problème. L'attention de l'observatoire a été 
        appelée à plusieurs reprises, par des témoignages et des courriers, sur 
        les situations particulières de mineurs vivant le plus souvent dans des 
        familles disloquées, suite à l'embrigadement de l'un de leurs parents. La protection des mineurs se renforce 
        et s'organise. Au vu des éléments statistiques fournis 
        à l'Observatoire, à l'heure actuelle, entre vingt et trente mouvements 
        à caractère sectaire, sont mis en cause dans le cadre de procédures d'assistance 
        éducative. Pour certains de ces mouvements, l'ensemble des mineurs " 
        faisant partie de la secte " est suivi par un juge des enfants. Parmi les procédures d'assistance 
        éducative actuellement ouvertes, trois situations doivent être distinguées 
        : 
        adolescents qui ont décidé de faire 
          partie d'un mouvement, malgré l'opposition parentale, 
        mineurs dont les deux parents font 
          partie du mouvement, 
        mineurs dont l'un des parents fait 
          partie d'un mouvement à caractère sectaire, situation mise en cause 
          par l'autre parent.  L'examen de ces situations révèle 
        des difficultés plus ou moins importantes lorsque les parents sont tous 
        deux membres de la secte ou lorsque les mineurs sont déplacés dans le 
        ressort d'un autre tribunal voire vers un pays étranger. Le suivi de ces questions à la Chancellerie, 
        par un magistrat, permet de mieux appréhender globalement les situations 
        de danger, de les quantifier et de suivre les réponses apportées à celles-ci. En outre, le dispositif mis en place 
        visant à mieux connaître l'étendue du phénomène sectaire, dans le cadre 
        de l'observatoire, va de plus en plus favoriser l'émergence de situations 
        nécessitant un traitement judiciaire. L'impulsion donnée dans ce même secteur, 
        par l'observatoire, s'est traduite, au delà des actions de sensibilisation 
        engagées par les administrations en charge de la jeunesse (action sociale, 
        éducation nationale, jeunesse et sports) et du recensement, au niveau 
        central, des difficultés, par des initiatives visant à assurer un meilleur 
        contrôle de la santé et des connaissances scolaires des mineurs vivant 
        dans les groupes autarciques. En effet, malgré les difficultés rencontrées 
        tenant à la localisation des enfants, et à leur nombre effectif, des contrôles 
        plus systématiques ont été organisés et des initiatives visant à renforcer 
        ces contrôles sont actuellement à l'étude, notamment dans les services 
        du ministère de l'éducation nationale.
 L'observatoire a également engagé un travail pour parvenir à améliorer 
        la situation particulière de ces mineurs par des actions concrètes et 
        concertées. La mise en place d'un tel dispositif nécessite préalablement 
        un inventaire géographique et numérique des communautés concernées et 
        une étude de leur doctrine (en ce qui concerne l'éducation, la médecine 
        traditionnelle et la sexualité). Ce travail préliminaire est en cours. 
        Il devrait permettre dans les prochains mois, une évaluation plus exacte 
        de la situation et un meilleur traitement de ce problème.
