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Mensonges
fondamentaux de l'Église catholique
(Une analyse des graves contradictions de la Bible et de comment elle a été manipulée au bénéfice de l'Église)
Jésus,
dans les Évangiles, a préconisé l'égalité des droits de la
femme, mais l'Église catholique s'est convertie en apôtre de sa
marginalisation sociale et religieuse
(Fuente:
© Rodríguez,
P. (1997). Mentiras
fundamentales de la Iglesia católica. Barcelona: © Ediciones
B., cap. 12, pp. 313-324)
Traduction:
Monique Palomares
Le
théologien catholique Schillebeeckx affirme avec bien grande raison,
que « de fait, il y a plus de femmes impliquées dans la vie
de l'Église, que d'hommes. Et, nonobstant, elles sont dépourvues
d'autorité, de juridiction. C'est une discrimination. (…) L'exclusion
des femmes du ministère est une question purement culturelle, qui,
à l'époque actuelle, n'a aucun sens. Pourquoi les femmes ne peuvent-elles
pas présider l'Eucharistie ? Pourquoi ne peuvent-elles pas
recevoir l'ordination ? Il n'y a pas d'argument pour s'opposer
à conférer le sacerdoce aux femmes ».
Avec
tout le droit que lui confère sa charge, mais sans aucune raison
évangélique ni historique, le pape Jean Paul II, dans sa méditation
Dignitatis mulieris, a abondé dans l'argument rebattu, que
Jésus n'a appelé aucune femme parmi les douze apôtres et qu'on doit
en conclure qu'il les a exclues explicitement de la direction de
l'Église, ainsi que du ministère sacerdotal, mais une telle prétention
non seulement manque de fondement, mais elle est profondément mensongère.
Si nous lisons le Nouveau Testament sans préjugés machistes,
nous observerons que Jésus a traité la femme d'une façon bien différente
de celle que prétend l'Église catholique et que, dans les premières
communautés chrétiennes, la femme occupait des postes de responsabilité.
En
tous cas, comme nous l'avons déjà assez démontré dans des chapitres
précédents, si Jésus a exclu quelqu'un du « royaume »
qu'il a prêché, c'est –de façon bien explicite- les prêtres professionnels
et tous ceux qui n'étaient pas Juifs, une évidence qui conduit au
paradoxe qui fait que ce sont les prêtres catholiques, depuis le
pape jusqu'au dernier curé, les premiers proscrits pour occuper
des postes dans l'ekklesía de Jésus (bien que stricto
sensu, ils peuvent les occuper dans l'Église catholique, puisque
celle-ci ne suit ni le modèle apostolique, ni le message de base
et central de Jésus).
À
propos du texte de Jean Paul II cité plus haut, la théologienne
catholique Margarita Pintos fait cette réflexion: « avec cet
argument, on a recours au fait que Jésus a librement choisi douze
hommes pour former son groupe d'apôtres. Ceci est sûr, mais il est
aussi important de tenir compte du fait qu'en plus d'être des hommes,
ils étaient israélites, qu'ils étaient circoncis, que quelques uns
étaient mariés, etc. et, cependant, la seule donnée qu'on présente
de façon immuable, c'est qu'ils étaient des hommes, alors que les
autres données sont considérées comme culturelles. On ne tient pas
compte de ce que Jésus, comme un bon Juif, voulait restaurer le
nouvel Israël, et que la tradition de son peuple lui imposait de
façon symbolique, d'en choisir douze (un pour chaque tribu d'Israël),
de plus, des hommes (les femmes n'auraient pas représenté la tradition)
et bien sûr israélites (s'ils avaient intégré un gentil, la continuité
aurait été rompue). Ceci démontre qu'on ne nous dit qu'une partie
de la vérité, et que les données dont le dévoilement n'intéresse
pas, on nous les cache.
« Ainsi
que l'exégète Lohfink l'a bien mis en évidence –poursuit Pintos-
le choix des douze par Jésus est une action symbolique et prophétique
qui ne préjuge de rien et n'affecte en rien le rôle assigné à la
femme dans le peuple de Dieu. Si on veut apprécier à sa juste valeur
la présence de la femme dans le mouvement de Jésus, il faut prêter
plus d'attention à la composition du groupe de disciples. C'est
précisément là qu'est mis en évidence le fait que Jésus, avec une
liberté surprenante et sans tenir compte des stéréotypes en vigueur
dans la société juive d'alors, a intégré des femmes dans son cercle
de disciples ».
Effectivement,
si nous nous fions, par exemple, à Mt 27,55-56, Mc
15,40-41, Lc 23,49-55 et d'autres, nous trouverons un groupe
de femmes qui suivaient Jésus, c'est à dire qu'elles étaient acceptées
dans son cercle de disciples, tout un signe du nouveau « royaume
de Dieu » qui n'aurait jamais pu être possible dans l'environnement
juif dont étaient issus autant Jésus que ses apôtres masculins;
un signe clair, donc, de ce que la femme devait jouer un rôle différent
dans les temps nouveaux.
Si
nous nous fions à l'utilisation du genre dans le Nouveau Testament,
comme le propose dans un travail intéressant le théologien et prêtre
catholique António Couto, nous aurons une bonne surprise: le mot « homme » comme synonyme
d'« être humain » (anthrôpos/ homo) apparaît 464
fois et la désignation de « homme/mâle » (anêr/vir)
et « femme » (gynê/mulier) le fait exactement avec
la même fréquence, c'est à dire 215 fois chacun, ni plus ni moins.
Si
on focalise la révision sur les quatre Évangiles, nous verrons
que le mot « femme » apparaît 109 fois, alors que « homme »
(mâle) le fait seulement 47; et des 109 registres de « femme »,
63 se rapportent à une femme alors qu'ils le font à peine 46 pour
identifier la femme d'un homme, c'est à dire son épouse (dans ce
calcul, il faut tenir compte du fait que Jean, qui cite 22
fois le mot « femme », ne le fait pas une seule fois pour
la situer dans son rôle d'épouse).
Il
est également symptomatique que les noms propres féminins soient
beaucoup plus abondants dans le Nouveau Testament que dans
l'Ancien. Des 3 000 noms propres qui apparaissent dans toute
la Bible, 2 830 (94,3%) sont masculins et seulement 170 (5,5%)
sont féminins, mais si nous nous concentrons sur les 150 noms propres
qui, en tout, sont mentionnés dans le Nouveau Testament,
nous voyons que 120 (80%) sont masculins et 30 (20%) sont féminins;
le poids des femmes, donc, a quadruplé son pourcentage. Tous ces
chiffres impliquent une chose substantielle: même dans l'environnement
juif dans lequel se déroulent les passages néotestamentaires –qui
était essentiellement et profondément patriarcal et androcentrique-
Jésus a voulu démontrer que non seulement la femme était importante,
mais qu'elle pouvait et devait jouir des mêmes droits sociaux et
religieux que l'homme.
Si
nous lisons le Nouveau Testament avec attention, et si nous
nous arrêtons sur les passages qui ont les femmes pour axe central,
il saute rapidement aux yeux que dans ces textes, on leur a attribué
un rôle très important, tant par le fait d'en avoir fait les témoins
uniques de quelques uns des moments les plus déterminants de la
vie du Nazaréen, que par celui de les avoir élevées au rang de co-protagonistes,
auprès de Jésus, pour asseoir les enseignements qui seraient fondamentaux
pour le christianisme futur.
Ainsi,
par exemple, c'est une femme et non un homme, le premier être humain
qui a proclamé la divinité de Jésus; un honneur qui est revenu à
Isabelle, d'après Lc 1,42-55. C'est aussi à des femmes, d'après
ce que nous avons déjà vu au chapitre 5, à qui a été révélé en premier
lieu, la résurrection du Nazaréen, l'événement le plus fondamental
du christianisme, et Marie de Magdala a été la première à recevoir
l'apparition de Jésus ressuscité et celle qui a été chargée d'en
informer les disciples masculins.