 D - LA RECHERCHE 
        D'UNE MEILLEURE APPREHENSION DU PHENOMENE SECTAIRE ET D'UN PARTENARIAT 
        DIVERSIFIE Dans le cadre de ses missions, 
        I'observatoire a engagé une série de contacts à la fois dans un souci 
        d'information et également dans le souci d'impulser de nouvelles actions 
        dans des secteurs qui intéressent le dossier dont il a la charge. La collaboration 
        avec les associations de défenseL'Observatoire s'est bien évidemment 
        rapproché des associations de victimes et de défense (U.N.A.D.F.I., C.C.M.M., 
        F.E.C.R.I.S.) qui, à des titres divers, apportent leur collaboration à 
        son action. Ces associations demeurent le lieu privilégié d'une action 
        efficace et concrète au profit des individus et des familles. Leur connaissance 
        du milieu qui s'appuie sur une longue et solide expérience, doit en faire, 
        de plus en plus, des interlocuteurs privilégiés de l'observatoire. Leur action tant dans le domaine de 
        l'aide aux victimes et au familles de victimes d'associations à caractère 
        sectaire (U.N.A.D.F.I.) que dans le domaine de l'information, l'éducation 
        et la mise en garde du public (C.C.M.M.) et dans le domaine de l'entraide 
        sur la recherche et l'information en Europe (F.E.C.R.I.S.) doit pouvoir 
        se développer à la mesure des besoins nouveaux et des sollicitations de 
        plus en nombreuses dont elles font l'objet, avec un soutien financier 
        corrélatif de l'État et des collectivités locales. Les contacts avec 
        les municipalitésL'Observatoire a aussi établi des 
        contacts avec les municipalités de grandes villes telles Paris et Lyon, 
        qui ont déjà engagé des actions de prévention significatives contre les 
        dérives sectaires. Ces contacts ont été réguliers. plus particulièrement 
        avec la municipalité de Lyon qui a mis sur pied un dispositif intéressant 
        en la matière. D'autre part, à l'occasion d'affaires 
        ponctuelles, portées à la connaissance de l'observatoire, des contacts 
        ont pu être établis avec d'autres municipalités, également très sensibilisées 
        au phénomène sectaire. Ces contacts nécessaires et souhaités vont se développer, 
        notamment par l'intermédiaire de l'Association des Maires de France dont 
        le Président est membre de l'Observatoire. Le combat engagé par des maires, aux 
        prises avec les velléités d'implantation sectaire, malgré les difficultés 
        qu'il rencontre, constitue une entrave notable à l'expansion sectaire. 
        Une réflexion collective devra être engagée sur ces problèmes. Les contacts avec 
        l'ordre national des médecinsDes contacts ont été pris également 
        avec l'ordre national des médecins en la personne de son président, le 
        Professeur Bernard GLORION. Cet organisme est très attentif à ce phénomène 
        de société qui concerne particulièrement son champ d'intervention. Il 
        a entrepris une action pour sensibiliser les médecins aux dérives sectaires 
        nombreuses dans le domaine de la santé. Le rapport " Pratiques médicales et 
        sectes " adopté en septembre 1996 par le Conseil National de l'Ordre, 
        remis à l'observatoire, a été adressé à tous les conseils départementaux 
        et régionaux de l'ordre et a été largement évoqué dans le Bulletin de 
        l'ordre de décembre 1996, diffusé à tous les médecins inscrits au tableau 
        de l'ordre. L'intégralité de ce rapport est accessible sur le site Internet 
        de l'ordre des médecins. La sensibilisation 
        des notairesL'observatoire a sensibilisé par ailleurs, 
        à la protection du patrimoine des familles face au danger sectaire, le 
        Conseil Supérieur du Notariat. Les contacts avec 
        les responsables des religions traditionnellesS'efforçant d'utiliser les ressources 
        disponibles pour mieux étudier ce phénomène de société préoccupant, qui 
        exprime aussi dans une société qui a perdu ses repères, une quête de sens 
        à l'existence humaine, l'Observatoire s'est rapproché des représentants 
        des grandes religions traditionnelles - catholique, juive, protestante 
        et musulmane - et des spécialistes de ce champ reconnus en matière de 
        sectes, tels Monseigneur Jean VERNETTE, représentant de l'épiscopat, chargé 
        du problème des sectes, et l'Abbé Jacques TROUSLARD. La plupart de ces responsables religieux 
        se sont montrés hostiles à l'instauration d'une législation spécifique 
        sur le sectes, estimant que les manquements à la loi en lien avec le phénomène 