À
l'inverse des apôtres, les disciples galiléennes de Jésus ne se
sont pas enfui et n'ont pas couru se cacher, et elles sont restées
à Jérusalem pendant tout le déroulement de l'exécution et l'enterrement
de leur maître. Par rapport à ceci, c'est d'un symbolisme évident
que le fait que sur le Calvaire, aux pieds de Jésus crucifié (début
du processus de salut, pour les croyants), il n'y avait que quatre
femmes, toutes prénommées Marie –selon Jn 19,25- mais aucun
apôtre masculin.
Les
sept femmes qui suivent et servent Jésus de façon continue –Marie
de Magdala, Marie de Béthanie et sa sœur Marthe, Jeanne, Suzanne,
Salomé et la belle-mère de Simon/Pierre- sont des personnes pas
du tout conventionnelles, libres d'attaches sociales, religieuses
et de sexe, capables de pouvoir décider de leur présent et leur
futur; des femmes, comme affirme le théologien Couto « pas
du tout marginales, mais bien positionnées dans l'histoire et l'âme
de leur peuple, complices de l'espérance messianique: elles ont
l'intuition de sa réalisation, elles l'attendent, la favorisent
et l'apportent. Ce sont des femmes au service de Dieu et de l'Évangile;
elles ne sont pas au service d'un homme, ou des hommes en général;
elles sont au service de l'Évangile, à cause de quoi elles
laissent tout évangéliquement et donnant tout évangéliquement (…)
ce sont des femmes évangélisées et évangélisatrices ». Parmi les fidèles de Jésus,
on a donné une qualité de disciples égaux aux hommes et aux femmes,
et le rôle de celles-ci, bien que plus restreint à cause des conditions
sociales en vigueur, n'a pas été moins important que celui de ceux-là.
Marie
de Magdala non seulement apparaît dans les textes comme disciple
et servante de Jésus et son message, mais elle a été immortalisée
par une claire mission de messagère, d'informatrice des disciples
hommes, un rôle que la tradition latine reconnaîtra à partir du
XIIe siècle, en la distinguant avec le titre de apostola
apostolorum (apôtre des apôtres).
Le
dialogue le plus long qu'elle a eu avec Jésus, selon ce qui est
écrit dans Évangiles, dans Jn 4,7-26), s'est produit
entre lui et la « femme de Samarie », se déroulant tout
au long de sept interventions du Nazaréen et six de la Samaritaine
–causant un si grand étonnement aux disciples quand ils les ont
vu converser ensemble « qu'ils s'émerveillèrent qu'il parle
avec une femme »-; comme résultat de cette discussion, tenue près d'une fontaine de la
ville de Sicar, de nombreux Samaritains ont reconnu Jésus comme
« Sauveur du monde » (Jn 4,39-42), ce passage étant
un passage clé pour justifier l'extension du christianisme parmi
les gentils.
Quand
Jean a fait en sorte que Jésus, pour aller de Judée en Galilée,
doive « passer par la Samarie » (Jn 4,3-4) –un
trajet qui pouvait parfaitement se faire sans avoir à passer par
le « puits de Jacob » de Sicar ou Siquem en Samarie- il
a voulu que ce détour en terre païenne et le débat avec la femme
du puits, acquière une signification symbolique importante et spécifique.
La Samaritaine –qui avait eu cinq maris et vivait en concubinage
avec un sixième- a abandonné son seau et a couru chez ses voisins
pour témoigner (martyréô) de la présence de Jésus, représentant
ainsi l'« ancien Israël adultère et infidèle qui se convertit
en nouvel Israël purifié, fidèle et missionnaire ». Si on avait voulu exclure la femme en tant qu'élément actif du « royaume »
prêché par Jésus, comme le fait l'Église, on aurait choisi un homme
pour jouer ce rôle dans ce passage ou un équivalent, mais il n'en
a pas été ainsi.
L'Église
catholique parle souvent de la fameuse profession de foi que Jésus
a demandé à Pierre dans Mt 16,15-20, mais elle tait qu'il
a sollicité la même profession de foi d'une femme, Marthe de Béthanie:
« Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie; celui qui
croit en moi, même s'il meurt, vivra; et qui vit et croit en moi
ne mourra pas à jamais. Le crois-tu ? Elle lui dit: Oui, Seigneur,
je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, qui est venu sur
cette terre » (Jn 11,25-27). Marthe, donc, a été placée
par Jésus face au même privilège que Pierre.
Le
respect que Jésus a manifesté pour la femme transparaît parfaitement
dans un récit comme celui de Mt 15,21-28 et Mc 7,24-30,
où une femme cananéenne (libanaise) réplique à Jésus et remporte
la discussion dialectique en atteignant son but –« Oh, femme,
grande est ta foi ! Qu'il t'advienne selon ton désir »
finit par lui concéder le Nazaréen (Mt 15,28)-; c'est l'unique
occasion, dans tous les Évangiles, où Jésus a parlé de « grande
foi » et il l'a attribuée à une femme !, alors qu'il avait
précédemment traités d'« hommes de peu de foi » Pierre
lui-même (Mt 14,31) et les disciples (Mt 6,30).
Une
autre femme, sa propre mère, a été la responsable du fait que Jésus
opère son premier miracle public, d'après le récit de Jn
2,3-5: « Ils n'avaient pas de vin, parce que le vin de la noce
était épuisé. La mère de Jésus lui dit à ce sujet: Ils n'ont pas
de vin. Jésus lui dit: Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est
pas encore arrivée. La mère dit aux serviteurs: Faites ce qu'il
vous dira » concluant le passage avec la phrase: « Ceci
fut le premier miracle que fit Jésus, à Cana en Galilée, et il manifesta
sa gloire et ses disciples crurent en lui. » (Jn 2,11).
Jésus
a aussi fait reposer sur la participation d'une femme (Lc 7,36-50),
cette fois une « pécheresse repentie », son enseignement
fondamental sur la grâce et le pardon des péchés, un message de
base pour le christianisme futur. De la même manière il a montré
son respect pour la femme et a proclamé son droit à l'égalité quand il a réhabilité l'« hémorroïsse », la femme qui souffrait de
menstruations continues depuis douze ans et qui, à cause de cela,
avait été exclue de la vie sociale et religieuse de sa communauté
(selon les prescriptions de Lv 15,19-29).
Le
passage de la femme adultère de Jn 8,1-11, dans lequel Jésus
s'adresse à elle directement, la met au même niveau de traitement
et de respect que méritaient les hommes présents et la pardonne,
n'est pas moins clarifiant. De fait, dans Mt 5,27-32; 19,3-10
et Mc 10,2-12, on voit parfaitement que Jésus a placé l'homme
et la femme sur le même plan d'égalité quant au critère de conduite
morale au sujet du divorce et de l'adultère.
L'ekklesía
que Jésus a mise en marche était un peuple d'hommes et de femmes
réunis devant Dieu, pas seulement d'hommes comme l'avait été la
tradition juive jusqu'alors. Paul a repris cette idée et l'a étendue
aux gentils quand il a écrit: « Car vous êtes tous fils de
Dieu, par la foi dans le Christ Jésus. Vous avez, en effet, été
baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n'y a ni
Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme
ni femme, car tous, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez tous au Christ,
vous êtes donc la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse »
(Ga 3,26-29).
Dans
cette déclaration baptismale du mouvement missionnaire pré-paulinien,
on a déclaré spécifiquement que l'initiation, l'entrée dans le « peuple
de Dieu », ne se produisait plus par la circoncision (patrimoine
exclusif de l'homme) mais par le baptême, qui inclut chacun sans
exception sous un même Sauveur et dans le nouveau –et plus vaste-
peuple de Dieu. C'était une nouvelle vision religieuse qui niait
les premières prérogatives basées sur la masculinité et ouvrait
les portes aux femmes et aux esclaves, lançant une conception novatrice
égalitaires sur tous les plans, qui intégrait même les gentils,
exclus jusqu'alors du « peuple de Dieu ».