        sectaire relevaient de l'application de l'arsenal juridique existant. Les contacts établis avec les spécialistes 
        religieux du phénomène sectaire permettent à l'observatoire de bénéficier 
        de la pratique d'une longue expérience dans ce domaine. Les contacts avec 
        les universitairesDans le même esprit, l'observatoire 
        a rencontré, des spécialistes et chercheurs du champ religieux (sociologues 
        universitaires, historiens des religions...), notamment les professeurs 
        Emile POULAT, Jean BAUBEROT, les sociologues Martine COHEN et Françoise 
        CHAMPION. Les contacts à caractère 
        internationalEnfin, dans le domaine international, 
        l'observatoire a été sollicité par plusieurs ambassades étrangères dont 
        celle des Etats-Unis d'Amérique et de la République Fédérale d'Allemagne 
        en vue d'être informées sur la composition, les missions et les travaux 
        de l'Observatoire. Dans le même esprit, une délégation de juristes japonais 
        a été reçue en présence du représentant du ministère des affaires étrangères, 
        membre de l'Observatoire. La presse japonaise s'est faite l'écho de cet 
        entretien. Par ailleurs, un spécialiste des sectes québécois a été également 
        intéressé par le dispositif mis en place en France. Le rapporteur général 
        a, en outre, reçu à sa demande, le Ministre Letton de la Justice ainsi 
        qu'une délégation de magistrats. Ces contacts nécessaires se poursuivent. Les travaux engagées par l'observatoire 
        au cours de la première année de son existence ne constituent qu'une étape 
        dans le traitement d'un dossier aux implications très diverses. Par ailleurs, 
        pour accroître son efficacité, l'observatoire se propose, comme l'ont 
        suggéré plusieurs de ses membres, de créer en son sein, un groupe de 
        travail permanent regroupant les fonctionnaires qui suivent ce dossier 
        dans les différentes administrations concernées. III - PROPOSITIONS 
          DE L'OBSERVATOIRE Face à la situation créée par la montée 
        en puissance des dérives sectaires, l'observatoire s'est naturellement 
        penché sur l'efficacité des moyens juridiques existants permettant de 
        répondre à ce problème Au terme de ses travaux, il s'est 
        préoccupé de parvenir à une définition éventuelle de la notion de " secte 
        " (ou d'activité sectaire), tout en ayant conscience que celle-ci pourrait 
        se heurter aux principes à valeur constitutionnelle au respect desquels 
        il est attaché. Il a également réfléchi aux incidences que pourrait avoir 
        une telle définition dans la lutte contre les dérives sectaires. Après avoir recueilli l'avis de spécialistes, 
        il estime que tenter de définir et figer dans un texte, de façon forcement 
        restrictive, une notion au contenu évolutif et non maîtrisable, au delà 
        des obstacles législatifs et constitutionnels auxquels cette tâche se 
        heurterait, ne serait pas de nature à faciliter l'exercice de l'action 
        publique contre les dérives de ce phénomène et conduirait à exclure toutes 
        poursuites pénales sur d'autres fondements. L'observatoire considère, en outre, 
        que l'arsenal juridique existant est suffisamment diversifié pour lutter 
        contre les agissements sectaires répréhensibles dès lors qu'est privilégiée 
        une pleine et plus stricte application du droit existant. En conséquence, l'observatoire estime 
        qu'il n'y a pas lieu de définir la notion de " secte ". 
       Il préconise néanmoins, lorsque cela 
        est légalement possible et que les éléments recueillis le permettent, 
        un recours plus fréquent à la mise en úuvre de la responsabilité pénale 
        des personnes morales pour les affaires mettant en cause les associations 
        à caractère sectaire. Ceci étant, divers membres de l'observatoire 
        ont fait des propositions visant à améliorer la lutte contre les dérives 
        sectaires. Après étude de celles-ci, il s'avère que la mise en úuvre d'un 
        certain nombre d'entre elles est susceptible de rencontrer des obstacles 
        d'ordre juridique voire constitutionnels. En conséquence, les propositions de 
        l'observatoire sont les suivantes :Proposition concernant les associations de défense :
 
        Les victimes d'agissements pénaux en 
        lien avec le phénomène sectaire, sont souvent empêchées de se porter partie 
        civile par suite des pressions et menaces que les sectes font peser sur 
        elles. 