Après
une révision sommaire des épîtres pauliniennes, on peut voir que
les femmes des communautés chrétiennes de cette époque étaient acceptées
et estimées comme membres qui jouissaient des mêmes droits et obligations
que les hommes. Paul a écrit que les femmes travaillaient avec lui
à égalité de conditions et il a mentionné spécifiquement Évodie
et Syntyché (qui « luttèrent pour l'évangile »), Prisca
(« collaboratrice »), Phébée (diaconesse , sœur et prostatis
ou protectrice de l'église de Cenchrées), Junias (apôtre, considérée comme apôtre
par les pères de l'Église, mais transformée en homme au Moyen Âge
à cause de l'impossibilité d'admettre qu'une femme ait été apôtre
à côté de Paul et considérée comme « illustre parmi les apôtres »).
On
rattache également aux couples de missionnaires qui ont travaillé
sur un pied d'égalité un vis à vis de l'autre, comme dans le cas
d'Aquilas et Prisca qui ont fondé une église en leur maison, celui d'Andronicus et Junias etc. Ces femmes ont été des missionnaires,
leaders, apôtres, ministres du culte, catéchistes qui prêchaient
et enseignaient l'évangile à côté de Paul, qui ont fondé des églises
et y ont occupé des charges… mais très vite, l'homme a repris le
pouvoir et a fait tomber dans l'oubli une des facettes les plus
novatrices du message chrétien; au IIe siècle, la déclaration de
Ga 3,26-29 avait déjà été trahie sur tout ce qui fait l'égalité
entre les sexes.
Quelque
part sur le chemin, on avait fait un coup d'état en prenant pour
slogan une exégèse incorrecte de quelques phrases pauliniennes polémiques.
Quand Paul a écrit « je veux que vous sachiez que le chef de
tout homme est le Christ, et le chef de la femme, c'est l'homme,
et le chef du Christ, c'est Dieu » (I Co 11,3), et quelques
vers plus loin, il entre en discussion à propos du devoir des femmes
de porter un voile sur la tête pour prier, l'auteur du texte avait employé le mot grec exousía (autorité), mais il a été traduit
par « dépendance » ou « sujétion à », qui entraîne
une interprétation absolument différente et préjudiciable pour la
femme.
De
ce qui précède dérivent des phrases aussi connues que celle d'Haimon
d'Auxerre (VIIIe siècle) :« Dans l'Église, on entend
par femme qui se conduit de façon féminine et idiote »; celle
de Gratien (XIIe siècle):« La femme ne peut pas
recevoir d'ordres sacrés parce que sa nature se trouve en conditions
de servitude »; ou celle de saint Thomas (XIIIe
siècle): « Comme le sexe féminin ne peut signifier aucune éminence
de grade, parce que la femme est dans un état de sujétion, elle
ne peut donc recevoir le sacrement de l'Ordre. » La femme,
selon la façon dont l'a comprise la patristique chrétienne, est
un être inférieur, idiot et condamné à la servitude « de par
sa nature ». Aujourd'hui, les prêtres et prélats ne sont pas
rares à en croire encore la même chose (bien que les faisant, également,
comme il en a toujours été, l'objet de leur lascivité).
Bien
que, d'après ce qu'on vient de voir, il n'en ait pas été ainsi dans
les Évangiles, mais tout à fait l'inverse, la femme a commencé
à être discriminée de l'ekklesía chrétienne assez tôt; entre
le IIe et le IVe siècles, la présence des
diaconesses a été progressivement abolie dans les congrégations
chrétiennes, et sous le contrôle de l'empereur Constantin, l'Église
catholique s'est modelée sur le schéma du sacerdoce païen qui avait
été officiel, jusqu'alors, dans l'empire romain. Pour la même raison,
les écrits bibliques ont toujours été interprétés depuis une optique
profondément androcentrique et avec un langage non seulement rarement
neutre, mais ouvertement anti-féminin.
La
déclaration Inter insigniores, émise par la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi (ex Sainte Inquisition) le 15 octobre
1976, est un clair exemple de ce machisme clérical dépourvu de fondement
et discriminatoire pour la femme. À propos de ce texte, la théologienne
catholique Margarita Pintos commente très justement que « l'anthropologie
sous-jacente de cette déclaration est clairement liée à l'androcentrisme.
On adopte la théologie scolastique médiévale qui a adopté l'anthropologie
aristotélicienne dans laquelle on définit les femmes comme des « hommes
défectueux ». Cette anthropologie défendue par saint Augustin
et plus tard renforcée par saint Thomas, qui déclare que les femmes
en elles-mêmes ne possèdent pas l'image de Dieu, mais qu'elles la
reçoivent de l'homme qui est leur « chef », n'est pas,
comme il semble évident, une anthropologie révélée.
« Le
fait que le prêtre agisse in persona Christi capitis, surtout
dans l'eucharistie –ajoute Margarita Pintos-, sert à la déclaration
pour affirmer que si cette fonction était exercée par une femme
"on ne trouverait pas cette ressemblance naturelle qui doit
exister entre le Christ et le ministre". Le principe de masculinité
pour l'accès au ministère ordonné en est ainsi renforcé. Seul un
être humain de sexe masculin peut agir in persona Christi,
c'est à dire représenter le Christ, être son image. On accentue
ainsi le caractère androcentrique de la christologie et de l'ecclésiologie ».
Ce
n'est que depuis cette base idéologique qui considère les femmes
comme des « hommes défectueux », spécialement enracinée
dans la hiérarchie catholique, qu'on peut comprendre la marginalisation
que subit encore la femme catholique quant à ses droits de participation
dans l'exercice et l'organisation de sa propre religion. La femme
catholique voit ses possibilités de contribution ecclésiale limitées
aux rôles de cliente et de servante de l'Église (ou, le plus souvent,
du clergé masculin).
Bien
que les courants évangélistes actuels essaient de rendre à la femme
la participation religieuse qu'elle n'aurait jamais dû perdre et
que, dès 1958, le nombre d'Églises chrétiennes qui ont accepté avec
normalité l'ordination sacerdotale de femmes augmente de façon progressive
et irrépressible, l'Église catholique préfère continuer d'ignorer
les enseignements du Nouveau Testament et se maintenir retranchée
derrière sa tradition: les femmes ne passeront pas !
Qu'il est loin et oublié, ce Jésus qui a prêché l'égalité de droits
de la femme et les a acceptées à ses côtés comme disciples, au grand
dam des prêtres, bien sûr. Comme aujourd'hui.
Dans
la vie privée, le modèle de femme que l'Église catholique actuelle
veut imposer est celle d'un être voué à la maternité par dessus
tout, et qu'elle soit docile et soumise à l'homme, même au péril
de sa propre vie. Le pape Wojtyla nous a clairement donné le message,
non seulement à travers ses documents et discours, mais par ses
actes les plus solennels: en canonisant deux Italiennes dont les
plus grands mérites ont été, pour l'une, de se laisser mourir d'un
cancer à l'utérus pour ne pas avoir voulu avorter pour se soumettre
au traitement médical qui l'aurait sauvée –avec quoi elle a privé
de mère ses quatre enfants et le nouveau-né qu'elle n'avait pas
voulu perdre- et pour l'autre, supporter jusqu'à ce que mort s'ensuive,
les mauvais traitements constants de son mari au lieu de divorcer
de lui.
Nous
pouvons souscrire sans aucune réserve à la phrase avec laquelle
la théologienne féministe catholique Rosemary Radford Ruether a
commencé un de ces derniers travaux: « J'écris cet essai tristement
consciente du fait qu'il semble de moins en moins probable que le
catholicisme institutionnel avance en direction des évangiles. »
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