        Actuellement, les associations de 
          défense des victimes de sectes ne sont pas visées aux articles 2-1 à 
          2-16 du code de procédure pénale et ne sont donc pas effectivement habilitées 
          à se constituer partie civile dans les dossiers concernant les personnes 
          qu'elles ont vocation à représenter. L'observatoire propose qu'il soit 
          remédié à cette situation anormale dans un état de droit, en donnant 
          à ces associations le droit de se constituer partie civile, dans un 
          certain nombre de délits justifiant leur intervention, lorsque I'action 
          publique a déjà été engagée par le ministère public ou la victime. Proposition tendant 
        à étudier une modification de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat 
        d'association : 
        Des propositions ont été faites à l'observatoire 
        par le Centre de documentation, d'éducation et d'action contre les manipulations 
        mentales (C.C.M.M.), visant à modifier la loi du 1er juillet 1901, pour 
        améliorer la transparence et la gestion des associations relevant de ce 
        régime. 
        Les modifications proposées consisteraient 
          à introduire dans la loi précitée, les dispositions suivantes :
 
          l'obligation de tenir une assemblée 
            générale annuelle des membres à jour de leur cotisation.    
          l'obligation pour les responsables 
            d'associations de rendre compte de leur gestion morale et financière 
            et de soumettre celle-ci à l'approbation des adhérents, étant précisé 
            qu'en matière budgétaire l'approbation de l'assemblée générale ne 
            vaudrait quitus qu'après avis favorable de l'expert comptable, commissaire 
            aux comptes et le cas échéant, avis conformé des autorités de l'État, 
            des collectivités territoriales ou de tout établissement ou institution 
            de droit public ayant subventionné l'association au cours de l'année 
            civile    
          La consignation des procès verbaux 
            de l'assemblée générale dans les trente jours suivant sa tenue, au 
            registre spécial prévu au 7° alinéa de l'article 5 de la loi susvisée. 
             
          L'intérêt d'insérer ces obligations 
            dans la loi, serait de permettre de les sanctionner en application 
            des dispositions des articles 7 et 8 de la loi.  S'il estime intéressante cette proposition, l'observatoire, dans un 
          souci d'éviter d'imposer de nouvelles contraintes à l'ensemble des associations, 
          propose toutefois que soit engagée une réflexion tendant à étudier les 
          critères à retenir pour déterminer les associations qui seraient assujetties 
          à ces nouvelles obligations.
 Proposition visant 
        à étudier une modification de la loi électorale sur le financement des 
        partis et des groupements politiques : 
        Des scrutins législatifs récents ont 
        permis à des formations dont le but premier n'est pas la représentation 
        et la défense des citoyens, de recevoir légalement des aides substantielles 
        de l'État et de bénéficier tout aussi légalement de l'accès aux services 
        publics de radio et de télévision. Cette situation a été dénoncée à l'observatoire 
        qui estime nécessaire d'étudier la possibilité d'éviter que les systèmes 
        de l'expression démocratique ne soient détournés, par des associations 
        à leur profit, dans le respect des textes à valeur constitutionnelle. 
        A cet effet, l'observatoire suggère 
          d'y remédier, en réservant le bénéfice du financement public aux seuls 
          partis et groupements ayant obtenu un résultat supérieur à 2 %, en pourcentage 
          des suffrages exprimés, dans au moins une circonscription. Proposition visant 
        à instituer un correspondant départemental "sectes " : 
        Après quelques mois de fonctionnement, 
        il apparaît souhaitable tant à  l'observatoire qu'aux responsables 
        des services déconcentrés et aux élus, de mettre en place auprès des préfets, 
        une personne " ressource " qui pourrait relayer les informations au niveau 
        local. 
        Une initiative du même type pourrait 
          être complétée par la désignation d'un correspondant, au niveau de chaque 
          parquet général, ou d'un représentant dans chaque tribunal de grande 
          instance. Proposition en ce 
        qui concerne les entreprises de formation : 
        L'immixtion sectaire par le biais d'intervenants 
        (personnes physiques ou morales) en formation professionnelle continue, 
        soit dans des administrations, soit dans des entreprises d'une certaine 
        taille, le plus souvent en cours de restructuration, conduit l'observatoire 
        à constater que la déclaration préalable d'existence prévue pour les entreprises 
        de formation, telle qu'elle résulte de la législation actuelle (article 
        L920-4 du Livre 9 du code du travail) est insuffisante et permet les dérives 
        constatées. 
        Il apparaît nécessaire d'étudier 
          les possibilités de mise en úuvre d'un contrôle amélioré pour l'accès 
          à cette profession. Proposition de création 
        d'une commission permanente dans le cadre de l'Union Européenne : 
       
        L'idée d'une initiative au plan européen, 
        en vue d'une concertation sur les phénomènes sectaires, a été évoquée 
        à plusieurs reprises, dans le cadre des réunions de l'observatoire. Les 
        enquêtes menées par ailleurs, dans le cadre de procédures judiciaires 
        ont démontré qu'il était indispensable de renforcer la coopération internationale 
        et en particulier, la coopération européenne. 
        L'observatoire est conscient que 
          la création d'une structure ad hoc du type d'un observatoire européen, 
          ne manque pas de présenter des difficultés de mise en oeuvre compte 
          tenu des différences notables que présentent les systèmes juridiques 
          des États membres de l'Union Européenne. Dans ces conditions, il estime souhaitable 
          la mise en place dans le cadre de l'Union Européenne, d'une commission 
          permanente qui serait chargée, d'établir un bilan annuel de l'évolution 
          du phénomène sectaire en Europe. IV - CONCLUSIONLe phénomène sectaire est extrêmement 
        multiforme, mêlant dans un enchevêtrement subtilement entretenu, des actions 
        à but honorable (actions humanitaires ou développement de la recherche 
        spirituelle...) à des actions tout à fait illégales ayant pour objet la 
        recherche du profit ou du pouvoir par l'embrigadement voire l'asservissement 
        des personnes. La mondialisation du phénomène ajoute une dimension supplémentaire 
        à cette confusion. En France, l'action impulsée et coordonnée 
        par l'observatoire, menée par les pouvoirs publics, les associations de 
        défense et les médias contre les sectes s'est développée d'une manière 
        significative en 1997. La campagne d'information en direction 
        des jeunes a été largement suivie. Les actions de formation qui concernent 
        plusieurs milliers de fonctionnaires, permettront aux familles d'adeptes 
        et aux anciens adeptes de s'adresser à des interlocuteurs compétents dans 
        ce domaine très spécifique. D'autre part, il existe, incontestablement, 
        une meilleure prise en compte sur le plan répressif des dérives sectaires, 
        une vigilance accrue des services fiscaux et des élus. Les actions engagées commencent à 
        porter leurs fruits et constituent autant d'obstacles au fonctionnement 
        et à l'expansion des associations à caractère sectaire qui elles mêmes 
        se sont plaintes auprès de l'observatoire de leurs difficultés. 
       L'observatoire va poursuivre en 1998, 
        l'action engagée contre les sectes, en s'attachant plus particulièrement 
        : 
        au recensement, au suivi et à la 
          protection des enfants qui vivent dans les associations à caractère 
          sectaire. 
        à l'aide à apporter aux anciens 
          adeptes le plus souvent démunis et qui doivent être accompagnés pour 
          reprendre pied dans la société.  L'action de l'observatoire s'inscrit 
        dans le respect des idéaux universels et des valeurs sur lesquelles repose 
        la République. Comme le soulignait la commission 
        nationale consultative des droits de l'homme, dans un avis concernant 
        le phénomène des sectes : " il est nécessaire et légitime que l'état 
        de droit se protège contre toutes les forces qui menacent de le pervertir 
        ".  Les sectes représentent une véritable 
        menace pour l'État, la société et les individus, c'est la tâche de l'observatoire 
        de lutter contre cette menace.     Volver 
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